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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Le Cercle.Sam 1 Juin 2024 - 9:02

Le Cercle.

Charles Decastel, Général de la BOIH.


Les esprits tendaient à s'échauffer, ces derniers jours.
La lutte pour le dernier siège de commandant n'en finissait plus de faire couler de l'encre ; et de provoquer bien des rixes dans les tripots de Terrafirma, lors même que ce sujet ne devait pas concerner plus du sixième des occupants de ce gigantesque avant-poste modernien. Les franciens supportaient le candidat francien ; les ibériens supportaient le candidat ibérien ; les hongwois supportaient le candidat hongwois ; les édoïtes supportaient le candidat édoïte ; les maadiens supportaient le candidat maadien ; les eleftheriens supportaient à peu près n'importe qui, sauf le candidat maadien ; les reykjaviens supportaient tantôt le candidat reykjavien, tantôt le candidat britannien, selon qu'on affirmait ou non que le pays serait représenté au cours de l'élection ; et les britanniens supportaient le candidat britannien, Ezra Wright, sauf ceux qui, le connaissant et ne pouvant le souffrir, et ils étaient nombreux, partaient du principe qu'il valait mieux opter pour un candidat reykjavien, pourvu que celui-ci puisse finir par exister.
Dans tout ce marasme, Charles Decastel versait tantôt dans le dépit, tantôt dans l'amusement. Dans les faits, il n'y avait pas tant de candidats franchement crédibles ; une première salve d'éliminés viendrait promptement éclaircir le tableau, et il pronostiquait sans trop de peine qu'Ezra et Saad en demeureraient du nombre. Il ne pouvait pas en douter ; il avait été comme leur père, au sein de la BOIH. Il avait été celui qui les avait déniché, avait su remarquer leurs nombreux talents, les former pour en faire deux des plus grands talents que cette organisation internationale avait jamais pu compter en son sein.
Pour le moment, c'était la Francie, la grande gagnante de tout ce bouleversement. Le précédent Général, singapurien, avait été promu à une fonction symbolique au sein de l'OIH ; lui laissant le siège vacant, et lui permettant ainsi d'y grimper, sans franchement connaître de fronde, si ce n'était pour la forme. Le fait qu'un rôle d'une telle importance tombe directement entre les mains des autorités francienne avait fait jaser ; parce que contrairement à Singapura, il avait bien conscience que son pays natal n'inspirait pas que de bons sentiments.

S'ils avaient su à quel point il s'en fichait.

Il n'avait jamais été spécialement patriote ; s'il l'avait été, il n'aurait certainement pas voué sa seconde partie de carrière à un organe supranational, censé échapper aux influences des pays qu'il représentait pourtant. Dans l'ensemble, rares étaient les enquêteurs qui échappaient à ce constat. Ils avaient le sentiment d'œuvrer pour quelque chose qui dépassait très allègrement les petites préoccupations politiciennes des diplomates qui leur gravitaient autour, comme autant de mouches aux abords d'une bouse bien fraîche.

-Vous êtes déjà ici, Général ?
-Ouais. Toi aussi, Kassim.


Kassim Houari, Commandant de la BOIH.


-Que voulez-vous. Les vieilles habitudes ont la peau dure !


Le commandant, en pénétrant dans la pièce, appuya nonchalamment sur un interrupteur. La variation intense de luminosité contraignit Charles à fermer les yeux, l'espace d'un instant ; puis il put apprécier les contours finement ouvragés de la table ronde monumentale qui s'étendait devant lui. Il était assis sur le fauteuil le plus luxueux d'entre tous, mais vingt autres demeuraient vacants. Dix-neuf, maintenant que Kassim venait de s'asseoir, ouvrant un laptop et le plaçant juste devant lui. Ses doigts de mirent à pianoter sur le clavier avec force dextérité. Le Général ne s'en étonna guère : il savait que son subordonné avait longtemps travaillé sur des postes informatiques, notamment dans le domaine bancaire. Sa grande ponctualité venait de là : à force de réunions et de visioconférences, il avait bien dû apprendre à s'apprêter en temps et en heure...

-Tu auras peut-être un collègue maadien au sein du Cercle, à la fin de la journée.
-Peut-être.


Il ne semblait pas s'en émouvoir. Nombre d'observateurs faisaient communément remarquer que le fait qu'un seul commandant soit issu d'un territoire si grand et si peuplé rendait le Cercle relativement peu représentatif des populations moderniennes ; ce à quoi Charles était tenté de répondre assez vertement qu'il n'en avait pas grand-chose à carrer, puisque leurs origines ne comptaient pour rien. Dans les faits, il ne pouvait toutefois nier que l'influence de certaines nations -les plus riches, bien sûr- avaient pu pousser le Cercle à graviter toujours autour des mêmes sempiternels candidats. Il espérait que les choses changeaient, avaient changé, au fil des ans...

-Vous le connaissez mieux que moi, compléta Kassim, toujours d'une voix blanche.
-Oui.
-Il ferait l'affaire ?
-Oui.
-Eh bien, vous m'en voyez ravi.
-Tu comptes le défendre ?
-Peut-être. Vous venez de me dire qu'il ferait l'affaire.
-Comme d'autres.
-J'en défendrai peut-être d'autres, alors.


Ils tournaient autour du pot. S'il ne l'exécrait pas, Charles avait le sentiment qu'il n'aurait jamais pu devenir ami avec Kassim, dans une autre vie.
Il était trop finaud. Et trop propre sur lui, aussi.
Son côté gendre idéal le répugnait.
Son parfum, aussi. Trop prégnant.
Et sa manie de taper frénétiquement sur les touches de son clavier.
Il aurait pu le lui fracasser sur les doigts, s'il en avait eu le droit.

Peut-être qu'il l'exécrait, en fin de compte.

-L'heure approche. Ils vont arriver.
-Oui. Ils défendront peut-être le maadien, eux aussi.


Il l'exécrait, oui.

Naraka Catana
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le Cercle.Mar 4 Juin 2024 - 8:31

Le Cercle.

Veronica Cisneros et Amancio Seijas, Commandants de la BOIH.


-Tu me fiches un de ces maux de crâne, avec tes hypothèses farfelues...
-Tes apitoiements me passent déjà par-dessus la tête en temps normal, alors un jour comme celui-ci, je peux te garantir qu'ils sont le cadet de mes soucis. Si tu n'avais pas envie d'écoper de telles responsabilités, il fallait refuser le poste.
-Et laisser passer un britannien devant moi ? La moitié de ma famille m'aurait souhaité le pire, l'autre m'aurait déshéritée séance tenante. J'aime bien qu'on me glorifie de mon vivant, c'est cool, mais si on pouvait se mettre d'accord pour pleurer ma mort, ce serait chouette aussi.


Il ne fit aucun cas de sa réponse amusée ; ses yeux roulèrent dans ses orbites, il lissa sa barbiche, ajusta son haut-de-forme et reprit méthodiquement son monologue là où il avait été contraint de le délaisser, à cause des pleurnichements incessants de sa collègue, définitivement plus puérile que son rôle ne le laissait présager.

-Ce n'est pas la peine de se bercer d'illusions. Buñuel ne sera pas choisi cette fois-ci. Avec Wright et El Mekki, la compétition est nettement trop relevée pour qu'il réussisse à récolter la majorité des voix. On doit donc choisir entre la peste et le choléra... Les franciens, avec le Général, disposent de quatre postes. Nous équivalons les britanniens et les hongwois avec trois ; viennent les édoïtes et les eleftheriens avec deux, le Maadi, Singapura, le Reykjav avec un seul siège. Il nous faut opter pour l'équilibre qui nous satisfera le plus.
-Et je te répète que les patrons ne seront pas ravis de l'entendre. Leurs directives sont claires...
-Et stupides. Je ne les appliquerai pas.


Devant l'entêtement de son camarade Commandant, elle affecta une moue lasse. On lui collait toujours dans les pattes les pires têtes de mules, et on lui demandait d'arriver à les dompter... Par quel miracle aurait-elle pu y parvenir, au juste ? Les diplomates ibériens eux-mêmes ne trouvaient pas grâce aux yeux d'Amancio qui, certes, éprouvait à l'endroit de sa patrie une certaine loyauté, mais méprisait par-dessus tout l'idée que l'équilibre précaire qui régissait actuellement le Cercle de la BOIH puisse être mis en péril. Cela semblait absurde, mais aucune règle tacite n'interdisaient les ressortissants d'un pays ou d'un autre d'accaparer la majorité des sièges du Cercle ; cela leur aurait pourtant donné un pouvoir d'influence sans précédent... et c'est la crédibilité de toute leur institution qui finirait par en pâtir, puisque les pays dont ils dépendaient d'un point de vue financier n'auraient pas manqué, au bout du compte, de crier au complot, à l'infamie, au détournement de fonds, à la politisation d'un organe censé demeurer impartial en tout temps.
Ainsi, ce qu'on aurait pu être tenté de prendre, chez Amancio, pour du patriotisme n'était ni plus ni moins qu'une volonté de veiller à ce que la BOIH puisse continuer à subsister en toute quiétude.
Et cela passait, à ses yeux, par l'amoindrissement de la puissance francienne au sein du Cercle.

Le candidat francien, en l'occurrence, n'était pas plus crédible que ce malheureux dénommé Buñuel. Tous les deux étaient bons, dotés de qualités certaines, d'une intelligence vive... mais de là à pouvoir être comparés aux Capitaines des Unités Rouge-Gorge et Merle ? Non, il y avait un monde d'écart. Pas besoin, donc, de se soucier du cas de figure où un francien réussirait à ravir ce poste laissé vacant par la récente promotion de Charles Decastel ; cela n'arriverait pas.
Avec leurs trois sièges, les ibériens pouvaient donc donner à ce vote une tournure désarçonnante ; s'ils choisissaient de se ranger derrière le maadien, ou derrière le britannien, ils conféreraient à un camp ou à l'autre davantage de chances de l'emporter au bout du compte.
C'était avec cette idée en tête qu'Amancio s'était mis à lui matraquer le cerveau, sans relâche ni miséricorde.

-Les Eleftheriens voteront pour le Britannien. Hors de question pour eux de soutenir le Maadi, ou de le voir l'emporter... De même que le Reykjavien. On peut partir du principe qu'Ezra Wright dispose à son compte d'au moins six voix. Quant au Maadien, il n'a d'assurée que la voix de Kassim. On pourrait s'attendre à ce que ça plie l'affaire, mais en constatant cela, les franciens pourraient être tentés de parrainer El Mekki ; six à cinq, donc.
-Sauf si on prend en compte le fait que certains d'entre nous pourraient être tentés de désobéir à nos directives... tint à nuancer Veronica, tout en se doutant que cela tomberait dans l'oreille d'un sourd.
-Singapura défendra le Maadi, pour essayer de donner davantage de poids aux "petites" nations. Cela leur permettra d'obtenir plus de chances de s'étendre également au sein du Cercle, à terme. Hongwu ne changera pas de candidat, pas dans l'immédiat ; mais lorsque le leur sera éliminé, ils passeront sur El Mekki.


Les ambassadeurs de chaque pays attachés à la BOIH étaient chargés de présenter un candidat au titre de Commandant ; traditionnellement, ils parrainaient un candidat de leur nationalité. Petit-à-petit, donc, les voix se reportaient d'un candidat éliminé à un autre, à chaque fois plus sérieux ; ne demeuraient que les têtes d'affiche, à la suite de quelques scrutins successifs. C'était à cette mécanique-là qu'Amancio faisait référence...

-A terme, donc : six à neuf. Reste les deux édoïtes... et les trois ibériens. Nous.
-Nous ?! s'étonna faussement Veronica, en plaçant une main catastrophée devant sa bouche.
-Les édoïtes, en comprenant que les hongwois parrainent le maadien, pourraient être tentés d'opter pour le britannien. On pourrait considérer facilement une situation à huit contre neuf, au cours de laquelle nos voix sont décisives, poursuivit-il, imperturbable.
-Dieu merci, le grand Amancio Seijas va pouvoir éclairer l'Humanité de sa vive intelligence !


Cette fois-ci, il lui décocha bel et bien un regard assassin, en biais ; elle répliqua avec malice, en lui tirant la langue, fourra ses deux mains dans les poches de son jean et soupira nonchalamment.

-N'empêche que je comprends pas trop comment tu peux tirer un tel plaisir à te perdre dans des raisonnements aussi théoriques. Moi, rien que l'idée de m'enfermer dans cette putain de salle de réunion pendant plusieurs heures me file de l'urticaire... Et dire qu'on va étudier les dossiers de Capitaines qui n'ont strictement aucune chance d'être promus !
-Ce n'est pas le seul intérêt de cette élection. Elle pourra aussi nous permettre d'un peu mieux connaître les Capitaines que les États jugent dignes de confiance. Cela peut être utile vis-à-vis de l'attribution des missions. Je ne doute pas du fait que tu apprendras à le comprendre, avec le temps.


Elle était plus récente que lui à ce poste, raison pour laquelle il s'autorisait sans mal à la corriger de temps à autres ; décontractée, elle haussa les épaules avant d'opiner du chef rigidement devant son regard noir. Elle aimait le taquiner, mais ne se voyait pas en faire son ennemi.

-Ah, les franciens sont déjà là, observa-t-elle en désignant d'un coup de menton les trois silhouettes qui attendaient, au bout du couloir.
-On doit figurer parmi les derniers. Pressons le pas.
-Bieeeeeen... consentit-elle, la mort dans l'âme.

Naraka Catana
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le Cercle.Sam 8 Juin 2024 - 10:18

Le Cercle.

Kiara Blackwood et Niklaus Voulgaris, Commandants de la BOIH.


-... et ses résultats au terme de l'enquête de l'Académie Glamis et de la disparition du professeur Chalter l'honorent. C'est un élément fiable, imperturbable, doté d'un sens du devoir et d'un compas moral inébranlables, en mesure de faire passer le devoir avant tout le reste.
-Je suis d'accord. Je ne dis pas qu'El-Mekki serait un mauvais commandant... Juste que les états de service de Wright parlent pour lui.


Assis à l'autre bout de la table, Amancio eut toutes les peines du monde à réprimer son sourire amusé. Jusqu'à présent, tout ce qui s'était dit dans cette salle de réunion s'était conformé à ses attentes les plus élémentaires, celles-là même qu'il avait présentées à Veronica alors qu'ils se rapprochaient inexorablement de ces interminables billevesées qu'elle redoutait plus encore maintenant qu'elle savait qu'elles ne lui préparaient plus la moindre surprise. Petit-à-petit, les joutes verbales les menaient effectivement droit vers cet ultime bras de fer au cours duquel ce serait l'avis des Ibériens qui prévaudrait... Et le Seijas s'en frottait les mains d'avance.
Parce qu'à l'occasion des quelques entractes qu'ils s'étaient autorisés, il avait pris le parti d'approcher -avec minutie, tact et force circonvolutions, cela allait sans dire- les partisans les plus acharnés de Wright et d'El-Mekki. Bien sûr, il était impossible, considérant leurs rangs et leurs obligations, de signer un contrat pour parvenir enfin à tomber d'accord, et pour être certain de voir un jour la faveur lui revenir ; mais nul n'ignorait, autour de cette table ronde, qu'il valait mieux ménager les orgueils des uns et des autres, et veiller à rendre service quand on avait su nous tendre la main. En somme, ce qu'était en train de faire Amancio, inexorablement, c'était se mettre dans la poche un petit paquet de ses pairs qui, tôt ou tard, auraient l'obligation éthique de lui renvoyer l'ascenseur. Que le vainqueur soit El-Mekki ou Wright, dans le fond, n'importait en aucun cas : tout ce qui l'intéressait, au bout du compte, c'était de faire en sorte d'être effectivement le porteur de la voix qui offrirait à cette réunion son coup de grâce. S'il était celui qui enfonçait le dernier clou dans le cercueil de leurs pourparlers actuels... il s'arrogerait immédiatement une influence considérable à l'occasion de prochains débats.

Kiara et Niklaus devaient l'avoir compris. En tant que partisans du Wright, ils s'étaient répondus en écho, en louant ses nombreuses qualités et en cherchant à le porter aux nues ; mais tout cela, ils l'avaient fait en insistant à l'endroit des trois ibériens. Un petit manège qui n'avait bien sûr pas échappé aux soutiens indéfectibles d'El-Mekki, lesquels avaient répondu de la même manière ; et les obséquiosités les plus mielleuses se succédaient sans jamais s'interrompre.
Pourtant, l'heure d'arriver à la conclusion de cette petite réunion n'était pas encore arrivée : parce qu'il leur fallait encore rencontrer les capitaines concernés, veiller à leur conférer l'opportunité de défendre leurs dossiers, de faire connaître leur probité et leur enthousiasme à l'idée de travailler en tant que commandants. S'il y avait bien peu de chances pour que ces quelques entrevues puissent s'avérer décisives, d'une manière ou d'une autre, on avait déjà vu des individus prometteurs s'effondrer à l'occasion de leur passage devant le Cercle, en comprenant subitement que c'était tout leur avenir qui se jouait céans. Les mains moites, le timbre tremblant, le regard fuyant, c'étaient des signes de faiblesse qui ne pardonnaient pas, dans un tel contexte... Ils voulaient des conquérants. Il leur fallait des conquérants.
Ils en étaient tous.

-Bien, les interrompit Charles Decastel de sa voix d'outre-tombe. Je pense que nous avons fait le tour de la question. Ne perdons pas davantage de temps, recevons nos hypothétiques futurs collègues ; nous n'avons plus qu'une paire d'heures devant nous, et ce délai nous oblige à forcer l'allure.


Les différents intervenants opinèrent du chef avec une certaine forme de déférence, même si tous ne portaient pas forcément le Général dans leur cœur ; il était un individu que tous avaient appris à craindre autant qu'à respecter, dans la mesure où il était, sans l'ombre d'un doute, le plus talentueux d'entre eux. Et le plus aguerri, aussi, comme en témoignait son visage buriné par le temps... Il envoya, d'un signe de la main, l'un des rares employés à être autorisé dans l'enceinte de cette salle quérir le premier des candidats ; ce dernier obtempéra, disparut derrière la porte finement ouvragée, reparut quelques secondes plus tard en annonçant d'une voix ferme l'identité du capitaine avec lequel les commandants s'apprêtaient à échanger.

-Le capitaine Saad El-Mekki, de l'Unité Merle.


Saad El-Mekki, Capitaine de la BOIH.


-Mesdames. Messieurs.


Il ne s'effondrerait pas, lui. Un seul coup d'œil permit à l'intégralité des occupants de cette pièce de le constater ; parce qu'il s'avançait avec droiture, en terrain conquis. Parce qu'il ôta ses lunettes de soleil d'un geste fluide, parfaitement maîtrisé. Parce qu'il les dévisagea avec quiétude, les uns après les autres, sans s'embêter à multiplier les formules de politesse, sans avoir toutes les peines du monde à adopter une posture confortable et naturelle à la fois.
Mais ceux qui le connaissaient savaient bien qu'Ezra Wright était fait du même bois. Définitivement, l'un et l'autre surplombaient la concurrence, cette fois-ci ; à la fin du jour, l'une de leurs deux unités aurait à se trouver un nouveau capitaine.
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# Re: Le Cercle.Mer 12 Juin 2024 - 8:35

Le Cercle.

Charles Decastel, Général de la BOIH.


-El-Mekki.


Un troisième trait fut tracé à la suite du nom du capitaine maadien ; Charles opina du chef, piocha un nouveau petit papier plié, lequel avait été préalablement glissé dans l'urne qui lui faisait face par l'un de ses collègues, le déplia, poursuivit avec son ton placide, désabusé, grinçant.

-Wright.


Trois pour le britannien également. Ses partisans les plus fervents accueillirent la nouvelle avec un sourire enthousiaste ; les respirations se firent plus silencieuses encore, comme si on veillait, tout autour de cette table ronde aux dimensions respectables, à ne surtout pas prendre le risque de passer à côté du prochain nom que le Général Decastel prononcerait.

-Wright.


Encore un.

-El-Mekki.


Retour à l'équité. Cinq à cinq.
Les dix premières voix s'étaient exprimées ; venaient les suivantes. L'idée que le scrutin puisse être amené à se répéter et à s'éterniser caressa l'espace d'un instant l'esprit de certains et de certaines d'entre eux ; après tout, ils étaient un nombre pair, en ce jour. Cette idée, toutefois, n'était probablement pas d'actualité, dans la mesure où Charles Decastel n'était pas un homme suffisamment patient pour s'en remettre à la volonté potentielle de l'un de ses collègues de changer d'avis ; il userait probablement de son autorité en tant que Général pour trancher arbitrairement pour l'un ou pour l'autre de ses deux poulains.
Parce qu'ils étaient, l'un comme l'autre, ses deux anciens élèves les plus prometteurs.
Il gagnait, dans tous les cas.

-El-Mekki. Wright. Wright. Wright. El-Mekki.


Sept à huit, en faveur du britannien. Quelques mains se crispèrent. Quelques têtes s'inclinèrent. Quelques regards circonspects furent échangés ; et on demeura suspendus aux lèvres du Général.

-Wright. El-Mekki. El-Mekki.


Neuf à neuf, finalement. Saad ne semblait pas vouloir laisser son rival l'emporter, pas sans livrer une bataille furieuse au passage...
Amancio, incisif, fronça les sourcils et se tourna en direction de Veronica, laquelle fit mine de ne pas le remarquer. Elle n'avait pas respecté sa consigne.
Sinon, le vainqueur aurait dû l'emporter par douze voix contre huit...
Les deux derniers papiers furent dépliés.
Le nouveau Commandant du Cercle de la BOIH fut ainsi nommé.

Saad El-Mekki, Capitaine de la BOIH.


Les talons de ses derbies plus noires encore que ses cheveux claquaient contre le sol avec une sévérité si régulière qu'elle aurait bien pu devenir musicale ; mais son air revêche trahissait sa concentration. Il n'était pas d'humeur à se perdre dans des considérations si triviales... Il n'était jamais d'humeur, en fait. Mais ce jour-là demeurerait sans doute particulier, unique, poignant à plus d'un titre, au regard de sa carrière, de son existence.
Ce n'était pas si souvent qu'il lui fallait s'avouer vaincu.

Commandant Ezra Wright.


-Commandant, déclara-t-il en s'arrêtant à un généreux mètre de son interlocuteur, lequel, de dos, ne manqua pas de pivoter dans sa direction et de lui tendre une main d'un air distant.


Il l'empoigna, crut déceler dans le regard d'Ezra une lueur de déception, comprit en un éclair que son éternel rival n'avait jamais voulu de cette place et qu'il la lui aurait offert sans hésiter si cela avait pu être de l'ordre de ses nouvelles attributions ; il jugea avec amertume que cette contradiction-ci devait assez bien résumer leur relation houleuse. Ils se respectaient, pour sûr, l'un et l'autre. Ils se respectaient d'autant plus qu'ils avaient dû travailler de concert pendant de longs mois, et qu'ils n'avaient, sur le plan humain, jamais pu se piffer... mais que cela ne leur avait pas empêché de récolter des résultats éloquents, et les compliments les plus élogieux de tout l'état-major de l'OIH. C'était sans doute souvent à leur efficacité que l'on attribuait la promotion de Charles Decastel au poste de Général... On disait de lui qu'il était le meilleur formateur au sein de la BOIH, ce qui n'était probablement pas usurpé ; et on oubliait par ailleurs qu'il était doté, lui aussi, d'un flair honorable et d'une intelligence froide, analytique, indispensable pour embrasser de telles responsabilités.
D'eux trois, Saad serait donc le dernier à officier sur le terrain.

-La prochaine place sera sans doute pour toi, fit remarquer Ezra avec politesse.
-Peu importe.


Il fit volte-face, et entreprit de quitter le bâtiment dédié à la BOIH, de quitter Terrafirma au plus vite.
Il devait, après tout, s'en retourner retrouver ses pairs, et retourner sur le terrain sans plus tarder pour mener à bien les innombrables enquêtes qu'on s'apprêtait à lui décerner.
Naraka Catana
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