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Le calme après la tempête.Era of Dust :: Le monde :: Moderna :: Britannia :: Académie Glamis
 
Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Le calme après la tempête.Sam 23 Mar 2024 - 16:58

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Alphonse et Angela.


-Ah. J'suis encore mort, bredouilla-t-il d'une voix désemparée.
-Hm, répondit-elle sans desceller ses lèvres.


Ils étaient tous les deux installés à l'ombre d'un platane, dans le parc qui bordait l'Académie Glamis, où de nombreux étudiants flânaient lorsqu'ils avaient la chance de ne pas être assommés par leurs professeurs respectifs, tant figurativement que littéralement. En l'occurrence, il n'y avait pas encore grand-monde, à part eux : il était encore assez tôt, seulement 14h, alors la plupart des étudiants avaient effectivement du pain sur la planche. Seules leurs deux classes, en fait, celles du professeur Evans et du défunt professeur Stuart, bénéficiaient d'une mise-à-pied exceptionnelle. Raison pour laquelle le jeune Wright leur avait donné rendez-vous, à elle, à Isaac et à Kyle, au parc, pour qu'ils puissent profiter un petit peu de l'après-midi. Essayer de se changer les idées, en attendant que la vie daigne reprendre son cours normal.
Il n'avait pas cherché à se tourmenter. Il savait qu'Ezra avait ses raisons, et qu'il aurait été vain d'exiger des explications. Il les aurait, en temps et en heure. Son aîné avait été suffisamment limpide à ce sujet. Alors il avait plutôt choisi de passer un peu de temps avec ses proches, après une nuit désastreuse, allégrement prolongée pendant cette matinée qu'il l'avait vu rester calfeutré dans sa chambre, à la recherche d'un bien-être qu'aucun jeu vidéo inclus dans sa bibliothèque virtuelle n'avait su lui offrir.
Angela était venue le chercher la première, étonnamment. Il avait consenti à l'accompagner au dehors, mais pas sans prendre son smartphone au passage ; l'occasion, justement, de préciser à Isaac et à Kyle qu'ils les attendraient directement le long du chemin qui menait aux terrains sportifs. Elle n'avait émis aucune espèce de commentaire, ni à son égard, ni à celui de son frère. C'était comme si elle avait instinctivement compris qu'il était un homme prompt au silence. A l'oubli.

Alors ils s'étaient installés là, à l'ombre d'un platane, donc, alors qu'un vent des plus sereins les enveloppait et les berçait inlassablement. Ils s'étaient assis, dos à dos ; et ils s'étaient mis à pianoter sur leurs téléphones respectifs. Il n'avait pas manqué de lancer un jeu particulièrement punitif, particulièrement exigeant ; et, n'étant pas capable de se concentrer avec autant d'assiduité qu'à l'accoutumée, il n'avait pas manqué d'enchaîner les désillusions. Elle avait hésité à lui lancer une petite boutade, à lui faire remarquer qu'il passait beaucoup de temps sur ses jeux idiots, mais elle avait constaté au même moment qu'elle était affairé à aligner les hauts de forme, sur son jeu favori, Dandy Clutch. Le pétillement stupide des chapeaux assortis provoquait en elle une pointe de satisfaction à laquelle elle avait toujours été plutôt sensible, et elle imaginait sans peine qu'il aurait pu la convertir sans le moindre mal, s'il s'était donné la peine de mettre entre ses doigts graciles un jeu susceptible de la convaincre de lui donner sa chance. Elle n'était pas certaine que cela aurait pu s'avérer nocif pour elle, mais ne voyait pas non plus le bénéfice qu'elle pourrait en retirer. Alors elle se contenta d'aligner trois chapeaux melons supplémentaires en observant avec contentement le chiffre de son score croître subitement.
21372. Elle avait déjà fait mieux. A cinq ou six reprises, peut-être. Son record la narguait toujours, écrit dans l'un des coins de l'écran de son téléphone. 27441. Elle n'en était finalement plus si loin : les points inscrits étaient exponentiels. Elle avait sans doute l'occasion de réaliser un parcours des plus respectables.
Mais, dans le même temps, elle sentit le dos d'Alphonse s'animer sous le coup d'une expiration profonde et placide. Elle se rendit compte qu'ils se touchaient depuis un certain temps ; en fait, ils s'appuyaient l'un contre l'autre, même. Angela eut le sentiment que ses joues en rosissaient quelque peu ; elle s'en voulut de cultiver pareilles pensées coupables, songea que le jeune Wright n'avait pas besoin qu'elle pense à lui autrement qu'à un ami, rata l'opportunité d'aligner quatre bérets, pesta contre elle-même.

-Merde, jura-t-elle en voyant la fin de partie se jouer.
-Tu prends tes jeux trop à cœur, la tança-t-il, pince-sans-rire.


Elle pouffa, amusée d'observer qu'il n'entretenait pas ses réticences.

A quelques centaines de mètres de là, Kyle progressait tranquillement, les mains dans les poches, sortant tout juste du bâtiment dortoir de l'Académie Glamis, profitant du soleil délicat qui baignait les environs en cette radieuse journée.

Naraka Catana
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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Sam 23 Mar 2024 - 20:25

Le calme après la tempête
Feat. Maître-jeu
La mort. Elle avait toujours été sur son épaule, sans jamais se montrer véritablement à lui. Il avait toujours eu des nouvelles de décès, sans jamais avoir eu l’occasion de voir un cadavre, même préparé pour un enterrement. Il avait… eu plusieurs phases sombres, plusieurs phases de mal-être qui lui avaient procuré des idées très noires, sans jamais avoir le courage de les mettre en application. La première fois, il avait treize ans. Il avait eu l’impression de ne jamais pouvoir sortir de cette vie, de cette prison, de ne voir que de l’obscurité partout où il posait son regard, de ne voir que la relation avec son propre frère se dégrader, de jour en jour. Mais il y avait un ange qui lui avait tendu la main, qui avait senti sa détresse malgré ses jeunes années, et qui avait décidé, alors qu’il se faisait broyer par un monde qui ne lui convenait pas et dont les attentes étaient disproportionnées, de veiller sur lui. Sa petite soeur.

La mort. En trois jours à peine, elle était venue danser avec lui, elle s’était ancrée en lui dans une étreinte qu’il avait sciemment accepté, à jamais. Elle l’avait marqué comme sa propriété et il ne pourrait jamais effacé les souvenirs qu’il en garderait.

Quand ils avaient fini par se quitter, toutes et tous, au terme de cette nuit épouvantable, il s’était effondré, de nouveau, sous sa douche, complètement habillé, le pantalon encore imbibé de sang, sans même réussir à ouvrir la vanne pour faire couler l’eau. Il s’était effondré, et tout ce qu’il avait froidement et dignement encaissé explosa avec lui dans une cascade de soubresauts et de larmes silencieuse.

Le contrecoup d’Ezra, la mort de Stuart, sa propre attaque contre ce criminel, qu’il avait sciemment décidé de brûler au visage même s’il avait anéanti sa tentative... Mais il y avait du progrès, un progrès qu’Isaac ne perçut même pas : le reste, tout ce qu’il s’était passé au début, avant que les choses ne se gâtent avec l’apparition du faux Jak, sa façon de leur laisser le dernier mot sur leurs propres choix alors qu’il les avait malignement poussés dans une direction, n’étaient, au final, que peu de choses. Une culpabilité, certes, il y en avait une, mais presque légère, là où il avait eu tant de mal à digérer d’avoir sciemment exposé Emma à Jak l’autre jour.

Il n’avait encore dormi que deux heures. Pour les mêmes raisons que la dernière fois. Il n’avait pas écrit de lettre, il n’avait pas déversé ses émotions dans des lignes écrites rageusement. Il avait essayé de lire, un peu, il n’y était pas arrivé. Alors, à encore cinq heures du matin il s’était relevé du lit dans lequel il avait pris place. Il avait pris ses écouteurs, et il avait mis une musique rageusement, une belle musique, qui lui procurait tout un tas de sentiments, et il s’était mis à faire des pompes, écouteurs sur les oreilles, pour se laisser porter, pour se laisser consumer par les sons qu’il entendait. Sans les compter, sans s’arrêter, jusqu’à se crever de fatigue, jusqu’à se traîner de nouveau sous la douche, pour finir par tomber comme une pierre dans son lit.

Isaac était un romantique, dans le sens pur du mouvement. Il l’avait toujours été. Il était pour l’expression des sentiments passionnés, quels qu’ils soient, il trouvait dans des tableaux de paysages parfois tranquilles une beauté ensorcelante, il trouvait parfois dans des poèmes traitant de la guerre ou de la mort une touchante splendeur.

A son réveil, il était encore fatigué. Et comme la dernière fois, il avait cherché refuge auprès d’une machine à café pour se donner meilleure allure. Il ne s’était pas rasé, toujours pas. Et il n’avait pas appelé sa soeur. Elle lui manquait, plus que jamais, terriblement. Et si, pendant de longues minutes, il avait fixé son téléphone portable, ne sachant que faire, il avait fini par le repousser au loin. Sa chère Clara, sa grande confidente, ne pouvait plus l’être sur tout, cela lui semblait évident. Comme Ezra cherchait à épargner sa famille, Isaac commençait à chercher à épargner la sienne. Il ne lui raconterait probablement qu’une version édulcorée de tout ce qu’il venait de se passer, de ses sentiments qui étaient nés pour Ezra, il ne lui expliquerait jamais qu’il avait vu un homme se faire exécuter et qu’il avait tenu à regarder ça.

Alphonse, Kyle… ses propres problèmes familiaux lui paraissaient complètement dérisoires, à côté des leurs. Ses propres problèmes tout court, paraissaient complètement insignifiants par rapport à ceux des autres. Et il avait peut-être un peu honte, quelque part, de s’être senti prisonnier pendant aussi longtemps, d’avoir étouffé, alors que d’autres affrontaient des choses effroyables autrement plus concrètes, ou encore que d’autres n’étaient pas au courant de ce qu’ils allaient devoir affronter.

Le Kleinschreiber s’était ensuite rendu à l’espace dédié aux boîtes aux lettres des étudiants, pour y ouvrir la sienne, et découvrir qu’il y avait un petit colis à l’intérieur. Il n’avait foncièrement pas besoin de l’ouvrir pour savoir ce qu’il contenait. Il le ramena à sa chambre, mais il décida quand même d’inspecter ce qu’il avait choisi, ce qu’il avait envie d’offrir à Ezra… quand il en aurait l’occasion, s’il en avait l’occasion. Il sortit donc de cet emballage, une petite boîte rectangulaire, peu épaisse, mais rigide et d’un noir complètement mat. Il l’ouvrit, inspecta le contenu sans le toucher, avant de la refermer et de poser les yeux sur son environnement, pour se demander où pourrait-il la ranger pour l’instant. Et finalement, il décida de la poser soigneusement au fond de son sac, dans un petit sac plastique pour éviter qu’elle ne s’abîme trop, avant de poser un livre par-dessus pour la caler.

Durant cette courte balade, il avait hésité à se rendre dans la cour intérieure, avant de se raviser. Il pensait que tout avait déjà été embarqué, que le reste de l’unité Rouge-Gorge s’en était allé, qu’il ne restait plus qu’une cour vide et déserte qu’il n’avait jamais eu l’occasion encore de voir comme telle. Une cour avec des prestigieux et temporaires occupants, qu’il avait toujours vus ici, qui ne seraient plus que des fantômes errant dans son esprit. Il aurait aimé pouvoir se confronter de nouveau au désintérêt, à la froideur et à la franchise du capitaine, il aurait aimé lui poser de nouvelles questions, car d’autres étaient nées au cours de cette nuit et de cette matinée, il aurait aimé partager quelques moments - bizarres, certes - en sa compagnie. Il aurait aimé que la fin de la nuit ne soit pas aussi catastrophique pour lui.

Quand Alphonse lui envoya un message, l’invitant à les rejoindre, Angela, Kyle et lui, dans le parc, Isaac n’hésita pas vraiment quant à la réponse. Ils avaient probablement tous besoin des uns des autres, en ce moment, plus que jamais.

Il n'était pas sûr de la façon dont se portait le cadet des Wright, ni comment il allait se comporter. Parce que lui aussi, il avait bien compris qu'Alphonse était du genre à essayer de vite passer à autre chose. Il lui avait déjà montré plusieurs fois. D'une certaine façon, il encaissait en silence, sans le montrer, pudiquement. Une façon d'être qui n'était pas si étrangère au Kleinschreiber.

Alors il sortit directement, fut ébloui par les rayons du soleil qui lui caressaient le visage, fit un détour dans l’une des petites épiceries du campus pour y acheter deux-trois choses qu’il fourra dans un sac plastique, avant de les rejoindre, son butin pendant nonchalamment au bout de sa main. Toujours en quête de reprendre la main sur sa vie. Toujours en quête de se poser moins de questions sur ce qui était bien ou mal, sur ce qu'il devait faire ou non. Une première, un noble qui faisait ses courses lui-même.

Le premier ami qu’il vit, ce fut Kyle, qui semblait se rendre aussi à l’endroit que leur avait indiqué le Wright. Alors, il activa le pas, pour de grandes foulées, afin de le rattraper, et une fois à sa hauteur, coller son allure à la sienne. Après une seconde d’hésitation, il engagea la conversation, de façon timorée :

- Salut.

Pas bonjour mais salut. Un choix lexical que n’avait jamais fait le Kleinschreiber jusqu’à lors. Mais il trouvait de mauvais goût de souhaiter un bon jour après la nuit qu’ils venaient de passer. Et il redevint silencieux, discret, comme à son habitude, pendant une dizaine de secondes, avant de se faire de nouveau entendre, timidement :

- Ça va, toi ?

Il avait hésité à la poser, cette question. Parce qu’il n’était pas sûr de la réponse que le Grealish arriverait à lui donner. Mais d’un autre côté, il voulait aussi lui montrer qu’il était là pour lui, aussi, s’il en avait le besoin. Parce que les malheurs d’Alphonse ne devaient pas complètement éclipser ceux des autres. Parce que Kyle connaissait aussi Ezra depuis longtemps, qu’il était arrivé affolé en compagnie d’Alphonse dans sa chambre, et parce que… lui aussi, avait connu un drame familial avec un frère. Parce que lui aussi, quelque part, avait dû souffrir.
Isaac Kleinschreiber
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le calme après la tempête.Dim 24 Mar 2024 - 16:04

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Kyle.


-Hey, se contenta-t-il de répondre simplement, non sans marquer un arrêt pour permettre à Isaac de se porter à sa hauteur.


Ce ne fut qu'ensuite qu'il se permit de reprendre la route, à un rythme posé, de quoi leur permettre à tous les deux de profiter d'un brin de silence, de soleil, de quiétude. Ils en avaient besoin, sans l'ombre d'un doute. C'était aussi l'avis, sans doute unanime, des professeurs et de l'équipe encadrante de l'Académie Glamis, qui voulait prendre le temps de résoudre les graves troubles qui agitaient l'administration avant de renvoyer les élèves des deux classes aux fourneaux. Ils avaient probablement quelques jours devant eux, peut-être même quelques semaines... et si le Grealish partait raisonnablement du principe qu'on retarderait d'autant leur départ en direction d'Antiqua, il n'était pas certain d'avoir matière à s'en réjouir. Un jour de repos, peut-être deux, étaient indispensables. Car son teint sirupeux était assez éloquent, si lui-même ne l'était pas vraiment, ce jour-là : il avait passé une nuit terriblement éreintante, comme bon nombre de ses pairs. Les révélations en cascade, le sentiment de peur et d'urgence, la crainte de voir Angela et Alphonse s'écraser après un vol plané au travers de la fenêtre de la chambre de la demoiselle ; le cumul de tout cela et la vision horrifique offerte par Ezra, bien sûr, avaient contribué à le priver de sommeil durablement. Mais il avait le sentiment qu'ils ne parviendraient pas à avancer s'ils ne s'en donnaient pas les moyens. Si on ne leur en donnait pas la permission. Il leur faudrait, tôt ou tard, remettre le pied à l'étrier. Repartir de l'avant. Se concentrer sur leurs routes, théoriques et pratiques, exercer encore et encore leurs pouvoirs... Veiller à progresser. Physiquement, héroïquement, et humainement.
Il ne pourrait jamais, sans doute, disposer d'un pouvoir suffisamment influent pour éviter d'avoir à revivre pareil drame... mais il ne voulait pas, ne voulait plus se sentir impuissant. Le sentiment désagréable qui lui collait à la peau, celui-là même qui l'avait poussé à ne devenir qu'un vague figurant tandis qu'Ezra s'effondrait dans une giclée de sang, et tandis que le prétendu professeur Stuart le prenait en otage afin de les tenir en respect, il ne voulait plus jamais avoir à l'éprouver. C'était en grande partie pour cela qu'il avait accepté de suivre Alphonse à l'Académie, de déposer son dossier d'inscription.

-Pas terrible, je présume, admit-il avec un sourire piteux quand le Kleinschreiber lui demanda comment il se portait. Enfin, sûrement mieux qu'Alphonse... Même s'il dira sûrement le contraire, quoi qu'il arrive. Et toi ?


Il lui renvoyait la politesse presque distraitement : il était évident que c'était le Wright qui, en l'occurrence, occupait la moindre parcelle de ses pensées qui restait vacante après cette nuit tumultueuse. Il aurait été complexe de le retenir contre lui, dans la mesure où ils s'étaient pratiquement toujours côtoyés. Dans les faits, Alphonse était presque, à ses yeux, comme un frère ; et s'il ne jouissait pas de la même relation à l'endroit d'Ezra, il disposait de suffisamment d'empathie pour parvenir à se mettre à sa place, pour mesurer son désarroi.
Ils n'auraient qu'à progresser quelques mètres supplémentaires, le long du sentier, pour constater que les deux silhouettes de leurs camarades se tenaient un petit peu à l'écart, à l'ombre d'un grand platane. Le visage soudain illuminé d'un sourire plus volontaire, en les observant ainsi assis l'un contre l'autre, dos-à-dos, Kyle ne manqua pas de commenter à voix basse, pour que seul Isaac soit en mesure de l'entendre.

-S'il l'a pas emballée avant la fin du mois, je vais me poser des questions.


Un commentaire un peu sarcastique, un peu irrévérencieux ; de ceux qu'Alphonse aurait largement été en mesure de prononcer, si leurs deux places avaient dû être inversées. Le fait était que Kyle avait pensé cette boutade comme telle ; il ne savait pas trop ce que les deux étudiants ressentaient l'un pour l'autre, et n'avait même, dans le fond, pas envie d'en savoir davantage. Cette affaire les regardait, a fortiori considérant les circonstances dans lesquelles ils avaient eu à travailler ensemble.
Compte tenu du fait qu'ils étaient les deux étudiants que toute cette histoire avaient atteint le plus frontalement, il était légitime qu'ils se rapprochent, au moins un peu. Qu'ils soient à même de se faire confiance, de mesurer la peine de l'autre.
Ni lui, ni elle ne bougeraient d'un pouce pendant que le Grealish et le Kleinschreiber se rapprocheraient ; ils demeureraient comme captivés par leurs téléphones respectifs, dans un silence apaisant.
Naraka Catana
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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Dim 24 Mar 2024 - 18:52

Le calme après la tempête
Feat. Maître-jeu
La réponse de Kyle était timide. Comme s’il se refusait le droit de penser à lui-même, qu’il préférait rester les yeux braqués sur Alphonse, pour se soucier de lui, évidemment, mais aussi, peut-être d’éviter de se poser trop de questions sur lui-même. Comme s’il avait peur de se blesser en se plongeant dans son propre esprit.

Pour Isaac, c’était différent. Lui, ce n’était pas un Wright, mais deux, qui peuplaient ses pensées. En force au milieu de bien d’autres choses, toutes plus ou moins liées. Il était encore troublé par les images de leurs péripéties nocturnes, certaines lui semblaient justes, certaines lui semblaient affreuses, certaines… certaines le rendaient confus. Est-ce que c’était une bonne chose ou une mauvaise chose de n’avoir rien ressenti en voyant pour la première fois un homme se faire fusiller à quelques mètres de soi ?

Il y avait aussi ce sentiment étrange de vide à combler. Il avait à la fois l’impression de ne servir à rien, d’être inutile, mais aussi l’impression qu’il pouvait être utile. Qu’il devait être utile. Et qu’il le souhaitait, plus que jamais.

Le Kleinschreiber resta un court instant silencieux. Comment se sentait-il ? Difficile à dire. Pas bien, c’était une certitude. Mal. Mais était-il autant angoissé que le plus jeune de la fratrie Wright ? Difficile à dire aussi. Normalement, il ne devrait pas être aussi mal que lui... Mais leurs problèmes étaient différents. Même s’ils tenaient tous les deux à Ezra, c’était différent.

- Pas vraiment.

Une réponse honnête, laconique. Parce que, visiblement, l’un comme l’autre n’avait pas véritablement envie de s’étendre sur le sujet. Mais ils n’en avaient pas besoin tant que ça, tant qu’ils avaient une idée globale de la situation de l’autre et qu’ils étaient disposés à écouter si jamais les langues avaient envie de se délier un peu, de se soulager. Et comme il le pressentait déjà, le Grealish vint lui confirmer qu’Alphonse ne dévoilerait pas aussi facilement si les événements le rongeaient.

- J’espère que… s’il va vraiment mal, il nous le fera comprendre.

Pour qu’ils puissent l’aider. Parce qu’il pouvait compter sur eux, ils seraient là pour lui. Peut-être que cette invitation à sortir sous le soleil, profiter du monde, profiter de la vie, de ses proches, était là pour ça. Et s’ils avaient tous répondu présents aussi vite, c’était peut-être parce qu’ils en avaient tous besoin.

Ils n’eurent pas beaucoup de distance à franchir pour apercevoir les silhouettes de leurs deux autres camarades. Cette douce vision apaisa un peu le coeur d’Isaac, sans pour autant qu’il ne laisse transparaître un sourire. Toute cette affaire avait fini par propulser Angela vers eux, naturellement. Le Kleinschreiber ne savait pas trop encore s’il était capable de lui accorder autant de confiance qu’à Alphonse ou Kyle. Il ne la connaissait pas assez. Mais il ne s’en méfiait pas ardemment non plus, parce qu’il la savait fiable, sur certains points. Il devait juste prendre le temps de voir ce qu’elle avait dans la tête et dans le coeur, comme toujours.

La boutade que lui murmura Kyle, si légère, laissa Isaac presque indifférent. Quelques jours, quelques semaines auparavant, il se serait sans doute offusqué d’une telle assertion si peu délicate, ou il aurait levé les yeux au ciel. Là, il se contenta de quelques secondes de silence, prenant le temps d’y réfléchir, de voir, s’il devait voir cela d’un bon oeil ou non. Mais pas parce que c’était strictement moral ou immoral. Non, il voulait juger selon ses propres codes. Ses nouveaux codes, qu'il continuait de construire.

- Si c’est ce qu’ils veulent tous les deux, on ne peut que le leur souhaiter.

Isaac l’avait souligné dans un climat moins propice, il ne voulait pas savoir ce qu’ils pouvaient bien partager tous les deux. S’il les voyait se rapprocher l’un de l’autre, démarrer une relation à deux, il n’en serait pas mécontent non plus, si ça leur convenait, il serait probablement heureux, même. Il ne commencerait à s’en mêler, possiblement, que si l’un commençait à nuire à l’autre.

Le fait est, qu’ils en avaient peut-être tous les deux besoin aussi. Besoin de trouver un peu de réconfort, d’une manière différente de l’amitié, alors que leurs deux mondes s'étaient écroulés brutalement. D’avoir quelqu’un sur qui s’appuyer, qui pouvait nous voir dans des moments de force comme de faiblesse, à qui l’on n’avait pas peur de tout raconter. Et d’être ce pilier, ce soutien de cercle intime en retour.

Tandis que les deux jeunes hommes se rapprochaient, aucun des deux autres ne bougeaient, silencieux, concentrés. Et c’est Isaac qui décida de briser cette quiétude, pour une fois. Isaac qui, au coeur de grands changements dans sa vie, semblait avoir pris de la confiance en lui depuis son arrivée à Glamis.

- Qui a toujours de la place dans son estomac ? les alpagua-t-il en levant le sac qu’il tenait.

Au coeur de son trophée de chasse moderne, il y avait des petites bouteilles de jus de fruit, divers paquets de biscuits dont la variété devrait être suffisante pour satisfaire tous les palais. Des petites douceurs pour essayer d’atténuer la brutalité d’un monde sombre.

C’était un semblant de normalité, de vie banale à laquelle n’avait jamais pu accéder jusqu’à présent le noble et qu’il commençait à découvrir au milieu des horreurs et des angoisses. Un semblant de normalité… simple, plaisant.

Mais un écart à son titre nobiliaire, un de plus, qui le rapprochait encore de la date de sa mort sociale. Une date qu’il avait toujours repoussée, qu’il savait comme inévitable, mais qu’aujourd’hui, il pouvait avancer à tout moment, s’il en avait l’envie. Il pouvait décider. C’était son choix. Il était libre.

Ils devaient aller de l’avant. Ils devaient tous aller de l’avant. Ensemble.
Isaac Kleinschreiber
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le calme après la tempête.Lun 25 Mar 2024 - 10:58

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Kyle.


-Hmm, fit-il en haussant les épaules.


Il connaissait suffisamment Alphonse pour être persuadé, en son for intérieur, que le vœu pieux d'Isaac ne resterait précisément que cela. Un vœu pieux, terriblement vain. Alphonse n'était pas le type d'individu qui parvenait à ouvrir son cœur à autrui, même lorsqu'il le désirait ardemment. Il était maladroit socialement, bien plus qu'il n'aurait aimé le faire croire. Et il avait tendance à considérer que ses états d'âmes ne devaient pas rejaillir sur autrui. Qu'il devait les refouler précieusement en lui, que cela, seulement, lui permettrait de les oublier, de les abandonner, de les détruire. Il n'avait pas complètement tort, dans le fond. Kyle le croyait sincèrement capable de surmonter ces douleurs qui l'assaillaient, ces pensées coupables qui devaient le tourmenter... mais il ne le ferait pas de la même manière que le commun des mortels, en ressassant cette expérience terrible, en la surmontant petit à petit, en apprenant à ne plus la craindre. Il le ferait en s'occupant autrement. Cette espèce de fuite vers l'avant lui ressemblait bien ; et, quelque part, sa relation naissante avec Angela, qu'elle soit strictement amicale ou plus que cela, correspondait à ce modus operandi.
C'était en partie pour cela que le Grealish avait hâte de reprendre les cours, leur train-train quotidien, celui-là même qu'on leur avait promis mais auquel ils n'avaient pas franchement eu l'opportunité de goûter, tant les péripéties déroutantes s'étaient succédées et les en avaient tenus éloignés. Quand ils seraient à nouveau assis en classe, avec un prof planté devant eux, occupé à leur déclamer d'une voix sans passion des inepties théoriques qui ne leur seraient jamais utiles, ils auraient alors la chance de reprendre l'ascendant pour de bon.

-J'imagine, ouais, répliqua-t-il, plus sérieux, quand Isaac évoque la possibilité d'une relation entre leurs deux amis.


Il avait peine à croire que pareille relation serait jamais un long fleuve tranquille ; ils avaient tous les deux un sacré caractère, pour le peu qu'il avait pu en juger en ce qui concernait Angela, et il partait du principe assez raisonnable qu'ils ne se laisseraient pas marcher sur les pieds... mais c'était peut-être, là aussi, ce dont ils auraient le plus besoin, à l'avenir. D'avoir une personne à leurs côtés pour constamment leur rappeler qui ils étaient, qui ils aspiraient à devenir. Alors il ne chercha pas à surenchérir en versant, une fois de plus, dans l'humour. Il se contenta de suivre le mouvement qu'imprimait le Kleinschreiber, son paquet de courses en main, celui-là même qu'il ne manqua pas de présenter aux deux autres étudiants en les hélant, et en les poussant à quitter enfin les écrans de leurs téléphones pour tourner leurs visages dans leur direction.

-Oh, c'est vous, observa le Wright avec de commencer à se relever.
-Qui voudrais-tu que ce soit ? répondit Angela avec un sourire mutin.


Il ne répliqua pas, se contenta de venir à la rencontre des deux autres élèves pour jeter un coup d'œil aux biscuits sur lesquels le jeune noble avait jeté son dévolu ; il ne demanda pas son reste et s'empara d'un geste preste d'un petit paquet de Tocky, de longs bâtonnets enrobés de chocolats de goûts divers, dès lors qu'il parvint à le repérer dans le sac.

-Ah ! Je vois que mon serviteur favori a bien retenu la leçon ! Un tribut, il faut me présenter un tribut ! Prenez-en de la graine, vous deux ! s'exclama-t-il à l'attention de Kyle et d'Angela.
-Comment ça, ton serviteur favori ? riposta un Kyle offusqué. J'ai pas passé douze ans à supporter tes caprices pour qu'un paquet de Tocky suffise à me voler cette place.
-Si j'arrive un jour à vous comprendre, soupira Angela en levant les yeux au ciel. Bon, maintenant que vous êtes là... Le professeur Evans m'a demandé de vous faire suivre un message. Concernant la suite des opérations, vis-à-vis de votre classe.


Elle voulait aborder ce sujet d'entrée de jeu, afin de l'évacuer au plus vite ; non pas qu'il était particulièrement contraignant ou décourageant, mais simplement qu'elle préférait ne pas courir le risque d'oublier de leur souffler un mot à ce propos. Après tout, ils étaient des apprentis héros, avant toute autre chose...

-Il ne sait pas combien de temps il faudra à l'Académie pour retrouver un professeur digne de ce nom, et... fiable, évidemment. Donc il va faire installer six bureaux supplémentaires au sein de notre classe, en attendant. Vous pourrez assister à ses cours si vous le souhaitez, en allant simplement le lui signifier. Il organisera les emplois du temps pour que tous ceux qui soient partants puissent avoir droit à quelques heures. Mais ce n'est pas une obligation, il tenait à insister là-dessus.


L'idée était limpide : dans le meilleur des cas, cela ne durerait que quelques jours, et cela permettrait aux anciens élèves de Stuart de ne pas décrocher complètement, de ne pas perdre le rythme. Dans le pire des cas... cela s'éterniserait un peu, mais cela offrirait au moins une solution partielle, provisoire, afin de ne pas trop handicaper leur apprentissage. Là encore, Evans prouvait qu'il avait le sens du devoir, et une tendance assez tangible à la paternisation. Alphonse, de son côté, accueillit cette proposition avec une grimace de dégoût.

-Eeeh ? Pour une fois dans ma vie, j'ai la chance de pouvoir me tourner les pouces sans que mes darons ne viennent me botter le train, et il faudrait que je vienne en cours ? Avec toi ? ajouta-t-il comme si l'idée le révulsait.
-Je te parlais peut-être pas, à toi, répliqua-t-elle en lui adressant une petite tape contre l'épaule. Je suis sûr que Kyle et Isaac pourrait être tentés.


Naraka Catana
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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Lun 25 Mar 2024 - 14:31

Le calme après la tempête
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Le manque de réaction de Kyle quant aux espoirs d’Isaac concernant Alphonse fit tiquer son interlocuteur. Donc le Wright n’allait sans doute pas s’ouvrir facilement… voire pas du tout. Il allait continuer, en leur montrant qu’il ne se voilait pas la face, en souffrant peut-être seul, et faire comme s’il allait de l’avant. C’était peut-être ce qu’il devait faire, lui aussi. Passer à autre chose. Pour oublier. En soi, il faisait déjà une partie du travail. On l’avait forcé, depuis tout jeune, à faire une partie de ce travail. A afficher le moins possible ses faiblesses. Parce qu’il ne devait pas être faible. On le lui avait interdit de l’être, on l’avait forcé à ravaler ses émotions, positives comme négatives, même tout jeune. Il n’avait jamais eu le droit d’être plaisantin, farceur, insouciant, il n’avait jamais eu le droit d’être triste, peureux ou en colère. Mais à force d’être engloutis, certains sentiments finissaient par être revomis de temps à autre.

A l’époque comme aujourd’hui, le noble n’ouvrait jamais son coeur à n’importe qui. Mais le problème, c’est qu’il y pensait beaucoup, il remuait cela tout seul, et tout le broyait. Et actuellement, il ne savait pas s’il pourrait dévoiler tout ce qu’il avait dévoilé à Ezra avec autant de pudeur que d’aplomb, à Alphonse, par exemple.

L’aîné des Wright était-il un peu comme son plus jeune frère ? Est-ce qu’il ne s’embourbait pas à corps perdu dans son travail, en plus d’avoir le sentiment de se rendre utile, pour oublier tout le reste ? Est-ce que c’était un peu de ça, aussi, sa bonne école ?

Quand Alphonse fit la remarque de leur présence, Angela porta à voix haute la réflexion qui fleurissait tout juste au creux de l’esprit du Kleinschreiber. Etait-ce si surprenant que cela, alors que c’était lui qui les avait conviés ? Ou pensait-il que… quelqu’un venait pour lui porter des nouvelles de son grand frère ? Peut-être. Et le Kleinschreiber s’abstint d’en faire la remarque, tout comme il s’empêcha de lui faire des remontrances quant à son impolitesse de venir piocher directement dans le sac qu’il tenait. Non, au contraire, même, il en écarta les anses, pour qu’il puisse se saisir de ce qu’il souhaitait sans la moindre difficulté.

Parce qu’il savait qu’Alphonse était un ventre sur pattes, et qu’en amenant avec lui de tels vivres, il était à peu près sûr de faire plaisir au moins à une personne. Et aussi, parce qu’Isaac lui-même n’avait pas mangé ce midi et qu’il aurait donc de quoi garnir un peu son estomac.

L’exclamation d’Alphonse ne lui fit pas lever les yeux au ciel et l’offusqua encore moins. Elle lui faisait même… plaisir, en un sens. Parce que le Wright le traitait toujours comme quelqu’un de parfaitement banal. Et qu’il ne savait peut-être pas qu’il venait de probablement offrir un arrêt cardiaque à tous ceux qui seraient en mesure de voir et entendre cette scène et qui seraient de ce rang nobiliaire. Un roturier malpoli qui se prenait pour un noble, et un noble qui lui offrait généreusement un présent pour se sustenter sans broncher.

- Je croyais que vous n’étiez qu’un gueux, Votre Grâce, répliqua Isaac sur un ton pince-sans-rire.

Il avait usé d’une formule de politesse que la très ancienne noblesse britanienne adressait à ceux qui possédaient des titres ducaux. Autrement dit, le haut du panier à l’époque où elle avait encore beaucoup de pouvoir. Et certaines rumeurs, malgré l’abolition de leurs privilèges aux yeux de la loi, racontaient que leurs descendants directs prenaient parfois plaisir à se faire appeler de la sorte lors de certaines soirées privées. Une question d’un ego écrasant, visiblement, pour se sentir important quand on n’était strictement rien.

Isaac était étrangement plus détendu, plus serein. Moins rigide, mais pas assez départi de son sérieux pour se laisser aller à de vulgaires moqueries trop exagérées et théâtralisées. Oh, s’il avait vraiment voulu la jouer de la sorte, il lui aurait fait une parfaite révérence. Une vraie révérence, parce que cela faisait partie des choses qu’on lui avait apprises, dans son milieu social. C’était une obligation de savoir cela.

Vint ensuite le message du professeur Evans, transmis par Angela. Une prévenance de sa part, légitime, sans doute, tant l’Académie venait d’être amputée de deux membres importants de son personnel. Une occasion en or, pour reprendre des bases en douceur, avec un visage familier et digne de confiance. Une occasion pour redémarrer sur les chapeaux de roue et devenir plus forts, dès à présent.

Une occasion que ne semblait pas partager Alphonse, alors même qu’il avait énoncé haut et fort, quelques jours plus tôt, préférer assister aux cours du professeur Evans que ceux du professeur Stuart.

Mais était-ce une bonne idée de lui pointer du doigt ce fait, ou de le réprimander pour ne pas vouloir aller en cours ? Ne risquait-il pas de vouloir prouver le contraire, justement ? Alors qu’il souhaitait s’améliorer, lui aussi ? Devait-il essayer de faire un peu de psychologie inversée ? Ou devait-il le laisser faire, tout simplement ? Se fracasser contre le mur, pour qu'il s'en morde les doigts ? Il imaginait que si Alphonse venait voir le professeur Evans plus tard que les autres, ce dernier ferait en sorte de réaménager les choses pour l'inclure.

- Je passerai voir le professeur Evans pour lui dire que cela m’intéresse, alors, finit-il par dire à Angela après un instant de réflexion.

Isaac prit le parti d’ignorer les plaintes d’Alphonse, sans rebondir dessus, sans y accorder la moindre petite attention. D’une part, pour voir s’il serait amené à y réagir, réagir au fait qu’on ne le corrigeait pas sentencieusement. D’autre part, pour voir si cela ne le motiverait pas, alors que Kyle allait probablement s’y rendre aussi, à les accompagner plutôt qu’à passer ses journées seul dans son coin.
Isaac Kleinschreiber
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# Re: Le calme après la tempête.Mar 26 Mar 2024 - 18:48

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Alphonse et Kyle.


-Quoi ? glapit Alphonse lorsqu'Isaac fit part de son intérêt au sujet des heures de cours de remplacement assurées par Evans. Mon serviteur favori serait prêt à écourter ses vacances ? Tu dégringoles dans mon auguste estime !
-Tu nous fatigues, intervint Kyle en affichant une mine blasée. Je ne dis pas non, moi non plus. De toute façon, tôt ou tard, il faudra bien qu'on remette le pied à l'étrier... et comme j'imagine que certains, voire certaines, ne manqueront pas d'accepter cette proposition, quand on aura enfin un nouveau prof, on aura l'air fin, s'il apprend qu'on a un voire deux trains de retard...
-Sage décision, commenta Angela sans plus en dire.


Il était toutefois évident, à en croire l'œillade qu'elle décocha en direction du jeune Wright, qu'elle exprimait ce compliment davantage pour égratigner l'ego d'Alphonse plutôt que pour flatter celui de ses deux autres amis ; le principal intéressé sembla en prendre acte, puisqu'il se renfrogna en commençant à engloutir son premier tocky, l'air courroucé. Il ne prenait pas le parti de répondre, c'était déjà une bonne chose ; et elle se doutait, au moins autant que le Grealish, qu'il n'allait pas leur en tenir rigueur. Il était incapable de s'avérer réellement rancunier, a fortiori pour quelque chose d'aussi anodin, d'aussi bon enfant. Envers et contre tout, il aspirait à de grandes choses... Le destin fabuleux en direction duquel il tendait ne lui ouvrirait les bras qu'à condition qu'il s'en donne les moyens. Dans le cas contraire, on le condamnerait très probablement à n'être jamais rien de plus qu'un gratte-papier, au sein de la BOIH dont il ne gravirait strictement jamais les échelons. Pour saisir sa chance de prouver ses qualités, il fallait encore en posséder une, de chances ; et, en matière d'héroïsme, elle se générait par le sang et la sueur plus qu'elle ne se négociait ou ne s'héritait grâce à un alignement des planètes bienheureux.

-Je me demande quand même quand on aura de nouveau un prof, soupira Kyle en allant s'asseoir à l'ombre du platane. Stuart... aura pas fait long feu.
-C'est le cas de le dire, ricana Alphonse. A mon avis, ils vont attendre que de nouveaux héros d'or reviennent d'Antiqua, et leur fassent part de leur souhait de devenir profs. On aura sûrement un nouveau venu sans expérience... Ça promet !
-Ça veut pas dire grand-chose. Tant qu'il sait de quoi il parle, et qu'il prend le temps de nous conseiller au mieux, j'aurai aucune raison de pas le prendre au sérieux...


Comme attendu, Kyle était infiniment plus patient à l'égard de leur futur enseignant qu'Alphonse ; d'un autre côté, le Grealish se doutait du fait que son camarade serait bien prompt à revoir son jugement un brin précipité lorsqu'ils auraient enfin l'opportunité de faire connaissance avec ce nouveau venu. S'il apparaissait comme charismatique ou amusant, le Wright aurait tôt fait l'adopter pour en faire sa nouvelle coqueluche. Il marchait ainsi, au feeling... Ses idées préconçues survivaient rarement lorsqu'elles étaient confrontées à la réalité.

-Ils auront sûrement rapidement des candidats, fit remarquer Angela. Quant à savoir si leur profil pourra satisfaire l'administration... Pour moi, la question se pose surtout concernant le Directeur. Tant qu'ils n'en ont pas déniché un nouveau, je ne les vois pas mener le recrutement d'un nouveau prof à son terme. C'est sûrement pour ça qu'Evans veut vous donner une solution de dépannage.


Elle était peut-être pessimiste... mais elle ne l'était pas sans argument. La décision d'un tel recrutement revenait effectivement au Directeur, traditionnellement. Raison pour laquelle il avait été si aisé pour Stuart d'être accepté en tant que nouvel enseignant, évidemment : avec un infiltré occupant une place si prestigieuse, ils n'avaient pas eu à se fouler beaucoup pour rendre sa candidature crédible. De là à considérer que le rôle de Directeur devait être celui sur lequel se focalisait toutes les attentions, il n'y avait qu'un pas...

-On parle d'une Académie héroïque, quand même, nuança Kyle, l'air néanmoins songeur, comme s'il cherchait à se rassurer lui-même. Je ne pense pas qu'ils traînent pour trouver un nouveau Directeur. C'est beaucoup trop important.


La demoiselle opina du chef, mais demeura mutique, comme si elle n'estimait pas pertinent de renchérir ; Alphonse, de son côté, se contenta d'engloutir goulument un biscuit supplémentaire, manifestement trop ravi d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent.

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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Mar 26 Mar 2024 - 21:04

Le calme après la tempête
Feat. Maître-jeu
Le Kleinschreiber fixa un court instant Alphonse, indifférent à sa pique, indifférent à la remarque dont les gratifia Angela par la suite. Le Wright ne semblait toujours pas motivé, même lorsque Kyle abonda dans le sens du noble avec un peu plus d’arguments. Isaac n’avait jamais vu l’Académie comme une colonie de vacances, et il avait encore moins songé à se la couler douce pendant le temps où on leur chercherait un professeur. Non, même si Evans ne leur aurait pas fait une telle proposition, il aurait travaillé dans son coin, en particulier à améliorer ses piètres capacités physiques. Preuve en était, il était encore, avant de dormir quelques heures au petit matin, en train de faire quelques exercices physiques.

- Entre avoir quelques jours de repos et survivre à Antiqua, mon choix est vite fait.

Isaac ne doutait aucunement de cette décision, prononcée avec un ton incisif. Le professeur Evans était compétent, il le savait, il l’avait aussi démontré lors de l’échange que le Kleinschreiber avait souhaité avoir avec lui. Il n’y avait pas meilleur professeur pour lui pour les abreuver d’informations sur cet obscur continent et pour les faire réfléchir sur les problèmes qui pourraient se poser à eux là-bas, en l’état. Même s’il préférait peut-être la froideur d’Ezra et les discussions avec ce dernier.

- Et pour quelqu’un qui était si prompt à vouloir entrer dans les rangs de la BOIH le plus rapidement possible, tu ne m’as finalement pas l’air si pressé que ça.

Après le mordant concernant son choix, le détachement, dirigé vers Alphonse. Des paroles volontairement provocantes sans aucune once d’amusement, pour le pousser à prouver le contraire. Pour le pousser à venir aux cours du professeur Evans, mais sans jamais lui intimer quoi que ce soit, ou le lui suggérer explicitement. Non, s’il y tenait vraiment, son ego ferait le reste.

Le Kleinschreiber suivit Kyle à l’ombre, redevenant silencieux mais écoutant la conversation qui déviait légèrement de sujet, avant à son tour de poser son noble fessier à même la pelouse. Une hérésie, faite en public. Il déposa son butin de sucreries à côté de lui, aplatit le sac au sol pour dévoiler le contenu, prendre une boîte de biscuits au hasard et la tendre au Grealish et Angela, pour les inciter à se servir.

Et le constat qui naquit dans son esprit fut qu’ils étaient un peu tous trop prompts à l’oubli, à en croire la légèreté avec laquelle ils mentionnaient le criminel infiltré qui leur avait servi de professeur, à en croire qu’il n’avait jamais été exécuté sous leurs regards. A moins que… contrairement à lui, ils aient choisi de fermer les yeux durant ce moment. Il revoyait encore les balles perforer son corps, il entendait encore les fusils d’assaut rugir macabrement, il se rappelait Ezra relever volontairement le regard pour observer ce sinistre spectacle.

Il passa une main distraitement sur l’herbe, caressant les brins de verdure avec douceur, les laissant glisser sous ses doigts avec agilité. Un geste qu’il n’avait quasiment jamais eu l’occasion de faire, et qu’il trouvait, sur l’instant, terriblement apaisant. Dommage, il aurait probablement aimé, plus petit, pouvoir se rouler dans l’herbe verte en été et sentir les brindilles lui chatouiller la peau.

- Nous verrons bien, intervint-il. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne voudront pas commettre deux fois la même erreur et qu’ils vont probablement être très regardant sur la probité de la personne qui obtiendra le poste de direction et sur le nouveau professeur.

A moins qu’ils ne choisissent, pour le poste de Directeur, un professeur déjà en place et qui a fait ses preuves. Sur ce point, Isaac voyait bien le professeur Evans pouvoir prétendre à ce titre. Avec sa proposition aux anciens élèves de Stuart, il montrait qu’il était apte à faire de la gestion. Il était attentif et mesuré. Et avait su gagner la confiance du capitaine de l’Unité Rouge-Gorge dans des temps si peu sûrs. Restait à savoir, si jamais une telle place lui était proposé, s’il l’accepterait ou s’il préférerait rester enseigner auprès des étudiants.
Isaac Kleinschreiber
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# Re: Le calme après la tempête.Sam 30 Mar 2024 - 18:42

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Alphonse et Kyle.


La pointe de réalisme quasiment pessimiste qu'Isaac distilla au cours de leur discussion poussa Alphonse à le darder d'un regard circonspect, comme s'il trouvait étonnant que le jeune noble soit prompt à remettre en question la certitude de leur survie à l'occasion de l'expédition à venir. En vérité, c'était un peu plus complexe que cela ; il entendait bien que ce continent mystérieux leur réserverait probablement tout un tas de périls auxquels il leur serait difficile de se prémunir complètement, mais il peinait à considérer les apprentissages théoriques comme étant à ce point indispensables pour assurer leur sécurité. Tout au contraire, il imaginait plutôt que leur facultés physiques et leur habileté à user de leur pouvoir à bon escient prévaudrait très amplement... Et ça n'était, a priori, pas à ce type de cours que le professeur Evans entendait les inviter. En même temps, c'était compréhensible : c'était une chose que de s'accommoder de la présence d'une petite huitaine d'élèves supplémentaires à l'occasion de cours aussi magistraux que théoriques. C'en était une autre de les convier à une espèce de grande baston générale, et de parvenir à tous les tenir à l'œil à cette occasion... Ainsi, le Wright semblait persuadé que les choses sérieuses, en ce qui les concernait, ne pourraient reprendre qu'au moment où un enseignant digne de ce nom leur parviendrait. Ce qui, selon les dires d'Angela, ne tarderait probablement pas trop ; Britannia comptait trop sur les nouvelles générations d'étudiants pour continuer à assurer son hégémonie au fil des expéditions.

-C'est clair, approuva Kyle quand Isaac évoqua la question de l'honnêteté morale des futurs recrues de l'Académie Glamis. Mais je me demande si... Glover était à ce point malhonnête, ou s'il a été entraîné dans des choses qui le dépassaient, par cupidité ou par lâcheté.


C'était une question nébuleuse, à laquelle personne n'aurait de réponse à lui offrir, dans l'immédiat. Probablement même pas les enquêteurs de la BOIH, en fait... Il faudrait attendre qu'une enquête sérieuse et pointilleuse lève le voile de ce mystère, et que le procès du principal intéressé la fasse connaître au grand public ; en d'autres termes, cela pouvait bien prendre quelques mois, voire quelques années. Les pontes politiques de Britannia risquaient de vouloir précipiter ces investigations, dans la mesure où il s'agissait d'une affaire aux proportions aberrants, susceptibles d'entacher la qualité de la formation héroïque de tout un pays pendant de très nombreuses années... Ils voudraient tourner la page au plus vite, en châtiant les responsables à la hauteur de leurs méfaits. Glover ne risquait pas de revoir la lumière du jour avant un bon moment ; Angela remercia Isaac en attrapant quelques biscuits qu'il lui tendait, et répondit à Kyle d'une voix blanche.

-Quand on a un poste de ce type, avec de telles responsabilités, il faut... être capable de mettre sa vie dans la balance, je crois. C'est sans doute ce que le professeur Chalter a choisi de faire. C'est ce type d'individus qu'ils voudront installer à ce poste. Pour éviter qu'il ne puisse être corrompu, ou intimidé.
-Ils vont peut-être essayer de recruter mon frère, grimaça Alphonse en essayant d'imaginer son aîné à un tel poste.


S'il y avait bien une chose à propos de laquelle le capitaine de la BOIH avait été transparent, c'était son incapacité notoire à s'avérer pédagogue, dans la vie de tous les jours. Les résultats passaient avant le reste. Il n'aurait sans doute pas été à sa place, dans un environnement où la patience devait demeurer la maître-mot ; son empressement à l'idée d'obtenir des résultats dès le commencement de l'enquête, sans doute motivé par l'insistance de Cassidy, pourrait sans doute rappeler à Isaac cet état de fait. Mais, au-delà de ça, c'était sa discussion houleuse avec Emma que pourraient se remémorer les quatre étudiants...

-Et vous ? demanda le Grealish à la cantonade. Ça vous dirait pas, prof ou dirlo ?


Jusqu'à présent, ils n'avaient que très ponctuellement pris le temps d'évoquer la suite, l'avenir auquel ils se destinaient ; et comme l'essentiel de leurs discussions en la matière avaient eu lieu avant tout cet imbroglio, il y avait fort à parier que leurs positions aient pu évoluer un tantinet. Sauf pour Alphonse, bien sûr, qui ne manqua pas d'ouvrir la bouche avec enthousiasme avant d'être douché par Angela ; celle qui le connaissait moins de ses trois interlocuteurs, et celle qui, pourtant, semblait l'avoir cerné avec moult aisance.

-Oui, oui, tu vas devenir capitaine d'une unité de la BOIH. En ce qui me concerne, enchaîna-t-elle d'une voix hésitante, je ne sais pas trop, encore. Selon comment Antiqua se présente... J'imagine que je pourrais être tentée d'y rester un bout de temps. Mais avec mon pouvoir, beaucoup d'agences ou d'organisations risquent de vouloir me recruter pour assurer la sécurité de bâtiments... J'y pense depuis un petit moment. Ça pourrait être assez avantageux, comme boulot. Du genre calme, et bien rémunéré.


Deux possibilités de carrières aux antipodes l'une de l'autre, pour la jeune femme, donc ; Alphonse en prit acte avec un hochement de tête entendu. Le pouvoir d'Angela était effectivement redoutable, sur un périmètre défini et avec tous les préparatifs d'usage... Si elle parvenait à l'améliorer un tant soit peu, à l'utiliser avec encore plus d'efficacité, elle pourrait faire des ravages, dans de tels contextes.

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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Sam 30 Mar 2024 - 21:35

Le calme après la tempête
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La première prise de paroles de Kyle laissa Isaac mutique. Glover avait clairement un profil très différent de Stuart, de Jak ou même de Syke. Encore que, peut-être était-il meilleur comédien que leur ancien faux professeur… Ou peut-être avait-il été manipulé, peut-être l’avait-on fait chanter... En soi, la vérité importait peu, parce que le Kleinschreiber avait une idée assez précise de ce qui l’attendrait : au pire, plus personne n’entendrait jamais parler de lui, mais s’il venait à redevenir un citoyen libre il deviendrait un paria. Jamais plus on ne lui confierait un poste à responsabilités, jamais plus on ne lui ferait réellement confiance. En politique aussi, on n’oubliait pas ni ne pardonnait pas. Et ce milieu était intrinsèquement lié à l’environnement social de provenance d’Isaac. Sa faute, peu importe les raisons, était énormissime. Ce n’était pas une erreur de jeunesse, au même titre que Romuald. Glover était censé être un adulte bien construit, sagace et sage. Par ses actions, il avait mis la réputation et l’avenir de tout un pays en danger. Il en fallait bien moins pour écarter quelqu’un d’un poste, parfois. Et là encore, les apparences comptaient énormément.

La réponse qu’apporta Angela, alors qu’Isaac décidait lui aussi de se servir en biscuits, le conforta dans son idée qu’il n’était pas impossible qu’on fasse la proposition d’un tel poste au professeur Evans. Et il y avait bien plus de chance qu’on s’oriente vers lui plutôt qu’Ezra, comme tentait de l’amener sur la table le cadet Wright.

Rien qu’au niveau politique, Isaac n’était pas sûr que cela soit vu d’un bon oeil qu’on démarche un capitaine de la BOIH pour le prendre comme professeur ou comme directeur d’académie héroïque. Il pouvait comprendre, évidemment, peut-être, l’envie ou l’espoir d’Alphonse de voir son frère dans un environnement plus paisible et sécuritaire que les scènes de crimes sordides qu’il écumait, depuis la révélation choquante de ce qui lui arrivait parfois pendant ses enquêtes. Mais il savait surtout que cette demande à l’encontre d’Ezra, si elle se faisait, serait vaine. Même en mettant de côté son incapacité à faire preuve de pédagogie - encore que, Isaac appréciait bien, justement, ses façons de converser avec lui -, il savait pertinemment que l’aîné des Wright n’accepterait jamais. Il avait été assez clair avec le noble sur le sujet : il voulait être utile lui-même, avec son pouvoir, il n’avait vu qu’une carrière d’enquêteur pour satisfaire cette envie, ce devoir. En fait, il voyait mal Ezra enchaîné à un bureau tout court. Il était un homme d’action, de terrain, il l’avait démontré plus d’une fois au cours de ses apparitions à Glamis. Il ne savait probablement pas rester en place sans savoir quoi faire de ses dix doigts, un peu comme son plus jeune frère. Peut-être que de savoir Alphonse au courant de son terrible secret le ferait changer d’avis, le Kleinschreiber ne lui jetterait en aucun cas la pierre, peu importe ses choix, mais il avait quand même peine à croire à un tel scénario.

Mais l’image d’Ezra dans un bureau, complètement calme et paisible, comme à l’accoutumée, vêtu non pas d’un uniforme et d’un trench coat mais d’un pull en laine, penché sur des dossiers, studieux, la cigarette encore fumante posée sur le bord du cendrier, un verre de whisky à portée de main et une bibliothèque phénoménale derrière lui n’était pas non plus déplaisante pour Isaac. Il n’était clairement pas objectif sur la question. Et il se garda bien de faire la moindre remarque sur tout ça.

La question de Kyle apporta un nouveau souffle à la discussion et tout le monde semblait voir venir ce que l’enthousiasme d’Alphonse induisait : non, lui, n’avait toujours pas envie de devenir professeur, c’était la BOIH qui l’appelait de tout son corps. Une chose bonne à savoir, sans doute, que toutes ces péripéties et l’avenir incertain de son frère n’aient pas entaché son envie. Et ça, c’est Angela qui le lui signifia, avant elle-même de tenter d’apporter quelques éclaircissements quant à l’avenir auquel elle souhaitait aspirer.

Antiqua, ou un travail plus salarial et tranquille, donc. Deux carrières diamétralement différentes. A l’instar du Wright, Isaac aussi se fendit d’un hochement de tête, prenant note de ces aspirations tout en restant silencieux. La rémunération, cela ne lui était jamais venu à l’esprit. Pas tant parce qu’il avait déjà suffisamment de quoi faire avec son héritage familial - si on ne le déshéritait pas - mais parce qu’il n’avait jamais cherché à courir après le prestige ou la sécurité financière. Tous les parcours qu’on vendait, qu’on qualifiait dans sa strate sociale comme acceptables, avaient ces deux facteurs en commun. Mais il s’en fichait complètement. Il n’en avait rien à foutre d’être payé toute sa vie avec le salaire minimum, et cela ne datait pas d'hier - un bibliothécaire ou un libraire ne devait pas gagner des fortunes, après tout. En fait, ce ne serait même que justice, d’une certaine façon, qu’après avoir vécu dans l’opulence pendant des années, qu’on le destinait à un destin riche et hors du commun par son nom et sa naissance, qu’il vive avec peu de moyens. Il n’était pas mieux qu’un autre. Il ne méritait pas une vie dorée. Il n’avait pas le droit au mérite.

Enfin, il décida, après un temps de silence, de prendre la parole pour lui aussi répondre à la question.

- A vrai dire le professeur Evans m’avait conseillé en ce sens, selon lui je ferais un excellent professeur à l’Académie… Et l’idée m’avait séduit, je dois bien l’admettre.

Avait. Le temps était important. Il avait changé drastiquement de vision depuis, il avait pris conscience de quelque chose, et il ne reviendrait pas sur son choix. Professeur à l’Académie, certes c’était toujours utile comme poste, mais pour le Kleinschreiber, cela s’apparentait plutôt à un choix de confort dans son cas. Parce qu’il savait qu’il serait bien plus utile et bien plus à sa place ailleurs. Qu’il avait un pouvoir qui allait en ce sens, mais aussi des connaissances. Alors peut-être, peut-être que si on le refusait à la BOIH, ou si cela commençait à le rendre cinglé, il prendrait une retraite anticipée pour un environnement plus paisible, à compter le professeur Evans comme l’un de ses collègues. Mais il n’en était même pas sûr, en fin de compte…

Isaac s’était fait discret pour tout ce qui n’était pas directement lié à la question de Kyle. Mais il ne mentait pas pour autant, et les plus attentifs le constateraient d’eux-mêmes : le temps employé laissait à entendre que ce n’était plus d’actualité. Quant à savoir ce que le Kleinschreiber comptait faire s’il revenait d’Antiqua… Ils étaient peu nombreux à le savoir réellement de façon sûre, pour l’instant.

- Et toi ? Aux dernières nouvelles, tu n’étais pas fermé à l’idée d’une telle carrière, non ?

Mais il ne comptait visiblement pas s’attarder et continuer à se mettre en lumière de la sorte. Et si le noble retourna la politesse de sa question au Grealish, il n’en était pas moins intéressé par la réponse.
Isaac Kleinschreiber
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# Re: Le calme après la tempête.Dim 31 Mar 2024 - 22:40

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Alphonse et Kyle.


Si Kyle laissa peser son regard sur Isaac pendant quelques instants après que celui-ci ait pris la parole quant à sa carrière à venir, semblant tiquer sur le temps employé pour évoquer ses aspirations, il ne prit pas la peine de formuler les doutes qu'une telle tournure de phrase avaient pu éveiller en lui. Il se contenta d'opiner du chef maigrement, puis de faire mine de réfléchir alors qu'on lui retournait son interrogation. De quoi avait-il réellement envie ? Dans le fond, il n'était pas certain d'avoir lui-même choisi d'intégrer l'Académie Glamis ; cela lui était plutôt apparu comme un choix logique, dans la mesure où il n'avait plus pris la peine d'agir en solitaire depuis que son chemin avait croisé celui de l'impétueux Alphonse. Il se doutait bien que, tôt ou tard, leurs routes devraient se séparer, de gré ou de force, mais le fait qu'ils aient tous les deux été bénis d'un pouvoir efficace et utile aux yeux des pontes britanniens avaient facilité son existence, jusqu'à présent. Quant à la suite...

-Je suis pas sûr... d'avoir envie de m'attarder sur Antiqua, répondit-il non sans marquer une hésitation. Je crois que ça me fait un peu flipper, en fait.


Il jeta un regard en biais à Angela, comme s'il s'excusait de risquer de la décourager ; elle ne sembla pas en prendre ombrage, se contenta d'un bref signe de la main pour le lui signaler. Il enchaîna donc, après un nouveau silence de quelques instants.

-J'aimerais bien me sentir utile, mais je suis pas sûr de vouloir opter pour la BOIH non plus. Peut-être plutôt devenir un héros urbain. Me trouver un endroit où je me sentirais bien, des gens avec qui vivre, et essayer de faire le bien à mon échelle, ça pourrait me plaire. Je suis pas sûr d'être assez patient pour devenir prof non plus, alors...
-Pourtant, patient, tu dois l'être, vu que t'arrives à supporter Alphonse, releva Angela en engloutissant une poignée de Roditos au guacamole.
-Eh ! s'offusqua le principal intéressé sans que personne ne lui prête attention.
-C'est vrai, mais c'est pas la même chose qu'une classe entière à laquelle tu as le devoir d'enseigner jusqu'à ce qu'une partie d'entre eux aillent mourir sur une île à l'autre bout du monde. Je crois pas que j'arriverais à vivre avec la culpabilité de les avoir peut-être mal formés... Déjà que pour nous, ça risque de pas être de tout repos...


Encore une fois, ses préoccupations semblaient relativement sordides ; mais il avait montré, depuis le temps, qu'il était un individu plutôt pragmatique et qu'il n'était pas du genre à faire des fixettes sur des inepties. En l'occurrence, il espérait déjà que leur promotion n'aurait pas à souffrir d'un grand nombre de pertes, à l'occasion de leur expédition à venir. Ils avaient encore quelques mois pour se préparer, et ils avaient l'avantage d'avoir entamé leur formation avec une expérience des plus concrètes... ils partaient avec une longueur d'avance sur nombre de leurs prédécesseurs infortunés. Toujours était-il qu'il imaginait mal leur classe s'en sortir miraculeusement, sans avoir à dénombrer le moindre trépas regrettable ; alors il espérait a minima qu'aucun de ses proches ne serait touché par la faucheuse.
Si Alphonse, Isaac et Angela pouvaient s'en sortir, il se sentirait déjà satisfait et soulagé. Si Alicia et Emma, elles aussi, pouvaient s'en tirer indemnes, il serait à deux doigts de leur offrir à toutes et à tous une bonne bouteille de champagne...

-Les stats sont peut-être contre nous, mais elles l'étaient aussi quand un clown tueur affilié à un cartel de dealers a essayé de nous refroidir, nuança Alphonse, à fort bon endroit. C'est pas de grosses bêbêtes à peine plus dangereuses que la moyenne qui vont nous faire flipper à ce stade ! Et puis, y a toujours des héros pros pour accompagner les newbies. C'est de plus en plus sécurité, aussi...


Les arguments supposément rassurants du Wright s'aggloméraient pour leur offrir un aperçu potentiellement positif de leur avenir ; Angela, de son côté, se sentit obligée d'intervenir sur un point auquel aucun des deux garçons n'avait pris la peine de réfléchir jusqu'à présent.

-Sauf que rien ne dit qu'on fera partie de la même expédition. Vous, encore, ça paraît cohérent, parce que vous êtes de la même classe... mais moi et les autres filles, on est là depuis plus longtemps que vous. Normalement... On devrait partir avant vous.


Kyle acquiesça mollement, conscient de cet état de fait. Si, en outre, aucun professeur n'était recruté pour palier au renvoi musclé du professeur Stuart, il allait sans dire qu'on ne se précipiterait pas pour les envoyer au turbin...

Naraka Catana
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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Lun 1 Avr 2024 - 0:16

Le calme après la tempête
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Le Kleinschreiber laissa ses yeux croiser naturellement ceux de Kyle, puisqu’il avait cherché à lui répondre puis à le réinviter dans la discussion. Et leur duel de regard sembla long, extrêmement long, comme si le Grealish avait relevé le temps particulier employé - qui pouvait aisément se noyer dans la phrase. Il était malin, Kyle. Plus malin qu’Alphonse. Sans doute avait-il compris qu’Isaac n’aspirait plus à une telle carrière présentement, mais il se garda bien d’en faire la remarque.

La réponse qu’il amorça le concernant, à la place, toucha quelque peu Isaac. Parce que même si Kyle ne semblait pas vraiment envisager de suivre son inénarrable comparse à la BOIH, certaines de ses palabres reflétaient la pensée du Kleinschreiber. Oui, Antiqua avait de quoi effrayer, Isaac ne viendrait pas le contredire là-dessus. Oui, ils voulaient tous deux être utiles, et se trouver une place quelque part dans ce monde qui leur avait offert à tous deux quelques cadeaux empoisonnés.

Le noble croqua avec prudence et grand soin un morceau du biscuit qu’il avait pris, toujours ne sachant pas trop comment se comporter pour manger de tels mets avec les doigts. Quand il était tout seul, ça lui était arrivé, de manger deux ou trois petits gâteaux. Et jamais il ne s’était posé la question de s’il devait avoir l’air fin ou non quand il le faisait…

Sa lutte avec ses vieilles habitudes et son éducation sembla s’ajuster un peu mieux, paraissant plus naturelle sur la deuxième bouchée, mais toujours teintée d’une élégance que n’aurait vraisemblablement jamais le cadet Wright.

La patience. Effectivement, comme Angela le releva, Kyle était du genre patient. En fait, il avait un profil un peu similaire à celui d’Isaac, en un sens, mais il était plus jeune, bien plus jeune que le rouquin. S’ils avaient eu le même âge, auraient-ils été plus semblables encore ? Dur à dire, car la différence de taille qui se serait imposée aurait sans nul doute été les sphères sociales fréquentées et l’éducation qu’ils avaient eu.

Mais le point sur lequel le Grealish appuya pour se refuser potentiellement à une carrière professorale reçut un hochement de tête entendu de la part d’Isaac. Il n’y avait pas pensé plus que ça, et il n’y repenserait sans doute plus, maintenant qu’il avait décidé d’arpenter d’autres voies plus violentes, mais il comprenait aisément sa réticence. Savoir que de jeunes gens avec lesquels on avait passé quelques mois, si ce n’est une année, que l’on avait formés pour être envoyés sur un continent inconnu, étaient morts, cela devait mettre un coup au moral pour toute personne un peu sensible et qui avait à coeur de partager ses connaissances. Pour quelqu’un qui avait à coeur de leur transmettre les armes pour survivre mais qui les envoyait peut-être à la mort. C’était une toute autre charge mentale. Au final, ils jouaient tous avec des vies, peu importe la finalité de leur carrière…

Toutefois, Isaac resta silencieux, du moins pour l’instant, tout comme lorsqu’Alphonse chercha à faire preuve d’un optimisme qui frisait un peu l’insouciance. Et une question que s’était déjà posé le noble lui revint en tête : le Wright s’était-il déjà imaginé perdre son plus cher ami Kyle là-bas ? Sans doute que non. Il demeura tout aussi mutique lorsqu’Angela choisit de leur rappeler un fait qu’ils avaient vraisemblablement oublié :  que leurs deux classes n’allaient probablement pas se retrouver ensemble à Antiqua. Puis, Isaac décida finalement, après quelques secondes, de prendre la parole, pour appuyer ses dires, mais aussi leur faire comprendre que cela ne servait à rien de dresser des plans sur la comète :

- C’est effectivement possible. De toute façon, personne ne nous préviendra avant l’heure avec qui nous partirons.

Il tourna ensuite le regard vers Alphonse, et ses yeux semblèrent se refroidir quelque peu, sans se montrer agressifs. Il essayait de se détacher émotionnellement un peu des paroles qu’il allait prononcer, parce qu’il avait besoin de revenir sur quelque chose.

- Les statistiques, comme tu dis, Alphonse, étaient truquées. La BOIH était tout le temps présente, ne l’oublie pas. Antiqua est un continent dangereux. Ne le prends pas à la légère. Je sais que… je n’ai pas la même vision que toi à ce sujet. Et je préfère même que la mienne, qui est plus pessimiste que la tienne, se révèle fausse dans la finalité, plutôt que l’inverse, mais au moins cette… désillusion ne devrait pas porter préjudice si elle se fait dans ce sens.

S’attendre au pire. S’ils ne prenaient pas les choses au sérieux, il allait y avoir des morts, c’était certain. Et Isaac se fichait bien de savoir si des héros pros allaient les encadrer, parce que eux pouvaient mourir aussi. Ils pouvaient tous mourir. Non, il n’apportait clairement pas un optimisme au sein de cette conversation.

Enfin, il alla chercher le regard de Kyle, et ses yeux bleus redevinrent doux. Parce que ce qu’il allait prononcer était un encouragement à suivre la première ébauche des idées qu’il venait de leur confier.

- Zuhause liegt im Herzen. Cela peut se traduire par “le foyer est là où se trouve le coeur”. C’est ce qu’il faut, je crois, trouver un endroit où l’on se sentirait à sa place.

C’était ce dont il avait besoin, lui aussi. Parce que c’était probablement tout ce qui lui resterait, d’ici quelque temps. Il n’était même pas sûr de pouvoir continuer à garder contact avec sa soeur, si on le jetait des strates bourgeoises. La sentence serait cruelle pour lui, et il n’était pas sûr de vouloir mêler Clara à tout cela, sous peine qu’elle tombe à son tour.

Toujours est-il qu’après avoir prononcé cette obscure phrase de vieux britannien sans plus d’explications contextuelles, Isaac laissa un timide sourire fleurir sur son visage. Cette devise familiale, si peu respectée chez les de Kleinschreiber, était au final la seule chose qu’il serait volontairement à même de conserver de tout l’héritage et l’histoire de sa famille. C’était à lui qu’elle faisait le plus sens, en fait, depuis plusieurs générations. Et pour l’instant, il allait sans dire qu’il avait trouvé un début de foyer, de maison, de chez lui, ici-même, à Glamis, en leur compagnie…
Isaac Kleinschreiber
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le calme après la tempête.Lun 1 Avr 2024 - 15:31

Le calme après la tempête.

Ft Isaac
Alphonse et Kyle.


-Mouais, grommela Alphonse après qu'Isaac lui ait exposé sa façon de voir les choses. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si vous vous décidez à devenir profs, tous autant que vous êtes, vous aurez pas trop à vous forcer. Vous serez déjà assez barbants pour cocher pas mal de cases.


Sa provocation de bas étage fit pouffer Angela et sourire Kyle ; mais ni l'un ni l'autre ne semblèrent avoir le cœur de lui répondre, comme s'ils préféraient ne pas nuire davantage à son optimisme, pas dans l'immédiat, pas après tout ce qu'ils avaient bien pu vivre ensemble, pas avec l'idée en tête que son frère aîné était toujours hospitalisé, et qu'ils étaient toujours dans l'attente d'informations rassurantes concernant son état de santé à tout le moins préoccupant. Ils n'ignoraient pas non plus que cette manière inconséquente de se comporter en public ne cachait pas un bon fond, une volonté de bien faire, et une certaine lucidité lorsqu'il était confronté à des faits graves : il l'avait montré à plus d'une reprise, il était parfaitement capable de comprendre qu'un affrontement était perdu d'avance, comme cela avait pu être le cas à l'occasion de leur première aventure à Stuttonhouse. Avec un petit peu de chance, son irrévérence s'effacerait progressivement, au fil des mois d'apprentissage qui s'annonçaient laborieusement... Ne demeurerait peut-être de lui qu'un homme accompli, fait, prompt à mesurer la gravité des dangers qui le guettaient, à analyser les situations qui se présentaient devant lui avec toute la lucidité qu'on pouvait attendre d'un héros de haut rang. Si tel était le cas, il allait sans dire que sa carrière au sein de la BOIH ne serait plus qu'un doux rêve ; ce serait une alternative crédible, admissible, et il pourrait promptement séduire ses supérieurs par le nombre de ses qualités. Leurs histoires, communes et individuelles, s'écriraient au cours des semaines qui suivraient ; ils en avaient tous conscience, mais semblèrent progressivement vouloir atténuer cette réalité en évoquant des sujets plus triviaux, plus anodins. Comme tous les jeunes gens de leur âge, ils avaient besoin d'évacuer le stress ; ce fut à cela qu'ils s'occupèrent, une bonne partie de l'après-midi durant, à l'ombre de ces platanes placides.

Ils eurent donc le loisir de se gaver des innombrables petits biscuits qu'Isaac leur avait dégoté, et de continuer à converser distraitement pendant une bonne paire d'heures ; puis le regard d'Alphonse fut à nouveau attiré par l'écran de son smartphone tandis que la sonnerie d'un appel retentissait. Il se figea, décontenancé puis préoccupé, et annonça l'identité de son interlocuteur à ses trois camarades d'une voix blanche, maîtrisée.

-C'est Gabriel.


Il releva son regard en direction des leurs, comme pour puiser un semblant de réconfort au sein de leurs pupilles ; puis après un moment d'absence, la bouche pâteuse, il entreprit de répondre en mettant son téléphone en haut-parleur, ne souhaitant pas avoir à se faire le relai des nouvelles du subordonné de son frère, qu'elles que puisse bien être leur teneur. Les banalités d'usage ne s'éternisèrent pas, comme attendu de la part du Chevalier, un homme de devoir et de concision : il en vint au fait après avoir salué son interlocuteur, juste après que celui-ci lui eut notifié qu'il était en compagnie d'Angela, de Kyle et d'Isaac.

-Bien. L'état du capitaine s'est stabilisé. Il s'est réveillé il y a une bonne demi-heure, a pu manger et boire ; il est toujours sous calmants, et sous observation médicale, mais il est tiré d'affaire.


Le soulagement qui sembla envahir la poitrine et le visage d'Alphonse fut évidemment contagieux ; Kyle et Angela laissèrent à leur tour resplendir sur leurs traits des sourires enjoués, que les propos suivants de Gabriel ne suffirent pas à doucher.

-Je ne pense pas qu'il accepte de vous recevoir ici. Mais Bassira et moi-même essayerons de le convaincre de passer par l'Académie avant de quitter Britannia. Nous ne devrions pas être renvoyés sur le terrain dans l'immédiat, compte tenu de son état de santé. Il n'aura aucune raison d'y rechigner.


Le jeune Wright opina du chef avec une sérénité grandement revigorée. Bien sûr, bon nombre de questions continuaient à lui tourner dans la tête incessamment, mais il préférait les taire, en l'état : il n'ignorait pas que Gabriel ne prendrait de toute manière jamais la liberté d'en dire plus que ne le souhaitait Ezra lui-même, et qu'il lui faudrait par conséquent confronter son frère aîné pour réussir à mieux comprendre ce qui avait bien pu lui arriver, face au professeur Stuart. Même s'il imaginait sans peine que les réponses qu'il serait susceptible d'entendre ne lui plairaient aucunement...
Si personne n'avait la moindre question à adresser à Gabriel, Alphonse ne manquerait pas de raccrocher dans la foulée de cet appel, conscient que la balle était dorénavant dans le camp d'Ezra.
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Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Le calme après la tempête.Lun 1 Avr 2024 - 18:31

Le calme après la tempête
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Aux paroles froides et détachées d’Isaac succéda une réponse avec plus de mordant, provocante. Le Kleinschreiber tourna le regard vers Alphonse, le fixa, pendant un temps, en silence, sans jamais avoir son visage se troubler de quelque façon que ce fut. Ni de joie, ni de crainte, ni de colère. Le noble envisageait une autre carrière, et a priori, Alphonse ne semblait pas avoir noté ce changement de plan qu’avait induit plus ou moins subtilement Isaac. Et il se ficha bien de cette pseudo-insulte dont il les gratifia, basée pourtant sur un certain fond de vérité. Isaac était loin d’être un joyeux luron intéressant. Il était sérieux. Et oui, sans doute barbant pour des personnes comme Alphonse. Mais pour la première fois de sa vie, il s’en foutait royalement, et il ne souhaitait pas plus s’enliser dans une conversation sans fond et puérile qui risquait de le devenir plus encore s’il s’y éternisait.

Le temps passa, fila, ne laissant que des discussions plus triviales, auxquelles Isaac ne participa que très peu, s’évertuant seulement à intervenir quand il le jugeait nécessaire ou quand on lui demandait son avis. Mais jamais, il n’esquissa plus qu’un timide sourire, se contentant d’observer ses amis parler, se mouvoir avec une quantité de gestes parasites, essayant de voir, d’imaginer, ce qu’ils étaient susceptibles de cacher au fond d’eux. Une observation, en retrait ou presque, qu’il avait toujours aimé faire, avec toujours pour but de déceler qui était véritablement son interlocuteur et ce qui pouvait bien l’animer.

Cela dit, il avait continué, doucement, discrètement à se remplir la panse qu’il avait gardée vide jusqu’au début d’après-midi. Jusqu’à ce que tout ce paisible moment soit perturbé par le téléphone d’Alphonse, et que son visage, quand bien même son regard leur était impossible à voir, trahissait une certaine inquiétude lorsqu’il énonça l’instigateur de l’appel.

Gabriel. Pour Gabriel Chevalier. Et toujours ce manque de déférence de la part d’Alphonse d’appeler cet homme par un titre un peu moins familier que son simple prénom. Isaac resta mutique, tandis que son ami décrochait, sans pouvoir non plus le rassurer outre mesure. Parce qu’il était évident que l’agent de l’unité Rouge-Gorge appelait le Wright pour lui dire quelque chose à propos de son aîné.

Et alors que Gabriel se faisait le messager de nouvelles fort rassurantes, entraînant dans son sillage du soulagement pour Alphonse, évidemment, qui contamina Kyle et Angela, celui d’Isaac, qui venait éclater au coeur de ses entrailles et tambouriner dans sa poitrine, se fit bien, bien plus ténu dans son apparence, ne le laissant que vaguement songeur plutôt qu’autre chose. Il n’était jamais trop expressif en compagnie d’autrui sauf dans des situations véritablement trop insurmontables pour lui, qui le laissaient démuni. Et même là encore, il avait plutôt tendance à d’abord aligner des mots peu glorieux, plutôt qu’à laisser ses émotions s’exprimer clairement. Et évidemment, quant il était seul, il les laissait filtrer un peu plus, mais sans jamais trop les laisser exploser non plus. Il était comme ça, dans la retenue. Et on l’avait élevé comme ça, surtout.

Ce qui réfrénait aussi une gaieté complète, c’était le fait que la personne chère au coeur du noble était effectivement tirée d’affaire… pour cette fois seulement. Ça, peut-être que ses trois camarades ne s’en doutaient pas, ou essayaient de ne pas y penser, et Isaac se garda bien de leur doucher leur enthousiasme.

Mais le francien relativisa quelque peu les propos qu’il avait énoncés, en les prévenant qu’Ezra ne comptait, a priori, pas les voir avant sa sortie d’hôpital, et qu’il ne comptait pas non plus, de sa pleine volonté, faire un petit tour à Glamis rendre visite aux étudiants qu’il avait impliqués dans toute cette histoire.

Etait-ce la fierté de l’homme qui allait empêcher Ezra de les recevoir alité dans une chambre d’hôpital ou bien la façade intombable du capitaine de la BOIH ? Cette dernière existait-elle encore, pour Alphonse, Kyle et Angela, maintenant qu’ils l’avaient vu dans un état critique ?

Le regard d’Isaac se baissa lentement et il ferma les yeux. Il n’arriverait jamais à lui porter le même regard que pouvaient bien lui porter Alphonse et tant d’autres. Ezra n’était pas aussi invincible qu’il pouvait le laisser entendre. Parce qu’il l’avait su bien avant, s’il ne l’avait pas su depuis toujours, en réalité. Ce genre de rôle à endosser, à être parfait, à être invulnérable, il en tenait un, lui aussi. Ou il devait le tenir, en tout cas, depuis la naissance.

L’étudiant nota toutefois que le francien nommait sa collègue par son prénom, tout comme il l’avait fait pour Alphonse dans la dimension de Jak. Par contre, pour s’adresser directement à Isaac ou à Jake, c’était avec le nom de famille. Curieux. Et Ezra, c’était visiblement par son grade qu’il l’appelait.

Peut-être allait-il passer à l’Académie, une dernière fois, donc, rien n’était sûr, mais certains se chargeraient au mieux de pousser en ce sens. Que Bassira Bouazza soit prompte à le pousser à cette initiative n’étonnait guère Isaac, en revanche, que cette impulsion, et même que l’appel proviennent de l’agent Chevalier le surprenait un peu plus. Et il essaya de les imaginer plaider la cause des étudiants, déployer des arguments pour pousser le Wright à venir jusqu’à eux… non sans se rappeler douloureusement de ses propres et nombreuses plaidoiries auprès de ses parents, pour littéralement, parfois, un oui ou un non. Il avait toujours en tête tous les points qu’il avait évoqués pour qu’ils le laissent prendre les transports en commun plutôt que la voiture avec chauffeur de la famille. Pourquoi s’embêter à côtoyer la plèbe quand on pouvait afficher sa supériorité avec un tel dispositif ?

Oui, en théorie, Ezra n’aurait aucune raison de rechigner à venir traîner quelques heures ici, puisqu’il serait mis de côté, en compagnie de son unité, encore quelques temps. Comment allait-il pouvoir s’occuper, sans pouvoir s’investir dans des enquêtes ? Comment diable, un type aussi efficace et utile que lui et qui voulait l’être, allait peupler ses journées ? Allait-il tourner comme un lion en cage chez lui ? Ou en profiterait-il pour tenter des activités sur un temps libre qu’il n’avait normalement pas et qu’il ne s’autorisait pas ?

Des questions, curieuses, qui restèrent sagement dans l’esprit du Kleinschreiber. Peut-être allait-il avoir la chance d’offrir son présent au capitaine… même si cela sonnait un peu plus étrange, maintenant qu’il avait conscience des sentiments qu’il portait à son égard. Dans tous les cas, si Ezra ne souhaitait pas remettre les pieds à Glamis, il ne le ferait pas, ça, Isaac en était certain.

Si personne n’intervenait, c’est Isaac qui prendrait le parti de remercier poliment Gabriel de ces informations, paisible et flegmatique, avant de retourner dans le silence, bien loin, en apparence, de partager totalement l’allégresse et la sérénité de ses comparses.
Isaac Kleinschreiber
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