Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Retour à la routine. [PV Isaac]Era of Dust :: Le monde :: Moderna :: Britannia :: Académie Glamis
 
Page 1 sur 3 1, 2, 3  Suivant
Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 4 Avr 2024 - 15:02

Retour à la routine

Ft Isaac
Alphonse et Kyle.


Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que la BOIH avait -définitivement, dans le meilleur des cas- déserté l'Académie Glamis suite à la mise-à-mort ou à la capture des principaux partenaires de crime de Jak et de ses pairs.
Plusieurs jours qui avaient pu permettre aux étudiants de décompresser franchement avant de reprendre progressivement le cours de leur vie normale ; le professeur Evans s'en était rapidement retourné devant ses tableaux, et avait repris ses cours là où il les avait délaissés momentanément, ses étudiants sans doute légèrement plus attentifs que par le passé, tous plus ou moins bouleversés d'avoir vu leur Université être le théâtre de si tragiques événements. Comme promis, et comme annoncé par Angela, il avait permis aux membres de la classe autrefois placée sous le giron de Stuart de bénéficier de ses lumières ; mais le nombre de candidats étant plus élevé que le nombre de places vacantes, un roulement avait été instauré, permettant à tout un chacun de profiter d'un jour d'apprentissage tous les trois jours ; des efforts insuffisants dans un premier temps, finalement imités par d'autres collègues du quadragénaire. Le directeur de l'Académie avait été remplacé, à son tour ; par un vieil homme à l'air sinistre, une espèce de bureaucrate qui devait faire office d'intérimaire, en attendant qu'un candidat plus apte à remplir ce rôle sur le long terme puisse être déniché. C'était par ailleurs un humain tout à fait ordinaire, qui avait davantage de vécu dans le monde de la comptabilité que dans celui des héros ; il allait sans dire qu'on n'attendait pas de lui qu'il se mêle à la vie étudiante, et il décida de ne pas outrepasser ses attributions initiales, demeurant la plupart du temps calfeutré dans les bureaux où abondaient davantage les imprimantes et les dossiers scolaires que les élèves eux-mêmes.
Le système de sécurité de l'Académie toute entière avait été revu, refait à neuf, également. Une salle de surveillance avait été conçue, en lieu et place d'un débarras qui ne servait plus à rien ; une bonne quinzaine de caméras avaient été installés à des points clés du campus, et quelques vigiles supplémentaires avaient été recrutés, probablement sous l'impulsion d'un politicien local ayant débloqué des fonds pour assurer la protection de ceux qui, paradoxalement, seraient probablement amenés à sauver bien des innocents dans un avenir plus ou moins proches. Les apparences importaient plus que la recherche de sens, en l'état ; et les élèves avaient bien du s'accommoder de ces nouvelles directives, comme d'un couvre-feu instauré de minuit à quatre heures de matin, heures durant lesquelles personne n'était censé arpenter les couloirs de l'Académie. Quelques élèves récalcitrants avaient bien été découverts, et rabroués, mais l'affaire s'était arrêtée là.

Alphonse était resté pareil à lui-même. Il avait fini par céder, par accepter de se manifester auprès du professeur Evans, avait quelques fois pu assister aux cours dispensés par le métamorphe en compagnie de ses deux amis. Emma avait retrouvé quelques couleurs, même si elle n'avait jamais plus pris la peine de se rapprocher des garçons, d'Alicia ou d'Angela ; elle s'était greffée à une autre bande d'amis, qu'elle côtoyait plus volontiers. Angela, d'ailleurs, n'avait eu de cesse de rechercher la présence de l'impayable trio qui lui avait permis, quelque part, de toucher du doigt la rédemption qu'elle avait si longtemps et si ardemment désirée. Alicia, enfin, avait continué à les saluer avec une sympathie cordiale qui laissait à entendre qu'elle ne leur tenait pas rigueur de l'avoir bien malgré eux embrigadée dans de tels périples, mais un simulacre de distance qui pouvait prêter à penser qu'elle ne se considérait pas comme étant proche d'eux pour autant. Sans doute n'avaient-ils pas assez en commun pour devenir plus sincères amis...
Restait que l'ambiance s'était globalement améliorée au sein des deux classes, depuis que Romuald avait été éjecté de l'Académie et que toute la lumière avait été faite sur ses agissements, ainsi que sur l'identité de ses nombreux complices. Pas seulement au sein de son ancienne classe, d'ailleurs ; Zachary était aussi au nombre de ceux qui semblaient avoir pris un peu de plomb dans la cervelle, sans doute bien aidé par l'idée que ceux dont il aurait été tenté de se moquer par le passé avaient été en mesure de permettre la capture de plusieurs criminels, dont un tueur-en-série qui aurait pu le faire aisément passer pour une crapule de bas étage.

Restait Amelia. La noble était incapable, bien sûr, de se départir de ses atours altiers ; mais son regard à l'égard d'Alphonse, de Kyle et d'Isaac, autrefois oscillant entre la condescendance et la rancœur, avait l'air de s'être adouci un petit peu. Comme si elle était dorénavant en mesure de leur accorder un certain nombre de qualités ; pas suffisantes, là encore, pour la rendre agréable et souriante, mais bien assez pour la pousser à éviter la confrontation avec eux. Du moins, tant que le Wright ne se mettait pas l'idée en tête d'aller la taquiner...

-Je me demande à quoi il ressemble, grommela Alphonse tandis qu'il prenait place à son bureau, pour la première fois depuis des lustres.
-Il paraît que c'est un nouveau médaillé. Il ne doit pas être bien vieux, répliqua Kyle avec détachement, non sans hausser les épaules.


Les autres élèves de la classe les imitaient, en prenant place tranquillement, sans prendre la peine, dans l'immédiat, de mettre un terme à leurs bavardages incessants. On leur avait effectivement demandé de se présenter dans leur salle de classe ordinaire dès 8h30, ce matin-là, par le biais d'un mail suivi de sms, pour s'assurer que nul ne se déroberait face à une si sérieuse invitation ; un nouveau professeur devait leur donner cours. On n'avait toutefois pas jugé bon leur accorder davantage d'informations, lesquelles auraient pourtant pu alimenter l'ensemble de leurs potins... Tant et si bien qu'on se demandait, çà et là, si l'inconnu serait plus proche du famélique et mal assuré Stuart, ou de l'inébranlable et austère Chalter.
Les racontars sur lesquels le Grealish établissait son propre constat étaient eux-mêmes quelque peu branlants ; on avait simplement constaté que quelques nouveaux médaillés s'étaient présentés aux portes de l'Académie ces derniers jours, et les rumeurs avaient ainsi fusées bon train, un certain nombre d'élèves étant partis du principe que le nouvel enseignant devait nécessairement se cacher parmi eux. Cela, toutefois, ne semblait pas convaincre tout le monde ; Alphonse lui-même fit part de son scepticisme à voix haute, en s'affalant sur sa chaise et en posant ses talons sur sa table, nonchalamment.

-Ça m'étonnerait. Pour ouvrir de nouvelles classes, peut-être... mais nous, on doit représenter la fierté de la nation, maintenant. Trois gamins qui sauvent l'Académie des griffes d'une horde de criminels sanguinaires et de dealers sans vergogne... S'ils nous remettent un Stuart dans les pieds, je vais lui rendre la vie impossible. Même s'il est innocent. Surtout s'il est innocent.
-Tu dis ça, mais s'ils commencent à te menacer de te priver de dessert, tu vas vite te montrer plus conciliant, soupira Kyle en levant les yeux au plafond.
-... peut-être, lui concéda son ami avec dépit.


Les discussions ne s'étaient toujours pas complètement tues, et les élèves n'avaient pas encore tous trouvés place assise que la porte s'ouvrit, une fois de plus ; une voix grave s'exprima, rêche et sévère, poussant les plus indisciplinés d'entre eux à opter pour la voie de la studieuse quiétude en un claquement de doigts. Alphonse lui-même ôta ses talons de la table sur laquelle il les avait installés, non sans tressauter au passage.

-On m'a dit que de la graine de héros se trouvait dans cette salle. C'est bien. On m'a demandé de rendre service, et je vais le faire. Mais je ne compte pas perdre mon temps ici.


Lors de l'entrée de Stuart dans cette même salle, quelques semaines plus tôt, l'ensemble des étudiants avaient été tentés de le prendre pour un autre élève, pour un surveillant, au mieux. Une sorte de défiance s'était installée d'office, insidieusement, l'empêchant de se faire respecter d'entrée de jeu ; et son joli minois n'avait rien fait pour arranger son cas, dans la mesure où tous semblaient s'être mis d'accord pour douter d'entrée de jeu de l'étendue de ses compétences, de la crédibilité de son profil.
Personne n'eut l'idée saugrenue de réitérer le même pattern lorsque cet inconnu-ci fit son irruption dans la classe... en se baissant pour passer le pas de la porte, tant sa stature proprement colossal rendait cet espace étriqué insuffisant pour lui. Personne non plus ne gloussa ou n'arqua un sourcil en l'observant avaler la distance pourtant raisonnable qui le séparait de son bureau en quelques pas seulement ; et pas une paire de lèvres ne s'étira en un fin sourire tandis qu'on constatait qu'un corps d'athlète accompagnait ce gabarit impressionnant, des muscles parfaitement taillés s'assumant complètement sous un veston grand ouvert. L'écharpe qui cachait le bas de son visage, sa chevelure d'un ocre qui tirait presque sur le violet, sa tenue sombre, les trois tatouages en forme de bandes parallèles qui dévalaient ses pectoraux jusqu'à disparaître sous son pantalon et sa ceinture à boucle en forme de tête de mort, tout contribuait à faire émaner de lui une aura de gravité, de sérieux, de force, de charisme.
En fait, à ses côtés, même des héros redoutables à l'instar d'Ezra et de Jake auraient pu passer pour des chatons fragiles et faméliques.

-Je serai votre professeur, à compter de ce jour. Jusqu'à votre diplôme, peut-être. Si vous arrivez à me convaincre que vous en valez la peine, et si personne d'autre n'est recruté d'ici-là.


Il décida de s'asseoir à demi sur son bureau ; mais, toujours bien trop grand, il dut étendre ses jambes devant lui pour trouver une assise relativement confortable. Les bras croisés, le regard dur, il arpenta la salle de classe devant lui pour dévisager toutes les jeunes pousses qui s'y étaient installées ; chacun eut tout le loisir de déglutir en croisant ce regard d'airain, au sein duquel ne brillait pas la moindre miséricorde.
Et certains d'entre eux, sans doute, se souviendraient qu'il avait pu apparaître dans la presse britannienne à maintes reprises ; parce qu'il était un héros talentueux, un expéditionnaire efficace, un individu dont la loyauté et la probité n'auraient jamais pu être questionnée.
Le parfait remplacement au félon Stuart. L'un des seuls hommes à pouvoir rassurer l'ensemble des candidats à la filière héroïque de Glamis, leurs parents, leurs grands-parents, leurs voisins et leurs amis tout à la fois. Un type fiable, capable de mener ses propres expéditions et de s'en tirer avec les honneurs.
L'un de ceux que l'on disait capable d'obtenir la médaille de diamant dans les délais les plus brefs.



-Je suis Noxious Archangel. Héros britannien, médaillé de platine.


Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 4 Avr 2024 - 19:16

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Il s’était occupé. Durant les jours qui avaient suivi la dernière terrible nuit qui avait vu Stuart être mis à mort, il n’avait pas été prompt à la détente, encore moins à l’amusement, après l’après-midi passé en compagnie de ses amis. Il s’en tenait au programme qu’il s’était plus ou moins façonné, un peu de lecture philosophique, un peu de sport - il avait même poussé les portes d’un gymnase tout seul, pour essayer de se familiariser avec la pléthore de machines mises à leur disposition -, un peu de social avec ses amis, beaucoup de réflexions et de questionnements sur bien des choses. Et il avait aussi, comme il se l’était dit, commencé à regrouper les contrats en sa possession et à en éplucher la moindre ligne, pour vérifier que ses parents n’auraient aucune prise là-dessus. Il avait commencé à couper sa barbe, sans la raser entièrement. Il voulait la garder courte, mais suffisamment dense. Et cela lui allait drôlement bien, en fait, même si cela le vieillissait un peu.

Il prenait les rênes de sa vie. Et ça lui était paisiblement grisant.

Bien sûr, il s’était rendu aux cours du professeur Evans, et avait été soulagé de voir Alphonse pointer le bout de son nez à la traîne, comme il se l’était imaginé quand il avait cherché à le pousser à les suivre, Kyle et lui, dans sa classe. Le nouveau directeur, temporaire, et le nouveau dispositif de sécurité, revu à la hausse, il n’en avait que faire. Parce qu’il ne voyait pas comment quinze caméras auraient pu empêcher Jak et les autres de pénétrer dans la chambre du professeur Chalter et perpétrer leurs crimes. Elles n’étaient probablement là que pour rassurer, apporter un sentiment de sécurité. Une apparence, comme ce couvre-feu - qu’il respectait, parce que de toute façon il ne se voyait pas habituellement traîner dans les couloirs à de telles heures. Les paroles qu’Ezra lui avait dédiées, sur le caractère parfois trop absolu des règles, avait fait un bon chemin au sein de son esprit. Ça le rassurait, en un sens, d’avoir enfin rencontré quelqu’un - un adulte à la tête particulièrement bien faite - qui était capable de comprendre que certaines règles étaient absurdes. Comme il lui avait signifié, c’était rassurant que certains n’en avaient absolument rien à foutre, et cela lui donnait la force de faire plus d'efforts pour virer celles qui, encore ancrées en lui, étaient ineptes à ses yeux.

Pour Angela… il la laissait bien évidemment venir graviter autour d’eux, l’écoutait parler, entendait parfois son mordant proche de celui d’Alphonse, mais parfois plus fin, plus délicat… Elle savait se montrer délicate, bienveillante, elle le lui avait déjà montré, quand le Kleinschreiber avait cherché à s’excuser pour Romuald.

Le jeune noble n’avait pas cherché à prendre plus contact avec Alicia, et, alors qu’il aurait peut-être, en revanche, aimé avoir une discussion avec Emma, il avait bien constaté qu’elle s’était tournée vers d’autres individus, un autre groupe, auquel elle s’était greffée.

Des gens, sans doute, qui attiraient moins la noirceur, et qui ne lui rappelleraient pas, chaque fois que son regard se poseraient sur eux, les traumatismes qu’elle avait vécus. Isaac ne lui en voudrait certainement pas de ne pas chercher à côtoyer ceux qui l’avaient mis dans une telle situation, et lui souhaitait, de tout coeur, de réussir à surpasser les démons qui avaient émergés chez elle, ou à quitter cette carrière avant qu’elle ne lui soit fatale si elle n’y arrivait pas.

Peut-être avaient-ils gagné, le Kleinschreiber et ses deux compères, quelques points dans l’échelle de valeur d’Amelia de Calderdale. Mais Isaac s’en fichait bien. Elle ne l’intéressait pas, et si elle venait de nouveau à lui tourner autour, un jour, à se faire plus chaleureuse, à essayer de gratter des faveurs à son encontre, elle serait sans doute de nouveau déçue par lui. Bien évidemment, il ne se permettait pas, comme Alphonse le faisait, de l’emmerder pour autant. C’était tout juste s’il lui adressait la parole, en fait, hors nécessité. Mais les facéties du Wright ne lui faisaient plus lever les yeux au ciel et il ne cherchait pas à le recadrer pour autant, même si parfois l’envie le démangeait encore.

8h22. L’heure, pour Isaac, de débarquer dans cette salle de classe qu’ils avaient délaissé pendant de nombreux jours au profit, parfois, d’une autre. Il ne se serait jamais permis d’arriver en retard, au vu du nombre de messages informatifs qu’ils avaient reçus, même si en réalité, le premier mail lui aurait amplement suffi. Ni trop en avance, ni pile à l’heure, comme d’habitude. Il sortait tout juste du petit-déjeuner, pris presque sur le pouce, après une bonne douche qui avait sonné la fin d’un petit footing autour, toujours, de l’architecture féodale du château.

Il s’installa silencieusement à sa place, près d’Alphonse et de Kyle, sortant de son mutisme simplement pour les saluer, prêtant une oreille à leur discussion sur le profil de leur nouvel enseignant. Bizarrement, Isaac ne s’était même pas véritablement posé de questions à ce sujet. Entre Stuart, Evans, et des propos qu’il avait entendu concernant le professeur Chalter, ils semblaient avoir tous trois des profils bien différents. Il était, dès lors, difficile de pouvoir faire pencher la balance de l’imagination d’un côté ou de l’autre. Et les racontars… les racontars allaient toujours bon train dans l’affabulation, parfois, ça, Isaac en était toujours persuadé, leur dernière expérience en compagnie de Stuart l’avait splendidement montré.

Isaac jeta un coup d’oeil aux pieds d’Alphonse, que ce dernier posa sans aucune gêne sur son propre bureau. Mais il ne dit rien. Absolument rien. Pas même quand le cadet Wright les érigea, lui et ses deux comparses, en fierté de la nation, en grands sauveurs de leur pays. Il exagérait complètement. Les médias n’avaient pas évoqué grand-chose à leur sujet, pas même leurs noms, encore moins une réelle implication dans cette affaire. Ce qui allait très bien à Isaac. Il n’avait pas besoin de ça en plus. Surtout que… ils n’avaient pas fait grand-chose, dans les faits.

Une voix inconnue résonna à l’entrée, après l’énième ouverture de la porte. Une voix grave, rauque, en direction de laquelle Isaac porta instantanément son regard aussi bleu et aussi paisible que l’eau d’une mer calme.

Et la silhouette d'un homme, qui se montra rapidement à eux, était impossible à esquiver. Il était grand, très grand, même, et son entrée, sembla marquer de manière bien différente celle de Stuart des semaines plus tôt. Tatouages, veston posé à nu et ouvert sur son corps qui laissait le visu à tous sur bien des centimètres de peau, boucle de ceinture à la forme morbide, madame de Kleinschreiber aurait hurlé au scandale. Et Isaac aussi, fut un temps, l’aurait pensé très fort sans jamais oser le dire. Mais en l’occurrence, cette apparence bien loin de celle du corps professoral habituel, ne rebutait pas, ou plus, l’étudiant.

Si Isaac ne s’était jamais tenu près du monde héroïque jusqu’à sa venue dans cette Académie, il avait toujours lu un peu la presse. Et cet homme, cette silhouette si singulière, il l’avait déjà vu au moins une fois parmi les pages d’un journal. Si ses faits d’armes, à l’époque, avaient pu passer au dessus de la tête du jeune homme, il savait néanmoins que sa probité, qui allait être passée au crible pour le nouveau professeur, comme l’avait évoqué Isaac par le passé, n’était plus à démontrer. Il était fiable.

Isaac s’était fait relativement discret quant à ses mésaventures à Glamis auprès de sa famille. On l’avait sermonné, bien sûr, tout autant qu’encensé pour avoir su faire face à des situations pour lesquelles il n’aurait jamais pu le faire en temps normal. Et ce professeur, s’il omettait de leur décrire ou leur rappeler sa tenue vestimentaire ou ses façons de parler, allait être apprécié de ses parents. Mais bon, il s’en foutait un peu, aussi, qu’il plaise à ses parents.

En fait, il avait même l’impression que trônait en face d’eux, assis sur un bureau sans doute trop petit pour ses grandes jambes s’il s’était mis en tête de s’y asseoir convenablement, une variante d’Ezra et de Jake, sur certains points. Mais avec une carrure bien plus impressionnante que la leur.

Si, à son arrivée dans cette Académie, Isaac se serait senti terrifié à devoir subir les cours de feu le professeur Chalter ; cet individu qui venait de débarquer, qui paraissait bien plus intimidant que le capitaine de l’unité Rouge-Gorge et son second, semblait être le professeur idéal aux yeux du Kleinschreiber. Parce qu’il avait, au final, préféré l’indélicatesse, la franchise d’Ezra, aux discours rassurants du professeur Evans. Parce qu’il cherchait la réalité, la brutalité du monde qu’il allait arpenter, et que ce type, qui allait être leur enseignant pendant un moment au moins, semblait la refléter seulement avec son arrivée.

Une nonchalance, un homme franc et brut, qui allait à l’essentiel, honnête - en apparence, en tout cas -, efficace, qui n’avait pas envie de perdre du temps. Un pragmatique, sans aucun doute, que le noble espérait, plus pour ses camarades que pour lui, doté de plus de pédagogie que les deux hommes susnommés. Et si certains déglutirent en croisant ses yeux, alors qu’il les baladait, inquisiteur, sur ces apprentis héros, si certains, peut-être, baissèrent le regard, Isaac, lui, le regarda droit dans les yeux, calme, tranquille, serein, essayant de lire en lui davantage, de le jauger, comme il avait déjà pu le faire face au capitaine Wright lors de leur dernier tête-à-tête. Sans aucune animosité, sans aucun amusement, sans aucune inquiétude, sans aucune arrogance, presque apathique.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 4 Avr 2024 - 23:01

Retour à la routine

Ft Isaac
Noxious Archangel, Héros de platine.


Le décor était planté, et ce héros, ce satané héros de platine sans doute susceptible de tous les oblitérer sans leur laisser la chance d'esquisser le moindre mouvement avec leurs petits doigts, se contenta de les darder de son regard paisible mais dur comme l'acier. Il les jaugeait, sans l'ombre d'un doute ; un grand nombre d'entre eux se débinèrent, comprenant qu'ils n'étaient pas dignes de demeurer effrontés face à ce premier contact pénétrant, mais une minorité d'entre eux demeurèrent fiers, embrassant des postures diverses, à des fins qui divergeaient probablement tout autant. Zachary ne voulait pas s'avouer inférieur à un autre être, fut-il héros de platine, fut-il arme de guerre ; Amelia ne pouvait pas délaisser ses bonnes manières, même face à un individu qui avait tout pour la transcender ; Alphonse, crispé, ne s'imaginait pas reconnaître la supériorité de quiconque d'autre que son frère ; Kyle, décontenancé, sembla comprendre que la réponse que Noxious Archangel désirait le moins était celle de la couardise.
Les pupilles de cet homme imposant se durcirent, par ailleurs, après que la majorité des étudiants assis devant lui aient tristement échoués à l'occasion de ce premier exercice muet ; il n'en fit cependant aucun cas verbalement, souhaitant plutôt passer sans plus attendre aux choses sérieuses.

-Notre travail commun sera coupé en trois. Une partie théorique, assurée de 8h30 à 12h, du lundi au vendredi. Une session de renforcement musculaire, de 13h30 à 18h, le lundi, le mercredi et le vendredi. Et des entraînements plus concrets, à base d'affrontement, de 13h30 à 16h30, le mardi, le jeudi et le samedi.


Six jours dédiés à l'apprentissage, donc, et non cinq ; leur temps libre venait d'en prendre un sacré coup, mais personne n'eut le cœur d'entamer une fronde probablement vouée à l'échec. Si on avait fait appel à Noxious Archangel, et s'il avait accepté ce poste, même provisoirement, c'était sans doute parce qu'on lui avait assuré qu'il aurait les coudées franches.

-Si tout se passe bien, comme je vous le disais, nous finirons votre cursus ensemble. Ceux que je jugerai dignes d'être diplômés me suivront sur Antiqua. Votre première expédition se fera avec moi, et avec moi seul. Ne vous attendez pas à ce que je vous protège. Je n'en ferai rien. C'est la raison pour laquelle je ne choisirai que celles et ceux qui auront su se montrer dignes de mes attentes. Les autres pourront bien finir entre les mains d'un autre professeur, capituler, crever et pourrir, je m'en foutrai.


Il braqua son regard sur Alphonse, lequel tressaillit, une fois de plus pris au dépourvu ; mais le nouveau professeur ne lui laissa pas le temps de respirer, et lui décerna un ordre immédiat, sec et sévère, comme toujours.

-Relève ta visière.


Il fut tenté de répondre, ne fut-ce qu'afin de le prévenir qu'il n'utilisait pas cette protection visuelle par caprice, qu'elle était là pour l'empêcher d'utiliser son pouvoir à mauvais escient, involontairement ; mais comme il devinait que Noxious Archangel n'en aurait pas grand-chose à secouer, il y consentit finalement, lentement. Son regard et celui du héros se croisèrent... et celui-ci remua avant de continuer à s'exprimer franchement, ne donnant clairement pas l'impression que le regard d'Alphonse était en mesure de le contraindre, de l'entraver, pas même à un degré faible.

-Vous connaissez tous son pouvoir, pas vrai ? Le Naraka Catana est une matière merveilleuse. Merveilleuse, mais méconnue. Vous le voyez à ma carrure ; je ne suis pas né gigantesque, j'ai pris près d'un mètre depuis que j'ai entamé ma carrière de héros expéditionnaire. La raison à cela, c'est le Naraka Catana. La vie est injuste, mais nous ne sommes pas équitablement protégés aux effets secondaires des drogues, quelles qu'elles soient. Physiologiquement, nous ne sommes pas armés de la même manière. Certains d'entre eux nous bougent pas d'un iota, quand ils consomment du Naraka Catana. D'autres grandissent, à mon instar. Certains tombent dans l'accoutumance dès la première prise. D'autres ne subissent jamais le moindre effet secondaire, tant qu'ils maintiennent leur consommation à un niveau raisonnable. D'autres encore meurent d'une overdose au bout de la quatrième dose, alors que les trois premières ne laissaient rien présager de tel. Il n'y a pas de règles, pas encore, parce que la science n'a pas encore su les décrire.


Il fit signe à Alphonse de remettre sa visière à sa place, d'un geste de la main sobre ; le Wright s'exécuta docilement, et l'enseignant reprit, presque machinal.

-Ce qui est vrai pour l'Homme l'est aussi pour la bête. J'ai déjà vu des sangliers plus gros que cette Académie, sur Antiqua. La plupart du temps, il ne font même plus attention à nous. Nous sommes aussi insignifiants pour eux que ne le sont des fourmis de notre point de vue. Parfois, en revanche... Disons que le Naraka Catana semble pouvoir éveiller des sentiments même chez les êtres les plus simplets. Le sadisme en fait partie.


Quelques frémissements ; on parvint à comprendre qu'il parlait en toute connaissance de cause, mais on n'osa pas le questionner plus-avant. Là encore, on préférait faire l'économie de la parole ; les mots coûtaient sans doute chers, avec un type de son acabit.

-C'est le Naraka Catana qui m'a octroyée cette musculature. C'est le Naraka Catana qui vous a permis d'éveiller vos pouvoirs, de vous extirper de l'insignifiance. Avez-vous seulement pris la peine de penser à ce que cela pouvait impliquer d'autre ? En Moderna, tout cela n'est qu'un tissu vaguement concret. Qu'un rêve lointain, au sujet duquel il n'est pas nécessaire de songer davantage. Sur Antiqua, c'est une réalité, un concept indispensable à cerner pour qui entend survivre à plus d'une expédition. Le Naraka Catana peut rendre plus fort. Plus solide. Et il peut prémunir des pouvoirs - à certaines échelles, bien sûr. Aujourd'hui... Il y a fort à parier que même en vous liguant tous contre moi, vous n'arriveriez même pas à me causer une ecchymose de la taille d'une punaise. Et je n'aurais même pas à bouger pour me défendre ; parce que le Naraka Catana que j'ai ingéré jusqu'à présent s'en chargerait pour moi. C'est ça, le véritable pouvoir du Naraka Catana. Transformer un homme en une autre chose ; une forme de vie supérieure, sous bien des aspects.


Il grogna en ajustant sa position ; Alphonse fut tenté de faire remarquer de vive voix que toute sa puissance ne semblait pas lui servir quand il s'agissait de trouver un fauteuil susceptible d'accueillir son postérieur démesuré, mais il se souvint que cet interlocuteur-là avait sans doute les moyens de le liquéfier sans bouger d'un pouce. Il s'abstint, précautionneusement.

-A votre avis, combien d'individus bénéficient réellement du Naraka Catana que vous découvrons sur Antiqua ? Mille ? Deux-mille ? Dix-mille ? La réponse, pour un pays comme Britannia, l'une des premières armées de Moderna, près de quatre-vingt-quinze pourcents de ce que nous découvrons fini dans l'estomac de moins de vingt-cinq héros. Cette sélection très resserrée a au moins deux raisons. La première, énuméra-t-il en levant un index, c'est pour une question de sécurité et d'économie. C'est une matière rare, excessivement rare. En obtenir suffisamment pour améliorer un individu n'est pas chose aisée. Surtout pas sur le long terme. Alors il vaut mieux éviter de la gaspiller en la filant à un type qui pètera un plomb après une ingestion de trop, et qui ira se faire exploser quand le manque deviendra insupportable. La deuxième, compléta-t-il froidement en levant son majeur, c'est qu'il faut que cet investissement soit utile. Et il n'y a aucun moyen d'être plus utile à notre nation et à l'Humanité qu'en explorant Antiqua. Vos professeurs, les héros de la BOIH, tout ce gratin-là, pour lequel je cultive un profond respect, n'a pas besoin de cela. Ne le mérite pas. Si je suis ici, aujourd'hui… C'est justement pour tenter de dénicher ceux qui, parmi vous, auront l'échine assez solide pour suivre mon chemin.


Parce qu'il en faisait partie, évidemment, de cette liste de moins de vingt-cinq noms ; et cette perspective-ci suffisait à ajouter encore un peu de crédit à sa personne, pourtant pas la moins spectaculaire.
Les présentations étaient faites. Le bilan était dressé. En un monologue, Noxious Archangel leur avait probablement glissé plus d'informations confidentielles que Stuart et Chalter réunis en l'espace de plusieurs semaines ; mais le fait était que cela n'avait pas l'air de l'émouvoir. Il y avait fort à parier que tout cela, aussi, avait été négocié dûment à l'avance.

-Avant qu'on entame le premier cours, certains parmi vous ont-ils des questions à me soumettre ? Concernant Antiqua, le Naraka Catana, mes attentes, votre avenir, peu importe.


Ils n'auraient pas souvent l'opportunité d'aborder le sujet de leur choix, sans l'ombre d'un doute. Pas avec lui, en tout cas.

Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Ven 5 Avr 2024 - 12:24

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Il avait soutenu son regard pénétrant par un regard semblable, comme un chaton qui étudiait savamment un lion, pas pour l’attaquer, mais pour savoir quel genre de lion il était. Pourtant, Isaac avait toujours été du genre à baisser les yeux, par honte, par crainte… Il avait toujours été prompt à se soumettre, à courber l’échine. Aujourd’hui, il se tenait droit, les yeux, au contraire de l’habitude, levés pour continuer à chercher ceux de son nouveau professeur.

Mais quelque chose le faisait quand même tiquer dans les mots qu’il avait employé à leur encontre, derrière cette paisible nonchalance, il voulait rendre service en devenant professeur mais sans perdre de temps, sous-entendant qu’il considérait que son coeur, ou ses devoirs, étaient ailleurs. Pourquoi faire preuve d’une telle mansuétude à l’égard de cette Académie alors qu’il avait surtout l’air brutal ?

Cette question, que le Kleinschreiber se posait alors que Noxious Archangel faisait état de leur programme sans qu’Isaac ne cherche à émettre la moindre objection ou le moindre mécontentement sur son faciès - de toute façon, mieux valait compter sur quelqu’un qui se débrouillait mieux que lui pour le guider, que sur ses propres compétences ; il ne comptait pas s’arrêter véritablement le samedi ou le dimanche, en vérité, alors ça ne lui changeait pas grand-chose -, lui resta en tête, avant de commencer à trouver un semblant de réponse dans les paroles qui suivirent.

Il cherchait des individus hors normes dans un cursus déjà bien élitiste, de la même façon qu’Ezra avait entre autres profité de son enquête pour étudier de potentiels alliés de poids dans sa lutte et leur donner un coup de pouce, ce héros de platine ne comptait pas sagement et docilement les gaver d’informations et leur apprendre à survivre à Antiqua pour une seule fois sans rien en retour. Peut-être envisageait-il cette opportunité - était-ce vraiment l’Académie, qui avait été le démarcher, s’était-il présenté de lui-même en apprenant les événements récents qui s’étaient déroulés à Glamis, ou cette proposition venait-elle de plus haut, de personnes, à l’instar de Cassidy, qui avaient plus de poids dans la chaîne politique du pays, lui avait-t-on déroulé le tapis rouge et accepté toutes les conditions qu’il avait bien pu imposer ? - pour se monter une équipe d’expédition, pour trouver, au milieu de ces pierres précieuses, de somptueux diamants bruts qui ne demandaient qu’à être polis. Et ceux, qui n’y correspondraient pas, il les laisserait au fossé ou les abandonnerait à la mort, sans le moindre état d’âme. Il ne ferait pas de la garderie, les héros, probablement de son point de vue, se devaient d’être relativement autonomes.

L’étudiant pressentait, par ailleurs, que la nature de cette expédition, à laquelle il convierait les plus dignes selon lui, ne serait pas de la simple cartographie, comme bon nombre d’étudiants sortant des bancs de l’école seraient en mesure de le faire, comme avait pu le souligner Angela, ou Alicia, il ne savait plus exactement. S’il souhaitait dénicher des individus de haut rang, c’était pour une mission de haut rang, très probablement.

Le colosse était indubitablement doté d’une franchise impitoyable, qui là encore, rappelait celle de l’aîné de la fratrie Wright, même si, pour ce dernier, il réservait ce couperet cruel aux individus contre lesquels il luttait, pas ceux qui étaient susceptibles de l’aider - même s’il ne cherchait pas à les préserver outre mesure. Deux fonctionnements aussi similaires que différents, donc.

Cet état de fait ne fit même pas frémir le Kleinschreiber. Il fallait croire, quand on en venait à discuter de mort, d’exécution, et à y assister, qu’on était plus aussi sensible qu’avant, sur certains points. Qu’on était capable de mettre une certaine distance, tant que les sentiments n’y étaient pas pleinement mêlés.

Mais le noble ne pouvait nier que, sur un CV, probablement peu importe la finalité du poste qu’ils pouvaient convoiter, mentionner que leur première expédition sur Antiqua avait été réalisée aux côtés de Noxious Archangel, qui avait été leur professeur pendant près de toute leur scolarité, aurait de quoi attirer l’oeil, surtout quand on connaissait un peu l’homme. De quoi, peut-être, distinguer deux candidatures similaires…

Quand leur professeur interpella Alphonse et lui demande de baisser sa visière, le regard du Kleinschreiber alla de l’un à l’autre de ces deux hommes. Avait-il pris le temps d’éplucher leurs dossiers, ou puisait-il dans son expérience pour imaginer ce que pouvait bien être le pouvoir de son ami ? Isaac arqua un sourcil, intrigué, quand il constata, comme l’ensemble de leur classe, après qu’Alphonse ait relevé sa visière, que Noxious Archangel n’était en aucun cas affecté par l’effet des yeux du Wright.

Les explications qui s’en suivirent… étaient tristes, mais logiques. Tristes, parce que pour quelqu’un qui avait à coeur l’égalité et qui savait déjà que c’était impossible à atteindre, notamment à cause de cette maudite poudre et, effectivement, à cause de la loterie génétique et physiologique, ça venait soutenir cette idée d’idéal impossible. Alors ce fameux bad trip qu’avait fait Romuald, qui avait ressemblé à un enfer de souffrance, devait être l’une des facettes malsaines de ces effets secondaires… Ceux qui acceptaient de prendre du Naraka Catana jouaient, en quelque sorte, à la roulette reykjavienne.

Le Naraka Catana pouvait éveiller le sadisme. Chez quoi, ou chez qui ? Est-ce que des créatures réveillaient à cause de cette poudre un instinct particulièrement prédateur et cruel ? Etait-ce la même chose pour les êtres humains, en particulier en Moderna ?

Puis, il enchaîna, encore et toujours sur le Naraka Catana, mais en parlant de l’insignifiance des autres, et de leur supériorité octroyée par la poudre, rappelant à Isaac bien des discours qu’il avait déjà entendu. La noblesse et la plèbe. Mais version Naraka Catana. Visiblement, même si Ezra possédait un don prodigieux, on pouvait indubitablement ajouter l’humilité à ses qualités, comparé à cet aventurier de platine. Et Isaac n’appréciait pas cette vision, alors qu’il s’était toujours considéré comme un privilégié qui n’était pas mieux qu’un autre, il ne l’embrasserait très probablement jamais.

Et il comprenait aussi un peu mieux encore le je-m’en-foutisme d’Ezra quant à leur prise de Naraka Catana, quand en réalité une élite parmi l’élite avait le droit d’y toucher régulièrement pour continuer à subvenir aux besoins de leur pays et à leur survie sur ce continent maudit. C’était une dévotion particulière… patriotique.

Or, le Kleinschreiber n’était pas sensible au patriotisme, encore moins à la gloire et à la renommée. Mieux, il n’en avait jamais eu quoi que ce soit à foutre. Et contrairement à ce que le héros médaillé dévoilait comme point de vue, lui, il en avait quelque chose à faire de tous ces gens qui trinquaient, parfois sévèrement, sur leur continent natal, de tous ceux qu’on abusait, qu’on faisait souffrir, d’une manière ou d’une autre.

Mais tout, toutes ces fleurs, cette poudre qu’on donnait à certains individus triés sur le volet, n’était qu’affaire de rendement. D’économie. De politique. Encore et toujours, ici aussi. Le visage d’Isaac resta neutre, apathique, gardant en son for intérieur tout ce que ce discours pouvait bien lui inspirer, alors qu’on les abreuvait d’informations toutes plus étonnantes les unes que les autres et d’un point de vue très particulier, qu’on lui parlait encore de mérite, qu’on dénigrait toutes les autres branches héroïques - malgré un respect, si l’on suivait ses mots - pour finir par révéler le but véritable de la venue de Noxious Archangel en qualité d’enseignant.

Ah… voilà, donc. Il cherchait donc de futurs héros de platine, de futurs héros de diamant, prêts à oeuvrer au nom de Britannia sur Antiqua, prêts à se doper en dépit des risques pour agrémenter cette fameuse liste de noms dont il venait de parler.

Jamais de la vie.

Ils avaient, toutes et tous, commencé le cheminement pour transcender leur nature humaine. Le Naraka Catana les avait pourvu d’un fardeau ou d’une bénédiction, selon les points de vue. Isaac comprenait bien, ce que le héros assis en face d’eux induisait comme idée, mais la sémantique lui faisait grincer les dents, même si factuellement il ne pouvait nier quoi que ce soit. Cette poudre avait fait d’eux, des surhommes. Eux avaient un chemin bon, une volonté honnête, louable, sans doute, alors que d’autres, à l’instar de Jak et Stuart, arpentaient des chemins bien plus vils. De là à participer à cette course contre les autres pays, ridiculement politique, alors qu’ils pourraient tous s’entraider, faire preuve d’altruisme, ça serait sans lui. Même si techniquement, il allait sans doute travailler pour ces gens. Et un non-sens de plus, encore et toujours.

Quand enfin il termina son monologue, leur demanda s’ils avaient des questions, et qu’il allait, a priori, leur apporter une réponse sans ambages, Isaac, sans doute contre toute attente, leva la main pour attirer son attention, attendant un signe oral ou non de sa part pour parler, avec la même voix froide et détachée qu’il avait pu utiliser pour converser avec le capitaine de la BOIH, mais néanmoins curieuse :

- Sur le terrain, à Antiqua, dans la pratique, considérez-vous que c’est, en quelque sorte, une guerre - contre les autres nations, contre les locaux, contre l’environnement même, peu importe. Et si c’est le cas, de ce fait, vous considérez-vous, dans une certaine mesure, comme une arme de guerre ?

Un champ lexical qui faisait directement référence aux conversations, très sérieuses, qu’il avait entretenues avec Ezra. Le parallèle entre ce qu’il se déroulait entre Moderna dans la lutte de la BOIH contre des organisations criminelles et les expéditions menées sur Antiqua pouvait-il être poussé sur ce plan ? Est-ce que, peu importe la carrière, les héros étaient-ils considérés comme des armes plutôt que des hommes ? Agissaient-ils plutôt comme des armes que comme des hommes ?

Au-delà de cette vision très pratique, il cherchait aussi à voir si, sur Antiqua, cette maxime, prononcée par il ne savait plus qui, disant que la guerre n’était que la continuité de la politique, existait aussi, en dehors de la dangerosité de ce continent. Parce que la guerre n’était pas que violence, elle était aussi affaire d’alliance, de services, de faveurs à rendre, un monde que connaissait si bien Isaac.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Sam 6 Avr 2024 - 10:08

Retour à la routine

Ft Isaac
Noxious Archangel, Héros de platine.


Dans un premier temps, nul n'osa -ou n'eut l'envie de- prendre la parole. Sans doute parce que Noxious Archangel était doté de cette présence écrasante, qui rendait toute possibilité de converser d'égal à égal absolument absurde ; sans doute parce qu'il avait été clair quant au fait qu'il ne comptait pas s'encombrer des profils les moins prometteurs, qu'il se focaliserait sur ceux qui, selon lui, le méritaient. Il ne cherchait pas à être insultant, pourtant. Simplement factuel. Mais son pragmatisme militaire, forcément, avait de quoi jeter un froid ; même si le professeur Chalter, dur à bien des égards, avait eu le loisir de lui préparer le terrain au cours des jours précédant sa disparition, ce héros de platine qui débarquait tout droit d'Antiqua pour leur apprendre à concevoir la vie de héros autrement avait toutes les qualités requises pour les intimider.
Mais après ce temps de silence et de suspens, donc, ce fut au tour du Kleinschreiber de se faire entendre ; par le biais d'une question élaborée, dont il avait le secret, et portée par des considérations personnelles qu'il entendait confronter au point de vue particulièrement guerrier de son nouvel enseignant. Ce dernier, qui le détailla en silence pendant une poignée de secondes, sembla se renfrogner quelque peu à l'écoute des deux interrogations que son interlocuteur avait à lui poser. La deuxième, notamment, le poussa à plisser les yeux d'un air presque dédaigneux ; et sa réponse, implacable, ne manqua pas de mettre en lumière les raisons de ce demi-mépris.

-Tu fais erreur. Pas vis-à-vis de ton analyse de mon point de vue... mais vis-à-vis de tes propres hypothèses.


La question posée n'était pas bonne. Elle impliquait une réponse qui se vérifiait, certes ; Noxious Archangel considérait bien toute l'épopée d'Antiqua comme une guerre à échelle mondiale, se percevait bien comme une arme, à ce titre, ne doutait pas du fait que son gouvernement l'utilisait comme tel. Mais ces pensées étaient venues à l'esprit du Kleinschreiber en y pénétrant par la mauvaise porte... et le héros ne manqua pas de le lui faire comprendre, au cours des secondes qui suivirent.

-A partir du moment où vous avez choisi de vous définir au travers de vos pouvoirs, vous avez, toutes et tous, fait le choix conscient de devenir des armes. Que vous mettiez vos pouvoirs à contribution d'une entreprise, d'un état, d'une organisation internationale, à l'instar de la BOIH... vous ne serez, en dépit de toute votre bonne volonté, rien de plus que des armes. Vous n'avez, en fait, plus qu'un seul choix à réaliser : celui de l'individu qui vous brandira.


Les héros n'étaient que des armes. Ils servaient des buts différents, certes ; nombre d'entre eux veillaient, par exemple, à ne jamais mettre d'innocents en danger en servant des organisations ou des entreprises profondément vertueuses. Mais un fusil d'assaut n'était pas, par nature, mauvais ; il le devenait simplement lorsqu'il était brandi par des individus malveillants. Eux-mêmes, au cours de leur carrière professionnelle, se distingueraient du commun des mortels par leurs facultés héroïques. Par leurs pouvoirs, qu'ils soient jugés utiles ou offensifs, qu'ils puissent servir à bâtir des villes ou à annihiler des cortèges de criminels. Toutes les armes ne servaient pas à la guerre. Tous les héros ne servaient pas à la guerre. Mais prendre la décision de forger son pouvoir, d'apprendre à l'utiliser, c'était prendre la décision, consciente comme inconsciente, de devenir une arme.

-Je me dois de vous contredire, intervint Amelia, à la surprise de l'ensemble de ses camarades de classe. Nous pouvons aussi choisir de ne plus nous servir de nos pouvoirs...
-Le fusil dans le grenier de ton grand-père a-t-il cessé d'être une arme, jeune fille ?


Elle ouvrit la bouche pour tenter de lui répondre ; mais elle ne parvint à trouver aucun argument à lui opposer. Mouchée, et sans doute un brin humiliée, elle se tut finalement, laissant au professeur l'opportunité d'enchaîner, d'établir plus précisément encore son point de vue.

-Ce qui compte, ce qui fait de nous des armes, ça n'est pas notre volonté de tirer ou pas ; c'est notre faculté à le faire. Que vous le vouliez ou non, à partir du moment où vous avez commencé à utiliser vos pouvoirs... non, peut-être même à partir du moment où vous avez été dotés de pouvoirs, vous êtes devenus des armes. Et ça n'est pas une insulte. C'est un constat. Pour en revenir à ta question, poursuivit-il en se tournant à nouveau vers Isaac, ce n'est pas que je me considère comme une arme de guerre ; c'est que j'en suis une. Point.


Il ne ressentait pas le besoin de se positionner personnellement et moralement par rapport à une telle assertion, parce qu'elle ne servait jamais qu'à le définir très sobrement. Ce n'était là que la résultante de ses actions et de sa volonté propre... Et s'il considérait que l'ensemble des héros qui se trouvaient dans sa situation étaient également des armes de guerre, il s'intéressait bien moins à cette problématique qu'aux raisons qui avaient pu les pousser à embrasser une telle posture.
Ce qui comptait, dans le fond, ça n'était pas d'être une arme ; c'était de savoir pourquoi on en était devenu une. Ce ce serait qu'à la lumière de cette interrogation-ci qu'il pourrait choisir ou pas de s'entourer des étudiants qui se trouvaient devant lui, pour s'assurer qu'ils deviennent des héros expéditionnaires de haut rang.

D'un coup de menton évasif, il laissa aux étudiants l'opportunité de lui renvoyer une nouvelle question, toujours tranquille et strict.
Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Sam 6 Avr 2024 - 17:55

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
De la même manière qu’il avait fini par s’accommoder - et s’enticher - de la manière de converser et d’être d’Ezra, il commençait déjà à s’accommoder à celle de ce héros de platine, pourtant fort intimidant ne serait-ce que par la carrure, dont la nature de la médaille semblait bien égale au Kleinschreiber. Isaac concevait aisément qu’il était un homme d’expérience en ce qui concernait Antiqua, évidemment. Mais il aurait pu être d’or, de diamant ou d’obsidienne, Isaac le traiterait de la même façon : comme une sorte d’égal, qui possédait de l’expérience, et par conséquent, une forme de sagesse.

Les expressions qui peuplèrent le faciès de ce déroutant enseignant n’échappèrent pas à l’étudiant, bien sûr, mais il ne se démonta pas pour autant, et n’hésita même pas à poser ses questions jusqu’à la dernière syllabe. Il assumait sans peine ce qu’il venait de proposer. Et la réponse qui vint dans la foulée ne l’émut pas mais l’intrigua dans sa formulation, le poussant à croiser les bras et à attendre sagement le reste des explications.

Il avait peut-être posé ses deux interrogations dans le mauvais ordre, effectivement. La liaison entre les deux se faisait, le colosse le laissait entendre, mais elle était inversée. Peut-être aurait-il dû y aller plus franchement aussi, vu son interlocuteur… Il faudrait qu’il y pense, pour la prochaine. Toujours est-il qu’il écouta les propos que le héros déroula avec attention mais sans être troublé par le message qu’il essayait de lui faire passer, de leur faire passer.

Si Isaac resta silencieux, le laissant volontiers enchaîner les mots sans l’interrompre, il y en a une qui n’en s’en priva pas… et pourtant, vu son rang, elle semblait faire pour une fois un écart aux bonnes manières - même si elle se glissait dans la conversation fort poliment. Oh, oui, ils pouvaient choisir de changer de vie, à n’importe quel moment… mais cela ne changeait pas le concept de ce que le nouveau professeur induisait. D’ailleurs, ce dernier lui notifia cet état de fait avec une franche répartie bardée de factuel, qui là encore, rappelait à Isaac un peu Ezra. Amelia de Calderdale avait-elle du mal avec ce concept d’arme ? Pensait-elle déjà arrêter sa carrière héroïque à un moment ou à un autre, peut-être après avoir atteint le sommet de la gloire et du prestige ?

Un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités. C’était ce que lui avait dit Ezra. Certes, le sien, si on le comparait à celui de son frère cadet, ou même à celui d’Isaac, était bien plus efficace, bien plus utile par la versatilité qu’il proposait. Cette maxime sentencieuse pouvait donc être poussée un peu plus loin et s’appliquer à tous ceux pourvus de dons surnaturels par le Naraka Catana. Leurs pouvoirs étaient des armes, ils n’appartenaient qu’à eux de s’en servir et de comment s’en servir, évidemment, mais c’était leur devoir de le faire, en fait. Un devoir, qu’Isaac souhaitait embrasser par sa propre volonté, et non parce que c’était ce qu’on attendait de lui. La nuance était là, et à ses yeux, elle était immense.

Lorsqu’enfin, Noxious Archangel mit un point final à son monologue de réponse, le visage du Kleinschreiber afficha, contre toute attente, un fin sourire. Comme s’il était satisfait de la réponse et des nuances que venait de lui fournir cet homme, comme si avec sa question - certes, qu’il avait mal présentée - il n’avait jamais attendu une autre réponse de sa part… ce qui était le cas, même s’il n’appréciait toujours pas ce constat, il était assez lucide pour savoir - depuis même plusieurs jours maintenant - qu’il était inévitable. S’il n’avait jamais osé sémantiquement brandir le mot arme pour son pouvoir pendant très longtemps, Isaac savait depuis tout autant de temps qu’il était dangereux. Qu’il était, en fin de compte, une arme, oui. Restait à savoir pour qui il comptait l’utiliser, mais là-dessus, son choix était déjà fait.

Isaac pensait arriver à se faire une première idée sur le genre d’homme qu’était celui qui se tenait face à eux avec ce premier échange. La froideur, la franchise et le pragmatisme de son interlocuteur l’avaient convaincu. Pour lui, en tout cas, c’était ce genre de professeur qu’il lui fallait, dorénavant, un type qui savait vers quoi il les emmenait, qui prenait le temps d’expliquer les choses mais qui n’avait pas peur de dire ce qu’il en était, qui n’était pas là pour les rassurer mais pour leur montrer la réalité. Il était intelligent, assez pour avoir plusieurs raisons à sa venue ici, assez pour avoir été en position de négocier pour qu’on lui laisse carte blanche ou presque sur la formation qu’il comptait donner. Alors peut-être, avec du temps, et s’il continuait à montrer des facettes qui plaisaient à Isaac, celui-ci lui accorderait un peu plus de sa confiance que personne ne semblait gagner facilement. Noxious Archangel attendait d’eux de mériter leur place à ses côtés sur Antiqua, Isaac de Kleinschreiber attendait de lui qu’il soit convaincant pour envisager de s’y rendre en sa compagnie.

Le jeune noble aurait pu continuer à poser des questions, à le noyer sous une pluie d’interrogations, il en voyait certaines, bien sûr, mais il pensait déjà en avoir les réponses, en fait… Peut-être aurait-il dû les prononcer pour ses camarades mais il s’en abstint et redevint mutique, curieux de découvrir la suite.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Dim 7 Avr 2024 - 17:12

Retour à la routine

Ft Isaac
Noxious Archangel, Héros de platine.


La réponse particulièrement intraitable de Noxious Archangel dut tuer dans l'oeuf toute volonté potentiellement cultivée par ses étudiants d'entretenir cette discussion en la relançant à l'aide d'autres interrogations, puisque nul n'osa enchaîner, après Isaac et Amelia. Le professeur en prit bonne note, opina du chef, se redressa tant bien que mal et enchaîna sur des sujets autrement moins sensibles, plus concrets également ; il se lança dans son premier cours magistral, en entrant dans le dur sans plus attendre, en évoquant l'aspect naturel du Naraka Catana, les endroits où les expéditionnaires étaient le plus susceptible d'en dénicher, les pièges qui se dressaient parfois aux abords de ces filons plus que précieux, les précautions d'usage, aussi, lorsqu'il fallait en transporter jusqu'à Terrafirma. Bon nombre de novices mésestimaient la difficulté de cette tâche : un groupe de héros représentaient un met de choix pour les créatures que ce continent infernal abritait, certes... mais par-dessus tout, la possibilité d'engloutir cette denrée particulièrement précieuse pouvait devenir un moteur pour les prédateurs d'Antiqua, qu'ils soient monstrueux ou complètement humains. Il ne manqua pas d'aborder un autre sujet sensible, au passage ; celui de la possibilité d'une attaque d'un pays rival, dont les ressortissants avaient tout intérêt soit à attaquer masqués... soit à ne laisser derrière eux aucun survivant. C'était la raison pour laquelle, selon lui, il ne fallait jamais baisser sa garde ; parce qu'on ne pouvait jamais être complètement sûr de ne pas avoir été pris en filature, parce que ceux avec qui on bavassait distraitement sur Terrafirma pouvait bien nourrir de funestes desseins à notre encontre, parce que les locaux aussi aimaient avoir le luxe d'obtenir du Naraka Catana sans avoir à le chercher trop avidement. Si la pierre semblait régulièrement sortir de terre çà et là, les gisements les plus abondants se trouvaient évidemment dans les environnements les plus sauvages, les plus inhospitaliers, les moins accessibles... Piller un convoi sur le retour, alors que les héros qui étaient censés le protéger étaient souvent éreintés, parfois même blessés, c'était infiniment plus simple que de s'en aller à l'autre bout d'une forêt, sans promesse de jamais réussir à être couronné de succès.

Les trois heures et quart qui les séparaient encore de midi passèrent d'une traite. Fluides, plus, bien plus qu'Alphonse n'avait été tenté de le penser, en voyant ce grand gaillard s'aventurer dans la pièce et commencer à présenter les enjeux de sa présence dans cette Académie par le biais d'un monologue particulièrement sentencieux. Envers et contre son apparence brute, il était un orateur habile ; son charisme devait y contribuer pour beaucoup, certes, mais il renvoyait l'image d'un homme organisé, rigoureux, sûr de lui. Des qualités inestimables, bien sûr, et potentiellement même indispensables lorsqu'on voulait prétendre à un tel pedigree... Mais, au-delà de ça, le savoir qu'il leur dispensait avait une petite touche concrète qui ne pouvait que séduire. Contrairement à Stuart, il était aisé de deviner qu'il avait vécu ce qu'il leur racontait, que l'essentiel de ses conseils se nourrissaient de son propre vécu. Il ne chercherait pas à les sauver, une fois sur Antiqua, certes ; mais il allait veiller, en amont, à leur donner les armes pour éviter qu'ils ne tombent dans les mêmes écueils que leurs défunts prédécesseurs.
La sonnerie retentit ; on n'osa pas bouger d'un pouce, contrairement, là encore, aux cours du professeur Stuart qui avait bien de la peine à faire entendre sa voix fluette quand il fallait couvrir le brouhaha qu'ils formaient de concert, en se redressant à la hâte et en se ruant droit vers le réfectoire. Il prit le temps d'achever sa phrase, de les couver d'un regard austère, d'essuyer les quelques mots qu'il avait tracé à la craie blanche sur le tableau qui se trouvait dans son dos, et qui semblait placé bien bas, comparativement à son anatomie démesurée... puis se retourna vers la classe qui, dorénavant, était sienne.

-Isaac Kleinschreiber, Kyle Grealish... Alphonse Wright. Vous restez assis, tous les trois. Les autres, allez-y. On se retrouve cet après-midi à l'entrée des terrains. Ne soyez pas en retard, sauf si vous aimez courir pendant trois heures.


On ne se fit pas prier, évidemment, pour déserter la salle de classe ; certains de leurs compagnons jetèrent bien dans la direction du trio un regard empathique, mais nul ne prit le risque de demeurer là pour leur tenir compagnie... certainement pas Amelia de Calderdale, laquelle, pourtant, sembla affecter un moment d'hésitation tandis que l'ensemble de ses pairs se précipitaient au dehors. Elle fut la dernière à boucler son sac et à quitter la pièce, pour rejoindre ses deux amies, lesquelles étaient restées campées devant la porte ; lorsqu'elle l'eut enfin refermée derrière elle, Alphonse, Kyle et Isaac se retrouvèrent en tête-à-tête avec Noxious Archangel, qui reprit exactement la même posture qu'au moment des présentations.
Là, à demi assis sur son bureau, les bras croisés, le regard dur, il dévisagea les trois apprentis héros sans un mot pendant une poignée de secondes ; puis il brisa enfin le silence. Dur, toujours.
Mais étonnamment humain, aussi.

-J'ai eu accès aux rapports. Et c'est parce que votre classe a vécu ce qu'elle a vécu que j'ai accepté de prendre ce poste temporairement. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : je sais que vous en avez bavé, de même que les trois filles de la classe du professeur Evans. Et je le déplore. Ce que vous avez eu à faire, les dangers qu'on vous a fait courir... Tout cela n'est pas normal. Pas à ce stade de votre cursus. Pas alors que vous n'avez toujours pas réussi à maîtriser vos pouvoirs... à les comprendre, même.


Bouche bée, Alphonse sembla hésiter à se pincer violemment l'avant-bras ; mais la carrure impressionnante de leur enseignant et sa faculté à se montrer plus que revêche lorsqu'on lui posait une question qui semblait lui déplaire le poussèrent à n'en rien faire, une fois de plus.
Il s'en sut gré lorsque les paroles suivants de Noxious Archangel lui permirent de comprendre que le héros de platine ne s'était pas mystérieusement adouci, au cours de cette matinée initiatrice.

-Ceci étant dit, à partir de maintenant, je n'en aurai plus rien à foutre. Ce que vous avez vécu, ça vous regarde. Certains de vos camarades en ont peut-être bavé en dehors des cours ; d'autres auront d'autres épreuves à affronter également, peut-être pire, peut-être pas. De la même manière, beaucoup d'aspirants héros meurent en affrontant des épreuves injustes. En étant confrontés à des situations périlleuses de façon prématuré. C'est la vie. Et c'est la raison pour laquelle je vous traiterai comme si vous étiez des étudiants ordinaires. Sans vécu particulier, sans passif particulier.


Kyle opina du chef avec lenteur, parvenant à comprendre la logique dont les pensées de Noxious Archangel étaient imprégnées ; il n'était pas sûr de pouvoir se sentir rassuré à l'idée d'être traité équitablement avec l'ensemble des autres étudiants, mais il aimait l'idée qu'on ne cherche pas à instaurer de hiérarchie entre eux, sur la seule base des événements ayant récemment ébranlés l'Académie.
Le choix des autorités de se reposer sur un tel héros pour assurer la formation de cette classe meurtrie était peut-être encore plus pertinent qu'il n'en avait l'air, d'un point de vue extérieur.

-Mais je ne vous cache pas que je nourris beaucoup d'espoirs, vous concernant. Ne me décevez pas. Allez manger, conclut-il d'un ton sans appel.


Kyle et Alphonse ne se feraient pas prier.

Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Dim 7 Avr 2024 - 21:38

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Il avait été le seul à braver ce mur intimidant qu’était leur nouveau professeur en lui posant une question, Amelia avait été la seule courageuse à s’immiscer directement dans ses explications. Peut-être que le répondant et la franchise de ce géant en avaient refroidi plus d’un quant à d’éventuelles interrogations. Et ils eurent tôt fait de passer à la suite.

C’était un cours qui ne ressemblait en rien à ceux que leur avait prodigué Stuart. Sûrement, en premier lieu, parce que ce dernier n’avait jamais dû mettre les pieds à Antiqua… Et si Isaac avait déjà apprécié les cours de ce criminel infiltré, il ne pouvait que se plaire avec ceux de Noxious Archangel, prononcés sans aucun tabou, sans ambages, bien plus réaliste, bien plus pessimiste… bien plus proche de ce qu’Isaac avait pu s’imaginer de ce terrible continent.

Ils vivaient dans un zoo, ils chassaient dans la jungle. Un vieil adage qui se murmurait dans les rangs de la bourgeoisie, juste à bien des égards. Ces gens savaient vivre en société, savaient se montrer sous un beau jour, être, ou paraître sympathiques et tranquilles… Et ils savaient très bien comment planter un couteau dans le dos s’ils en avaient le besoin ou l’envie. Et il correspondait plutôt bien aux terribles facettes humaines que leur décrivait ce héros de platine. Qu’il existait des situations où certains étaient prêts à tout, avec intelligence. Et ceux-là faisaient partie des plus dangereux.

Quand enfin, l’heure de midi sonna, le Kleinschreiber, qui avait toujours attendu que leur professeur les libère - et pas agi parce que la sonnerie venait de retentir - attendit sagement, comme bien d’autres, pour une fois, que le nouvel enseignant décide de les laisser partir.

Mais en l’occurrence, l’homme choisit d’en retenir trois : Isaac et ses deux amis. Et ce n’était certainement pas un hasard, il ne fallait pas être bien perspicace pour le comprendre. Le jeune noble se ficha bien des regards que certains pouvaient leur adresser. Parce qu’il se doutait que l’homme qui se trouvait en face d’eux n’allait pas les houspiller. Qu’il n’allait pas leur faire du mal… Il n’y en a qu’une seule qui sembla hésiter à quitter la salle. Peut-être cherchait-elle à toucher un mot au héros de platine… ou écouter une conversation qui ne la concernait pas.

Toujours est-il qu’Amelia quitta finalement la classe, laissant les trois étudiants seuls avec leur professeur, dans un silence particulier. Isaac attendit silencieusement, continuant de le jauger, de l’étudier, continuant de croiser son regard sans être effrayé par sa dureté ni la stature de celui qui le portait.

Et les mots qui s’écoulèrent de sa bouche, intriguèrent le noble sur plusieurs plans. D’une part, parce qu’il semblait compréhensif, presque empathique quant aux multiples situations qu’ils avaient dû traverser. D’autre part, parce qu’il avait eu accès à des rapports… officieux ou officiels ? De Britannia, ou de la BOIH ? Et c’étaient les sordides événements qui s’étaient déroulés ici, avec leur classe, qui l’avaient poussé à accepter le poste… donc on l’avait bien démarché. Etait-ce la situation globale de la classe, ou certains profils heurtés plus que les autres qui l’avaient attiré ? Enfin, il mettait l’accent que tout ceci n’aurait jamais dû arriver et que ce n’était en aucun cas normal. Mais même Ezra, de toute façon, devait considérer que ce n’était pas normal, puisqu’il en était venu à s’excuser.

Cet homme aussi cachait quelque chose, sous sa carapace de pragmatique froid et intimidant. Il venait de leur en montrer une infime partie, une mansuétude, qui ne devait pas filtrer très souvent, mais qui était suffisante pour Isaac pour comprendre quelque chose. Si le capitaine de la BOIH était un homme et un capitaine, Noxious Archangel était un médaillé de platine et un homme, à n’en pas douter.

Cela dit, il reprit bien vite sa dureté stricte qui semblait habituelle, pour leur indiquer qu’il ne reparlerait plus de cette affaire les concernant, et qu’il ne comptait pas les voir comme des victimes ou des héros de cette sombre et longue histoire. Il voulait les traiter de la même façon que les autres. Qu’il n’y ait aucune faveur, aucun favori.

C’était… sans doute un adepte de la méritocratie. Mais qui devait bien être le premier individu croisant la route du Kleinschreiber qui l’utilisait de manière véritable. Il les mettait sur un pied d’égalité, tous autant qu’ils étaient, dans cette classe. Il instaurait une équité en installant un point de départ commun, en balayant le reste comme si cela n’avait permis à personne de se démarquer, en élaguant et en n’offrant aucun privilège d’aucune sorte. Les meilleurs qui ressortiraient de leur cursus le serait grâce à eux-mêmes. Grâce au mérite et à la sueur de leur front. Et c’était fort possible qu’il n’aurait rien à secouer non plus de la généalogie noble des uns ou des autres. A nouveau, il venait de marquer un point auprès d’Isaac. Parce que c’était encore une vision qu’il comprenait et qu’il appréciait. Et le jeune homme le fit savoir promptement vocalement, assez sobrement :

- Bien.

Le Kleinschreiber hésita, l’espace d’une demi-seconde, à profiter de ce moment, avant que ce chapitre ne soit clos pour toujours avec Noxious Archangel, pour lui expliquer qu’il n’avait jamais émis la volonté de rejoindre l’Académie et d’être un héros, pour être au clair avec lui, mais se ravisa. Pas parce qu’il avait peur de la réponse, pas parce qu’il avait envie qu’on s’apitoie sur son sort - ce qui était bien la dernière chose qu’il voulait. Mais parce que son interlocuteur souhaitait qu’il soit un étudiant ordinaire sans vécu hors du commun. Alors il serait l’étudiant le plus ordinaire possible, celui dans les normes exigées par ce type d’Académie. Et ne lui dirait probablement jamais, de ce fait, sauf s’il posait un jour une question qui mènerait inéluctablement à une telle réponse ou émettait une assertion fausse à son encontre. Pas de vécu particulier, pas d’expérience glauque et froide, pas de noblesse, pas de venue contre son gré. Un étudiant comme les autres, pas mieux que les autres.

Noxious Archangel ne leur accorderait aucun privilège à cause de leurs aventures, mais il prit néanmoins le temps de leur signifier qu’il en attendait beaucoup d’eux, probablement à cause de ce qu’ils avaient vécu, justement. Ils avaient très certainement une longueur d’avance sur leurs pairs avec cette expérience, il ne comptait pas creuser l’écart, mais ils avaient le potentiel de quoi se hisser au sommet, en somme.

Ce n’était pas le premier à attendre quelque chose du Kleinschreiber. Mais pour la première fois, depuis très longtemps, depuis toujours, Isaac… s’en foutait. Il se fichait d’être mal vu si jamais il ne réussissait pas à devenir un héros expéditionnaire, il se fichait de décevoir celui qui avait pris la tâche de les former alors même qu’il leur demandait de ne pas les décevoir. Il voulait juste tracer sa route, comme il l’entendait.

Il rangea ses affaires calmement quand on leur signifia qu’ils pouvaient disposer, sans doute bien moins rapidement que Kyle et Alphonse, avant de quitter la pièce à leur suite, avançant dans les couloirs à leurs côtés, silencieusement.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Mar 9 Avr 2024 - 18:17

Retour à la routine

Ft Isaac
Noxious Archangel, Héros de platine.


Alphonse et Kyle ne se firent pas vraiment plus bavards que le Kleinschreiber ; ils opinèrent du chef avec une assurance à tout le moins discutable, plièrent bagage et s'en furent, trop ravis pour l'un de pouvoir passer à table, et pour l'autre de pouvoir simplement quitter cette ambiance anxiogène que Noxious Archangel générait par la seule force de son écrasante présence. Ils quittèrent ainsi la salle de classe comme un seul homme, sous le regard affûté de leur nouveau professeur, qui ne pipa mot quand ils en franchirent le seuil ; ils refermèrent la porte, purent ainsi souffler un bon coup... et le Wright, évidemment, toujours lui, se fendit d'un commentaire sardonique. Comme si toute sa force humoristique, réprimée et menottée par son enseignant, se sentait obligée de ressurgir à la première occasion histoire de se rappeler au bon souvenir de ses deux partenaires.

-Eh beh. C'est pas moi qui lui conseillerai de se lancer dans une carrière d'humoriste.


Le Grealish ne lui répondit que par le biais d'une moue approbatrice. C'était un euphémisme, bien sûr, mais force était de constater que la principale caractéristique de cet enseignant d'un genre unique était son sens de la rigueur et de l'austérité. Ils n'auraient pas le loisir de plaisanter à outrance, en sa présence... mais cherchaient-ils à suivre un cursus comme les autres, l'esprit léger et la blague facile ? Sa gravité n'était-elle pas plus cohérente, dans le fond, avec ce qui les attendait au bout du chemin, que l'air amical que le faux professeur Stuart se payait communément ? Il ne leur ferait pas de cadeaux, parce qu'on ne leur en ferait pas non plus, à l'avenir. Il allait veiller à les former du mieux possible, parce qu'il avait pour intention de s'entourer d'eux, au moins temporairement, s'ils s'en avéraient dignes. C'était plus rassurant, quelque part, que de voir un professeur les envoyer au casse-pipe sans avoir à se soucier davantage du résultat de cette expédition. Noxious Archangel devrait les préparer convenablement à cette échéance... Sinon, il serait lui-même en danger. Il pourrait lui-même faire les frais de son inutilité en tant qu'enseignant.
En un sens, Kyle se demandait si ça n'était pas le modèle vers lequel toutes les Académies héroïques finiraient par tendre ; permettre aux professeurs qui les avaient côtoyés pendant parfois plusieurs mois de les accompagner, d'insister sur leurs points forts, de prouver par l'exemple l'existence de leurs points faibles... Le manque de héros susceptibles de servir dans le cadre des universités rendait la chose impossible à vaste échelle, certes. Mais, tôt ou tard, ce déficit serait comblé. Tôt ou tard, il y aurait autant, sinon plus de potentiels professeurs que de potentiels élèves. Tôt ou tard, il en était convaincu, la fonction de professeur devrait être couplée avec celle d'expéditionnaire. Parce que le système actuel souffrait de trop de relents hypocrites pour qu'il ne puisse perdurer éternellement.

Ils arrivèrent au bout du couloir, tournèrent, se figèrent en observant une silhouette étonnamment familière se dresser là, devant eux, quiète et ferme. Engoncée dans un trench coat sombre comme la nuit, le teint légèrement plus pâle qu'à l'accoutumée, les yeux un peu plus cernés, mais dotée de la même chevelure dorée, une clope pendue au bout des lèvres, les mains enfouies dans les poches... Il n'y avait aucun doute quant à l'identité de l'individu qui les toisait placidement, en dépit des quelques étudiants qui, arpentant les couloirs, le dévisageaient avec des expressions variant du respect le plus indicible à une peur quasiment primale, instinctive, irrépressible.
On avait entendu parler d'Ezra Wright et de ses frasques, plus encore ici que nulle part ailleurs ; alors, en sa présence, on préférait raser les murs.

Capitaine de l'Unité Rouge-Gorge de la BOIH, Ezra Wright.


-Ezra... bredouilla maigrement Alphonse, sincèrement décontenancé.
-Bonjour.


Un simple signe de la tête fut à peu près tout ce que Kyle et Alphonse eurent à lui offrir en retour ; il allait sans dire que ni l'un, ni l'autre ne s'attendaient à le voir surgir là, au beau milieu d'un couloir, en plein dans l'Académie Glamis où il n'y avait pourtant plus aucune tâche dont il était susceptible de s'acquitter.
En tout cas pas sur le plan professionnel ; mais l'absence notable de ses trois subalternes les plus fiables était peut-être porteuse d'une vérité significative en la matière. Il n'était pas là en tant que capitaine de l'Unité Rouge-Gorge. Il était là en tant qu'Ezra Wright, frère aîné d'Alphonse Wright.

-Gabriel et Bassira ont insisté pour que je passe. Mais je ne reste pas. Je vais rentrer voir les parents. Je vais aller me reposer là-bas, deux jours. Tout leur expliquer. Je leur dois bien ça.
-Et... Ensuite ?
-Il y a... Quelque chose que je dois faire, vis-à-vis de Cassidy. Je vais aller sur Terrafirma. Je ne reviendrai pas de si tôt. Probablement pas avant votre remise de diplôme. Donc je compte sur vous pour l'avoir, et pour survivre à Antiqua. Si vous y parvenez... On se reverra. Et à ce moment-là, c'est à toi que je dirai tout, Alphonse.


Le cadet tressaillit, à l'évocation de son nom, son aîné expira un fin filet de fumée, ferma les paupières l'espace d'un instant, paisible. C'était la première fois depuis des lustres qu'il s'autorisait à souffler, après une enquête proprement éreintante ; il n'en aurait sans doute plus l'occasion pendant longtemps également, même s'il risquait d'avoir à se livrer à des jeux d'un tout autre genre. Là où il se rendait, nul Vilain sanguinaire, nul petite frappe dealeuse de Naraka Catana ; juste une armée de politiciens, des bataillons de diplomates, des cortèges d'éloquents administrateurs.
Cette guerre qui l'attendait le lassait infiniment plus que toutes les précédentes réunies...
Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Mar 9 Avr 2024 - 23:02

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
La pique d’Alphonse à l’encontre de leur nouvel enseignant n’eut pas l’art d’émouvoir le Kleinschreiber ou de perturber avec les rides d’un sourire sa quiétude habituelle. Le Wright s’était tenu à carreau avec une exemplarité qui ne lui arrivait que trop rarement pendant plusieurs heures. Sans doute que Noxious Archangel ne pouvait que lui être bénéfique pour que cette tranquillité se fasse plus souvent. Mais en attendant, cela n’empêchait pas son ami de redevenir le trublion qu’il était quand cet homme imposant par bien des aspects n’était plus dans les parages… et ce qui apportait peut-être, même Isaac se l’avouait en son for intérieur, un peu plus de chaleur que la froideur dont le héros de platine et lui-même avaient fait preuve durant la matinée.

Si Isaac s’attendait, au bout de ce couloir, à poursuivre inlassablement la route qui les menait au réfectoire, toujours mutique, pour se restaurer un peu - beaucoup, pour Alphonse - avant de devoir se rendre aux terrains d’entraînement, quelqu’un en décida autrement.

Quelqu’un qui les attendait à l’angle, comme pour les surprendre. Ce qui ne manqua pas. Si Kyle et Alphonse se figèrent, Isaac marqua lui aussi une courte pause, en ayant l’occasion d’observer de nouveau cette silhouette qu’il avait vue si mal en point la dernière fois. Et son coeur se mit, pendant un bref instant, à battre la chamade. Ezra Wright se tenait devant eux, pas de la façon la plus fringante, à en juger sa pâleur et ses cernes, mais toujours bien mieux que lorsqu’il s’était effondré dans l’un des innombrables couloirs de l’Académie Glamis.

Il fumait, vêtu de son inséparable trenchcoat, dans les couloirs, là où c’était interdit, où personne ne lui avait jamais rien dit. Personne n’oserait sans doute lui dire quoi que ce soit, à l’instar des élèves restés quasiment silencieux face à Noxious Archangel alors même qu’il leur demandait s’ils avaient des questions.

Puis, Isaac décida de s’approcher de lui, de franchir, en quelques pas tranquilles, un peu de la distance qui les séparait. Parce qu’il ne le voyait pas comme quelqu’un qu’il craignait, il ne le voyait pas comme quelqu’un à respecter plus qu’habituellement - bien qu’il le respectait profondément. Parce qu’il le traitait, peu ou prou de la même façon qu’il avait décidé de voir leur nouveau professeur : comme un semblable, ni plus ni moins. Qu’il soit un redoutable capitaine de la BOIH ou un frère aîné protecteur… Il était le même homme, à ses yeux. Fort, attentionné, fragile. Et il le resterait jusqu’à la fin.

- Bonjour.

Isaac se permit de lui retourner son salut vocalement avec un sourire léger, retenu. En vérité terriblement soulagé de voir qu’il allait mieux, à défaut de pouvoir dire qu’il allait bien. Il était venu, alors. Mais visiblement, comme il l’avait imaginé après l’appel de l’agent Chevalier, pas complètement spontanément. Comment avaient pu insister Gabriel et Bassira pour le pousser à venir par ici, cela resterait probablement un mystère.

Ainsi, Alphonse n’était pas le seul membre de sa famille qu’il avait tenu à l’écart de ce si lourd secret qui l’encombrait. Mais cela se comprenait. Et maintenant que l’un d’eux l’avait vu dans cet état si inexplicable et épouvantable, il ne pouvait plus le cacher… Mais il retardait d’énoncer la vérité pour son jeune frère. Etait-ce surprenant ? Non. Parce qu’il avait dit qu’il le lui dirait en temps voulu. Et qu’encore une fois, il n’avait jamais donné une échelle de temps. Dans les faits, sans la précision qu’il venait d’apporter, il aurait très bien pu lui en parler dans plusieurs années… Mais pourquoi attendre, alors qu’il ne le faisait pas avec leurs géniteurs ? Avait-il peur que cela ne tracasse trop Alphonse et qu’il néglige ses études pourtant vitales à sa survie ? Ou manquait-il encore de quelque chose, comme la maturité, pour comprendre l’ampleur de son choix ?

Cassidy. A la simple évocation de son nom, le visage d’Isaac s’assombrit, l’espace d’une seconde, et il ferma les yeux, tout autant de temps, pour encaisser les paroles du blond, pourtant complètement anodines en apparence… Mais lourdes de sens aux yeux du Kleinschreiber. Lourdes de sens pour quelqu’un qui avait toujours vécu noyé dans la politique, noyé dans les jeux de pouvoir. Comme il l’avait imaginé, Ezra avait une dette, peut-être deux envers cette femme. Et elle lui demandait déjà rétribution. Néanmoins, l’étudiant s’abstint de faire la moindre remarque, et redevint impassible.

Oh, Isaac ne s’était de toute façon jamais attendu à le revoir avant sa remise de diplôme, alors même que le phrasé de l’homme se faisait moins froid, plus hésitant, plus doux. Il fut même presque surpris, en vérité, que le formidable Ezra Wright comptait sur lui pour être diplômé. Enfin… était-ce vraiment de la sincérité de frère d’un ami, qui parlait, ou celle d’un capitaine de la BOIH à la recherche d’allié ? Dans tous les cas, déjà, s’il le revoyait, il y avait de grandes chances, avant d’entrer à la BOIH s’il revenait d’Antiqua, que ce soit par l’intermédiaire d’Alphonse.

Mais il ne pouvait nier que chaque seconde en sa présence le rendait plus serein, plus tranquille. Comme s’il savait, au fond de lui, qu’Ezra veillait au grain, tant qu’il était dans les parages, comme s’il savait qu’ils n’avaient pas véritablement besoin de se parler beaucoup pour se comprendre, comme s’il savait qu’il pouvait s’appuyer sur lui pour aller décrocher sa propre lune et comme il aimerait pouvoir en faire de même pour lui. Comme s’il avait trouvé son âme soeur.

- Je crois que l’on nous a fourni l’un des meilleurs professeurs de tout Moderna pour ce faire. Ou en tout cas essayer, et si nous y travaillons sérieusement, finirait par dire Isaac sans même faire preuve de gaieté.

Bien sûr que l’expédition prévue en bout de course, pour ceux que Noxious Archangel jugerait digne, ne serait pas une sinécure. Peut-être serait-elle même plus dangereuse que d’autres. Mais il était indéniable qu’il devait surpasser la majorité des professeurs de l’ensemble des Académies héroïques. Parce que justement, il n’était pas professeur, il était expéditionnaire. Sa franchise et la vision réaliste, sans ambages, dont il les abreuvait, tous les conseils, qu’il distillait dans ses propos, étaient basés sur sa pratique. Qui devait surpasser de loin, les quelques expéditions des héros qui avaient décidé de prendre un travail plus sécuritaire dans une salle de classe.

- Mais j’imagine que vous êtes déjà au courant.

Surtout s’il était là à attendre spécifiquement ces jeunes gens à cet angle de couloir précis, à cette heure précise. Il savait qu’ils avaient repris les cours ici, qu’un nouveau professeur avait été trouvé pour leur classe, inévitablement.

Alors qu’il expirait sa fumée et qu’il fermait les yeux, se laissant aller, pour une fois, le noble continua de l’observer, silencieusement. Il était beau, si beau, si paisible. Intérieurement, le coeur d’Isaac manqua de chavirer. Et pourtant, son visage restait des plus tranquilles et des plus silencieux.

S’il n’avait pas évoqué Cassidy, ce n’était pas parce que le sujet l’embêtait, il était même curieux de connaître l’ampleur de ce qu’elle avait bien pu lui demander. Mais c’était parce qu’il ne voulait pas mêler Alphonse et Kyle à ça. Parce qu’ils n’avaient pas à savoir, pour l’instant. La politique était compliquée, lui y avait été plongé bien trop tôt, sans avoir le choix. On lui avait ravi une partie de sa naïveté, une partie de son innocence avant l’heure, bien avant l’heure, en grande partie à cause de ça. Alors si ses deux amis pouvaient encore être épargnés pendant quelque temps de ce monde si cruel et vicieux, il en serait satisfait. Et puis, il y avait bien deux ou trois autres sujets, très sérieux aussi, pour lesquels il imaginait plutôt la présence du Grealish et de son vieil acolyte dispensable. Parce qu’ils en avaient bavé, et qu’il ne voulait pas leur imposer une discussion… d’adultes, tout simplement. Une discussion froide et sérieuse - et aussi parce qu’il avait quelque chose à lui donner. Mais il ne voulait pas non plus les congédier pour s’accaparer Ezra, parce qu’il ne voulait décemment pas priver Alphonse de la présence de son frère pendant un bout de temps.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 11 Avr 2024 - 16:46

Retour à la routine

Ft Isaac
Ezra et Alphonse.


-Oui, répondit-il en toute sobriété à la supposition du Kleinschreiber.


On lui avait signalé qu'il avait été démarché pour enseigner à la classe au sein de laquelle son jeune frère se trouvait actuellement. On le lui avait signalé, parce qu'on croyait que cette nouvelle le ravirait. Avait-ce été le cas ? Pas vraiment. Il partait du principe que Noxious Archangel était certes un homme susceptible d'endosser un rôle d'une telle envergure sans passer pour ridicule, mais il ne le portait pas suffisamment dans son cœur pour bondir de joie à l'évocation de son sobriquet. Il existait entre eux trop de différences. Idéologiques, notamment. Il ne croyait pas que cet expéditionnaire infatigable réussirait à séduire Alphonse grâce à sa philosophie martiale, mais son pressentiment n'avait pas besoin d'être fondé pour être existant. Il n'aimait pas l'homme, cela n'allait pas plus loin.
Pourtant, ils ne s'étaient plus vus depuis de longues années. Ils n'avaient plus conversé ensemble depuis encore plus longtemps. Leurs dernières rencontres s'étaient faites... silencieuses. Particulièrement silencieuses. Parce que leurs rapports, dorénavant strictement professionnels, étaient simplement teintés d'un respect cordial. Ils savaient, l'un comme l'autre, les forces et les talents dont disposait leur vis-à-vis. Ils savaient, l'un comme l'autre, qu'ils abritaient suffisamment de force pour pouvoir disposer d'un impact considérable partout où ils passaient, où ils choisissaient d'agir. C'était sans doute parce qu'Ezra savait qu'il aurait été un homme d'action hors pair sur Moderna qu'il n'appréciait pas l'idée que Noxious Archangel se consacre à des épopées barbares sur une terre lointaine ; et c'était sans doute parce qu'il considérait que le pouvoir du Wright leur aurait rendu de fiers services que son homologue héroïque partait du principe qu'il se fourvoyait, qu'il se consacrait à une cause qui ne le méritait pas.
Comme un chien et un chat.
Comme un poète et un guerrier.
Comme un enquêteur et un soldat.

-Mi... minute, articula péniblement Alphonse en se renfrognant. Tu... Tu vas pas te tirer sans tout me dire, si ?
-Si.


Sa réponse tomba comme un couperet ; elle rabattit le caquet de son cadet, dont les poings se crispèrent sous le poids de son impuissance. De son amertume, aussi, probablement. Il aurait aimé pouvoir être utile à Ezra. Pas dans un futur plus ou moins lointain, plus ou moins fantasmé, plus ou moins hypothétique ; là, maintenant, sans plus tarder. L'obligation de négocier un diplôme, de réaliser une première expédition et de s'en sortir avec les honneurs pour convaincre une bande de bureaucrates suffisants de faire appel à ses services dans le cadre de la BOIH lui semblait tristement superflue. Risible, à plus d'un égard. Loin d'être en adéquation avec l'urgence de la situation.
Parce qu'il ne pouvait pas, même s'il le désirait de toutes ses forces, oublier le sinistre spectacle qu'Ezra avait produit devant lui, dans les couloirs déserts de l'Académie Glamis. Il ne pouvait pas oublier cette mare de sang dans laquelle son aîné avait bien failli baigner, exténué, terrassé par des démons dont Alphonse ignorait tout. Et si ce mal dont il souffrait devait finir par l'emporter, avant même que le héros en herbe ne parvienne à le retrouver... Que se passerait-il ? Comment obtiendrait-il des réponses à ses questions, nées sous l'impulsion d'une inquiétude des plus légitimes ? Quel goût pourraient bien avoir de telles réponses, formulées post mortem par une bouche qui ne serait pas la sienne ?

-C'est... Pas juste, grommela-t-il faiblement avant de retrouver un tant soit peu de sa contenance, sous le coup de son emportement. C'est pas juste ! Tu me demandes juste de continuer ma petite vie peinarde, sans me soucier de ce que t'endures, en faisant comme si rien n'était arrivé ? C'est ridicule !
-Je ne t'ai jamais demandé de m'idolâtrer, Alphonse.


La réponse, décochée vertement, décrocha la mâchoire d'Alphonse. Bouche bée, les bras ballants, l'air hagard, il dévisagea son aîné en silence ; ce dernier se débarrassa de sa clope, qu'il laissa choir et écrasa d'un coup de talon impitoyable, avant de renchérir, une lueur de dédain brillant dans les yeux.

-C'est toi qui t'es mis en tête que tu avais toutes les qualités requises pour suivre mon chemin. Que tu en sois convaincu ne rend pas cela véridique. Que tu feignes être celui que j'étais autrefois ne te destine pas à accomplir ne serait-ce que le quart de ce que j'ai déjà accompli. Tu veux que je te traite en égal ? Que j'arrête de te percevoir comme l'enfant que tu étais avant que le Naraka Catana ne fasse de nous des surhommes ? Commence par arrêter de marcher dans mon ombre.


Un bref regard en direction d'un Kyle désabusé, mais compréhensif, puis en direction d'un Isaac sur lequel il ne s'attarderait guère ; un signe de la tête cordial à leur égard aussi, puis Ezra tourna les talons, et commença à s'éloigner, à se diriger vers les escaliers qui le dirigeraient tout droit vers la sortie de cette Académie qu'il avait guérie de sa malédiction. Et des derniers mots, évidemment destinés à son cadet, qui tressaillit en les encaissant.

-Deviens un homme. Et reviens me trouver.


Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 11 Avr 2024 - 19:43

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Il était passé, effectivement. Comme une tornade, qui était apparue en un claquement de doigts et qui filait déjà vers d’autres horizons, dévastatrice. Et, encore une fois, il restait homme de parole. Ezra Wright dans toute sa splendeur.

La réponse laconique que le capitaine de la BOIH lui adressa lui donna raison, encore une fois. Approuvait-il ce choix d’enseignant ? Cela l’intéressait-il seulement ?

Le Kleinschreiber n’eut guère le temps de se pencher sur la question, puisqu’Alphonse se manifesta. Et Isaac s’imaginait très bien la réponse, qui ne tarda pas à tomber, à croire qu’il connaissait mieux Ezra que son propre frère. Il était homme de parole. S’il avait dit qu’il s’expliquerait en temps voulu, c’était pour ne pas s’avancer sur une date. S’il avait dit qu’il raconterait tout à Alphonse une fois qu’ils rentreraient d’Antiqua - et s’ils survivaient - c’était qu’il le ferait à ce moment-là. Ni plus, ni moins.

Ça pouvait paraître violent. Ça l’était sûrement du point de vue d’Alphonse. C’était simplement la franchise d’Ezra. Et cela fut sûrement plus violent encore, plus choquant, quand le cadet exprima sa frustration et son incompréhension vocalement et qu’il ne récolta qu’un blizzard cinglant et mordant.

Isaac le savait déjà, il était trop… extatique quant à son frère aîné. Il se rappelait encore le sourire qu’il avait affiché, alors qu’Ezra s’était montré en vidéo couvert de sang, entouré de cadavres découpés, comme si il ne remettait aucunement en question ce que son aîné était capable de faire, qu’il en était juste… fier, presque heureux de savoir qu’il avait trucidé des types.

Immature. Pas un homme. Ah, ça, qu’est-ce qu’on lui avait dit, à lui aussi, d’être un homme. Ça faisait probablement partie des raisons de son envoi à Glamis. Enfin, d’être plus qu’un homme, même. Mais il ne pouvait nier, en l’occurrence, que la maturité faisait partie des cruels défauts d’Alphonse.

Le Kleinschreiber resta mutique, en retrait de toute cette agitation, qui prenait des allures de dispute. Le conciliateur en lui ne s’interposait pas. Parce qu’il y avait une certaine part de lui qui pensait que son ami avait besoin de l’entendre, et pas de n’importe quelle bouche ; comme les paroles de Jake, violentes aussi, ne pouvaient que lui être bénéfiques. Parce qu’il avait besoin d’être fracassé en bas du mur pour avancer.

Et il ne fut pas déçu d’entendre le nouveau flot de palabres qui sortait de la bouche de l’homme dont il s’était épris. Alphonse n’était pas Ezra. L’écart était immense, ça faisait un moment qu’Isaac s’en rendait compte. Et la chute de réalisation du cadet devait être vertigineuse, en ce moment-même. Lorsque le regard d’Ezra croisa brièvement celui d’Isaac, il n’y aura vu que deux iris bleus des plus calmes.

Ce qu’il leur adressa, ensuite, à part des mots pour Alphonse, ce fut un signe de tête. Un simple signe de tête, un au revoir. Et il se tournait déjà, il s’éloignait déjà, sans même se préoccuper de ce qu’il avait bien pu engendrer. Pour quelqu’un qui représentait l’Ordre, il venait de générer un sacré chaos.

Alors Isaac réagit instinctivement. Aucun mot pour Alphonse ou pour Kyle, aucun regard non plus. Il les ignora, pour se focaliser sur celui qui avait amené tant de changements dans sa vie. Il avança droit vers Ezra, d’un pas suffisamment hâtif pour le rattraper sans réellement courir, mais pas pour l’arrêter ou le retenir. Non, il ne l’empêchait pas de partir, il ne l’empêchait pas de le repousser non plus. Mais il vint plutôt se poster à sa hauteur, se caler sur son pas et suivre la même direction. Et il ouvrit la bouche, pour lui poser, calmement, l’une des questions qui lui brûlaient les lèvres depuis bien trop de temps :

- Pourquoi avez-vous pris la peine de relever la tête pour le regarder mourir ?

Isaac ne prenait même pas la peine de citer Stuart plus convenablement. Il ne prenait pas la peine de lui demander s’il pouvait poser des questions. Il ne prenait pas la peine d’être doux ou prévenant. Il ne prenait pas la peine d’être ému d’une quelconque manière de la situation dont il venait d’être témoin. Il n’était plus tout à fait le même. Il était dorénavant maître de sa vie, maître de sa propre volonté. Lui, il était devenu un homme, ou proche de le devenir.

Il était neutre, presque froid. Peut-être aurait-il une réponse, peut-être pas. Il n’était sûr de rien. Peut-être qu’il allait se faire envoyer chier. Ou peut-être qu’Ezra daignerait l’éclairer.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 11 Avr 2024 - 20:26

Retour à la routine

Ft Isaac
Ezra et Alphonse.


Clap de fin.
Les deux Wright n'échangeraient probablement plus le moindre mot avant un bout de temps ; peut-être plus le moindre mot à tout jamais, si le destin d'Alphonse devait s'avérer particulièrement funeste. Ezra entendait-il être l'origine d'un déclic, d'une prise de conscience potentiellement salvatrice, ou voulait-il doucher les ambitions démesurées de son cadet de manière à le détourner de cette voie périlleuse au sein de laquelle il s'engageait pourtant avec un enthousiasme des plus déplacés ? L'attaquait-il sur son immaturité afin de lui faire comprendre qu'il ne méritait pas toutes les louanges qu'il recevait, ou cherchait-il simplement à le frustrer, à le blesser, de manière à déverser une part considérable de l'amertume qui pouvait le ronger, à l'idée de devoir rendre service à cette irritante Cassidy ? Il avait consenti à se rendre dans l'Académie Glamis, conformément aux souhaits formulés par Bassira et Gabriel ; ses deux subordonnés s'attendaient-ils à ce que se déroule une scène pareille, au su et au vu de tous ? Envisageaient-ils que le capitaine embrasserait une posture si revêche, qu'il soit si prompt à corriger son frère, à lui faire comprendre que ses caprices n'étaient en aucun cas pertinents ?
Kyle, de son côté, semblait aussi égaré qu'Alphonse n'était défait. Si le frère d'Ezra se contentait de le regarder l'éloigné, profondément déstabilisé, son vieil ami, de son côté, se contentait de balader son regard de l'un à l'autre des deux Wright. Cette discussion pourrait évidemment avoir nombre de conséquences heureuses... mais le représentant de la BOIH n'avait-il pas outrepassé ses devoirs fraternels, en intervenant avec une telle véhémence ? Où pouvait-on tracer la ligne entre saillie invitant à la réflexion, et insulte gratuite, superfétatoire ?

Contre toute attente, ce fut Isaac qui trouva la force de se mouvoir le premier ; pour rattraper Ezra d'un pas empressé, en délaissant momentanément ses deux camarades, en les abandonnant à leur désarroi. Si Kyle réprouva cette initiative d'un air bénignement étonné, Alphonse fit montre de son mécontentement avec davantage de clarté. Il darda le Kleinschreiber d'un regard presque hostile, une fois la surprise dépassée ; comme s'il avait peine à croire que celui-ci puisse se permettre si rapidement de rejoindre le capitaine de l'Unité Rouge-Gorge, lors même qu'il venait de le voir écharper vocalement son petit frère.
Et sa curiosité, Isaac pourrait avoir l'opportunité de la ruminer plus longuement que prévu ; car, lorsqu'il parvint à la hauteur d'Ezra, lorsqu'il se permit de le questionner, lorsqu'il pressa le pas pour ne pas le quitter d'une semelle, l'agent, non content de continuer à avancer, lui jeta un regard relativement antipathique.

-C'est jusqu'à présent votre question la plus inepte, Kleinschreiber. Si le bourreau détourne le regard, qui assistera au meurtre ?


Au-delà de cette répartie assassine, et du qualificatif particulièrement incisif avec lequel Ezra avait décrit l'interrogation de son interlocuteur, ce serait son air sévère et aigre, sans doute, qui retiendrait l'attention d'Isaac. Si, jusqu'à présent, le Wright avait fait montre d'une grande patience à son égard, force était cette fois-ci de l'admettre : l'heure n'était pour lui plus à la discussion philosophique. Sans doute parce qu'il avait troqué son rôle d'agent pour celui de frère aîné, il se permettait enfin de laisser transparaître sa volonté propre : celle d'écourter la discussion, une bonne fois pour toutes. Il n'avait plus rien à faire à Glamis.

Il continuerait donc sa route jusqu'à quitter l'établissement d'un pas volontaire ; une voiture, garée à quelques dizaines de mètres de là, l'accueillerait sur sa banquette arrière et démarrerait en trombe. Ezra Wright s'en irait, sans jeter le moindre regard en direction de son frère... en nourrissant sans doute l'espoir de le revoir à l'avenir.
Si la mort ne venait pas les cueillir d'ici là, l'un ou l'autre.

Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Ven 12 Avr 2024 - 8:31

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
La curiosité était une belle qualité. Mais elle était aussi un vilain défaut. Couplée au détachement, à la restructuration qu’Isaac essayait de bâtir sur lui-même… elle ressemblait à un bulldozer. Il devait accorder moins d’importance au regard des autres. Il devait attacher moins d’importance à les décevoir. Il venait de basculer dans l’extrême opposé de ce qu’il était auparavant. Mais ce qu’il devait trouver, c’était le juste milieu. Pas ce qu’il venait de faire.

Et on lui fit la remarque, d’une certaine façon. C’est Ezra qui s’en chargea, à vrai dire, parce qu’Isaac ne put remarquer l’hostilité d’Alphonse à son encontre. Sa réponse sèche, assassine, rappelant à ses oreilles son nom de famille, déstabilisa véritablement le jeune noble, pour la première fois depuis un moment. L’air aigri de son interlocuteur, également. Il n’avait pas envie de le voir tourner autour de lui, le message était clair. Machinalement, il continua d’évoluer de quelques pas à ses côtés, sans rien dire, la bouche entrouverte, le regard quelque peu baissé en direction du sol. Le fond de réponse, bien sûr, ne lui avait pas échappé. Mais là, tout de suite, ce n’était pas sa préoccupation. Ce n’était plus sa préoccupation.

Il avait posé la question de trop. Alors qu’Ezra était le seul à en détenir la réponse, qu’il était le seul à être susceptible de l’éclairer sur ses errances psychologiques, sur sa quête identitaire, qu’ils ne se reverraient pas avant très longtemps, si ce n’est jamais… Il venait de tout faire foirer. Alors qu’il aurait pu lui indiquer d’être plus bienveillant avec Alphonse, alors qu’il aurait pu essayer de lui donner ce présent qu’il avait tant voulu lui donner… Il se sentait comme une merde. Comme jamais il ne s’était senti. Pire, bien pire qu’oppressé par son plus jeune frère. Bien pire que lorsque les premiers regrets étaient venus l’étreindre à l’idée d’avoir pu blesser Grace. Pire que ce que son esprit essayait de lui montrer et d’expier lorsqu’il était sous la douche.

- Désolé d’être un con et… inutile.

C’était tout ce qu’il était susceptible de lui dire. De maigres et maladroites excuses, pourtant sincères. Culpabilisait-il déjà ? Bien sûr. Avait-il perdu la petite assurance qu’il avait réussi à se construire au fil des derniers jours ? Probablement. Il reconnaissait qu’il avait été stupide, trop curieux, trop hâtif. Qu’il venait de blesser une, voire deux personnes qui lui étaient chères... alors que c’était bien la dernière chose dont il avait envie. Que cela ne ressemblait pas au Isaac qui existait avant de s’être rendu à cette sordide soirée. Lui, qui n’avait jamais su se faire respecter par son propre frère, par sa propre famille, il en venait à être irrespectueux. Il avait été… égoïste. Il avait été ce qu’il ne voulait pas être. Rien que cette pensée lui fit remonter un goût des plus acides dans la bouche. Et ses pieds restèrent ancrés au sol, sans attendre de réponse ou de regard, laissant le capitaine de l’Unité Rouge-Gorge s’éloigner de façon solitaire. Essayant d’effacer le dernier regard qu’il lui avait adressé de sa mémoire, pour préférer garder de lui un souvenir de son visage paisible.

C’était peut-être leur dernière interaction. Parce que si Ezra mettait sans cesse en avant la condition de leur survie à Antiqua, lui n’était pas exempt d’être fauché par la mort durant ce laps de temps. Et Isaac souhaitait de tout coeur qu’ils puissent se revoir un jour, pour qu’il puisse faire véritablement amende honorable… Et repartir sur des bases plus saines.

Il aurait pu lui dire les sentiments qu’il éprouvait pour lui. Car malgré le fait de s’être fait rappeler à l’ordre de la sorte et qu’Ezra avait montré les dents à son encontre, son affection pour lui n’avait pas changé. Il était amoureux de cet impétueux oiseau, et il ne savait toujours pas quoi en faire, de ces sentiments. Même si les conditions de son passage à Glamis auraient été plus propices, Isaac ne lui en aurait sans doute pas parlé. Pas maintenant. Parce que cela ne rimait à rien de lui dire ça, alors qu’il allait peut-être crever sur un continent obscur, alors qu’il n’était pas sûr de ce qu’il voulait faire de ce que son coeur lui montrait quand il le voyait. Ça ne servait à rien.

Le Kleinschreiber resta au milieu de ce couloir, hébété, sans oser se retourner vers ses amis, penaud et perdu. Mais pas pour longtemps, puisque son téléphone vibra, dans sa poche. Il le sortit, machinalement, contempla de longs instants, l’écran indiquant le nom de l’appelant, sentant l’appareil être secoué de vibrations dans sa main, avant de darder cet écran et son propre reflet d’un regard des plus acariâtres.

C’était sa mère. De toutes les personnes qui étaient susceptibles de l’appeler, il fallait que ça soit elle, dans un moment pareil. Alors qu’en temps normal, bien que l’envie lui manquait à chaque fois, il décrochait, parce qu’il savait qu’on ne tolérerait pas qu’il ne le fasse pas, de sa main libre, il vint poser son pouce sur l’écran et fit un geste sur le côté pour rejeter l’appel. Quitte à faire foirer encore plus cette journée, autant commencer à se passer la corde autour du cou de ce côté-ci aussi. Il n’en avait plus rien à foutre. Il était en train de tout perdre, par sa propre faute.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Sam 13 Avr 2024 - 15:51

Retour à la routine

Ft Isaac
Ezra.


Un bref regard plissé, peut-être porteur d'un tantinet de suspicion, comme s'il doutait du sens des propos que son interlocuteur venait tout juste de formuler, soudain démoralisé... et le silence. Ce furent les deux seuls présents qu'Ezra daigna offrir à Isaac avant de prendre congé, quittant l'enceinte de l'Académie Glamis, cette fois-ci pour de bon. Il ne comptait pas remettre les pieds dans cet établissement avant de longues, très longues années ; peut-être plus jamais, même, dans la mesure où il ne voyait pas trop quels troubles pourraient bien justifier qu'on l'y déploie, a fortiori lorsqu'on considérait que le personnel était chaque année plus aguerri, renforcé par de nouveaux cortèges de héros fraîchement diplômés, prêts à affronter les périls de la vie d'enseignants en prenant à leur compte la responsabilité de former leur successeurs sur Antiqua. En outre, il n'avait jamais été très prompt à la nostalgie, et s'il avait lui-même étudié entre ces murs, il ne se sentait pas spécialement ému ou enthousiaste à l'idée de redécouvrir les couloirs des dortoirs où il avait pu bénéficier de ses nuits de sommeil rassérénantes après s'être épuisé de longues heures durant aux terrains d'entraînement qui bordaient le campus, ou aux gymnases lorsque la grisaille britannienne se faisait trop tenace, trop omniprésente. Il n'avait plus rien, n'aurait plus rien pour l'attirer ici-bas, surtout pas maintenant qu'il avait dit à Alphonse ce qu'il avait à entendre, surtout pas maintenant qu'on le destinait à une carrière plus bureaucratique que la précédente.
Il disparut, donc, en grimpant dans la voiture qu'on avait spécialement apprêtée pour lui.

-J'en ai vu, des sales gueules, mais des comme ça, pas souvent.


Taylor Alicia.


Quelques cahiers coincés entre son buste et ses bras repliés, Alicia détailla Isaac de pied en cap, et le gratifia de cette pique acerbe, non sans esquisser un sourire compatissant. Elle venait tout juste d'arriver, se rendait dans la salle de classe où elle et ses camarades devraient se réunir une fois l'heure du repas achevée, avait croisé le frère aîné d'Alphonse, l'avait salué d'un bref signe de la tête, s'était heurtée à un mur d'indifférence, avait compris que l'heure n'était peut-être pas judicieusement choisie pour tenter de converser distraitement avec lui... avait compris, à force de remonter le couloir, que le Kleinschreiber n'était peut-être pas étranger à l'état moral calamiteux que le Capitaine de la BOIH affichait en quittant l'Académie, plus morne et plus gris qu'il n'avait jamais semblé l'être jusqu'à présent.
Elle imagina promptement, aussi, que la BOIH allait achever de débarrasser le plancher, maintenant que le professeur Stuart avait été définitivement évincé, et qu'un remplaçant digne de ce nom avait été intronisé auprès de ses anciens élèves ; peut-être Ezra venait-il tout juste de saluer son frère, avec l'idée désagréable en tête que cela pourrait bien être leur dernière interaction. Antiqua les attendait, au bout du chemin. Et même si les chiffres s'amélioraient d'année en année, ils demeuraient encore bien assez funestes pour encourager le pessimisme des familles et des proches.

-Je vais poser mes affaires, et je vais manger, après. Tu veux venir ?


Elle n'était probablement pas la demoiselle la plus pimpante, ni la plus élégante ; mais elle savait reconnaître un type désoeuvré qui avait besoin de vider son cœur. Si l'idée plaisait au Kleinschreiber, elle irait promptement déposer ses effets personnels à son bureau, puis l'accompagnerait jusqu'au réfectoire où ils auraient tôt fait dénicher une table de deux à laquelle ils pourraient s'installer.
Restait à savoir, toutefois, si le jeune noble pouvait trouver cette idée attrayante.

Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Sam 13 Avr 2024 - 21:31

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Ezra Wright n’avait peut-être récolté que ce qu’il avait semé. A force d’impliquer le Kleinschreiber dans des affaires qui le dépassaient au plus haut point, de le confronter, lui, ses amis, ses camarades, sans le moindre état d’âme, au danger, à l’horreur, à la mort… cela pouvait amener à des changements radicaux pour y survivre au mieux ou se préparer aux suivantes. Trop radicaux. Ils étaient plusieurs à l’avoir dit à Isaac, pourtant : ces situations n’auraient jamais dû leur tomber dessus, pas si tôt dans leur formation. Parce que c’était sans doute impossible de tout encaisser sans y laisser des plumes au passage.

Et les plumes qui tombaient des ailes du jeune noble, c’était son empathie, sa compassion, que l’aîné des Wright avait eu le bon goût de lui rappeler en lui soufflant ces pennes tombées au visage, alors que lui-même semblait si souvent en être dénué.

Mais ça, cela ne viendrait probablement jamais à l’idée d’Isaac de le voir comme tel. Parce qu’Ezra avait été celui qui lui avait permis de se libérer, celui qui lui avait montré la liberté. Il pouvait lui imputer des maux, mais pas celui-là.

Et si les excuses qu’il avait prononcées à son encontre ne lui enlevèrent aucun poids sur la conscience, l’ultime regard qu’il reçut et le silence qui suivit ne l’augmentèrent pas, au moins.

C’était la première fois que le Wright le regardait de cette façon. Suspicieusement. De quoi doutait-il ? De la sincérité de son interlocuteur ? C’était le plus probable. Sauf s’il n’en avait jamais rien eu à foutre. Ce qui… ne serait pas étonnant non plus, venant de lui. Il était encore mystérieux, bien trop mystérieux… et terriblement attirant, par le même sortilège. Il n’était qu’un grand mystère, que le Kleinschreiber aimerait bien résoudre, s’il ne se sentait pas aussi mal.

La voix d’Alicia le tira de ses sombres pensées. Il releva la tête, rangea son téléphone dans sa poche tout en la regardant, comme si c’était anormal qu’elle se trouve là. Son commentaire ne le fit aucunement sourire, mais cette présence amicale, bienveillante, était peut-être un échappatoire à la morosité et la culpabilité qui étaient en train de l’englober.

- J’ai l’art de me créer des problèmes, je crois, soupira-t-il en se passant la main sur le bas de son visage.

Il n’avait pas envie de discuter. Pas envie de parler de ces soucis qu’il venait d’énoncer. Pas envie, peut-être non plus, de retourner dans l’immédiat auprès d’Alphonse et de Kyle.

Il avait peur. Peur de ce qu’il allait bien pouvoir découvrir à leurs côtés, dans le sillage que venait de laisser la tornade dévastatrice nommée Ezra. Peur d’assister à l’effondrement de son ami. Peur de devoir assumer sa fuite auprès de l’aîné des Wright. Mais il devait aussi se trouver à ses côtés. Cette dualité parfaitement contradictoire, il ne l’aimait pas. Pas du tout. Parce qu’il se retrouvait indécis… et il finit, à contrecoeur, à en expliciter la raison à haute voix, pudiquement, après l’invitation d’Alicia :

- Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Pas que je n’en ai pas envie mais… je crois qu’Alphonse va avoir besoin de soutien. Sauf qu’il est probable qu’il m’en veuille, présentement.

La vérité, c’est qu’il n’en savait rien. Le temps de rattraper Ezra, le temps de lui parler, le temps de recevoir sa réponse foudroyante, ils s’étaient bien éloignés de ses deux amis. Ils n’étaient même plus visibles. Avaient-ils pu comprendre, ou même imaginer la raison qui l’avait poussé à le suivre derechef, avant que le Wright ne quitte définitivement Glamis ?

S’il décidait de retourner les voir, l’accepteraient-ils comme si de rien n’était? Alphonse ferait-il déjà comme si tout allait bien ? Seraient-ils encore là, même ?

Les amitiés pouvaient-elles se briser de cette façon ? A cette question, Isaac n’en avait absolument aucune réponse. Le néant. Parce que ses premiers véritables amis étaient ceux qu’il venait de laisser. D’abandonner. Cette situation lui était inédite. Et la relation houleuse qu’il entretenait avec son propre frère ne lui était d’aucune utilité en la matière. Ni celle, au contraire, avec sa soeur, qu’aucune dispute n’avait jamais ombragé.

Il devait réfléchir avec pragmatisme. Si Alphonse lui en voulait profondément, était-il nécessaire de s'échiner à restaurer leur amitié ? Ce genre de scènes ne serait-il pas amené à se reproduire, si c'était le cas ? Ne serait-ce pas, à la longue, plus néfaste qu'autre chose ? Ne devait-il pas lui laisser un peu de temps, avec Kyle, pour ruminer ce qu'il venait de se passer ? Ce n'était pas comme s'il était susceptible d'être bien placé pour donner des conseils sur une relation fraternelle... Mais cela lui faisait mal au coeur de savoir que le cadet Wright était mal et de ne pas être présent pour lui...

- Je... vais le laisser tranquille pour l'instant, je pense, dit-il timidement. Si ta proposition tient encore, je veux bien.

Devait-il au moins prévenir Kyle, par message, qu'il déjeunait avec Alicia qu'il avait trouvé en chemin ? Lui en voudraient-ils ?
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Lun 15 Avr 2024 - 9:41

Retour à la routine

Ft Isaac
Taylor Alicia.


-Hm, répondit-elle sobrement, avec une relative perplexité.


L'art de se créer des problèmes ? Si elle n'avait pas été en mesure de percevoir sa détresse, elle aurait probablement eu le mauvais goût de retourner le couteau dans la plaie, et ce plutôt deux fois qu'une. Mais c'était là une particularité qu'il partageait avec bon nombre de ses pairs... à commencer par Alphonse, par Kyle et par Angela, sans l'ombre d'un doute. Elle-même, à son échelle, avait eu à souffrir de choix douteux ; et elle imaginait sans peine que ce constat s'appliquait à l'immense majorité des autres héros en herbe qu'abritaient cette Académie, pour ne pas dire à l'ensemble de l'Humanité. Ils ne pouvaient pas toujours prendre de bonnes décisions, c'était illusoire que de l'espérer ; et c'était au travers de leurs échecs qu'ils apprenaient à se forger. Certains, à l'instar d'Emma, finissaient par y laisser des plumes... par être transfigurés par les épreuves qu'ils avaient à subir. D'autres, au contraire, resplendissaient de plus en plus.
Elle ne la connaissait finalement que trop peu, mais Alicia avait le sentiment que c'était notamment le cas d'Angela ; elle avait dû se priver de l'être aimé, le trahir, même, en observant sa déliquescence progressive et en ne pouvant strictement rien faire pour la limiter ou l'interrompre... mais elle était de nouveau sur le front, à s'entraîner deux fois plus que quiconque, à fréquenter ceux-là même qui auraient dû rappeler en elle les souvenirs les plus insoutenables, à sourire et à rire comme si rien de tout cela n'avait jamais eu lieu.
Leur faculté à aller de l'avant serait constamment mise au défi, compte tenu de la carrière pour laquelle ils avaient opté, compte tenu aussi de son caractère périlleux... personne mieux qu'Angela ne semblait l'avoir compris.

-Allons-y, alors.


S'il choisissait de ne pas décliner son invitation, elle n'allait pas se faire prier ; elle rapporta ainsi ses effets personnels jusqu'à la salle de classe du professeur Evans, puis prit la décision de se diriger directement jusqu'au réfectoire, en imaginant sans trop de peine qu'Isaac lui emboîterait le pas. Une fois attablée, elle ne manqua pas de leur servir à tous les deux un grand verre d'eau ; elle lui aurait bien proposé un verre de vin, mais ils n'en étaient qu'au milieu de leur journée, et elle ne croyait pas que son professeur était homme à accepter de voir ses étudiants se ramener torchés comme des malpropres. Elle n'avait pu que l'entrapercevoir, jusqu'à présent, mais sa réputation formidable parlait pour lui... Le professeur Evans, d'ailleurs, avait tenu à leur en toucher un mot. Comme pour continuer à entretenir la solidarité que les deux classes pouvaient éprouver l'une pour l'autre.

-Bon, alors, dis-moi ? Qu'est-ce qui te tracasse ?


Elle mettait les pieds dans le plat, comme à l'accoutumée ; elle avait suffisamment insisté par le passé pour leur faire comprendre à tous qu'elle n'était pas la plus habile des psychologues, pas la plus éloquente des demoiselles, et qu'elle s'en satisfaisait parfaitement. Elle considérait très pragmatiquement que si Isaac avait choisi de répondre à son invitation tout en la connaissant, c'était qu'il souhaitait obtenir un point de vue, des conseils ou un retour critique sur sa situation, et sur tout ce qui pouvait bien graviter autour de lui à ce moment précis ; à moins, éventuellement, qu'il n'ait perçu sa présence que comme un moyen d'échapper à la solitude, et à ses relents de culpabilité.
Il serait libre de s'exprimer sans ambages, en tout cas. Les tables les plus proches étaient suffisamment bruyantes pour couvrir complètement leurs voix ; et, en outre, les seuls membres de sa classe présents dans le réfectoire se trouvaient à l'autre bout de la pièce aux dimensions plus que respectables. Nulle trace ni d'Alphonse, ni de Kyle, qui avaient peut-être choisi de se rabattre sur une autre solution pour se remplir l'estomac ; si bien sûr ils avaient eu le goût de se remplir l'estomac en premier lieu...
Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Lun 15 Avr 2024 - 11:33

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Il suivit, docilement la jeune femme, l’accompagnant jusqu’à sa salle de classe, essayant de se reconstruire un visage moins morne et désoeuvré que lorsqu’elle l’avait trouvé, même si l’anxiété restait peinte dans son regard. Il resta silencieux tout le long du trajet, se contentant simplement de sa présence, aussi particulière que rassurante, en un sens. Et s’il suivait distraitement tout ce qu’il se passait, qu’il rejoint en sa compagnie le réfectoire et composa son plateau mécaniquement, son esprit cherchait déjà à s’occuper plus ou moins autrement.

Sans réussir à oublier ces dernières interactions désastreuses, il prenait le parti de digérer le fond de la pensée qu’avait induit l’agent de la BOIH avec la réponse incisive qu’il lui avait adressé.

Le bourreau devait regarder le fruit de son travail. Il devait regarder ses propres exactions macabres. Il devait s’assurer que son travail était bien fait et qu’il ne se relèverait pas. Qu’il ne risquerait plus jamais de faire de mal à quelqu’un. Alors même qu’Ezra n’avait pas pu finir de le faire lui-même avec Stuart, il se considérait quand même comme son bourreau.

Etait-ce pour ça qu’Isaac avait été si prompt à vouloir mettre à mort de sa main Jak ? Pour être sûr et certain qu’il ne nuirait plus à qui que ce soit ? Oui. C’était même la raison première qui avait motivé cette idée chez lui. Etait-ce pour ça qu’il avait posé le regard sur Stuart en cherchant à voir la vie le quitter ? Pour être sûr qu’il était véritablement mort et qu’il ne poserait plus jamais problème ? Entendait-il pouvoir suivre la même voie qu’Ezra ? Se considérait-il lui-même déjà comme un bourreau ? Il n’en avait aucune idée. Il n’avait aucune idée quant à savoir s’il arriverait à supporter tout ça, ou s’il en deviendrait complètement fou.

Il remercia sa camarade d’un bref signe de tête lorsqu’elle se permit de lui servir de l’eau, toujours aussi fermé et silencieux.

Mais elle ne comptait pas le laisser n’être qu’une ombre en sa présence, visiblement, puisqu’elle ne tarda pas à l'interroger, l'invitant à formuler ce qui le rendait si morose. Aussi franche et directe qu’Ezra, d’une certaine façon. Et cette pensée aurait eu le don de lui arracher un faible sourire s’il ne se sentait pas aussi défait intérieurement.

Le Kleinschreiber resta encore silencieux de longues secondes, à la suite de la question qu’elle lui posa, l’invitant à s’épancher sur les problèmes qui le rendaient si morose. Il n’était pas du genre à se confier comme ça… Mais ça l’encombrait un peu trop pour qu’il puisse se débrouiller seul. Alors il commença à se confier, en dressant objectivement les faits qui s’étaient déroulés.

- Alphonse idolâtre son frère et il est persuadé qu’il ne pourra que l’égaler, un jour ou l’autre. Le capitaine Wright est revenu brièvement à l’Académie aujourd’hui pour l’informer qu’ils ne se reverraient plus avant Antiqua. Alphonse a… fait un caprice, en réponse, son frère lui a rappelé son immaturité et le fait que personne ne lui avait demandé de l’aduler, de manière virulente. Et il est parti sur ces derniers mots.

Il fit une pause, porta à ses lèvres son verre d’eau, en avala une gorgée, le temps de structurer ses pensées pour présenter la suite.

- Alphonse ne se remet pas en question, même quand il se retrouve dos au mur. La seule façon de se rendre compte qu’il a tort, c’est quand on le fracasse contre le mur. Je crois que c’est malheureusement ce qu’il avait besoin d’entendre, c’est particulièrement dur, j’en conviens, et c’est pour cela que je pense qu’il aura besoin d’être soutenu.

Il était relativement concis, pour une fois, flou, volontairement, parce que les détails ne devaient sûrement pas regarder plus Alicia. Mais ses propres mots, venaient de mettre en lumière un autre point commun : quand on les cherchait un peu trop, Isaac comme Ezra utilisaient la vérité pour blesser.

- De mon côté, j’étais présent quand cela s’est déroulé. Quand le capitaine est parti, je l’ai suivi pour… quelque chose que je n’aurais pas dû faire. J’ai abandonné le frère qui est censé être mon ami pour rattraper l’autre et lui dire quelque chose dont il se serait bien passé. J’ai été incorrect avec les deux. Bien trop incorrect.

Et il s’en voulait vis-à-vis des deux. Qu’Ezra soit capitaine de la BOIH n’influençait même pas sa culpabilité. Ça ne l’effrayait pas non plus… non, ce qui le contrariait, c’était d’avoir blessé quelqu’un qu’il estimait et qu’il appréciait.

- Après, j'ai aussi d'autres soucis à régler en ce moment, donc cela ne m'aide en rien... Peut-être que... peut-être que je me prends la tête pour rien mais le fait est que, compte tenu de tout ce qu'il m'est tombé dessus depuis mon arrivée ici, j'ai encore du mal à savoir ce que je dois prioriser sur certains points.

Ou savoir qui être. Attachait-il trop d'importance, encore une fois, à des choses insignifiantes pour bien d'autres ? Lui qui n'aimait pas blesser autrui, qui était en train de changer drastiquement de vie, devait-il changer profondément aussi en son for intérieur ?
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Mar 16 Avr 2024 - 17:41

Retour à la routine

Ft Isaac
Taylor Alicia.


-Et moi qui commençait à me dire que c'était plus reposant de côtoyer des hommes que des femmes, soupira une Alicia dépitée en conclusion du premier monologue qu'Isaac lui livra sur un plateau d'argent.


Elle avait toutefois fait montre d'une grande patience pendant toute sa prise de parole ; et, en l'occurrence, si elle se permettait d'esquisser ce petit trait d'esprit, ça n'était pas tant pour dégrader le ressenti de son camarade ou pour s'en moquer que pour lui souligner le caractère a priori provisoire de cette brouille, de cette complication au sein des relations qu'il avait tissées avec les deux Wright. Il y avait plus grave. Ils avaient vécu plus grave, tous autant qu'ils étaient. Et ils vivraient plus grave, à n'en pas douter, au cours des mois à venir. S'ils n'étaient pas capables de mettre leurs ressentiments de côté, a fortiori lorsqu'il s'agissait de sujets aussi peu dramatiques, ils auraient toutes les peines du monde à affronter les moments de détresse qu'Antiqua leur réserverait pernicieusement...

-Pour être tout-à-fait franche, je comprends pourquoi Alphonse tend à idolâtrer son frère. Si j'étais lui, j'en ferais sûrement de même... Et si j'étais son frère, j'en aurais sans doute aussi un petit peu ras-le-bol. Leurs deux points de vue sont légitimes, ils s'entendent, et je crois que ça lui fera du bien d'en prendre conscience, poursuivit-elle en songeant au plus jeune des deux Wright.


Il avait un besoin cruel de grandir un peu, de mûrir. Elle sentait, de son point de vue, qu'Isaac et Kyle étaient prêts à franchir un cap dans leur vie. A entamer leur mue jusqu'à leur vie d'adultes accomplis et matures. Elle ne croyait pas que c'était le cas d'Alphonse, qui demeurait plus prévisible, plus puéril, plus provocateur aussi. Elle n'imaginait pas qu'il finirait par se lisser complètement, parce qu'il n'avait pas exactement le profil d'un futur bureaucrate irréprochable -quoique, l'avenir pouvait bien leur réserver des surprises aussi loufoques que celle-ci-, mais elle songeait toutefois qu'il avait encore quelques progrès à réaliser sur le volet psychologique avant d'être parfaitement prêt à passer à la suite. Plus que physique, d'ailleurs : parce qu'au contraire d'un certain nombre de ses collègues, il était doué dans de registre, et qu'il savait déployer une certaine intelligence tactique lorsqu'il lui fallait conjuguer ses talents martiaux et son pouvoir d'immobilisation visuelle.
Et c'était cette prise de conscience, probablement, qu'Ezra entendait provoquer en lui rentrant si sèchement dans le lard ; alors, à cet égard, la Taylor croyait n'avoir pas grand-chose à exprimer de plus. D'une part parce qu'il n'était pas pertinent, pour une personne aussi extérieure à cet imbroglio qu'elle ne l'était elle-même, de prendre parti trop ouvertement ; d'autre part parce que de toute manière, réprouver les méthodes du capitaine de la BOIH ne mènerait pas à grand-chose. Il était dans son bon droit... et il n'était pas homme à se soucier des impressions de gamins même pas diplômés.

-Mais du coup, je crois que c'est surtout ce qui te concerne directement qui pose problème, je me trompe ? Tu as peur qu'Alphonse t'en tienne rigueur, d'avoir privilégié son frère plutôt que lui ? Et... Si ça n'est pas indiscret, pourquoi est-ce que tu as eu l'envie de rattraper son frère ? Qu'est-ce que tu lui as demandé ?


Difficile de lui donner un avis objectif et critique s'il ne consentait pas à lui en dire davantage, malheureusement ; avec de si maigres informations, elle ne risquait pas d'avoir un retour très éclairé à lui fournir. Ainsi, si le Kleinschreiber semblait prompt à lui en dire davantage, elle se contenterait là encore de faire silence et d'écouter docilement ; dans le cas contraire, elle composerait avec ce qu'elle aurait, mais ne pourrait probablement pas s'empêcher de faire montre de son agacement. Elle n'était pas venue ici pour qu'il évite sempiternellement les questions qu'il jugeait sensibles : s'il ne se sentait pas de lui faire confiance, elle se poserait la question du bien fondé de son initiative.
Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Mar 16 Avr 2024 - 21:20

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Cette fois, la pique d’Alicia permit de faire apparaître une ridule à la commissure des lèvres sur le visage du Kleinschreiber, qui s’effaça quelques instants plus tard.

- J’ai la fâcheuse tendance à accorder de l’importance à des choses que d’autres trouvent insignifiantes, je le sais… répondit-il calmement.

Elle n’était pas la première à essayer de le lui faire comprendre. Et elle ne serait sans doute pas la dernière. Mais il le savait déjà. Et il savait déjà que cela serait dur de le faire changer sur ce point. Il avait passé sa vie à décevoir, à culpabiliser - peut-être en grande partie parce qu’on avait voulu le faire culpabiliser - à ce propos, à essayer de ne pas entacher ce qu’il était susceptible de réussir - pas grand-chose, donc, jusqu’à son arrivée à Glamis. On lui avait mis sur le dos bien des fautes, il s’en imputait d’autres lui-même. Il se compliquait indubitablement la vie. Peut-être pensait-il trop aux autres, finalement. Peut-être devait-il se montrer un peu plus égoïste, prendre un peu soin de lui, s’affranchir un peu d’autrui… vivre pour lui, alors qu’il avait envie de se dédier à autrui.

Isaac hocha simplement la tête quant à la suite des propos de la demoiselle. Il pouvait comprendre, lui aussi… Il le comprenait d’une manière très différente, aussi, et peut-être plus profonde et mature qu’Alphonse n’était susceptible de le faire pour l’instant. De là à dire que le Kleinschreiber idolâtrait également le capitaine de l’Unité Rouge-Gorge, il n’y avait peut-être qu’un pas, mais qui devait être faux. Parce que c’était bien le premier à ne pas prendre ses paroles pour des paroles saintes, à lui rappeler, aussi, que ses manières étaient discutables, à ne pas s’en faire un modèle à suivre… et à le voir comme un être aussi délicat que rustre, aussi fragile que fort… un être parfaitement humain, qui avait fait chavirer son coeur.

Et aussi, il n’arrivait même pas à s’imaginer avec un grand frère, qu’il soit une copie conforme d’Ezra ou non. Plus largement, Isaac n’était jamais parvenu à s’imaginer - alors que pourtant, son imagination était très fertile - avec une famille un peu plus… classique. Avec des relations moins houleuses. Ou même un environnement social plus modeste. Peut-être parce qu’il savait pertinemment que c’était un rêve complètement illusoire, et que cela le rendrait sans doute bien triste de savoir qu’il n’y aurait jamais droit.

Son interlocutrice commença à lui poser des questions. A commencer à s’intéresser de plus près au coeur du problème, qu’il avait adroitement et sciemment survolé. Qu’allait-il bien pouvoir lui répondre ? Avait-il envie de lui déballer, à elle, tout ce qui était en train d’assombrir son coeur ? Lui faisait-il assez confiance pour ça ? Etait-il obligé de tout lui dire ? Est-ce qu’il ne pouvait pas, simplement, continuer d’éviter les sujets les plus sensibles ?

Son téléphone vibrait de nouveau, de manière régulière, dans sa poche, le ramenant à une autre réalité. Et il aurait sans doute sonné, si Isaac ne le mettait pas si souvent sur silencieux. Après qu’Alicia eut fini de parler, il s’en saisit toutefois, regarda brièvement le nom de l’appelant… encore sa mère. Sa mâchoire se crispa, et il rejeta de nouveau l’appel, avant de ranger son téléphone, et d’enfin prendre le temps de réfléchir à ce que son interlocutrice venait de demander.

Comment pourrait-elle profiter des informations qu’il était susceptible de lui livrer ? C’était surtout ça, le problème. Comment pourrait-elle retourner ses paroles, si jamais elle le souhaitait, tant le fond que la forme, contre lui ? Plus cette question trottait dans sa tête, plus il n’y trouvait qu’une réponse : elle ne pouvait pas. Et cette réponse, qui avait surgi dans son esprit comme un diable hors de sa boîte, n’était pas étrangère à ce qu’il avait vécu depuis son arrivée à Glamis, depuis qu’il s’endurcissait, depuis qu’il prenait le chemin de sa propre volonté. Depuis qu’il avait pris le parti de s’assumer. Tant qu’il ne lui disait pas la hauteur de l’appréciation qu’il avait pour Ezra, ça devrait aller… n’est-ce pas ? Le reste… n’était pas si important, si intime, le reste… il pouvait l’assumer devant tout le monde. Alors, après un instant de silence, il commença un semblant de réponse :

- Cela me désole qu’ils aient pu se quitter comme ça… et je considère que mon attitude était complètement à côté de la plaque, que je n’ai considéré ni l’un ni l’autre, sur le moment. J’ai peur qu’Alphonse m’en veuille, oui. Je suis parti tout de suite, sans rien dire, sans lui adresser le moindre regard.

Et lui, s’il avait vu Alphonse le trahir comme ça pour son propre frère après une dispute plus que houleuse, qu’en penserait-il ? A nouveau, il prit le temps d’avaler une bouchée du contenu de son assiette, et de l’avaler complètement avant de reprendre la parole :

- Si j’ai souhaité aller vers son frère, c’est parce que je n’aurai pas l’opportunité de le revoir avant longtemps, si ce n’est jamais. Lui et moi ne sommes pas différents l’un de l’autre, sur certains plans, sur nos points de vue, je crois. Cela peut paraître étrange, mais il m’a aussi beaucoup aidé en me mêlant à son enquête comme il l’a fait, je ne sais même pas s’il se rend véritablement compte jusqu’à quel point, d’ailleurs. Alors il y avait des choses que j’avais envie de lui dire et des choses à lui demander. Excepté que le moment était mal choisi, vu ce qu’il venait d’exprimer à l’encontre d’Alphonse.

Leurs idéologies, bien que la sémantique divergeait, restaient relativement semblables, en tout cas au vu des discussions qu’ils avaient pu entretenir, de ce que le Kleinschreiber avait pu étudier d’Ezra. Sur bien trop de points pour que le noble ne cherche pas naturellement à apprendre à connaître l’aîné des Wright un peu plus. Pour lui, ils étaient aptes à se comprendre et à s’entendre, sans même avoir des éclats de voix, sans même pousser l’autre dans ses retranchements pour lui prouver qu’il avait tort. Non, ils étaient capables de converser en adultes, d’entendre le point de vue de l’autre, de tomber d’accord. Et ça, c’était bien trop rare et trop cher au Kleinschreiber.

Restait la dernière question que lui avait posé Alicia. Et de nouveau, Isaac marqua un blanc, mais pas parce que cela le dérangeait de lui dire en tant que tel : non, il ne savait simplement pas s’il en avait véritablement le droit, tant ce que les bruits de couloir, plus ou moins officiels, répandaient quant à la mort de Stuart et tout ce qui gravitait autour. Et inévitablement, expliquer qu’Ezra avait été à sa merci, qu’il ne l’avait pas tué, qu’il était exténué mais qu’il avait tenu à le regarder mourir laissait bien trop de zones d’ombre critiques. Alors, Isaac décida d’assumer cet état de fait, qu’il y avait peut-être des choses sensibles liées, qui en impliquait d’autres, qui les dépassaient aisément tous les deux :

- Je… ne suis pas sûr de pouvoir te le raconter dans les détails mais cela concernait ce qu’il s’est déroulé l’autre nuit. Ce n’était pas de la curiosité pour faire la conversation ou pour… je ne sais pas, pour le retenir, c’est simplement que c’était le seul à pouvoir m’apporter une réponse sur ce point-là, et que c’était une réponse qui pouvait m’aider à me comprendre un peu plus. La suite c’est que… seulement avec son regard il m’a bien fait comprendre qu’il ne voulait pas me parler. Il m’a quand même répondu, mais de manière… assez incisive, et a, a priori, trouvé ma question complètement idiote. Alors je n’ai pas continué, j’ai essayé de m’excuser et je l’ai juste regardé partir.

Il n’avait pas eu le loisir de lui dire tout ce qu’il avait à lui dire. Il avait préféré agir pour lui-même, égoïstement, en se fichant d’Ezra, en se fichant des probables sentiments ou ressentiments qu’il pouvait porter suite au monologue vindicatif qu’il avait adressé à son petit frère. C’était ça, qui lui faisait mal. Le fait d’avoir blessé quelqu’un qu’il aimait en étant égoïste.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 18 Avr 2024 - 14:49

Retour à la routine

Ft Isaac
Taylor Alicia.


Elle l'écouta placidement tandis qu'il se faisait un tant soit peu plus prolixe au sujet des péripéties ayant contribué à lui conférer l'allure d'un parfait petit cadavre fraîchement déterré. Ainsi donc, l'affaire était liée à tout ce marasme qui avait occasionné la venue des agents de la BOIH au sein de l'Académie Glamis ; et plus particulièrement à la résolution de celui-ci, avec la mise-à-mort du professeur Stuart qui, selon les racontars, avait opté pour la voie de la violence lorsque les agents de l'agence d'investigation avaient été en mesure de lever le lièvre de sa duplicité. Si elle avait entendu dire qu'Isaac, Alphonse, Kyle et Angela avaient assisté à ce sinistre carnage, elle n'avait pas pris le temps de vérifier la véracité de ces rumeurs en s'adressant directement aux principaux concernés. Pas même à la demoiselle, laquelle était pourtant sa camarade de classe ; elle tendait à croire que ce sujet pouvait s'avérer profondément invasif, en cela qu'il pouvait contribuer à faire ressurgir de mauvais souvenirs, et qu'il n'était probablement pas judicieux de ressasser tout cela simplement afin de soulager sa propre curiosité. Elle opina donc du chef maigrement, tandis que le Kleinschreiber poursuivait en ajoutant qu'il avait sans doute écouté davantage son cœur que sa raison, en ignorant magistralement l'état de détresse potentiel dans lequel Alphonse avait pu être précipité, à la suite des remontrances que son aîné avait tenu à lui adresser. Voilà effectivement qui lui permettait d'y voir un peu plus clair, même si elle avait le sentiment, l'intuition féminine peut-être, qu'il persistait à lui cacher quelques informations ; et pas seulement des données classées confidentielles par la BOIH. Aussi, et surtout, des données qu'Isaac tenait à conserver secrètes pour des raisons qui lui étaient propres.
Elle ne chercha pas à se montrer, là non plus, particulièrement aventureuse ; s'il ne voulait pas lui en dire plus, quelles que puissent bien être ces affaires au sujet desquels il demeurait mutique, c'était le plus strict de ses droits et il lui fallait composer avec. Elle espérait simplement qu'il garderait l'ignorance partielle dont elle était emprunte dans un coin de sa tête. Toutes ses leçons et tous ses constats auraient le bon goût d'être dotés d'une sacrée dose de recul et d'objectivité ; mais tout cela ne serait dressé qu'à partir des propos qu'il avait lui-même tenu un peu plus tôt...

-Je comprends un peu mieux, effectivement. Et ça ne m'étonnerait pas trop qu'Alphonse t'en tienne rigueur, oui. Il n'est pas le type le plus imbuvable que j'ai pu avoir à fréquenter jusque-là, mais il sait avoir mauvais caractère tout de même. Je ne crois pas qu'il soit spécialement rancunier, donc ça devrait finir par s'arranger... Si vous prenez le temps d'en discuter comme des adultes responsables, bien sûr.


Elle soupira, un peu lasse d'avoir à rappeler sans cesse ce type d'évidences. Dans les faits, ils étaient bien partis pour représenter l'élite héroïque de la Britannia au cours des années à venir ; ils étaient capables de se dresser face à des hordes de criminels, clowns tueurs y compris, mais ils éprouvaient toujours les mêmes difficultés à mener à bien les relations sociales qui constituaient pourtant leur quotidien. Elle-même n'était pas exempte de tout reproche, dans la mesure où elle menait sa barque sans trop se soucier du regard d'autrui. Elle devinait que nombre de ses camarades devaient la considérer avec un tant soit peu d'aigreur... La grande différence qu'elle entretenait avec le Kleinschreiber, manifestement, c'était qu'elle n'en avait pas grand-chose à secouer. Alicia avait toujours su se faire à l'idée qu'elle ne plairait pas à tout le monde ; et elle était assez détachée pour passer d'un groupe social à l'autre sans nourrir de l'anxiété outrancière à cette idée.

-Pour son frère... Tu ferais bien d'arrêter d'y penser, tout simplement. Je ne le connais pas assez pour te dire ce qu'il a dû penser de ton comportement, mais il y a fort à parier qu'il aura d'autres chats à fouetter au cours des mois à venir. Lorsque vous vous rencontrerez à nouveau, si jamais cela doit arriver, il aura probablement tout oublié. Et s'il n'oublie pas, eh bien... Raison de plus pour faire en sorte de te rabibocher avec Alphonse, il pourra toujours essayer de jouer aux médiateurs pour faire comprendre que tu ne pensais pas à mal.


Elle aurait aimé ajouter qu'elle ne voyait pas trop l'intérêt de se morfondre à propos de l'estime que pouvait bien éprouver pour lui un agent de la BOIH qui ne croiserait potentiellement plus jamais son chemin, même s'il était le frère aîné de l'un de ses plus chers amis actuellement, dans la mesure où la vie aurait peut-être tôt fait les éloigner les uns des autres, ne fut-ce que géographiquement, mais elle s'en abstint. Parce qu'elle devinait que ce n'était pas ce que le Kleinschreiber voulait entendre, d'une part, et parce que cette idée ne le soulagerait que très partiellement : il s'en voulait d'avoir mal agi, pas forcément que cela puisse induire des répercussions dramatiques sur le long terme. Il voulait probablement avoir une chance de se racheter. Et elle lui signalait en insistant à propos d'Alphonse qu'il en aurait sans doute une, en temps voulu.

-Laisse-lui simplement un petit peu de temps pour digérer tout ça. Que cela ait trait à ce que son frère lui a dit ou pas, si tout ça contribue vraiment à le chambouler, il pourrait mal réagir si tu t'y prends trop tôt, et trop vite. Attends au moins la fin de la journée pour t'expliquer réellement.


Elle avait ainsi l'air de penser qu'il avait pris la bonne décision en décidant de ne pas courir pour les rejoindre avant l'heure du repas ; de toute manière, le fait qu'Alphonse et Kyle ne se trouvent pas dans ce réfectoire laissait à entendre qu'ils avaient plutôt songé qu'il leur serait profitable de trouver un coin tranquille pendant un petit bout de temps. S'ils n'avaient pas carrément décidé d'opter pour la solitude, chacun de leur côté, bien sûr.

Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Jeu 18 Avr 2024 - 16:48

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Les propos dont le Kleinschreiber avait été l’auteur pouvaient être en eux-mêmes le départ de tout un tas de questionnements. Dans quelle mesure Ezra Wright avait-il bien pu réussir à sortir Isaac de sa petite vie, que certains devaient imaginer bien rangée ? Il était resté discret sur ça, loin, bien loin de hurler sur tous les toits qu’il avait envie de rejoindre la BOIH s’il revenait d’Antiqua. Bien loin de l’avouer spontanément à ses plus proches amis, aussi. Bien loin, également, d’avoir mis dans la confidence pléthore d’individus que son inscription à Glamis n’était en aucun cas sa volonté. En fait, il n’était pas très spontané, comme garçon, habituellement.

Parce qu’Isaac retenait un sacré paquet de choses en lui, partant sans doute du principe que cela ne pouvait apporter que des mauvaises choses. Qu’il ne les dévoilait que succinctement lorsqu’on l’interrogeait dessus. Jamais il ne viendrait à parler délibérément de sa famille, si cela n’avait pas une utilité à la discussion qu’il menait. Jamais il ne viendrait à expliquer que les bourgeois étaient tous des cons - parce que qu’il devait probablement y avoir des exceptions, entre autres -, jamais il ne viendrait à se vanter tout haut d’être tombé sous le charme du prestigieux capitaine de la BOIH.

Il avait écouté très sagement les propos de la demoiselle qui partageait son repas. Elle venait confirmer ses craintes concernant Alphonse, mais en les nuançant grandement : toute cette histoire ne pouvait qu’être provisoire, si tant est qu’ils agissaient tous deux en adultes responsables.

Oh, là-dessus, Isaac devait être plutôt bien placé… de manière générale. En tout cas, il était bien placé pour reconnaître ses torts et pouvoir les assumer en face de son ami. Restait à savoir si Alphonse ferait preuve d’un peu de sagesse, que Kyle aurait peut-être eu le temps de tempérer, en se disant que le Kleinschreiber devait bien avoir une raison d’agir de la sorte.

Il n’émit aucun commentaire lorsqu’elle lui conseilla de ne pas se prendre la tête vis-à-vis d’Ezra et de laisser les choses se faire et s’oublier. D’une part, parce qu’il savait, compte tenu de l’appréciation et du type d’affection qu’il lui portait et qu’il n’avait aucunement mentionné, que cela serait compliqué de le faire sortir de sa tête. D’autre part parce qu’il savait que s’ils restaient tous deux en vie, ils seraient amenés au moins à se croiser professionnellement - ce que ne savait pas Alicia, en l’occurrence, et Isaac ne chercha nullement à rectifier quoi que ce soit à ce sujet.

Mais elle avait sans doute raison : Isaac devait être sans importance aux yeux de l’aîné des Wright, qu’il n’y avait bien qu’en grande partie son travail qui l’intéressait et qu’il avait bien, bien d’autres problèmes à gérer, comme cet oiseau de mauvais augure de Cassidy. Et que restaurer son amitié avec Alphonse ne pourrait qu’aller en son sens - même s’il ne croyait pas trop que le cadet puisse influencer l’aîné sur quelque point que ce soit.

Il allait de toute façon devoir se pencher sur le cas d’Ezra à un moment ou à un autre, pour y réfléchir, à ce qu’il pouvait en attendre, à ce que cela pouvait impliquer - les effets néfastes de son pouvoir en particulier - avant de revenir d’Antiqua, s’il y survivait. Pour être au clair avec lui-même la prochaine fois qu’ils se verraient, car si Isaac restait envie - et Ezra aussi,  jusque-là -, ils se reverraient très probablement, compte tenu de la carrière à laquelle il aspirait, avec ou sans Alphonse dans les pattes.

Et pour Alphonse, Alicia continuait de se montrer objectivement optimiste : le réflexe qu’il avait eu à ne pas vouloir retourner auprès de lui pour se confondre en excuses était a priori le bon. Ils auraient à se recroiser pour l’après-midi, et si le Kleinschreiber comptait déjà jauger de loin le comportement du jeune Wright, il avait déjà une idée quant à une tentative d’approche, selon les conseils que venait de lui prodiguer la jeune femme.

Peut-être que cela serait l’occasion de lui rendre visite après le dîner, moyennant un paquet - voire deux - de ses Tocky préférés pour engager la conversation. Ça faisait un moment qu’il n’avait pas eu un moment à seulement eux deux. Peut-être que cela serait le temps de pouvoir s’expliquer un peu mieux sur tout un tas de choses, en réalité.

Il finit par acquiescer à ses propos silencieusement, conscient que, de toute façon, il allait devoir faire des efforts lui-même pour réparer ce qu’il venait d’engendrer. Ce qui lui convenait, était logique. Et Alphonse allait devoir faire l'effort de l’écouter avant de juger, s’il tenait à conserver leur amitié.

- Merci, Alicia.

Toujours aussi sincère dans ses paroles, le Kleinschreiber ne pouvait nier que l’intervention de sa camarade avait contribué à atténuer un peu certains des marasmes dans lesquels il s’était lui-même jeté. Restait à savoir s’il pourrait en sortir véritablement.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Ven 19 Avr 2024 - 17:25

Retour à la routine

Ft Isaac
Noxious Archangel, Héros de platine.


Personne n'avait eu l'audace de se présenter en retard au rendez-vous fixé par Noxious Archangel.
Alphonse avait été le dernier à se rendre aux abords des terrains d'entraînement qui allaient voir les étudiants s'entraîner sous la houlette de ce héros de platine intransigeant ; il s'était campé droit, à quelques mètres de ses amis, sans faire mine de vouloir converser ni avec l'un, ni avec l'autre. Kyle et lui n'avaient donc probablement pas déjeuner ensemble... et à en croire la mine contrite que le Grealish affichait, il avait dû prendre très à cœur sa prise de bec avec son aîné, comme Isaac avait pu être prompt à l'imaginer après coup. Le jeune homme à la gorge barrée d'une grotesque cicatrice, d'ailleurs, n'avait pas cherché à s'approcher du nobliau non plus, même s'il n'avait manifesté d'hostilité à son égard ; il semblait considérer que ce n'était ni le lieu, ni le moment de bavasser avec désinvolture, et Noxious Archangel leur en sut sans doute gré.
Toujours était-il que devant eux se trouvait ce colossal individu, un trident lui barrant le dos ; puis, plus loin, au centre de chaque terrain d'entraînement, des véhicules tactiques militaires et une plâtrées de types en uniformes, armes au poing. Une ambiance spartiate qui ne les changerait probablement guère de ce à quoi la BOIH avait pu les habituer au cours de leurs enquêtes dorénavant achevées ; et à en croire les grognements et les heurts qui s'échappaient de certains véhicules blindés, ce que ces quatre roues perfectionnés abritaient ne leur voulait probablement pas que du bien. Leur professeur, comme attendu, ne manqua pas de lever le voile dès qu'il constata que l'ensemble de ses étudiants lui accordaient une écoute des plus dociles. Sa voix sèche et implacable se fit dès lors entendre.  

-Pour votre premier entraînement en plein air... Je vais faire un état des lieux général. Les soldats que vous voyez sur les terrains serviront d'encadrants, mais ils n'interviendront normalement pas. Sauf en cas de danger vital... Il me serait sans doute reprocher de vous laisser mourir. De la même manière, je ne bougerai pas d'un iota, sauf si j'y suis contraint ; partez du principe que si vous requérez l'aide d'un soldat ou, pire encore, la mienne, vous écoperez de la note la plu faible possible pour l'épreuve à venir.


Zéro pointé s'ils n'étaient pas capables de s'assumer. Une sanction finalement assez légère, compte tenu du caractère particulièrement impitoyable et brusque de leur interlocuteur ; mais il y avait fort à parier que l'influence de l'instructeur avait ses limites, et qu'on avait dû lui interdire d'évacuer de sa classe tous les éléments qu'il considérait comme étant perdus d'avance. L'idée était de former la génération de héros à venir, pas juste une poignée de types triés sur le volet susceptibles de lui faciliter la tâche sur Antiqua ; il ne pouvait exister aucun groupe sans cancre... et il allait malheureusement devoir s'y faire.

-Chacun de ces véhicules abrite en son sein un monstre capturé sur Antiqua. Vous allez devoir vous confronter à eux en binôme. Ils sont fixés d'avance, par mes propres soins, ajouta-t-il avant même que les étudiants ne songent à solliciter leurs voisins pour constituer des duos. L'exercice s'achèvera à la mort de ces créatures... Mort qu'il vous faudra évidemment apporter par vos propres mains. Oh, et vous vous en doutez, mais ces créatures sont toutes dotées de pouvoirs, elles aussi. Et même si elles ont été sédatées pendant tout le trajet, croyez-moi, elles ont encore suffisamment de force pour causer bien du mal. Libre à vous de les sous-estimer, ou de les prendre en pitié ; mais vous ne le ferez pas deux fois, je tiens à vous le garantir.


Ils avaient été jusqu'à capturer des monstres pour s'en servir comme mannequins d'entraînement ; les mâchoires d'un bon nombre d'étudiants manquèrent de se décrocher lorsqu'ils prirent acte de cette vertigineuse information, qui contribuerait sans doute à ramener encore davantage de sérieux sur les faciès de toutes les jeunes âmes réunies devant Noxious Archangel. Les choses sérieuses débutaient... bien loin des discours insipides et inlassables du jeune Stuart, ou des cours plus musclés mais néanmoins très sécurisés de Chalter, les méthodes de cet expéditionnaire retranscrivaient avec force justesse la détermination qui l'habitait.

-Wright. Calderdale. Vous serez sur le premier terrain. Jones. Destaing. Sur le deuxième. Blavatsky. Grealish. Sur le troisième.


Alphonse et Amelia allaient avoir la chance inouïe de pouvoir se côtoyer un peu plus qu'à l'accoutumée ; de la même manière, Zachary et Kyle auraient à se supporter, ce qui constituait deux binômes redoutables sur le papier, nettement plus, sans doute, que celui que formaient Archie et Suzie. Un moyen de leur faire comprendre qu'il ne se berçait pas d'illusions, et savait déjà quels profils étaient susceptibles de répondre le plus aisément à ses attentes ? Peut-être. Il avait bien fait comprendre aux trois élèves ayant le plus eu à prendre part aux investigations de la BOIH qu'il ne leur décernerait pas de traitement de faveur particulier ; mais il était illusoire de partir du principe qu'il s'encombrerait de héros en herbe à ses yeux absolument incapables de satisfaire ses attentes les plus élémentaires.

-Kleinschreiber. Carter. Sur le sixième.


Carter Conrad.


Le prénommé Conrad eut tôt fait se tourner dans la direction d'Isaac, et lui décerner un bref signe de la tête en guise de salut ; ils ne se connaissaient pas plus que cela, ne gravitant pas du tout autour des mêmes cercles sociaux, mais Conrad n'était pas exactement le type d'étudiants qu'Isaac serait susceptible d'avoir en sainte horreur. C'était un jeune homme bien éduqué, poli, attentif en classe, avec d'indéniables facultés de concentration. Pas le genre, donc, à faire des frasques pour attirer vers lui l'attention et l'hilarité de ses pairs...
La liste de Noxious Archangel se prolongea jusqu'à ce que tout un chacun ait été cité ; puis il pivota légèrement, leur laissant le champ libre sans leur adresser le moindre mot supplémentaire. Les règles étaient suffisamment concises pour qu'ils n'aient pas la moindre question à lui destiner ; et les enjeux, eux aussi, tendaient aussi à éclaircir les esprits. Il faudrait réussir... ou se satisfaire d'un rôle de second couteau à l'avenir.

Naraka Catana
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] Pnj_1010
Messages : 699

Isaac KleinschreiberRotbrenner
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]Ven 19 Avr 2024 - 18:56

Retour à la routine
Feat. Maître-jeu
Il avait fini par quitter Alicia, à la fin de leur repas commun, non sans lui souhaiter un bon après-midi, pour se rendre à sa chambre et changer de tenue pour quelque chose de plus sportif que leur sempiternel uniforme scolaire, avant de se rendre directement aux terrains d’entraînement et d’y patienter parmi les premiers arrivés, les écouteurs sur les oreilles, à écouter non pas de la musique, mais un livre audio de philosophie. Il s’était assis dans son coin, sans rien demander à personne, essayant de faire de l’espace dans son esprit par rapport à ce qu’il venait de vivre, sans même daigner appeler sa très chère mère, pour se préparer au cours de Noxious Archangel.

Les cheveux d’Isaac étaient attachés en un demi-chignon, comme il l’aimait tant : une coiffure pas trop sophistiquée, faisable rapidement, sans se prendre la tête, mais qui permettait de façon sûre de dégager son visage.

Le noble avait vu progressivement la zone se peupler, Kyle apparaître sans chercher à s’approcher, seul, mais sans véritable animosité à son égard. Un bon point peut-être… un point, en tout cas, qui ne trouverait que réponse plus tard dans la journée, si ce n’est dans la semaine. Dans tous les cas, Alphonse avait dû le délaisser, lui aussi… Leur trio s’était retrouvé décomposé grâce à Ezra. Il rangea ses affaires seulement quand Noxious Archangel arriva et qu’un drôle de manège commença son installation sur les terrains, qui s’attira un sourcil arqué de la part du Kleinschreiber, intrigué. Puis, il rejoignit l’attroupement d’élèves quand leur enseignant le leur demanda, sans chercher à aller à la rencontre de ses deux amis. Non, il embrassait la solitude qui avait tant accompagné sa vie précédente. Car il avait bel et bien changé de vie.

Il écouta les explications de leur nouveau professeur, alors qu’il leur énonçait seulement l’introduction, les avertissant du danger, mais aussi qu’il ne pourrait que leur laisser une mauvaise note s’ils le décevaient. Et s’il avait totalement pu s’affranchir des règles, peut-être aurait-il laissé les éléments les moins prometteurs mourir. Ça, ce n’était pas un côté de l’homme qu’il appréciait particulièrement. Parce que certains avaient beau dire sur les manières du capitaine de la BOIH, il était toujours intervenu, ou avait toujours fait en sorte que quelqu’un intervienne à temps… Mais en même temps, leurs métiers respectifs n’étaient pas exactement les mêmes… D’un autre côté, être un héros, n’était-ce pas protéger autrui ?

Ce n’était pas un jeu. Si lui l’avait compris bien avant les autres, dès le début de l’exercice du professeur Evans et Stuart, d’autres auraient sûrement la justesse de le comprendre dès à présent. Antiqua n’était pas une promenade de santé.

Peut-être que c’était exactement l’exercice dont ils avaient besoin, Alphonse et lui. Un exercice exutoire des maux qui les accaparaient aujourd’hui.

Toujours est-il que lorsque le héros de platine continua sur sa lancée, Isaac était déjà en train de mettre sous clé ses états d’âme, comme il avait pu le faire en compagnie de ces charmants criminels qui avaient investi Glamis il y a peu. Parce que pour lui, c’était la meilleure façon de garder son sang-froid et de prendre les décisions qui s’imposaient. Ainsi, si son regard avait toujours fixé celui de Noxious Archangel, allant par moment brièvement se poser sur les silhouettes militaires déjà présentes sur le terrain, il restait calme… mais devenait froid. Distant. Détaché. Comme lorsqu’il avait posé sa question, le matin-même. Il enfermait toutes ses émotions loin, très loin dans son esprit. Et avec, tous les problèmes qui pouvaient peser sur sa conscience en sortant du repas.

Isaac ne frémit pas lorsque leur professeur leur annonça qu’ils allaient devoir mettre à mort l’une des créatures enfermées dans les camions blindés. Il avait lui-même vu quelqu’un se faire tuer sous ses yeux, il avait vu des cadavres découpés au travers d’un écran, il avait émis l’idée de tuer un être humain - criminel, certes, mais humain - et en avait attaqué un deuxième directement au visage, avec sans doute peu ou prou la même idée finale. Et même si le Kleinschreiber avait toujours été un ami des animaux, du peu qu’il avait pu en côtoyer, il savait désormais une chose : il ne devait pas se poser de question. Il devait se contenter d’obéir, sans réfléchir. Quoi qu’il se passe, la bestiole allait mourir avant la fin de la journée. Et surtout, elle allait vouloir leur peau. Si ça, c’était un état des lieux, à quoi ressemblerait un véritable entraînement, visant à les transcender ?

Noxious Archangel avait donc choisi les duos, et probablement la créature qu’ils devraient affronter, il y avait fort à parier. A fortiori si les pouvoirs d’une créature à l’autre divergeaient. Et si le duo Alphonse-Amelia pouvait laisser à penser qu’il essayait de mettre ensemble des personnes qui ne se supportaient pas, idem pour celui de Kyle et Zachary, ce n’était sans doute pas le cas réellement. Parce qu’Isaac n’avait jamais véritablement conversé avec Conrad, qu’il ne l’avait jamais vu faire de vague, que de ce qu’il en savait, personne ne semblait le tenir en sainte horreur. Après, peut-être qu’il s’agissait d’un petit con. Ou d’un gars bien.

Paradoxalement, il pouvait y avoir une certaine synergie entre ses deux amis et leurs compères du jour. Il n’était donc pas impossible qu’il en soit de même avec le pouvoir de Conrad et le sien. Et qu’en face… ils puissent avoir une créature avec un pouvoir qui les mettrait en difficulté. Ça, c’était sans doute le pire scénario, pour un état des lieux. Mais un mal pour un bien, indubitablement.

Isaac avait envie de croire que toutes ces demandes particulières, cette armée purement militaire, ces véhicules blindés, ces créatures capturées, qui allaient littéralement être abattues ici, toute cette logistique humaine et matérielle, était l’oeuvre de Cassidy. Rien que pour se dire que si elle allait en faire baver à Ezra suite à ses services, qu’elle avait dû s’accommoder des demandes exigeantes de Noxious Angel, apportait une certaine égalité. Comme leur avait si bien dit Jak, il était temps que le karma s’équilibre.

Le Kleinschreiber, mutique mais toujours aussi peu troublé par les détails de l’exercice, répondit à Conrad par un signe de tête tout aussi sobre, avant de se rendre sur le terrain désigné sans plus de mots, les yeux rivés sur le véhicule qui allait leur dévoiler leur adversaire du jour, nullement intimidé par les nombreux soldats et leurs armes qui se retrouvaient à ses environs. Oh, matière de types armés, il avait déjà vu, aussi. Il décerna simplement un signe de tête courtois à ceux qui daigneraient le regarder, avant de faire purement et simplement abstraction de leur présence.

Il se fichait de décevoir Noxious Archangel. Il se fichait de ce qu’on pouvait penser de lui - hormis Alphonse et Kyle, bien sûr, mais c’était une autre histoire qui n’avait plus sa place en cet instant. Si Isaac le faisait, c’était avant tout pour lui-même. Pour se rapprocher un peu plus de sa survie lors de leur escapade sur ce continent maudit, mais aussi pour ce qu’il envisageait de manière très nette dans le début de sa carrière : la sainte BOIH, là où il serait le plus à sa place et le plus utile. Ses ambitions et son futur n’allaient pas plus loin que ça. Son présent était là pour faire en sorte que son avenir puisse devenir tangible et le rester.
Isaac Kleinschreiber
En bref
Avatar 100x100 : Retour à la routine. [PV Isaac] GkOiHEN
Localisation : Académie Glamis
Messages : 688
(c) avatar : @drawsshits, @yettinim, @stage1midboss, @tissueboxesforseals (artwork)


En détails
Grade: F
Pays représenté: Britannia
Pouvoir:



Contenu sponsorisé
# Re: Retour à la routine. [PV Isaac]
En bref

Page 1 sur 3 1, 2, 3  Suivant
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
>>