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[FB] Street Bushido (PV Harry)Era of Dust :: Le monde :: Moderna :: Francie
 
Astelle DumasVirevolte
# [FB] Street Bushido (PV Harry)Sam 10 Déc - 15:12




Le garage était animé, même à cette heure indue.
Les canettes et les mégots usagés s’accumulaient devant l’entrée. Sous la lueur diffuse des néons, les filles buvaient un coup.
Heh, regardez qui voilà.
Alors comme ça tu t’souviens d’nous, Astelle ? persifla Hélène.
Les visages moroses regagnèrent un semblant de vigueur. La bande sautait sur cette occasion de tromper l’ennui. L’aversion et la jalousie affûtèrent les regards, tandis que les filles suivaient des yeux la petite métisse.
L’élue. La traîtresse.
Bientôt, elle irait à Saint-Maisigny pour entreprendre des études payées au frais de l’état. Tandis qu’elles resteraient à moisir ici. Sans pouvoirs, ni perspectives.
Oui, mais j’ai pris un job d’été.

On accueillit sa réponse avec un renâclement méprisant.
Les moins amères voulurent bien l’informer que la cheffe était en train de travailler dans son atelier.
Mais Hélène se contenta de cracher par terre sur son passage.
Son dégoût était viscéral. Peu importe à quel point il est utile d’avoir un poudreux dans la bande, elle n’avait jamais acceptée que Caroline lui propose de se joindre à elles. Pas plus qu’elle n’acceptait ces vêtements, cette allure, cette façon dont la petite étrangère s’efforçait de faire semblant de leur ressembler.
Elles ne seraient jamais du même monde.

Petite chienne.
Sans relever, ni les insultes, ni le regard, Astelle se fraya un passage jusqu’à l’atelier.

[FB] Street Bushido (PV Harry) Aoh36As

Caroline était vautrée dans sa mécanique. En effervescence, à patauger la graisse, à mettre des coups frénétiques de clef à mollette, à retaper du matériel de récupération.
C’était une de ses façons de relâcher la pression, sans doute la plus productive de toutes.

Elle avait pris un sale coup.
Le visage de la jeune mécano était tuméfié. L'impact avait écrasé le piercing logé dans son arcade sourcilière, qu’elle avait dû faire retirer d’urgence. Elle garderait sans doute une cicatrice ; le cœur d’Astelle lui sembla s’effondrer dans sa poitrine.
La cheftaine releva les yeux du carburateur qu’elle était en train de bricoler.
Un éclat surpris passa dans ses yeux noirs.
Sans doute ne pensait-elle pas que la petite métisse se précipiterait ici après avoir entendu ce qui lui était arrivée la nuit passée. L’air crevé, Caroline se releva, s’essuyant grossièrement les mains sur son jean.
Tu dois t’dire que je l’ai bien mérité, lâcha-t-elle avec un sourire goguenard. Pas vrai, gringalette ?
Astelle acquiesça, et se rapprocha. Leur différence de taille était telle qu’il lui fallait lever le bras aussi haut que possible pour que sa main atteigne le visage de son amie. Elle avait l’air fatiguée. Minée. Sa blessure n’était que le début du problème, la cheftaine avait une réputation à défendre, et une bande de hyènes à tenir en respect. C’était sans doute le plus épuisant : de rester forte, pour ne pas se faire écraser.
Oui, tu l’as bien cherché, répondit sa cadette en passant un doigt prudent sur le pourtour de la blessure. ...mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas en colère.
Les yeux de Caroline s’adoucirent, imperceptiblement.
...on y retourne ce soir. On pensait demander de l’aide à Chris et à ses gars.
Ne faites pas ça, d’accord ? Je vais y aller.

Échange silencieux ; les deux amies s’observèrent un moment.
Le regard d’Astelle était d’un rouge huileux. Opaque et étale. Il était difficile d’y deviner le fond de sa pensée. D’autant plus qu’elle souriait peu ces derniers temps.
Les autres filles n’y voyaient que de l’arrogance, mais Caroline n’y croyait pas.
Sa petite gringalette était un animal sacrément plus compliqué que la moyenne.

Ayant arrêté sa décision, la cheftaine posa finalement une main sur la tête de sa petite protégée.
...okay, va, souffla-t-elle, et Astelle crut sentir la tension se relâcher un peu au niveau de ses épaules. Ce glandu, je ferai savoir que je lui ai lâché mon chien aux fesses.
Pince-sans-rire tandis qu’on lui ébouriffait la crinière, Astelle ajouta simplement :
Waf.


***


Une pente légère, modérément éclairée.
Peu d’habitations, pas de rues transverses, et des commerces qui fermaient tôt.
La Rue des Princes était un bon endroit pour courir. Ou pour se faire embusquer.

Adossée à un lampadaire déclinant, Astelle patientait en buvant une petite canette de jus de pomme. C’était déjà la troisième nuit qu’elle passait ici.

C’était ici qu’il y a trois nuits, Caroline et ses deux amies avaient surpris un jeune joggeur en rentrant de boîte de nuit. Elles avaient alors décidé de se rembourser le prix de leurs consommations sur son dos.
Caroline était grande, musclée, et franchement sans-pitié.
Tandis que ses deux sbires ne sortaient jamais sans au moins un spray d’autodéfense et un couteau.
Leurs proies, occasionnelles et isolées, ne leur résistaient jamais longtemps. Et c’était souvent une sage décision. Ces trois furies, passablement ivres, étaient pareilles à des bêtes en chasse. La rue les rendait vicieuses et détestables.

...Astelle aurait voulu les emmener loin d’ici.
Une idée pieuse. Irréalisable. Une rêverie par laquelle elle se laissait parfois courtiser, en repensant à tous ces petits épisodes qu’elle avait pu observer à leur insu.
Sans lui en dire un mot, Caroline avait passé des heures à éplucher les magazines étrangers pour l’aider à choisir sa future moto. Hélène, pour détestable qu’elle fut, donnait des conseils de mode à leurs nouvelles recrues, et dardait sur elles un œil féroce afin qu’elles ne causent pas plus de soucis à leur leader.

Il y avait des lézardes dans leurs façades d’airain. La preuve qu’il existait quelque chose d’autre, au-delà de ces apparences, de ces automatismes d’hostilité.
C’était pour elle une profonde source de fascination.
...après tout, Astelle aussi, n’était pas la même. Dans la rue. Au travail. A la maison. Elle présentait à chaque fois une pièce unique du grand puzzle qui portait son nom. Et ces pièces de puzzle, imbriquées ensemble, formaient un tout complexe. Indéfinissable.  
Où étaient-elles, ces mauvaises personnes que tous semblaient pointer du doigt ?
Astelle gardait les yeux grand ouverts, mais elle n’en avait jamais rencontrées.
Pas même une seule.

Elle entendit des bruits de pas.
Sous l’orange clignotant des lampadaires, elle reconnut le coloris de son survêtement de sport. Celui qu’on appelait : “Le Coureur de Minuit” ; les filles en parlaient parfois.
Depuis 2015, les légendes urbaines fleurissaient dans les rues de Sologne.
“Le Coureur de Minuit”, “Le Spadassin de l’Opéra Marnier”, “La Poubelle Volante”, “Le Dévoreur des Égouts”... dans la rue, on colportait tout un tas d’histoires farfelues. A la racine de la plupart de ces curieux évènements se trouvait un malentendu, une exagération, et plus rarement... des individus transformés par la poussière de naraka catana.
On racontait donc qu’un individu ayant le profil du “Coureur” apparaissait parfois dans la Rue des Princes. Quelqu’un de plus avisé se serait méfié, mais Caroline et ses copines avaient préféré assumer qu’il s’agissait seulement d’un gros nerd, trop intimidé pour sortir faire son sport en journée. Elles l’avaient payé cher.

Terminant la canette de jus de pomme qu’elle tenait dans la main gauche, Astelle fit quelques pas pour se placer sur son chemin. Capuche toujours baissée, elle leva l’autre main dans ce qui semblait être un salut amical.
Elles sont horribles, pas vrai ? interpella-t-elle l’inconnu, d’une voix limpide sous le clair de lune. La fille que tu as cogné, en particulier, est capable des pires saletés une fois qu’elle a bu.

Le poing de la jeune métisse se referma sur la canette.
Une première fois, écrabouillant la partie inférieure du tube d’aluminium.
Puis une seconde fois, pour finir de rassembler puis de compresser le métal dans sa toute petite main.
Mais tu sais, cette fille... dit-elle en présentant sa paume ouverte, qui ne contenait plus qu’une grossière bille de métal. ...c’est mon amie.

Lancée négligemment de la main gauche, la bille en aluminium fusa à travers la Rue des Princes. Traçant un sillon d’argent jusqu’à la poubelle de tri sélectif réservée aux canettes... dont elle percuta l’armature, puis retomba par-terre en roulant.
Oh...
Un voyou ordinaire n’aurait même pas jeté un regard.
Le simple fait de lancer sa canette avec négligence suffisait à la mise en scène.

En effet, dans un moment pareil, quelqu’un de plus cool aurait continué son petit numéro d’intimidation. Comme si de rien n’était, parfaitement détendu.
...mais Astelle, elle, regardait fixement la petite bille en aluminium.
...et se dépêcha de trottiner pour la rattraper avant qu’elle ne roule trop loin.
...la honte.

Ayant récupéré le détritus, elle revint se planter en face du jeune sportif, mais désormais...
...elle semblait bien plus concentrée sur la corbeille que sur son vis-à-vis.
Passant la bille dans sa main droite, avec laquelle elle était plus à l’aise, Astelle retenta son lancer d’un mouvement – cette fois – plus soigné.
En tant que joueuse de baseball, elle avait sa petite fierté, et cette seconde tentative fit mouche. Au terme d’une trajectoire courbe, la bille retomba souplement à l’intérieur de la poubelle de recyclage.
L’ombre d’un petit sourire satisfait lui flotta un instant sur les lèvres.

C’est dans ces circonstances particulières que la gringalette en hoodie se retournerait finalement vers sa cible. Les poings levés, adoptant une posture de boxe francienne traditionnelle pour initier la tentative d’agression la plus blasée de tout Moderna :
Défends-toi.
Astelle Dumas
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Dim 11 Déc - 1:02

Street Bushido.

Ft Astelle



Une autre nuit, une autre session d’entraînement pour le Héros amateur de Sologne répondant au nom d'Harry. Comme souvent, il empruntait la Rue des Princes, écouteurs sans fil aux oreilles et musique entraînante dans la tête. Son choix musical du jour était un remix originaire d’un grand classique de l’animation Edoïte qu’on ne présentait plus, et le chemin avait été décidé sur un coup de tête. Il était un habitué des passages peu fréquentés de Sologne pour ses joggings nocturnes. Il fallait dire que la nuit offrait un refuge bienvenu à ce jeune homme, qui ne pouvait plus arpenter un lieu public bondé sans être tourmenté par la sensation d’avoir une multitude de personnes se battant pour son attention… Heureusement, peu de monde appréciait le clair de lune loin du confort d’un petit nid douillet. Cet environnement était donc propice à la pratique de bien des exercices figurant sur le programme de choc d’Harry, la course à pied étant l’un des principaux. Force était de reconnaître que son entraînement n’était pas spécialement différent de celui du féru de gym moyen. En soi, il s’agissait d’une conséquence naturelle de la source principale de ce savoir ancestral : internet. Forcément, c’était de la toile qu’il avait tiré le gros de ses astuces sportives ; le pugiliste avait su combler les vides et rectifier les erreurs à force de fréquenter des clubs de combats plus ou moins célèbres de la ville.

En attendant, courir revêtait une importance capitale dans son programme, car cela faisait travailler les muscles les plus importants d’un Héros en herbe : ceux qui permettaient de fuir ! Bon, la société lui rirait au nez s’il admettait cela à haute voix. Toutefois, le Foolardy n’éprouvait aucune honte quant à sa motivation première dans la pratique assidue de cet exercice. Après tout, un Héros mort ne pouvait sauver personne ! Il s’était répété cela tellement de fois durant les quatre dernières années qu’il avait fini par se convaincre, enfin presque… Pour autant, l’aéromancien ne doutait pas de la justesse de son raisonnement. Sa capacité extra-sensorielle n’était que d’une utilité relative en combat ; c’était plus un atout stratégique qu’autre chose. La seule aide qu’il pouvait en tirer dans un affrontement un peu plus direct, c’était la possibilité de voir venir un coup dans le dos, voire remarquer une arme cachée avec un peu de chance. Harry serait désavantagé face à un individu disposant d’un pouvoir destructeur ou même d’une capacité aux avantages plus modestes. Le problème, c’était que se frotter à des personnes de ce type était le quotidien d’un Héros…

D’une façon ou d’une autre, le Francien se devait de survivre aux épreuves que le nouveau monde allait mettre sur sa route. Par conséquent, il lui fallait redoubler d’efforts afin de tirer son épingle du jeu. Améliorer ses capacités physiques était le moyen principal trouvé par le pugiliste pour faire pencher la balance de son côté ; user d’artifices en combat en était un autre. Néanmoins, prendre ses jambes à son cou restait toujours une option si cela ne suffisait pas. Ses deux jambes étaient la seule chose sur laquelle il pouvait réellement compter dans l’éventualité où rien d’autre ne marchait. Les forts pouvaient se permettre de ne jamais tourner les talons, mais les faibles avaient tout intérêt à choisir leurs batailles s’ils espéraient participer à la prochaine. Jusqu’à preuve du contraire, le nerd appartenait plutôt à la seconde catégorie pour l’instant. La relation conflictuelle qu'il entretenait avec son pouvoir n'y était sans doute pas complètement étrangère.

-« Puis-je vous aider, mademoiselle ?! » Demanda-t-il un peu trop fort en rangeant ses écouteurs à la demoiselle lui barrant la route.


Ce n’était que dans une quiétude relative que le pouvoir du Foolardy montrait son plein potentiel et que son détenteur pouvait l’apprécier à sa juste valeur. Or, cette nuit-là offrait justement des conditions optimales à l’utilisation de l’Aéromancie, ce qui avait permis au Héros amateur de repérer la forme d’Astelle avant de l’avoir en visuel. Il aurait pu esquiver cette rencontre, passer son chemin et continuer sereinement sa course. Cependant, le concerné n’en fit rien pour une simple et bonne raison : il était curieux. Que pouvait donc faire une fille aussi menue dans le coin de nuit ? Elle aurait tout à fait pu se perdre ou quelque chose comme cela, il aurait été irresponsable de l’abandonner à son sort si c’était le cas. Un Héros ne devait jamais passer une occasion de faire une bonne action ! Malheureusement, force était de reconnaître que les bons sentiments d’Harry étaient manifestement mal placés. Le temps que ses tympans s’habituent de nouveau au niveau sonore ambiant, il avait largement pu saisir les motivations de son interlocutrice, et il n’avait qu’une chose à dire en réponse.


Le coureur de minuit.



-« Ah shit, here we go again. »


Il ne comptait plus le nombre de fois où des délinquants s’étaient mis à sa recherche pour venger un pote à eux, et cela commençait clairement à tourner au cliché. Lors de ses rondes nocturnes, Harry remarquait parfois des personnes peu recommandables. C’était inéluctable puisqu’il empruntait souvent les coins déserts, ceux les plus adaptés aux crimes supposément commis dans l’ombre. La plupart du temps, il tombait sur un gamin qui se la jouait en faisant des graffitis ou un individu ivre mort sur le trottoir. Dans le premier cas, il lui faisait gentiment comprendre pourquoi ce n’était pas bien en le forçant à tout nettoyer de lui-même ; dans le second, il donnait simplement un coup de fil anonyme aux autorités pour leur signaler l’individu vulnérable. Malheureusement, il arrivait au pugiliste de tomber sur de véritables cas sociaux, des personnes éprouvant le besoin d’apprendre qu’il valait mieux ramper sur le droit chemin plutôt que chercher ses dents ailleurs. Une rencontre pareille avait eu lieu peu de temps avant et il s’attendait à moitié à un scénario pareil. Il avait d’ailleurs évité la Rue des Princes quelques jours pour ne pas avoir à combattre une bande entière, mais cette demoiselle semblait insistante à défaut d'être adroite. La situation ne prêtait pas autant au rire que ses mots l'insinuaient, et il ne se moqua nullement de la maladresse de la concernée.

-« Quelle blague, » soupira-t-il. « Si tu tiens tant que cela à ton amie, il fallait l’empêcher d’être un danger pour autrui et pour elle-même ; cela aurait fait gagner du temps à tout le monde. »


C’était toujours la même rengaine avec les délinquants, une histoire d’honneur ou d’amitié. Comme s’il y avait une forme d’honneur à se battre comme de chiffonniers au détour d’une ruelle. Leur logique était stupide, et Harry en avait juste soupé. Ce n’était pas bien compliqué de vivre sa vie honnêtement, si ? Pourtant, ces gars-là se mettaient activement en chasse la nuit comme des prédateurs à l’affût d’une proie. Bien sûr, ces minables ne pouvaient même pas s’attaquer à quelqu’un de leur taille, il fallait toujours qu’ils visent les plus faibles. C’était un miracle s’ils ne s’y mettaient pas à plusieurs d’entrée de jeu. Le Héros en herbe avait fait face à tellement d’idiots comme cela qui osaient en plus demander un match revanche avec toute leur bande derrière qu’il avait juste fini par perdre foi dans leurs chances de réhabilitation. Le pire dans tout cela, c’était qu’il n’avait jamais prévu de se battre avec les voyous du coin : il ne faisait que nettoyer les rues en passant lorsqu’il percevait une personne dangereuse. Les filles de la veille l’avaient particulièrement horripilé, à ce sujet. Boire comme des trous en étant armées ? Cela ne pouvait que mal se passer… Non, vraiment, leur cheffe avait bien mérité sa raclée aux yeux du Francien. La seule question qui se posait, c’était de savoir comment son interlocutrice – qui avait l’air plutôt bon enfant jusque dans sa façon de commencer un combat – était amie avec une personne aussi vicieuse.

-« Je n’ai pas pour habitude de commencer les hostilités. C’est ta dernière chance de lâcher l’affaire. »
Harry Foolardy
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Dim 11 Déc - 13:43




En amont de la Rue des Princes, le vent se mit à souffler.
La brise légère soulageait un peu la touffeur de cette soirée d’août.

Et les voix de deux jeunes gens résonnaient dans la nuit.

Si tu tiens tant que cela à ton amie, il fallait l’empêcher d’être un danger pour autrui et pour elle-même ; cela aurait fait gagner du temps à tout le monde.
C’est un excellent conseil, acquiesça la petite boxeuse sur un ton raisonnable. Il y a des gens pour qui c’est particulièrement simple, de donner des conseils. De mettre des mots sur les problèmes. D’agir d’une façon dont ils peuvent être fiers.

Par simple coïncidence, le vent qui se levait délogea une bouteille en plastique, posée sommairement au-dessus d’une corbeille trop pleine. Le container tomba sur le bitume, et commença à rouler en contrebas.
En direction de notre curieux duo, dont la conversation se poursuivait.

Et d’autres qui sont coincés au fond du trou.
A ces gens-là, peu importe les conseils que tu peux donner du haut de ta tour d’ivoire. Si tu n’es pas prêt à descendre avec eux dans la fosse et à patauger à leurs côtés, jamais ils ne voudront t’écouter.


Poc-poc-poc-poc-poc-poc...
La petite bouteille continuait sa course.
De plus en plus vite. Et ce crescendo se faisait également plus intense dans la voix d’Astelle.

En attendant, Caroline a une cicatrice sur le visage... pour qu’on puisse se dire encore plus facilement qu’elle a l’air méchante et dangereuse, pour que ça lui soit encore plus difficile de chercher du travail ailleurs que chez elle, pour confirmer à ses parents qu’ils ont raison de la traiter comme un déchet.

...poc-poc-poc ? fit timidement la bouteille en arrivant aux pieds d’Astelle.
D’un geste machinal, la joueuse de baseball ramassa le détritus et l’expédia en un éclair dans la corbeille de tri sélectif idoine.
Elle ne se rendait pas compte que cette habitude qu’elle avait prise – à toute heure du jour ou de la nuit, où qu’elle se trouvât – lui avait valu un bien curieux sobriquet dans les rues de Sologne.

[FB] Street Bushido (PV Harry) KlOwCrz

Il faut dire que la surprise était à son comble lorsqu’elle jetait ces ordures depuis les toits (ses échecs à viser la benne restaient, heureusement, très occasionnels. Quand elle touchait quelqu’un, c’était probablement qu’elle le faisait exprès).

Astelle soupira sèchement.
Ce bref interlude-recyclage avait eu le mérite de faire tomber la tension qui habitait sa voix.
Elle le méritait sans doute, tu n’es pas en cause.

Elle fit rapidement jouer ses phalanges, fléchissant rythmiquement ses doigts – plusieurs fois, les uns après les autres – pour rendre un peu de souplesse à ses poings.
Inspiration courte.
Expiration.

Cette fois, elle était prête.
Plus de bla-bla.

...mais je suis tout de même un petit peu énervée, alors, si tu es prêt : on va commencer.

Son pied gauche mordit férocement le bitume.
L’instant d’après, elle était partie. Dans un sprint sportif qui avait l’explosivité d’une “course vers le marbre”. Parvenue au contact, elle amorça un changement de position saccadé, transition maladroite du baseball vers la boxe classique.
La petite métisse en était encore au point où elle devait consciemment penser à ses appuis.

Pied gauche en avant.
Poids sur la jambe droite.


La pente sur laquelle ils s’affrontaient, et que le jeune homme était en train de remonter dans le cadre de son jogging, avait pour conséquence d’atténuer leur différence de taille.
C’était rare qu’Astelle puisse regarder son adversaire droit dans les yeux.

Une-deux ; gauche-droite...
Elle asséna deux frappes sèches, visant le visage. Pour prendre la mesure de la distance. Pour bâtir son rythme, avant de délivrer l’estocade.

...et Fouetté du droit.
Ses hanches pivotèrent pour propulser le coup de pied brutal qu’elle destinait à l’estomac de son rival.
Astelle Dumas
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Mar 13 Déc - 1:03

Street Bushido.

Ft Astelle
Le coureur de minuit.



-« Je vois où tu veux en venir, » soupira la légende urbaine, irritée par un nuage couvrant désormais l’éclat lunaire. « Cependant, ne trouves-tu pas contre-productif de devoir entrer dans la criminalité pour en sortir quelqu’un d'autre ? Le risque de se perdre soi-même plutôt qu’aider une âme errante à voir la lumière est tout sauf négligeable. »


Harry avait mâché ses mots dans le cas présent, car cette fille avait réussi à piquer son intérêt. Il n’avait pas pour habitude de rencontrer d’individu vengeur aussi bavard. En théorie, ils auraient déjà commencé à se taper dessus depuis un bon moment, et il n’aurait pas non plus été surprenant de voir une armée de délinquants armés jusqu’aux dents cachés dans les parages en guise de renforts. Pourtant, le voilà en train de philosopher avec l’amie d’une racketteuse franchement pas commode. Elle était vraisemblablement capable de discuter avec quelqu’un autrement qu’avec ses poings, et elle faisait même l’effort de jeter ses détritus à la poubelle. Ces faits la rendaient d’emblée plus appréciable que 99% de ses adversaires habituels, un constat fort navrant à plus d’un titre. Toutefois, son raisonnement n’en restait pas moins fallacieux. Le jeune homme pouvait concevoir de rejoindre une petite bande de vandales adeptes du graffiti ou autres délits mineurs afin de les diriger doucement vers des horizons plus constructifs, mais on ne pouvait décemment pas en faire de même avec les véritables nuisibles – ceux que le Héros amateur n’hésitait nullement à corriger. Si l’on prenait l’exemple d’un braqueur de banque, ne serait-il pas naïf de l’aider à faire le casse du siècle pour ensuite lui suggérer de se lancer dans la charité ? Nonobstant l’ironie de voler à la classe moyenne pour soi-disant aider les pauvres, pouvaient-ils seulement prétendre avoir fait table rase du passé après cela ?

Le crime était un marais sans fond duquel il fallait s’extirper au plus vite : plus on s’y enfonçait et plus il était difficile de s’en tirer un jour, jusqu’à finalement passer le point de non-retour. C’était l’évidence même pour le pugiliste, mais il parlait peut-être vraiment du haut d’une tour d’ivoire sans s’en rendre compte. En attendant, il jugeait que la drôle de personne lui faisant face percevait la situation à travers les lentilles de l’amitié. En d’autres termes, elle manquait très clairement d’objectivité ; dans le cas contraire, se sentirait-elle réellement obligée d’égaliser des scores imaginaires ? Il avait juste assommé des soûlardes menaçantes – avec assez de virulence pour leur laisser un œil au beurre noir et des bleus – avant d’appeler anonymement les autorités pour s’occuper du reste. Ce n’était sans doute rien comparé à ce que la concernée aurait pu lui faire s’il avait été une personne ordinaire avec assez de caractère ou de sottise pour leur tenir tête. Ce n’était qu’un juste retour de bâton, et rien ni personne n’arriverait à faire ressentir des remords à la bête noire improvisée des racailles de la Rue des Princes ; enfin, c’était ce qu’il croyait…





-« Je l’ai frappée si fort que cela ? » S’enquit un jogger nocturne passablement étonné. « Je pensais m’être correctement retenu, pourtant. »


Si l’intello mal entraîné qu’Harry était quatre années auparavant n’avait assurément pas le loisir de penser au bien-être d’ennemis armés et bien décidés à lui refaire la façade, ce n’était désormais plus le cas ; avec le temps, le nettoyeur de nuit avait appris à ne pas déverser toute la colère des innocents sur le premier mécréant venu. Comment aurait-il pu se le permettre ? Le niveau des criminels ordinaires était voué à stagner là où le surhomme qu’il était devenu ne pouvait que s’améliorer au vu de ses sempiternels efforts. Il y avait un monde de différence entre les assauts d’un combattant amateur et ceux d’un semi-pro. Il n’était pas juste question de gommer les mouvements superflus ou d’épater la galerie : la technique était tout aussi importante, voire plus, que la force lorsqu’il s’agissait de passer à l’attaque. Même quelque chose d’aussi basique qu’un coup de poing nécessitait un certain savoir-faire pour être réalisé efficacement. C’était la technique qui dictait qu’il fallait frapper avec les phalanges proximales pour ne pas se blesser, c’était la technique qui permettait de mettre tout son poids dans l’attaque, et c’était encore et toujours la technique qui offrait la possibilité de varier les offensives pour éviter de devenir un livre ouvert. Passer de zéro à presque Héros vous changeait un homme, et il aurait par conséquent été irresponsable de heurter Caroline de plein fouet.

Une question se posait alors : quelle était l’origine de cet accident si le principal intéressé y était allé de main morte ? La réponse était à la fois simple et affligeante : le Foolardy avait omis de prendre en compte les piercings de cette délinquante. En toute franchise, il était bien trop occupé à noter l’équipement du trio et leur sobriété discutable pour s’attarder sur de simples bijoux. De toute façon, il n’avait pas la moindre expérience avec le piercing et ses subtilités, notamment l’aisance avec laquelle une blessure liée à cette pratique pouvait dégénérer. Ne s’étant jamais lié d’amitié avec quelqu’un en portant ailleurs qu’aux oreilles, il pouvait difficilement s’attendre à un résultat pareil à la suite d’un simple jab. S’il s’était donné le temps d’y réfléchir calmement, de seulement s’intéresser à ses sacs de frappe tous désignés, il aurait pu deviner la chose. Malheureusement, cette pensée ne lui avait jamais traversé l’esprit, pas plus que de véritables solutions pour lutter contre le crime. Dans le fond, Harry savait que ses combats nocturnes n’enrayaient en rien la délinquance, cela l’aggravait peut-être sur certains points. Toutefois, il ne pouvait pas s’empêcher de les mener à bien. Pourrait-il se le pardonner s’il ignorait une personne louche sur son passage et qu’une agression avait lieu suite à cela ? Serait-il un jour digne du titre de Héros s’il en venait à fuir même ce qui était à la portée d’un amateur tel que lui ? Les réponses à ces questions allaient sans dire. En cela, il ne regrettait pas sa décision, Caroline devait être arrêtée.

-« Désolé, » s’excusa-t-il, clairement gêné. « Ce n’était pas mon intention de la marquer à vie. »


Néanmoins, le Foolardy admettait volontiers que laisser une cicatrice évidente n’était absolument pas une chose dont il devait être fier, et encore moins ignorer. S’il aurait pu douter de la véracité des dires de son interlocutrice, se complaire dans une fausse sensation de sécurité, il n’en fit rien. Plus que quiconque, le pugiliste était conscient de ses défauts. Comparé aux Héros fictifs qui lui servaient de modèles au quotidien, il était affreusement faillible. Cela n’avait rien avoir avec sa faiblesse ou des valeurs différentes des idéaux prônés par ces personnages ; le problème, c’était qu’il restait un humain fait de chair et de sang vivant dans un monde bien réel. Ses actions avaient nécessairement des conséquences, et c’était bien la première fois qu’un coup de balai sur la Rue des Princes revenait le mordre d’une telle manière. Il était habitué aux vendettas ridicules de truands ayant plus leur place dans un cirque qu’autre chose, pas à une colère froide, justifiable. C’était la première fois en quatre années de combat qu’il avait affaire à une situation le faisant regarder en arrière et se dire qu’il avait commis une erreur. Cela le perturbait d’autant plus que la fille dont il avait irréversiblement blessé la camarade prenait la peine de lui parler avec une courtoisie qu’il n’aurait probablement pas su imiter si les rôles avaient été inversés. Il avait fallu à Harry un moment pour mettre le doigt sur le cœur de son ressenti : il avait l’impression d’être le méchant de l’histoire cette fois-ci.

Dans de telles conditions, l’aéromancien ne parvint pas à rétorquer face à l’argumentaire bourré d’émotions. Toutefois, ce n’était pas qu’il n’avait rien à redire sur son coup de gueule posé ; il doutait simplement d’avoir voix au sujet lorsqu’il était en grande partie à l’origine du problème évoqué. Dans une moindre mesure, cela aurait été l’équivalent de couper le bras de quelqu’un et de lui dire qu’il pouvait toujours se servir du deuxième. Pour résumer, cela aurait témoigné d’une hypocrisie crasse. En l’état, la tentative d’Astelle de rassurer le Foolardy au sujet du bien-fondé de ses actions remua le couteau dans la plaie à la place. Se faire insulter copieusement l’aurait probablement aidé à minimiser sa culpabilité ou à passer à autre chose, au moins. Cependant, les paroles de son adversaire le firent redescendre sur terre : ils étaient sur le point de se battre. Remords ou non, Harry ne comptait pas perdre ; il ne méritait peut-être pas de gagner, mais il ne pouvait pas se permettre de rentrer chez-lui contusionné. Rien que de repenser aux réactions de sa famille la première fois que cela lui était arrivé après une bagarre de rue tenant plus de la tentative de lynchage… Non, il allait jouer le jeu de cette parfaite inconnue pour lui permettre d’évacuer le stress qu’il avait causé, mais il ne se laisserait clairement pas faire. Dès qu’il en aurait fait assez pour calmer sa conscience, il se carapaterait en vitesse.

Plutôt qu’une réponse verbale, Harry opta pour une garde de boxe standard un peu retouchée pour se prêter au terrain désavantageux. Cette pente était un problème pour les deux combattants, car aucun ne pouvait reculer sereinement à un tel angle, surtout pas le Coureur de Minuit qui risquait de dévaler celle-ci au moindre faux pas. Par conséquent, il ne restait plus qu’une option à ce dernier : avancer au fur et à mesure des offensives. Il se devait néanmoins de laisser le premier coup à cette jeune fille, et elle n’avait pas manqué de ravaler la distance les séparant à vive allure avec dans l’idée de lui casser la gueule, littéralement. Si le Foolardy reconnut de suite le sport de combat de prédilection de l’ennemie, il ne se laissa pas déconcentrer pour autant. Bien vite, elle arriva à portée de poing, quittant le cercle de perception passif pour entrer dans le cercle actif. Dès lors, des informations détaillées furent transmises à l’aéromancien : des petits bras musclés de la demoiselle indiquant la pratique d’un sport comme le tennis à son gabarit digne de la catégorie « poids atomes », tout lui parut comme limpide. Un détail lui sauta parfois directement aux yeux : elle avait des appendices à la forme duveteuse enroulés autour de la taille !

Le pugiliste avait remarqué dès le départ qu’elle avait un pouvoir, mais il ne se doutait absolument pas qu’il était déjà actif. Quel coup sournois préparait-elle donc avec ces choses ? La réponse devrait attendre au vu des attaques un peu plus conventionnelles lui étant d’ores et déjà destinées. Le direct du gauche d’Astelle fut esquivé d’une manière assez classique pour ce sport : Harry transféra la majorité de son poids sur son pied droit avant de déplacer son tronc dans cette direction. Cela eut pour effet de décaler sa tête juste assez pour éviter un mauvais coup, mais le suivant ne tarda pas à suivre. Sur un terrain plat, il n’aurait pas été compliqué de transférer son poids vers l’autre pied ; malheureusement, une telle manœuvre aurait eu tôt fait de déséquilibrer le concerné. Il n’était pas comme la créature menue en face de lui : son centre de gravité se trouvait trop haut pour se permettre des mouvements excessifs dans ce contexte. Bien entendu, cela allait dans les deux sens, mais il était assurément le moins à l’aise et le resterait. Être le plus grand des deux n’avait pas que des désavantages dans cette situation précise, cependant.

Le plus évident était bien sûr la catégorie de poids. Si ce n’était pas si important que cela lorsqu’il se battait avec des gens ordinaires, il s’agissait de l’une des nombreuses choses pouvant départager deux utilisateurs de pouvoirs sur le plan physique. Forcément, cela ne faisait pas tout, mais cela lui permit en l’occurrence de bloquer la droite adverse avec assurément plus d’aisance que l’inverse. De la même manière, cela voulait dire que ses propres assauts étaient plus lourds que ceux d’Astelle à défaut de pouvoir l’égaler en termes de vivacité ou d’agilité. Lorsque la demoiselle commença son déhanché préparatoire, l’autre légende urbaine vit une opportunité en or de riposter et décida par conséquent de soumettre son ennemie à un jab du droit visant la poitrine. L’idée était de lui couper le souffle en cas de réussite ou lui faire perdre l’équilibre en cas de parade si elle s’obstinait à réaliser son fouetté du droit. Après tout, elle avait omis un détail important : un assaut aussi dévastateur prenait assurément plus de temps à se concrétiser qu’une attaque plus directe. Cependant, le jeune homme n’était pas sûr du fonctionnement du don adverse et se préparerait donc à intervenir de sa main gauche si les choses prenaient une autre tournure que prévu.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Mer 14 Déc - 23:06

Éclair de douleur.
Le coup de poing la cueillit en pleine poitrine, la coupant net dans son élan.
Son inspiration suivante se fit sifflante ; une sensation de feu se propageait dans ses poumons.
Déséquilibrée par l’impact, sa jambe levée retoucha brusquement terre. Elle serait tombée si elle avait été moins vive sur ses appuis, au lieu de quoi...
...elle revint aussitôt à l’assaut.

Pas le temps de corriger sa posture, cette fois. Conservant une garde haute sur la droite, son jab du gauche partit à la manière d’un fouet. La petite métisse enchaînait sur une combinaison moins basique. Un premier coup, sec. Puis un second qui – après un pas supplémentaire – se métamorphosait en uppercut court.

Mais cette fois encore, la contre-attaque du pugiliste la prit de court.
Astelle Dumas ne faisait que commencer à entrevoir la différence d’expérience qui la séparait de son vis-à-vis. L’année qu’une lycéenne pouvait consacrer à son entraînement valait bien peu de choses au regard du temps que son adversaire avait investi dans sa propre préparation physique.

Elle ne s’était battue sérieusement qu’à deux reprises jusqu’à présent, contre des poudreux de bandes rivales. Et ses assauts n’avaient jamais été démantelés avec une telle précision. Contre d’autres lycéens, il y avait un échange de coups, des attaques simultanées, et sa pugnacité finissait alors par venir à bout de la résistance adverse.
La plupart des voyous étaient bien moins déterminés qu’elle-même à disputer un combat sérieux quand il était tellement plus simple de harceler les sans-pouvoirs.

Mais cette fois, sa mauvaise maîtrise des fondamentaux la plaçait largement derrière son adversaire. Les rares coups vifs qu’elle réussirait à porter seraient trop légers pour infliger de sérieux dégâts, là où les ripostes du pugiliste mineraient petit à petit son endurance. Et sa tentative de mettre un peu de distance entre eux pour utiliser son jeu de jambe et placer une série de coups de pied se retournerait à nouveau contre elle, tant leur différence d’allonge était importante.





La poitrine en feu. Les avant-bras contusionnés par ses blocages répétés. La petite délinquante était complètement neutralisée.
Sa douleur et sa frustration la faisaient trembler. Elle était furibonde, surtout contre elle-même, et contre ses propres insuffisances, que le style posé et cartésien de son rival mettait en lumière ; la jeune fille recula souplement, laissant échapper les bribes d’un juron grossier.

畜生!*
*Chikushō!

De deux petits mouvements nerveux des pieds, elle se déchaussa de ses sandalettes.

Elle ne voulait pas en arriver là.
Ce n’était pas juste, de la même façon qu’il était injuste de sortir une arme au cours d’un pugilat.

Braquant les yeux sur le jeune homme, en contrebas, son regard s’enflamma.

Son adversaire ne méritait même pas qu’elle s’en prenne à lui.
Elle aurait voulu régler la question à la seule force de ses poings.

Plus encore car le jeune homme ne la prenait même pas suffisamment au sérieux pour utiliser son pouvoir.

Dans un souffle ascendant qui souleva sa capuche et fit danser sa chevelure noire, Astelle déploya ses ailes.
Ses mains se métamorphosèrent sous le regard du Coureur de Minuit, de la façon dont la peau peut paraître se dessécher et peler, tandis que de petites écailles de kératine recouvrèrent et figèrent ses doigts sous la forme de trois serres rigides, terminées de fines griffes acérées.
Ses pieds connurent le même sort, quoique les pattes, plus aplaties, semblaient mieux articulées et moins contraignantes.

La bourrasque soudaine retomba, et ses cheveux mi-court revinrent dissimuler ses petites oreilles pointues. Fixant le jeune homme d’un œil ardent, Astelle releva sa garde, en exerçant un soin méticuleux dans la manière dont elle serrait le poing.
Logeant les trois griffes au creux de sa paume, pour y refermer ensuite ses serres, elle parvenait à former un poing grossier, qui ne risquerait pas de lacérer son adversaire à l’impact.

C’aurait été impardonnable.
Elle était l’assaillante dans ce scénario.
Ils ne s’affrontaient que pour satisfaire ses besoins, et son égo.


C’est pourquoi, depuis le début, Astelle n’avait jamais eu que deux objectifs :
Le premier était de restaurer l’honneur de sa bande. Dans l’idéal, en fournissant une preuve de son triomphe sur le Coureur de Minuit. De façon à ce que la rue entende la rumeur, et sache qu’on ne pouvait pas s’en prendre à Caroline et à ses filles impunément.

Le second, lui était plus personnel et précieux.
Profondément sentimental, elle-même n’aurait su dire s’il s’agissait d’un reliquat de naïveté crasse qu’elle ne parvenait pas à déloger des tréfonds de son âme, ou d’une perle précieuse de sagesse qu’il fallait défendre contre vents et marées.

Les mots de son adversaire revinrent flotter dans ses pensées.
Cependant, ne trouves-tu pas contre-productif de devoir entrer dans la criminalité pour en sortir quelqu’un d'autre ?
Le risque de se perdre soi-même plutôt qu’aider une âme errante à voir la lumière est tout sauf négligeable.


Peut-être suis-je déjà perdue, chuchota-t-elle d’une voix qui avait la douceur du clair de lune, avant de s’annoncer à son rival, dans un battement d’ailes rugissant. Je suis Astelle Dumas, femme-tengu de Hayamaki !
Et dans son regard brasillait désormais cet éclat fiévreux, primitif, de l’animal qui n’agit plus que pour l’assouvissement de ses désirs immédiats.

Ses pattes claquant sur le bitume, Astelle retourna à l’assaut.
Pensées et hésitations émoussées ; seul comptait son objectif, et les moyens qu’elle avait de l’accomplir.
Son visage affichait la concentration du rapace qui tombe sur sa proie.
Ses coups de poing, cette fois, avaient la dureté d’une bille de bois.

Comme un moniteur passant de 30 à 60 FPS, la scène sous ses yeux de faucon se déroulait avec fluidité. Chaque action lui apparaissait se décomposer en un ensemble de gestes clairs. Pour mettre à profit cette acuité supérieure, son style se fit plus défensif ; un changement subtil dans sa disposition psychologique la commandait à ne plus poursuivre que l’efficacité.
N’attaquant que de petites offensives vives et perçantes.
Se défendant autant que possible en plaçant ses poings ou ses pattes rigides en travers de la trajectoire du coup, ou en décalant le point d’impact d’un assaut qu’elle aurait vu venir à l‘avance.

La partie la plus animale de son cerveau lui susurrait qu’elle avait manqué de sagesse en utilisant ses capacités si tard, après que leurs échanges aient eu le temps de creuser son endurance...
...mais qu’accomplir ses modestes objectifs restait du domaine du possible.
Tu ferais bien d’utiliser ton pouvoir, toi aussi ! le prévint-elle avant de passer à la vitesse supérieure.

Dans une détonation de plumes noires, la femme-tengu décolla du sol, en détente sèche, pour s’élever au-dessus de son adversaire et le frapper de ses pattes. Deux coups brutaux, serres fermées, pour cogner plutôt que de lacérer.
Mais l’assaut ne s’arrêtait pas là. D’un nouveau battement d’ailes, la petite oiselle ajusta sa position et se maintint brièvement dans les airs, afin d’asséner deux attaques supplémentaires au jeune homme ; figure chimérique sous l’éclat lunaire, elle donnait l’illusion de piétiner en plein ciel.


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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Sam 24 Déc - 2:30

Street Bushido.

Ft Astelle
Le coureur de minuit.




Le duel nocturne des deux légendes urbaines de Sologne battait son plein. Si le coureur de minuit s’était attendu à une rude bataille, les événements lui avaient donné tort. Ce n’était pas que cette demoiselle manquait d’aplomb ou de talent, il voyait clairement qu’elle maîtrisait les bases et avait la rage de vaincre. Malheureusement, elle s’obstinait à se mesurer au Foolardy sur un terrain dans lequel il la surpassait selon toute vraisemblance. Harry avait honnêtement du mal à comprendre cet acharnement à vouloir triompher de lui en usant de tactiques aussi frontales. Logiquement, il fallait ruser et tirer parti de ses propres atouts lorsque l’on se frottait à plus grand que soi, cela relevait du bon sens. Un affrontement officiel mené dans le respect des règles l’aurait fort probablement vue perdante dans la mesure où les catégories de poids existaient pour une bonne raison, mais un combat de rue était différent. Il n’y avait aucun arbitre pour veiller au bon déroulement du match, pas plus qu’une raison de se priver d’un coup sous la ceinture au besoin, à fortiori dans une situation aussi désavantageuse. Pourtant, la prétendue délinquante n’avait pas esquissé le moindre coup bas. Que Harry fût réticent à viser les points faibles du corps humain à cause d’un sentiment de culpabilité, ce n’était pas improbable ; toutefois, cette jeune fille n’aurait pas dû hésiter dans un ce contexte.

Pour une raison qui échappait donc sérieusement au pugiliste, son ennemie du soir tenait à se battre à la régulière. Le pire, là-dedans, c’était qu’elle ne donnait aucun signe de vouloir se servir de son pouvoir malgré les bleus s’accumulant sur elle. Le geek avait même fini par théoriser que les ailes au dos de son adversaire – il avait largement eu le temps d’identifier la nature des fameuses protubérances  – n’avaient que peu d’utilité au combat, un peu à la manière de son propre don. D’un côté, leurs échanges répétés l’avaient conforté dans cette idée puisqu’une personne normalement constituée ne s’infligerait pas un tel supplice volontairement. D’un autre, cette assaillante atypique pouvait difficilement être qualifiée de telle dans la mesure où elle aurait dû jeter l’éponge depuis un bon moment. Harry avait gardé l’ascendant durant la majorité de cette joute au clair de lune, et cela n’était pas spécialement pour lui plaire ; passer une autre fille à tabac ne risquait pas de soulager sa conscience. Il s’était attendu à devoir encaisser plus de douleur qu’il n’en infligerait cette fois-ci, à la fois parce qu’il le méritait probablement et parce qu’il devrait naturellement éprouver des difficultés face à un individu aux capacités surnaturelles un brin dangereuses. Ce dernier point se verrait d’ailleurs corroboré par la suite du duel.

Astelle avait fini par perdre patience, une constatation aussi évidente qu’inéluctable. Ainsi, elle avait fait montre de son pouvoir en fanfare, faisant voler en éclats les considérations de son adversaire en même temps qu’un pan entier de sa concentration. Ne s’étant clairement pas attendu à un vent aussi soudain lors d’une nuit où seule une douce brise soufflait, Harry avait été autant surpris par les informations chaotiques issues de son pouvoir que par l’apparition en chair et en os d’une créature du folklore edoïte. Bien entendu, cette bourrasque était loin d’être suffisante pour occuper pleinement son esprit, mais il n’était malheureusement pas arrivé à donner un sens aux murmures de la Dumas dans de telles conditions. Sa présentation, en revanche, n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. En l’occurrence, le Francien était plus que tenté de garder le silence, de ne donner aucune information susceptible de remonter jusqu’à lui d’une manière ou d’une autre. Après tout, il doutait d’avoir un nom particulièrement commun dans la région de Sologne, et il ne pouvait jamais savoir si l’autre parti était assez vicieux et déterminé pour remonter jusqu’à sa famille à partir de cette base. C’était pour cela que le pugiliste ne répondait jamais honnêtement à de telles initiatives. La demoiselle aux racines aussi étrangères que les siennes n’était probablement pas de ce genre-là, mais pouvait-on en dire autant de ses copines ? La situation étant ce qu’elle était, il décida toutefois – chose rare – de faire un compromis. Cela témoignait peut-être du respect qu’il portait pour cette drôle de délinquante.

-« Tu peux m’appeler Harry, » dit-il sans quitter la tengu des yeux. « Héros amateur de Sologne. »


Les mots du Foolardy sonnèrent la fin de cette courte pause et le début du second round. Les choses s’annonçaient compliquées pour le pugiliste, qui n’eut pas vraiment le temps de se préparer au vu des circonstances ayant mené au lancement des hostilités. Les choses sérieuses commençaient réellement, et il devait avouer qu’il n’aurait jamais deviné que des serres d’oiseau lui poseraient problème à ce point. Astelle n’essayait peut-être pas de mettre le jeune homme en charpie avec, mais elles faisaient parfaitement office d’armes contondantes et de boucliers à la fois. Pour ne pas arranger les choses, le style de combat de l’ennemie avait changé du tout ou tout en un rien de temps, tant et si bien qu’elle contrecarrait les assauts du garçon en survêtement sans grand effort. C’était comme si elle voyait venir le moindre coup, désormais… De plus, la dureté de ses nouveaux poings ne pouvait que jouer en la défaveur de l’aéromancien, car il y avait évidemment un monde entre un poing nu et l’équivalent d’un poing dans un gant de fer. Cependant, tous ces problèmes restaient de l’ordre du raisonnable puisque l’amateur de bandes dessinées restait moins amoché que la personne lui faisant face. Cette dernière semblait néanmoins décidée à remédier à cela à coup de jump kicks à sa sauce.

Si Harry aurait dû être en mesure de s’en prémunir en temps normal, il échoua lamentablement cette fois-ci. Pour commencer, sa tentative d’esquive se solda par un échec dans la mesure où la serre droite de la métisse le frappa en pleine épaule alors qu’il tentait de se décaler. Le choc le déséquilibra trop pour pouvoir réagir correctement à la seconde volée, l’obligeant à placer ses bras entre les serres et sa poitrine pour éviter d’avoir le souffle coupé. Sans surprise, l’énième collision finit de lui faire perdre ses appuis, et ce qui devait arriver arriva : il commença à dévaler la pente comme la bouteille d’un peu plus tôt. Au final, ce n’étaient pas tant les serres inférieures de la demoiselle que son envolée qui avaient véritablement causé du tort au pugiliste. Des battements d’ailes suffisants pour faire décoller une humaine étaient voués à déplacer beaucoup de vent, et donc à créer une ribambelle d’informations chaotiques auxquelles l’aéromancien ne pouvait échapper. En soi, c’était comme si un bruit à vous percer les tympans était subitement survenu au moment même où vous vous apprêtiez à entreprendre votre action : ne pas être déconcentré aurait été plus surprenant que l’inverse. Or, cet instant d’inattention avait déclenché un effet boule de neige – littéralement – dont le pugiliste risquait de se souvenir. Sa course folle s’arrêta donc en contrebas, sur un terrain relativement plat.

Une personne ordinaire se serait probablement sérieusement blessée à la suite d’une telle roulade. Fort heureusement pour le Foolardy, cela faisait plus de quatre années que ce genre de normes ne s’appliquaient plus complètement à lui. Il n’en restait pas moins un être humain, une créature faire de chair et de sang, ce qui impliquait qu’il ne pouvait décemment pas s’être sorti indemne de tout cela. Sans compter le fait qu’il s’était mordu la langue, il était désormais au moins aussi contusionné que son ennemie… Le pugiliste avait le tournille, et ce n’était pas uniquement dû à son imitation de la pierre qui roule. Comment allait-il expliquer cela à sa famille ? Sa sœur allait le charrier pendant des jours, son père allait le sermonner, et sa mère n’en finirait pas de se faire du mouron pour lui… Les traits du jeune homme se durcirent en repensant à tout cela. Il cracha le sang ayant commencé à s’accumuler dans sa bouche et sortit ses poings américains. À la base, il s’était retenu de s’en servir à cause de sa culpabilité et de l’avantage relatif qu’il avait su garder au long du premier round ; puis, il avait raté le coche pour les sortir avant le second round, une erreur qu’il ne répéterait pas. Fini de jouer, il allait lui aussi donner tout ce qu’il avait face à Astelle. Elle l’avait eu par surprise cette fois-ci, mais cela ne se reproduirait plus. Si ses battements d’ailes étaient gênants, ils ne restaient ni plus ni moins qu’un désagrément mineur tant que le Héros amateur y était préparé. Après tout, ce n’était pas comme si elle pouvait créer une tempête englobant l’intégralité de son champ de perception. À part brouiller une partie des capacités sensorielles du Francien – ce qui n’était pas une grosse perte lors d’un duel comme celui-ci –, cela n’accomplirait plus grand-chose, sauf exception.

-« Le voilà, mon pouvoir, » déclarerait-il en montrant ses poings armés. « Pas trop déçue, j’espère ? »


Harry ne jugerait pas nécessaire de s’expliquer plus que cela. Qu’était-il censé faire, de toute façon ? Dire que son pouvoir était constamment actif et qu’il le gênait plus qu’autre chose pour l’instant ? Ce serait aussi stupide que ridicule. Autant abdiquer d’entrée de jeu s’il comptait divulguer ce genre d’informations vitales pour un rien. Au moins, la donnée inconnue qu'était son pouvoir jouerait peut-être sur le mental de l'ennemie avec de la chance... En vérité, c'était peu probable : son refus de l’utiliser même après un tel affront était déjà un indice, en soi. Il aurait aimé pouvoir bluffer ou quelque chose comme cela pour dissimuler cette faiblesse apparente, mais il avait le sentiment que cela aurait l’effet inverse vu son état. Au moins, dévaler la pente n’avait pas que du mauvais : il se trouvait enfin sur un terrain plat, une zone neutre qui lui permettrait de se mouvoir sans ajuster en permanence ses appuis. Il prit une bonne inspiration et plaça ses deux mains près du menton, adoptant une garde dite « peek-a-boo ».

Prenant son nom du jeu consistant à cacher son visage pour surprendre un nourrisson, ce style était considéré comme non-conventionnel ; il favorisait majoritairement les mouvements du haut du corps, misant sur ceux-ci et un bon jeu de jambes pour éviter les coups si possible. Le coureur de minuit estimait que c’était le meilleur choix puisque la plupart des assauts auxquels il aurait affaire risquaient de venir du haut. Cependant, ce n’était pas la seule raison. Son choix s’était aussi porté sur ce style parce qu’il impliquait de rester en mouvement, une particularité que le jeune homme comptait utiliser pour se rapprocher petit à petit d’une ruelle étroite au cours du combat. Il tâcherait d’être le plus discret possible dans cette tentative, n’hésitant pas à s’éloigner du passage en question par intermittence afin de ne pas éveiller les soupçons de la tengu. En d’autres termes, il voulait rendre la chose aussi naturelle que possible. Pour cette même raison, le redresseur de torts tâcherait d’occuper l’attention de son ennemie en attaquant à la moindre opportunité. Il ne savait pas exactement à quel point les serres de la délinquante étaient solides, mais il espérait les avoir à l’usure à force de voir ses coups être parés.

Si cette stratégie arrivait à duper la Dumas, le Foolardy finirait par avoir une fenêtre parfaite pour foncer vers la ruelle. L’idée en soi était assez simple : profiter du dédale étroit pour échapper à son agresseuse. Après tout, il serait bête de ne pas utiliser l’envergure de ses ailes contre elle à défaut de s’y attaquer directement par peur de laisser des séquelles irréversibles. Dans le meilleur des cas, il arriverait à lui fausser compagnie au bout d'un moment ; dans le pire, il la forcerait peut-être à reprendre forme humaine temporairement pour le suivre, ce qui l’arrangerait plutôt bien. La Dumas avait des raisons de se battre jusqu’au bout, mais Harry n’en avait aucune à vrai dire. À part le coup de la pente – qui était de toute façon dû en partie à son inexpérience face à ce genre pouvoirs –, il n’avait aucune dent contre Astelle. En vérité, il avait l’impression qu’elle avait plutôt bon fond, et que c’était justement à cause de cela qu’ils s’étaient rencontrés dans de telles circonstances. Sans l’inconséquence avec laquelle il s’était occupé de Caroline ou même la mauvaise influence de cette dernière, il pensait sincèrement qu’ils auraient bien pu s’entendre. Malheureusement, il était vraisemblablement trop tard pour cela. Malgré tout, il tenterait une dernière fois de régler les choses autrement que par la fuite ou la violence s'il en voyait l'opportunité. C'était une question de principes.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Mer 28 Déc - 14:23




Elle voyait tout, jusque dans les moindres détails.
Les sentiments conflictuels qui s’exprimaient sur son visage. La répugnance. La douleur contenue.
Sa longue chute, tout en bas de la Rue des Princes.



Le sang qu’il cracha par terre. Les contusions. La confusion.
Les émotions qui se mélangeaient, et donnaient naissance à une forme nouvelle de détermination.

Astelle observait tout cela.
Du regard rouge et curieux du rapace, qui dissèque sa proie.

Est-ce que c’est suffisant, Caroline ?


La petite tengu descendait la pente sans hâte.
En respirant fort, les yeux posés sur le garçon qui se relevait.
Plus consciente que lui-même, peut-être, de toutes ces petites façons dont elle lui avait fait du mal. Et dont elle allait continuer à lui en faire.

Tu vois ? Je suis comme toi.
Je ne vais pas me débiner ou t’abandonner.


Révélatrices de ses obsessions, ces pensées qui n’avaient rien...
...et pourtant tout à voir avec le combat continuaient de graviter dans son esprit.
Dans un ouroboros lancinant.

Tu n’as plus besoin d’avoir peur.
Tu n’as plus besoin de tester jusqu’où je suis prête à aller pour te suivre.
Tu n’as plus besoin de paraître étonnée, à chaque fois que tu te retourne... et que tu constates que je suis toujours là.


Debout sur un terrain stable, le jeune homme profita de l’interlude pour se saisir de ses armes, et assumer sa posture de combat. Astelle en fut distraitement soulagée ; elle avait craint de le voir s’enfuir, mais qu’il perde la volonté d’en découdre aurait été tout aussi problématique. Peu importe à quel point elle était capable de se focaliser sur ses objectifs, elle n’aurait pas trouvé le courage de l’attaquer à nouveau s’il s’était mis à la supplier de mettre fin au combat.

Est-ce que c’est suffisant pour toi, Caroline ?
Ou est-ce que tu voudrais que je le frappe davantage ?
Jusqu’où faudrait-il aller pour que tu passes l’éponge ?


Les paroles du pugiliste égratignèrent la nuit...
...mais ces mots parurent seulement glisser sur la jeune femme.
Contemplant silencieusement son adversaire, avec ce regard qui avait la fixité inexpressive de l’oiseau, la petite délinquante ne trahissait rien des émotions houleuses qui s’entrechoquaient dans sa poitrine.

Dis, Caroline...
...tu veux bien te détendre, s’il-te-plaît ?


Je sais bien que ça n’est que moi.
Que ça n’est pas beaucoup. Que ça ne représente pas grand chose.


Mais tu vois, je suis de ton côté...
...même quand tu es dans le mauvais camp.


Astelle serra mécaniquement les poings.
Prenant en compte la configuration nouvelle du terrain, et la distance qui la séparait du combattant, elle adopta une garde de corps polyvalente.
Visage à découvert, comme pour mettre le jeune homme au défi de l’y frapper.
Contrastant avec ce calme apparent, la petite tengu se sentait comme avec un nœud-coulant sur la gorge, une corde qu’elle s’était elle-même passée au cou.

Est-ce que ça ne va pas un tout petit peu mieux, si je suis là ?
Est-ce que ça n’est pas un tout petit peu moins douloureux ?

Est-ce que j’en demande trop... quand je voudrais que ma présence rende ton monde, juste un petit peu meilleur ?
Simplement supportable...? Pour que ces nuits où tu t’enrages de tout ce que les autres ont et que tu ne possèdes pas...

...tu puisses te rappeler que tu m’as, moi.


Quand bien même l’aurait-elle voulu, Astelle n’était pas sûre qu’elle aurait été capable de répondre au jeune homme.
Les battements de son cœur lui martelaient la poitrine avec un fracas digne du tonnerre. Sa respiration sifflante n’était plus du seul fait des coups reçus, mais la manifestation d’une angoisse que son pouvoir maintenait difficilement à l’écart.
A la lisière de sa conscience, elle entendait filtrer le faible écho de mots d’excuse qu’elle n’avait aucun droit de prononcer. Son flegme était perclus de fêlures. Seule l’animalité qui dominait ses pensées lui permettait encore de contenir son émotivité.

Mais comment aurait-elle pu ne pas souffrir de cette situation ?
En agissant selon son cœur, sur un modèle que le destinataire de ces sentiments pourrait comprendre, elle tournait le dos à ses propres convictions.
...pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’en prenant la peine de parler à son adversaire, ils auraient pu trouver un terrain d’entente. Dans les mots du jeune pugiliste, entre conseils et remontrances, elle avait perçu une tournure de pensée analogue à la sienne.
Si elle se l’était autorisée, le problème de cette nuit aurait pu être réglé d’une autre façon. Peut-être même à leur satisfaction à tous les deux.

Toutefois..
...ç’aurait simplement été trahir l’esprit de son action.

Se battre pour Caroline, ce n’était pas colluder avec ses ennemis pour faire disparaître les problèmes. Un arrangement à l’amiable aurait été une trahison ; la grande brune ne verrait pas la chose autrement.

Aussi, une attitude distante.
Respectueuse.
Mais adverse...
...était tout ce qu’Astelle pouvait lui opposer.

Elle était son ennemie.
Peut-être une ennemie qui serait du genre à vous passer le sel*, si vous le lui demandiez...
*敵に塩を送る.
...mais une ennemie malgré tout.


***





Astelle contourna prudemment son adversaire.
Attentive à sa gestuelle, constante et rythmée. A la mobilité qu’il déployait, maintenant que le terrain lui était moins défavorable. Et à l’équipement dont il s’était doté.

L’idée que le pugiliste puisse se servir de cette nouvelle arme comme un catalyseur pour son pouvoir lui était effectivement venue à l’esprit, mais c’est une distraction que son cerveau primaire avait aussitôt écartée.
Vaincre le Coureur de Minuit ne faisait pas partie de ses objectifs.
Néanmoins, maintenant qu’il semblait déterminé à en découdre, quitte à la blesser, il paraissait avisé d’avancer ses pions. D’accomplir le minimum nécessaire, au plus vite, afin d’atteindre son but. Et ce, même si son adversaire se révélait soudainement au-delà de sa portée.

Ils ré-engagèrent le combat.

Les assauts assidus du pugiliste l’empêchèrent de réfléchir.
Leurs échanges, sec et brutaux, minèrent rapidement la résistance de ses serres. Le style défensif qui lui avait si bien servi, un peu plus tôt, se retournait contre elle. A chaque horion, les coups de poing américains mordaient un peu plus durement sur ses écailles de kératine, libérant les échos d’une douleur fantôme qui se manifesterait d’un seul coup à la fin de sa transformation.
Comme pour tenter de remporter en posture basse le combat qu’elle perdait en garde haute, Astelle se concentrait sur des ripostes à base de low-kicks, et se laissait sans le savoir manœuvrer, tandis qu’elle guettait elle-même une occasion de mettre à exécution la prochaine étape de son plan.

Dans ce style d’escarmouche, très vive et mobile, le fait de garder les ailes ouvertes et prêtes à l’emploi présentait un désavantage certain. Astelle aurait sans doute été plus rapide que son adversaire en temps normal, mais suivre son rythme effréné en gardant ses ailes disponibles, et en leur inférant d’infimes mouvements de manière à ce qu’elles ne gênent ou ne freinent pas ses déplacements, rognait sur sa capacité à se concentrer.

Elle aurait pu disposer ses ailes de façon à ne pas se gêner, voire les enrouler autour de sa taille, mais le fait de les maintenir en activité lui permettait de feinter le pugiliste. De le tenir sur le qui-vive, faisant claquer ses ailes et souffler le vent, sans pour autant déplacer son centre de gravité de la façon idoine pour s’envoler, pour qu’il ne sache jamais quand elle risquait réellement de se projeter vers lui.
De plus, le combattant ne s’en doutait peut-être pas encore, mais même au sol et au contact, un double-battements d’ailes à pleine puissance suffirait à lui faire perdre l’équilibre et à ouvrir une brèche dans ses défenses.

Néanmoins, pour l’instant, Astelle n’osait pas recourir de nouveau à son atout.
Le fait demeurait que le Coureur de Minuit avait été capable de bloquer sa série de quatre frappes aérienne. Ce qui signifiait que même ses coups de pied ne lui permettraient pas de prendre l’ascendant ; seule l’inclinaison du sol lui avait permis de remporter cet échange.
Dans le cas contraire, nul doute que le pugiliste aurait vu et saisi l’occasion en or que la petite tengu lui aurait offert en retombant. Une charge ailée présenterait le même risque : bien que lui permettant de frapper plus fort et plus vite, un bref instant, elle s’exposait à une riposte brutale si son adversaire parvenait à encaisser l’impact.

Le pouvoir d’Astelle lui paraissait parfois paradoxal.
Que ce serait-il passé si elle avait été aussi grande que Caroline ? Mesuré 1m80 et été de nature à prendre facilement du muscle ? Plutôt qu’une pauvre gringalette d’un mètre cinquante-six, sans même un zeste de gras, qui devait se gaver pour conserver le moindre kilos qu’elle parvenait à gagner ? Aurait-elle été beaucoup plus forte si la nature avait été de son côté ?
Bien entendu, en contrepartie : ce désavantage faisait d’elle un véritable bolide, et il existait une solution évidente à son problème.
Qui aurait été... d’ouvrir ses serres. Ou de se procurer une arme à distance. De ne pas chercher l’échange frontal, mais de tourner autour de son adversaire pour le tailler progressivement en pièces.

Elle s’y refuserait aujourd’hui.
Elle estimait ne pas en avoir le droit, pas alors qu’elle s’en prenait à un innocent pour satisfaire ses motivations égoïstes.
Mais un autre ennemi, et un autre combat l’auraient vu adopter un style de vale tudo qui mettrait pleinement sa créativité et sa fourberie à profit.

En attendant...
...la petite tengu prenait son mal en patience.
Haletante, essuyant la tempête à laquelle la soumettait son adversaire, ses serres s’étaient fêlées et crevassées d’impacts. Le résultat ne serait pas beau à voir quand son épiderme reprendrait son état normal.

Elle ne pouvait plus temporiser davantage.
Elle partirait à l’assaut.
A la première occasion.
Peut-être après avoir forcé le boxeur à esquiver l’un de ses low kicks. Contrairement à lui, elle n’avait pas nécessairement besoin de reposer le pied pour s’élancer, et un battement d’ailes bien placé pourrait peut-être tromper sa vigilance.

Si elle parvenait à se lancer sur lui, quitte à heurter douloureusement sa garde, elle saisirait ensuite son survêtement à pleines serres, dans le dos... afin de déchirer copieusement ce vêtement qui faisait la réputation du Coureur de Minuit, et d’en récupérer le morceau le plus large possible.

Si elle voulait appeler la rixe de cette nuit un succès, elle aurait besoin d’un trophée.
Astelle Dumas
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Ven 10 Fév - 0:48

Street Bushido.

Ft Astelle
Le coureur de minuit.




Le combat suivait inexorablement son cours. Harry avait trouvé un rythme satisfaisant et se rapprochait petit à petit de son but. Il estimait ne pas avoir mis la puce à l’oreille à Astelle, mais il était difficile de confirmer cela. Il était de toute façon contraint de rester sur ses gardes étant donné la fâcheuse manie de son adversaire de feinter avec ses ailes. Même si cela jouait plutôt en sa faveur puisque les garder déployer ralentissait les mouvements ennemis, cette stratégie avait tout de même le don de l’agacer. Après tout, c’était un facteur de plus à prendre en compte s’il ne voulait pas répéter le fiasco de la pente. Les esquives rythmées du Héros amateur n’étaient peut-être pas toujours couronnées de succès, à fortiori lorsque les coups venaient d’en bas, mais il arrivait encore à tenir bon. Quant à ses propres attaques, elles se heurtaient systématiquement aux serres de la femme Tengu ; pourtant, il ne désespérait pas, loin de là. Il pouvait le sentir : petit à petit, coup par coup, les défenses de la Dumas s’effritaient comme un château de sable face au vent. Le Foolardy ne savait pas encore si sa tactique était la bonne face à la transformation adverse. Par contre, il était sûr que cela restait mieux que de rester passif tout du long. On ne disait pas que l’attaque était la meilleure des défenses pour rien. Chaque assaut, même mineur, était susceptible de freiner l’ennemie, l’empêchant d’imposer son propre rythme.

Dans le cas présent, celui qui menait la danse semblait être Harry. Il aurait pu s’en réjouir, mais ce n’était pas le cas. Quand bien même ses coups touchaient au but un peu plus souvent que ceux d’Astelle, il n’était pas satisfait. Y avait-il seulement une raison de l’être lorsque la concernée n’y mettait clairement pas complètement du sien ? Plus l’échange s’éternisait, et plus cet état de fait lui apparaissait évident. La fonction première des serres d’un oiseau de proie était de lacérer, pas frapper. Les ailes servaient à voler au loin, pas à maintenir la tension. Si la délinquante l’avait voulu, il y avait fort à parier que le jeune homme serait déjà en sang. Si elle avait opté pour un combat à distance, il n’aurait rien pu faire à part fuir. Le pugiliste se savait désavantagé face à une personne disposant d’un don offensif, mais confirmer cela en plein combat demeurait rageant. Si son but n’était pas la victoire, il ne pouvait pas empêcher la frustration de le gagner malgré tout. Le Coureur de Minuit n’en était pas encore au point où cela influait sur son jugement, et il allait faire son possible pour mettre un terme à tout cela avant d’en arriver là.

Reconnaissant la position de la demoiselle, le Héros amateur recula d’un petit bond, quittant ainsi la trajectoire de l’énième low kick. Malheureusement pour lui, il n’avait pas envisagé de se faire foncer dessus par la femme oiseau dans une telle position. Ayant à peine retrouvé ses appuis, il lui était impossible d’éviter la charge soudaine – pas qu’il en avait le temps vu la courte distance les séparant. Ainsi, le boxeur répondit à la situation inattendue de la manière la plus naturelle : avec un direct du droit. Pas du tout calculé, le coup de poing n’était autre qu’un réflexe, et il frapperait donc en direction de la partie du corps la plus proche du combattant au moment de la charge, quelle qu’elle fût. La Poubelle Volante allait par conséquent devoir encaisser cette ultime attaque si elle espérait mener à bien son plan.
Harry Foolardy
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Ven 10 Fév - 17:01



Astelle Dumas (14 ans).


15 Avril 2016.
L’impasse Sinclair était un vrai dépotoir.
L’étroitesse de la rue rendait le passage difficile d’accès pour les éboueurs. Logée au fond d’un quartier tout en angles, la visibilité y était mauvaise et l’endroit discret. Literie usagée, électroménager défectueux, mobilier cassé ; des riverains peu recommandables – ou simplement paresseux – y déposaient leurs encombrants depuis des années.

Avec une hésitation palpable, Astelle contemplait la pile de détritus.
Son petit nez s’était froncé pour contrer l’odeur soufrée qui émanait de vieilles batteries ayant rouillées sous la pluie. Méthodique, comme toujours, elle prit le temps de réfléchir à la situation.

Il était peu probable que les filles qui lui avaient volé ses affaires se soient aventurées profondément dans la décharge. Soit elles s’étaient contentées de dissimuler son cartable à proximité de l’entrée, soit elles l’avaient lancé aussi loin que possible vers l’intérieur. Choisissant de procéder par étapes, la petite métisse fit le tour d’un lave-linge déglingué qui empestait les eaux usées, puis contourna un bric-à-brac de pièces automobiles graisseuses qu’elle n’aurait pas su identifier, et après avoir inspecté un sommier qui servait de nid aux pigeons, finit par conclure que son sac n’avait pas été caché dans les parages.

N'ayant plus le choix, la jeune fille remonta soigneusement ses chaussettes sur ses chevilles, puis se prépara à escalader la pile de détritus à petits pas prudents. Le monticule trembla à peine sous son poids plume, et dans l’espoir de bénéficier d’un point de vue sur l’ensemble du dépotoir, elle grimpa aussi haut que possible.

Hey !
La collégienne sursauta, provoquant une petite avalanche de déchets métalliques, dont plusieurs ressorts, quelques tuyaux et une chaîne de vélo. Astelle venait de se rendre compte qu’elle n’était pas seule. En bas de la pente, une grande fille brune en sweatshirt à capuche rouge l’observait avec un sourire en coin. Elle était équipée : portait des gants en cuir épais et une petite brouette dans laquelle s’accumulait du matériel de récupération.

[FB] Street Bushido (PV Harry) Aoh36As

Laisse-moi deviner... poursuivit la jeune femme avec une expression qui s’apparentait à un rictus moqueur. C’est ton cartable là-bas ?
Oui, répondit la collégienne d’une petite voix, en se rapprochant prudemment de la direction qu’indiquait l’inconnue.
Haha, cette vanne ne vieillit jamais. Quelles grosses connasses.
Ayant finalement remarqué le petit sac d’école, rose et blanc, Astelle se pencha pour le récupérer... mais n'alla pas jusqu'au bout de son geste.
La jeune métisse frissonna. Son cartable avait été imbibé de lait périmé avant qu’on ne le jette ici...

La petite façade pleine de courage qu’elle affichait jusqu’ici se craquela ; pour la première fois depuis son entrée dans la décharge, la collégienne fut prise d’un tremblement irrépressible. Le cœur au bord des lèves.
Cette odeur lui donnait la nausée.
Parfois, ses cheveux en restaient imprégnés pendant des jours ; à force de mauvais traitements, elle n’en supportait plus ni le goût, ni la moindre petite trace de parfum.

Après s'être rapprochée pour satisfaire sa curiosité, la grande fille à ses côtés haussa le sourcil, puis ramassa négligemment le cartable dégoulinant.
Le coup du lait, marmonna-t-elle en le déposant dans sa brouette, c’est un peu crade quand même.
La petite métisse leva un regard confus sur l’inconnue. Se contentant de l’observer bêtement, de ses grands yeux rouges... dans ce même silence figé et hésitant qui lui valait le dédain de ses camarades de classe. Sans paraître se soucier de son mutisme, la grande brune commença à dévaler tranquillement la pente.
Ramène-toi, on va voir ce qu’on peut faire.


***




Le Coureur de Minuit et La Poubelle Volante.


Maintenant !
Ses ailes émirent un claquement sonore. L’air se rassembla sous ses plumes, sensation presque physique, presque corporelle ; prenant son appui sur l’invisible, Astelle fusa dans la nuit. Droit sur son adversaire.
Le vent lui cingla le visage. Toute à son offensive, la petite tengu lança ses serres vers l’avant, tel un rapace prêt à prélever sa ration de chair sur le corps de son ennemi.

Même en vol, Astelle n'était pas vulnérable ; sa vision s’étant adaptée pour la chasse, pour saisir l’instant, elle serait restée attentive à la riposte adverse si le dernier mouvement d’esquive de Harry ne l’avait placé à la lisière de la zone éclairée par le lampadaire. L’obscurité lui déroba brièvement sa proie, et lorsque ses yeux firent de nouveau le point sur les ténèbres : il était déjà trop tard. La petite tengu ne perçut la frappe ennemie qu’au tout dernier moment.

Les pensées d’Astelle éclatèrent sur le champ.
Le coup de poing renforcé du héros amateur la cueillit en plein visage.
Le choc fit vaciller cette lumière vive qui dansait dans ses yeux ; la violence de l’impact la stoppa net dans son élan.
Sa tête rejetée en arrière, son corps tout entier bascula sous l’effet des deux forces contraires. L’instant parut se figer sur la silhouette de cette petite créature.
Qu’on venait de briser en plein vol.

...

...mais ce n’était pas fini.
Ses ailes claquèrent encore, s’ajustant en pleine volte aérienne pour compenser le recul, avec la finesse d’exécution naturelle qui est le propre des oiseaux. Dans une seconde de fulgurance animale, son petit corps pirouetta pour parachever sa rotation avant de se stabiliser dans les airs ; ailes pleinement déployées dans la nuit, elle abaissa son regard vitreux sur sa proie, pour repartir à l’assaut dans une détonation furibonde.
Avec un feulement qui tenait plus de la bête que de l’humain, la petite créature virevoltante termina sa charge, heurtant de son corps frêle le pugiliste en pleine poitrine.
La charge les projeta tous deux contre le rideau de fer d’une vieille enseigne de bowling.
Les serres d’Astelle empoignèrent abruptement les côtes du jeune homme, ses griffes laissèrent des sillons sur son survêtement de sport, réduisant sa tenue en lambeaux, dont elle préleva le morceau le plus large possible.

Ses serres verrouillées sur le précieux trophée, l’urgence animale qui lui battait le cerveau s’apaisa. C’était tout ce dont elle avait besoin. Tout ce qu’elle pouvait espérer accomplir.
Trop secouée pour résister plus longtemps, sa tête lui parut s’emplir de brouillard.
Elle s’effondra.

Ses pieds toucheraient le sol, sans que ses jambes aient la force de la porter.
Glissant mollement tout contre son adversaire, la petite tengu retomberait sur le flanc, le regard dans le vague. Incapable de bouger et durement commotionnée.
Quelque part, dans la brume ouatée où nageaient ses pensées, Astelle éprouverait comme un vague sentiment de soulagement à l’idée de ne pas pouvoir pousser la confrontation plus loin.
C’est terminé...
Son supplice s’achevait enfin.
Astelle Dumas
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Dim 12 Fév - 3:11

Street Bushido.

Ft Astelle
Le coureur de minuit.




-« Fuck ! Tout va b… »


Le coup était parti tout seul. Harry avait paniqué en se rendant compte que cet énième battement d’ailes, loin d’être une feinte, s’était avéré être le prélude d’une charge téméraire. La vitesse de l’assaut avait naturellement contribué à ce résultat, mais l’aspect menaçant des serres ouvertes était sans doute ce qui avait poussé l’instinct du jeune homme à prendre le pas sur sa raison. Il n’avait par conséquent réalisé la gravité de son geste que bien trop tard, lorsque la demoiselle fut projetée en arrière sous l’effet d’un impact aussi brusque que douloureux. Aussitôt, les regrets assaillirent le Coureur de Minuit dont le poing s’ouvrit pour retenir Astelle. Cette hésitation se transforma toutefois en faiblesse au moment où la délinquante se rattrapa en plein vol plané pour fondre sur lui une seconde fois. Ayant baissé sa garde, le Foolardy fut dans l’incapacité de se défendre. Non-content de lui couper le souffle, le tacle de la femme oiseau le fit heurter de plein fouet le rideau de fer d’un établissement quelconque. Un bruit métallique raisonna dans la Rue des Princes, sonnant le glas pour le Héros amateur qui, trop endolori pour réagir à temps, réalisa avec horreur qu’une paire de griffes acérées s’apprêtait à le faucher. Bien que cela n'entravait que partiellement sa perception, ses paupières s’abaissèrent sous le coup de ses émotions. Pourtant, ce ne fut pas la sensation d’un corps étranger pénétrant son flanc qui le rappela à l’ordre ; ce fut plutôt la déchirure de son survêtement. Il rouvrit les yeux pile à temps pour voir la Dumas à deux doigts de s’effondrer. Sans réfléchir, il la saisit par l’épaule pour prévenir une mauvaise chute. Malheureusement, ses jambes ne tardèrent pas à le lâcher à son tour, et il glissa le long du rideau avec elle dans les bras.




Harry sentit la tension retomber : c’était terminé. Cette fois-ci, il en était certain. Il était évident que son adversaire n’était plus en mesure de se battre, et lui non plus, d’ailleurs. Quoiqu’il fût plus juste de dire qu’il n’avait plus la tête à cela, tout simplement. Il avait enfin le loisir de souffler et de réfléchir à tête reposée aux événements de cette soirée mouvementée. Toute cette histoire… Elle ne lui inspirait que du dégoût et de la frustration. Comment en aurait-il pu être autrement ? Ce combat n’avait jamais rimé à rien, et il aurait pu être facilement évité si le brun avait été un meilleur Héros – non, une meilleure personne, tout simplement. Sa rencontre avec Astelle Dumas ne s’était déroulée ainsi qu’à cause de son immaturité. Il n’avait pas voulu l’admettre au départ, trop fier qu’il était du haut de sa tour d’ivoire. Ce n’était qu’après avoir été confronté de manière répétée à ses erreurs et à ses lacunes qu’il s’en était finalement rendu compte. À une époque, il voyait chaque combat comme un pas de plus vers son objectif ; en dépit de ses capacités physiques supérieures, il lui fallait lutter de toutes ses forces pour l’emporter face à des adversaires plus nombreux et bien souvent plus expérimentés. Malgré cela, le pugiliste n’avait jamais infligé de blessure irréversible à ses ennemis. Il était donc important de se demander comment le premier cas avait pu survenir longtemps après avoir appris à retenir ses coups. La réponse était aussi simple que rageante : à un moment, il avait pris la grosse tête.

À force de ne plus trouver d’adversaire à sa taille, Foolardy avait fini par percevoir ses affrontements nocturnes comme une corvée à expédier plutôt qu’un service rendu à la société. Là où il prenait autrefois le temps de donner une leçon aux criminels avant de les laisser aux forces de l’ordre, il avait récemment pris l’habitude de s’en occuper aussi vite que possible pour continuer son entraînement. L’accident avec Caroline était à la fois malencontreux et inévitable dès lors qu’il voyait les gens de son espèce comme des obstacles plutôt que comme des agneaux égarés. D’une certaine façon, le jeune homme extériorisait inconsciemment ses frustrations. Trop fort pour le commun des mortels et trop faible pour réellement tenir tête aux surhommes, l’avancée initialement fulgurante de l’amateur avait irrémédiablement fini par stagner. C’était bien beau de suer des rivières chaque nuit, mais l’Académie Marchais existerait-elle si c’était suffisant pour prétendre au titre de Héros ? La vérité, c’était que le Coureur de Minuit avait commencé à fuir ses responsabilités au lieu de courir après ses rêves. La manière dont son récent duel s’était déroulé ne pouvait que lui laisser un goût amer, mais – paradoxalement – cela lui donnait aussi de l’espoir, car c’était une piste d’amélioration. Harry avait encore bien des choses à apprendre, et il était temps pour lui de surmonter sa couardise : il lui fallait vérifier s’il était fait ou non pour la vie de Héros. Son regard pensif se posa sur le clair de lune désormais libre de tout nuage avant de penser à voix haute.

-« C’est bien beau, mais je vérifie ça comment ? »


C’était une bonne question. Le geek allait devoir s’y pencher sérieusement afin de donner un sens aux événements de cette nuit ; c’était important s’il ne voulait pas rendre vains les efforts de la jeune fille inconsciente à quelques centimètres de lui. Une réalisation le frappa alors comme le nez au milieu de la figure : ils étaient trop proches ! Entre la fatigue et les remises en question, cela lui était sorti de la tête ; cependant, il n’avait plus aucune excuse pour ne pas maintenir une distance de sécurité maintenant que leur duel était fini… S’aidant du rideau de fer derrière lui, ce fut non sans difficultés que le jeune homme se releva avec Astelle à la force de ses jambes. Même si elle y était clairement allée de main morte, la Dumas ne l’avait décidément pas raté. Il avait mal un peu partout, et le froid mordant des nuits de Sologne n’arrangeait rien. Bien parti pour s’éloigner après avoir adossé la Tengu contre un mur, Harry s’arrêta net à cette pensée. Une demoiselle menue et sans défense gisant sur le sol par cette température… Cela ne faisait pas bon ménage, aucun doute là-dessus. Il avala sa salive et s’adressa à la délinquante sans vraiment s’attendre à une réponse.

-« Je vais te porter jusqu’à un banc, ok ? »


Le pugiliste se retint à peine d’ajouter que c’était toujours mieux que de se geler les miches sur le trottoir. Par chance, il y avait un banc pas trop loin, près d’un arrêt de bus. Venir dans le coin tous les soirs n’avait pas que des inconvénients : on finissait par connaître le quartier sur le bout des doigts. D’aucuns diraient que ce n’était pas vraiment avantageux non plus, mais le Foolardy n’en avait cure. Ainsi, si la métisse n’avait pas d'objection, il la soulèverait et l’emmènerait jusqu’au dit banc pour l’y allonger. De plus, Harry enlèverait silencieusement son survêtement et s’en servirait comme couverture de fortune pour la jeune fille. Il estimait qu’elle avait bien plus morflé que lui, d’autant plus qu’il se sentait toujours un peu coupable puisque tout ceci était de sa faute, y compris son état. Forcément, il faisait un peu frisquet, mais le froid avait l’avantage de forger le caractère d’après son père ; bon, il fallait bien essayer de se convaincre d’une manière ou d’une autre... De toute façon, un véritable Héros se devait d’agir de la sorte dans une telle situation, et Astelle Dumas l’avait amplement mérité d’un point de vue objectif. Elle aurait pu le blesser grièvement à n’importe quel moment, à fortiori par vengeance ; toutefois, elle s’était retenue tout du long à la place. Aux yeux du brun, elle n’avait de délinquante que le nom. À ce titre, elle méritait amplement son respect. Une question le turlupinait toutefois, et il attendrait – à une distance de plus d'un mètre – le réveil de la demoiselle aussi longtemps que possible pour la lui poser si possible.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Lun 13 Fév - 9:48



La Poubelle Volante.


La nuit lui offrait un repos nébuleux.
Astelle se sentait à la dérive. Elle ne captait plus que d’infimes fragments de réalité, des sons, des images, des sursauts de lucidité auxquels elle ne parvenait pas à trouver de sens. Encore étourdie, la sensation d’être soulevée la fit doucement émerger.
Et lui fit prendre conscience de la douleur sourde qui lui martelait les tempes.
Je vais te porter jusqu’à un banc, ok ?
Elle émit un grognement inintelligible pour toute réponse.

A la lueur diffuse des étoiles, son visage juvénile exprimait le mécontentement à se faire chouchouter ainsi par son adversaire. Une indignation muette brillait dans le regard rouge d’Astelle ; elle aurait mérité qu’on la laisse gésir sur les pavés.
Installée sur le banc, le fil de ses pensées s’étiola à nouveau, lui faisant fermer puis ouvrir les yeux, sans réaliser tout à fait que plusieurs minutes s’étaient écoulées entre temps.

...

...toujours allongée, la petite tengu réaffirma sa prise sur son trophée avant de constater la couverture de fortune dont on l’avait drapée.
Pas juste les lambeaux qu’elle avait arrachés, mais l’ensemble du survêtement rapiécé était là. Ayant dévalé le long de la Rue des Princes, le pauvre vêtement donnait l’impression d’avoir fait la guerre, mais c’était précisément le sentiment qu’il devait inspirer. Si elle rentrait au garage ce soir, tant que les esprits étaient encore échauffés... sans doute parviendrait-elle à convaincre la bande que leur leader était vengée.
La rue aimait les histoires. Il suffirait d’un peu de mise en scène, d’une déclaration bravache et de quelques rumeurs colportées avec enthousiasme pour que celle-ci prenne vie.

On ne demanderait qu’à croire qu’une des légendes urbaines de Sologne était tombée cette nuit.
Et la réputation de Caroline serait sauve.

Chose plus préoccupante, dans l’immédiat : le Coureur de Minuit était en train de la reluquer tandis qu’elle lanternait sur le banc. A quel point devait-elle s’en inquiéter...?
Ses pensées décousues ne lui laissaient pas le loisir de décortiquer la situation. Quant à son regard de faucon, d’ordinaire si affûté, il ne lui dévoilait que le panorama nocturne d’une Sologne baignée de lumières brumeuses, sans aucune netteté. Groggy comme elle l’était, elle n’aurait pas su identifier l’expression avec laquelle son adversaire la contemplait.
Est-ce qu’il espérait l’interroger ? Si c’était le cas, il perdait son temps, elle ne lui dirait rien d’utile.
Est-ce qu’il se souciait de son état ? Alors, c’était pire encore, car cette seule idée la faisait bouillir d’humiliation.
Avec un air manifestement revêche, elle prit le parti de faire semblant d’ignorer sa présence.

Hnnnng... gémit-elle en se tortillant sur le banc.
Avec une grimace de douleur, Astelle pressa sa grosse serre d’oiseau contre son crâne. Son front avait écopé d’un sérieux hématome, qui ne serait pas beau à voir dans les semaines à venir. Pourtant, le pugiliste s’était sans doute un peu retenu, même inconsciemment. Que les individus dotés de super-pouvoir soient plus résistants ou non, se faire réceptionner d’un coup de poing américain en pleine tête quand on volait à près de 80km/h aurait pu avoir des conséquences bien plus sérieuses.
Elle avait eu de la chance.

Par petits à-coups tremblotants, Astelle se redressa sur la banquette et entreprit de fourrer les lambeaux de survêtement dans les poches de son hoodie, quant au morceau plus large, qu’on avait utilisé pour la recouvrir, elle l’attacha grossièrement autour de sa taille.
Sonnée et toujours transformée, ses doigts larges et difformes ne lui rendaient pas la tâche aisée. Et la douleur qu’elle sentait pulser dans son épiderme ne l’aidait pas à se concentrer ; les écailles de kératine qui couvraient ses mains s’étaient fêlées à de nombreux endroits, lui promettant de sacrées ecchymoses dès lors qu’elles retrouveraient leur apparence ordinaire.
Méticuleuse et têtue comme elle l’était, ces obstacles n’étaient toutefois pas de nature à l’arrêter. Elle parvint donc à réaliser un nœud grossier.

Bien.
Elle avait récupéré le survêtement emblématique du Coureur de Minuit.
(Elle repoussa très loin dans un petit coin de son esprit le fait qu’on lui avait laissé le prendre.) Ne restait plus qu’à aller clamer “sa victoire” au garage.
(Une pensée qui lui inspirait un profond dépit quand son adversaire se tenait encore debout à ses côtés.)

Prête à se mettre en route, elle baissa les yeux sur ses pieds, et réalisa.
...crotte, ‘faut que je retourne chercher mes chaussures.
En effet, les sandalettes dont elle s’était déchaussées avant de déployer ses ailes se trouvaient toujours en amont de la Rue des Princes.

Ses pattes d’oiseaux touchèrent le bitume dans de petits claquements secs. Un son qui n’était pas sans rappeler le tic-tac d’une horloge. S’étant remise debout, la jeune métisse chancela aussitôt...
Oooh... je crois que ça tourne. ...et se laissa retomber piteusement sur la banquette. Secouées par ce mouvement de chute indolent, ses ailes émirent un petit “flop” dans l’air nocturne.

Astelle pinça les lèvres. Il lui faudrait bien admettre qu’elle n’allait pas pouvoir se relever tout de suite. Heureusement, tant qu’elle était de retour au garage d’ici une heure ou deux, tout devrait bien se passer.

...

...mais le héros était toujours là.
Sa présence – et sa possible sollicitude, s’il avait donné l’impression de se préoccuper de son bien-être depuis qu’elle s’était redressée – lui procurait un sentiment de malaise croissant. Incapable de prétendre l’ignorer plus longtemps, la petite tengu jeta finalement un coup d’œil maussade au jeune homme qui avait attendu son réveil.
Incertaine de l’attitude à adopter à son encontre. Elle, n’avait plus rien à lui dire ; il s’agissait d’un adversaire et elle entendait bien le traiter comme tel ; elle avait besoin de le traiter comme tel.
...mais la réciproque ne semblait pas vraie.

Anticipant la question que lui adresserait le héros-en-herbe, elle poserait sur lui le regard d’un animal rétif.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Lun 13 Fév - 16:16

Street Bushido.

Ft Astelle
Le coureur de minuit.




-« What the h… Oh, et puis zut. Vas-y, garde-le. »


En voyant les actions d'une Dumas à peine réveillée, le visage d’Harry était passé par plusieurs émotions avant de finalement s’arrêter sur une expression mi-résignée mi-soulagée. Si cette demoiselle avait encore le loisir de se montrer sans gêne, c’était qu’elle devait bien se porter. De toute façon, ce survêtement aurait sans doute fini à la poubelle à l’instar de ses prédécesseurs identiques ; c’était un peu dommage dans la mesure où, cette fois-ci, il avait tenu plusieurs mois face aux assauts répétés des vandales… Cependant, le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’Astelle devait être le genre de fille s'accaparant les hoodies de son petit copain dans le plus grand des calmes. Le Foolardy adressa donc une prière silencieuse au pauvre bougre avant de se raviser aussi sec : il avait lu assez de romans d’arts martiaux pour savoir qu’il aurait irrémédiablement affaire à lui s’il existait. Le Héros en herbe se mit donc à espérer ardemment la non-existence du type en question à la place ; ce serait même mieux si la Dumas pouvait rester célibataire toute sa vie pour éviter les vengeances rétroactives… Quoique ce fût peut-être un peu méchant comme souhait. Oui, la durée optimale serait plutôt les deux ou trois prochaines années vu que le pugiliste aurait largement eu le temps d’ici là de s’élever au-dessus des masses où – au contraire – de s’y fondre davantage, de quoi tuer dans l’œuf tout cliché agaçant.

Se raclant la gorge pour passer à des pensées un peu moins susceptibles de lui valoir une claque, Harry ne fut néanmoins pas en mesure de dissimuler complètement l’aspect répréhensible de son raisonnement précédent. De ce fait, son attention se porta de nouveau sur son interlocutrice tandis qu’un sourire en coin gagnait son faciès. Le Coureur de Minuit avait passé un petit moment à faire du surplace à deux mètres du banc tout en surveillant la femme oiseau. La scène s’était avérée un peu ridicule vue de loin, mais il y avait malheureusement été contraint pour se tenir chaud. Si les gémissements ponctuels de la blessée ne lui avaient pas échappé, il ne s’en était pas inquiété plus que de raison : ils ressortaient d’un combat, c’était naturel. Au final, le plus dangereux restait le coup qu’il lui avait porté par accident à la tête, un point faible évident du corps humain. Le brun avait consciemment essayé de ne pas la frapper là pour éviter ce genre de situations, et il s’était lamentablement planté sur la dernière traite. C’était bien ballot : et dire qu’il était à deux doigts de s’enfuir avec panache. Résultat des courses, il avait passé un bon quart d’heure à jouer les chiens de garde. Évidemment, il aurait pu appeler les autorités pour faire le ménage derrière lui, mais l’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit cette nuit-là.

-« Tes chaussures ? » S’enquit le Foolardy, pris de court. « Attends, bouge pas ! Je vais aller te les chercher s’il n’y a que ça. »


Harry devait bien admettre que les sandales d’Astelle lui étaient complètement sorties de la tête. C’était à peine s’il se souvenait qu’elle s’en était débarrassée peu cérémonieusement pas longtemps avant de changer de force le décor de leur duel… Il se sentait un peu bête de ne pas avoir pensé à les récupérer plus tôt. Ses pas initialement légers ralentirent irrémédiablement en s’imaginant remonter cette maudite pente. Toutefois, ce n’était pas comme s’il pouvait la laisser rentrer chez-elle pieds nus… Aucun doute que son père lui passerait un savon s’il manquait autant de galanterie. De plus, il pouvait bien lui rendre ce petit service vu qu’il avait défiguré son amie… Un soupir s’échappa de ses lèvres : il détestait avoir l’impression d’être le méchant de l’histoire plus que tout. Son apparente gentillesse n’était ni plus ni moins qu’une stratégie pour avoir la conscience tranquille, et elle l’épuisait parfois tout autant, voire plus. Il pouvait cependant la mettre à profit dans le cas présent pour satisfaire sa curiosité. De ce fait, il marqua un temps d’arrêt, bien décidé à monnayer ses services de livraison.

-« Il y a une question à laquelle j’aimerais que tu répondes en échange, » expliqua-t-il sans se retourner, le dos éclairé par un lampadaire. « Ton but premier était-il réellement la vengeance ? »


Le Coureur de Minuit était en droit de se demander cela. Combien de fois avait-il eu à se défendre comme cela parce qu’un délinquant et sa bande venaient le défier au nom d’un ami, d’un frère ou d’une sœur ? Trop pour s'en rappeler. Par contre, ce dont il se souvenait parfaitement, c’était la façon dont la plupart d’entre eux surenchérissaient volontiers en termes de violence. Bien souvent, ce n’étaient pas des mandales que le pugiliste devait esquiver, mais des assauts armés infiniment plus vicieux. C’était justement pour cette raison qu’il n’osait plus sortir la nuit sans ramener une paire de poings américains avec lui. Or, le Héros amateur ne les avait pas équipés durant le duel parce qu'il s'était senti menacé ; il avait simplement décidé de prendre au sérieux une valeureuse adversaire. Pour lui, c’était une expérience nouvelle qui témoignait clairement d’une chose : paradoxalement, il n'avait à aucun moment senti de malice dans les attaques d’Astelle. S’il ne doutait nullement de l’importance de Caroline aux yeux de la jeune fille, le Héros amateur sentait qu’une pièce manquait au puzzle. Une fois ses intentions convenues, la légende urbaine reprit sa course sans attendre la réaction de son homologue. La récompense ayant été décidée unilatéralement, il ne lui restait plus qu’à mener à bien la sacro-sainte quête des sandales perdues pour satisfaire sa curiosité.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Mer 15 Fév - 16:43



La Poubelle Volante.


Ses ailes s’étaient refermées sur ses épaules.
Se frictionnant de ces appendices surnaturels pour contrer la fraîcheur de la nuit, la petite tengu semblait parée d’un élégant boléro de plumes noires.
Si le froid était le cadet de ses soucis, Astelle n’en était pas moins dans l’expectative. Méfiante, peut-être même un peu tendue : le jeune héros n’avait sûrement pas patienté tout ce temps sans raison. Et s’il s’agissait juste de s’enquérir de son état de santé, il aurait dû rentrer promptement chez lui maintenant qu’elle était bien réveillée.
La petite métisse s’attendait donc à ce que son adversaire veuille lui parler de quelque chose d’important.
...elle n’aurait pas pu se tromper davantage.

Tes chaussures ? Attends, bouge pas ! Je vais aller te les chercher s’il n’y a que ça.

...et se sentit toute entière se crisper quand Harry se proposa d’aller lui chercher ses sandales.
Qu’est-ce qu’il raconte ? s’insurgea-t-elle, comme si quelque chose – au creux de son estomac – venait de se mettre à bouillir. Et pourquoi pas me bander la tête, puis me raccompagner à la maison pendant qu’on y est ? Pour pousser l’absurdité plus loin, peut-être voudrait-il échanger quelques mots avec mon papa et lui promettre qu’il s’était conduit comme un parfait gentleman tandis qu’on s’échangeait des châtaignes ?

Ses yeux lancèrent des éclairs.

Astelle Dumas avait une conception bien précise de la façon dont un combat à la loyale devait se terminer ; des idées qu’on pourrait même qualifier de romanesques, et qui n’incluaient certainement pas ce genre de simagrées.
Quand Miyamoto Musashi avait triomphé pour la première fois de Sasaki Kojiro, il ne lui avait pas demandé Heh, tout va bien ? Tu veux que j’aille te chercher tes sandales ? Peut-être qu’on pourrait se faire un chirachi après... (Ou alors, s’il l’avait fait, cela expliquerait qu’ils se soient battus une seconde fois jusqu’à la mort l’après-midi même de leur premier duel...)
En tout cas, Astelle serait bien moins férue d’histoire édoïte si ses guerriers célèbres avaient eu pour principe de se comporter avec un tel manque de décorum. Un minimum de stoïcisme et de retenue étaient attendus du vainqueur.

Elle avait attaqué Harry. Pour ses propres motivations égoïstes.
Et la complaisance avec laquelle il la traitait désormais était comme une poignée de sel sur une plaie à vif. Sans se rendre compte de la colère qui montait dans la poitrine de sa petite rivale, le pugiliste poursuivit.

Il y a une question à laquelle j’aimerais que tu répondes en échange, expliqua-t-il sans se retourner, tandis qu’Astelle cherchait sur le banc si elle n’avait pas un objet à lui lancer à la tête. Ton but premier était-il réellement la vengeance ?

Cette question, toutefois, la força à mettre en pause son animosité (son smartphone encore à la main).
Si elle n’appréciait pas son attitude, la jeune fille devait bien admettre qu’il avait le droit de connaître la raison pour laquelle elle lui était tombée dessus ce soir.
Elle insuffla ses frustrations dans un soupir qui sonnait profondément exaspéré, puis entreprit de satisfaire la curiosité de son adversaire.
Je voulais qu’elle sache... marmonna-t-elle entre ses dents, cherchant comment formuler tout ça, avant de remarquer que cet hurluberlu ne prenait absolument pas la peine d’écouter sa réponse.
...non, il s’en allait déjà escalader la pente au petit trot.  
Un tic nerveux fit tressauter sa paupière gauche.
Le regardant partir, les lèvres d’Astelle s’étaient pincées en un pli indigné.

馬鹿*.
(*Baka.)


Tant pis pour lui.
Sans doute regretterait-il bientôt sa bonne volonté...
Après tout, n’importe quel livreur Fretal aurait pu vous le dire : il faut toujours se faire payer avant la livraison.

A peine eut-il disparu de son champ de vision que la petite tengu se retourna vers le panneau d’affichage de l’arrêt de bus pour vérifier quand la station serait desservie pour la prochaine fois. Pas de chance, le prochain passage ne se ferait pas avant vingt bonnes minutes. Prenant une grande inspiration, Astelle se lança sur ses pieds.
Que croyait-il donc ? Qu’elle allait sagement l’attendre ici ?
Qu’ils allaient tailler le bout de gras ensemble ? Sympathiser ?
 
Son apparente nonchalance était horripilante.
Quand bien même devrait-elle prétendre le contraire face à ses amies, elle était consciente que ce combat s’achevait sur une défaite retentissante. Alors pourquoi lui tournait-il autour ainsi ? Était-ce sa façon de remuer le couteau dans la plaie ? N’aurait-il pas pu simplement l’abandonner sur le trottoir ? Ce traitement complaisant lui semblait railler tous ses efforts.

Il était hors de question qu’elle se prête à ce petit jeu.
Ceci dit, elle ne s’imaginait pas réussir si aisément à lui fausser compagnie. Les rues de l’arrondissement étaient vastes et comportaient peu de ruelles ou de passages dérobés, c’était justement pour cette raison qu’elle y avait montée son embuscade. Si elle partait dans une direction ou l’autre, elle n’atteindrait jamais assez vite un embranchement pour se trouver hors de vue à son retour. Et dans son état, s’il la voyait, il la rattraperait sans peine.
Contournant l’arrêt de bus, Astelle s’aventura sur le trottoir pour faire face à la devanture d’un atelier de réparation automobile. Une succursale locale de la Renmen Che, qui proposait notamment une demi-douzaine d’emplacements pour se garer, tous équipés de bornes de recharge pour voitures électriques. Quelques unes de ces places étaient occupées, sans doute par des riverains qui préféraient que leurs véhicules restent branchés pour mieux supporter les basses températures de la nuit.

Allez... se décida-t-elle.

La tête encore lourde, la petite tengu inspira et expira plusieurs fois pour se préparer à l’effort. Et puis, de son poids plume, elle s’élança sur le premier véhicule, escalada le pare-brise de quelques pas pour en gagner la toiture, puis réalisa un premier bond vers le sommet d’une de ces bornes électriques hautes de deux mètres. Sans ralentir, elle s’élança de nouveau, déployant cette fois ses ailes pour s’élever d’un battement souple et silencieux, velouté comme l’est le vol du corbeau.

...elle n’imaginait pas, toutefois, la façon dont cet effort supplémentaire vampiriserait ses maigres ressources. Si ses ailes la propulsèrent bel et bien vers les hauteurs nocturnes, sa vision, elle, lui parut s’obscurcir en plein essor. L’air déserta brusquement ses poumons. Passée cette impulsion initiale, elle ne maîtrisa plus rien.

Son corps s’éleva sans aucun contrôle, peu ou prou dans la direction prévue. Fusant sous les étoiles, sa petite silhouette dessina un arc maladroit, qui la fit retomber pèle-mêle sur le toit du bâtiment ; Astelle roula pesamment sur la surface en tôle, pour s’immobiliser le visage aplati contre le métal poussiéreux.

...

Tremblante, la tête lourde et pleine de plomb, mais s’efforçant malgré tout de ne pas respirer trop fort pour ne pas attirer l’attention du héros amateur qui n’allait sans doute plus tarder à revenir de sa chasse à la sandale, Astelle attendrait un instant sur la toiture de l’atelier, à l’abri des regards. Le temps de recouvrer suffisamment de forces pour quitter les lieux discrètement, en usant des toits pour s’improviser une route qui la ramènerait au garage de Caroline.
Et au diable mes sandalettes.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Sam 18 Fév - 2:41

Street Bushido.

Ft Astelle
Le baka de minuit.



La sacro-sainte quête des sandales perdues n’avait pas été aussi éreintante que prévu. C’était en grande partie dû au pouvoir d’Harry, qui était assez utile pour relever des protubérances sur une surface plate. S’il fallait repasser niveau précision au-delà d’une distance d’un mètre, cela n’avait pas posé de véritable problème dans ce cas-ci vu que la pente était relativement exempte de détritus assez volumineux pour passer pour des chaussures. Au final, le plus difficile pour le pugiliste avait été la remontée, mais il s’était finalement acquitté de cette tâche ingrate en espérant entendre une réponse de la bouche d’Astelle. L’expression qu’il avait faite en constatant qu’elle s’était carapatée entre temps était donc assez facile à imaginer. Dire que le Foolardy était affligé aurait été un doux euphémisme. Bien sûr, c’était plutôt l’indignation qui l’avait gagné en premier lieu compte tenu de l’inutilité de ses efforts pour retrouver la paire de sandales. Cependant, la consternation l’avait vite remplacée lorsqu’il s’était rendu compte qu’il s’agissait là d’une réaction plutôt normale. En se mettant à sa place, aurait-il seulement apprécié de se faire prendre en pitié par la personne qui venait de l’assommer ? Probablement pas, et cette réponse ne prenait même pas en compte toute l’histoire avec Caroline… Secouant la tête, le jeune homme décida de rentrer à la maison ; il en avait assez fait comme ça.

-« Good grief… »


Ou en tout cas, c’était ce qu’il comptait faire jusqu’à ce qu’un détail ne lui revînt à l’esprit : il était initialement parti chercher les sandales de la Dumas parce qu’elle ne lui avait pas paru en état de le faire d’elle-même. En d’autres termes, elle était encore moins en état de partir seule ! Cela n’aurait pas étonné le Héros amateur de la retrouver inconsciente, gisant sur le bitume au détour d’une ruelle. Malheureusement, il ne pouvait pas s’en aller dans de telles conditions, pas s’il espérait dormir la conscience tranquille cette nuit-là. Le brun n’eut par conséquent d’autre choix que de se mettre à la recherche de la concernée. Heureusement, il ne lui fallu pas trop longtemps pour retrouver la Tengu autoproclamée : son don était peut-être à double tranchant de jour, mais peu de pouvoirs étaient aussi fiables de nuit pour trouver quelqu’un. Le toit sur lequel la délinquante avait jeté son dévolu aurait probablement été une cachette idéale en temps normal, mais la forme indistincte de la jeune femme détonnait sur la surface inclinée. Le coureur n’avait évidemment aucun moyen de s’assurer avec certitude que la silhouette anthropomorphique qu’il percevait était effectivement celle qu’il recherchait ; néanmoins, il doutait d’avoir affaire à quelqu’un d’autre dans la mesure où s’allonger sur un toit aux environs de minuit n’était pas exactement une activité commune.

-« Sérieusement, Astelle ! » Héla la légende urbaine depuis le plancher des vaches. « T’avais qu’à le dire si ma question était déplacée ! »


Le jeune homme attendrait un petit moment, et il continuerait de l’appeler si elle gardait le silence.

-« Pas la peine de faire l’autruche ! Je sais que t’es là ! »


Dans le cas contraire, il irait droit au but après avoir écouté sa réponse.

-« Puisque ma présence te gêne, je m’en vais ! Je laisse tes sandales sur le banc de toute à l’heure ! Pour l’amour du ciel, rends-toi service et repose-toi là-bas ! »


L’habitué des survêtements avait été tenté de la traiter de cervelle d’oiseau compte tenu de son départ vraisemblablement prématuré et irréfléchi ; heureusement, il avait réussi à se retenir. De même, il s’était empêché de préciser que ce n’était pas un piège, se disant qu’une remarque pareille était plus suspecte qu’autre chose dans un tel contexte. Ainsi, il commencerait à se retourner avant de s’arrêter net.

-« Une dernière chose ! Je m’en tiens toujours à ce que j’ai dit tout à l’heure : c’est ridicule de se jeter dans des sables mouvants pour en tirer quelqu’un ! » Remarqua-t-il avant une courte pause. « Mais c’est justement le genre de trucs que font les Héros au quotidien ! »


Pour Harry, le propre d’un héros était bel et bien d’être déraisonnable. Après tout, la raison pouvait-elle expliquer de se sacrifier pour de parfaits inconnus sans rien attendre en retour ? Bien sûr que non, car échapper au bon sens pour défier les pronostics était l’une des caractéristiques les plus importantes de l’héroïsme, du vrai.

-« Réfléchis-y, ok ? T’as du potentiel ! »


Ce serait donc sur ces mots que la légende urbaine tirerait sa révérence.
Harry Foolardy
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Jeu 23 Fév - 1:00



L’autruche du street bushido.


Inspirer, expirer.
Ne pas se soucier du goût de fiente d’oiseau qui persistait aux commissures de ses lèvres.
Inspirer, expirer.
Étendue sur le flanc, la petite tengu se frotta la bouche avec dégoût.

Il va sans dire qu’on s’inquiétait rarement de la propreté de son toit.
La crasse s’y accumulait, parfois délavée par la pluie, pour former une croûte de saleté tenace dans laquelle les jeunes filles bien élevées n’étaient pas supposées venir faire des cabrioles.

Sérieusement, Astelle ! entendit-elle crier en contrebas. T’avais qu’à le dire si ma question était déplacée !

C’était pas tant la question que ton côté shonen jump... riposta-t-elle en son for intérieur.
Toujours en train de récupérer, elle ne s’inquiéta pas d’entendre son appel. Sans doute la hélait-il au petit bonheur, mais vu la topographie des lieux, le jeune héros avait toutes les raisons de s’imaginer que son adversaire était déjà loin.

Pas la peine de faire l’autruche ! Je sais que t’es là !

Huh ? sursauta-t-elle à demi, soudainement tendue à l’idée de le voir escalader la façade de l’atelier de réparation pour la rejoindre sur le toit.
Heureusement, une réunion forcée n’était pas au programme.

Puisque ma présence te gêne, je m’en vais ! Je laisse tes sandales sur le banc de toute à l’heure ! Pour l’amour du ciel, rends-toi service et repose-toi là-bas !

Ouf...
Il s’en allait.
...et c’était pour le mieux.

La sympathie que lui témoignait le jeune homme la mettait mal à l’aise.
Dans d’autres circonstances, elle aurait aimé discuter avec lui. A quoi ressemblait le quotidien d’un héros amateur ? Quel était son ratio mensuel de cassage de bouches ? Les gens sans pouvoirs présentaient-ils parfois des difficultés ?
...mais pas ce soir.

Et peut-être même jamais.
Il était l’ennemi de Caroline... et son amitié aurait toujours la priorité.

Une dernière chose ! Je m’en tiens toujours à ce que j’ai dit tout à l’heure : c’est ridicule de se jeter dans des sables mouvants pour en tirer quelqu’un ! Mais c’est justement le genre de trucs que font les Héros au quotidien !

L’air maussade, la petite tengu se recroquevilla un peu davantage sur la toiture souillée.
Là, tout de suite, elle ne se sentait certainement pas héroïque.
Ce soir, elle avait agressé un innocent au nom d’une amitié pour laquelle elle était prête à renier tous ses principes.
En dépit de ce que le héros semblait croire, il ne s’agissait pas de “sauver” Caroline. Non, rien d’aussi noble ou prétentieux. Il s’agissait juste de lui prouver...
...qu’elle serait à ses côtés, quoi qu’il arrive.
Et pour cela, peu importe ce qu’il lui faudrait accomplir.

Terminant de se vautrer dans la crasse, la jeune femme se retourna sur le dos avec un soupir à fendre l’âme.

Réfléchis-y, ok ? T’as du potentiel !

...

Bye bye, Harry, se dit silencieusement la jeune métisse, le regard vers les étoiles tandis que les échos de la voix du héros amateur se dissolvaient dans la nuit.






Ses ailes claquèrent sèchement dans l’air du soir.
L’instant suivant, elle était là. Les yeux rougeoyants. Le visage tuméfié.
Les conversations moururent à son arrivée, comme trois jours plus tôt, mais cette fois, les regards n’étaient pas moqueurs. Non, ils étaient... légèrement tendus de découvrir ses serres de rapace dénudées, ils glissaient sur son apparence souillée, sur les ailes pleinement déployées qui formaient comme un halo autour de sa frêle silhouette.

Leur poudreuse était de retour. Et les reliquats d’un survêtement lacéré, attachés autour de sa taille, semblaient annoncer quelle avait été l’issue de son combat.
Dans un silence hagard, ses pattes cliquetèrent sur le sol bétonné du garage. Sans ralentir, Astelle repoussa d’un battement d’ailes impérieux l’une des filles incrédules qui avait trop tardé à lui libérer le passage, ignora le regard méprisant de Hélène, et se fraya un chemin tout droit jusqu’à leur cheffe de bande.
La petite tengu leva les yeux vers Caroline.

J’lui ai fait descendre la rue sur le cul, dit-elle en arrachant le survêtement qui pendouillait à sa ceinture, pour le lui donner.
Récupérant le haillon, la grande brune enroula son bras autour du cou d’Astelle. Davantage un geste de propriétaire qu’une marque d’affection ; comme on passe le collier à son chien. A travers la brume de l’épuisement, la jeune métisse vit luire les caméras de pas moins de trois smartphone.
Caroline savait ce qu’elle faisait. Quelle était l’image qu’elle voulait renvoyer.
On ne s’imposait pas dans la rue sans un minimum d’esbroufe.
Levant le vêtement avec un rictus, la cheffe de bande s’exclama.
Elle l’a éclaté !

Les vivats explosèrent dans la nuit.
Caroline balança le pauvre vêtement dans les airs.
Astelle n’est pas bien sûre de ce qui se passa ensuite. Tandis que les cris et le chahut résonnaient, on l’emmena un peu à l’écart, dans l’atelier.


***


T’es réveillée ?
Astelle acquiesça d’un grognement, en se recroquevillant sur le divan miteux.
Il devait être tard. Ou tôt.
On entendait plus un bruit dans le garage.
Une lampe de chevet, posée sur deux planches, leur dispensait un peu de lumière.

T’as failli devenir une légende, ce soir.
Le visage de Caroline lui apparut. Son amie lui tendait une petite bouteille d’eau.
Les ressorts du canapé poussèrent un couinement indigné tandis que la jeune femme s’y faisait une place aux côtés d’Astelle.
Dommage que t’aies dû t’éclipser, soupira la grande brune. Hélène a passé deux heures à te descendre après ton départ. Je pige pas.
Le menton appuyé sur la paume de sa main, Caroline semblait consternée.
Ses deux lieutenantes s’entendaient comme chien et chat, mais elle ne se serait jamais doutée que c’était aussi grave... bon sang, la gringalette s’était même battue en leur nom, ce soir. Ce n’était quand même pas rien.
Elle darda un regard acéré sur la petite tengu qui buvait goulûment son eau.
C’est quoi votre problème à la fin ? Qu’elle prenne une fille en grippe, c’est pas nouveau, mais t’es là depuis bientôt trois ans, elle aurait dû commencer à lever le pied.
S’étant essuyée les lèvres de sa manche, Astelle paraissait se passionner pour le bouchon de sa petite bouteille d’eau, qu’elle revissait maintenant avec la plus grande attention.
Tu voudrais pas m’dire ce qui se passe, par hasard ?
Eh bien...
Le sourire de la jeune fille se fit un peu coupable.
Bordel, gringalette. Qu’est-ce que t’as fait ?
Beeeen... j’en avais marre qu’elle me cherche des noises sans arrêt...
...ouais ?
...alors je lui ai donné une bonne raison de se plaindre...
...
Un matin, je l’ai attendue sur le chemin de la gare.
...
Sur le toit, avec une poubelle pleine.
Oh putain.
Le jour de son anniversaire.
...
Pile au moment où elle retrouvait son copain.

Caroline souffla très fort par le nez.
En clair, tout espoir de réconciliation était mort dans l’œuf. Hélène n’accepterait jamais de passer l’éponge sur une humiliation pareille... et la tête de piaf à ses côtés n’était pas franchement moins bornée.
C’était le genre de trucs dont on ne se doutait pas, en voyant sa petite bouille d’ange, mais...
...t’es horrible, Astelle.
La petite métisse se rapprocha de la grande brune et s’appuya délicatement contre son épaule.
C’est pour ça qu’on s’entend bien, dit-elle en souriant à pleines dents.

Le silence s’installa.
Mais le silence n’était jamais plein dans le garage de Caroline.
On y entendait le toit couiner et grincer.
Un antique poêle de récupération émettait un ronronnement semblable à celui d’un vieux matou maladif. Caroline elle-même respirait fort, sans brutalité, mais avec une profondeur qui semblait engager tout son être. La joue pressée contre son bras, Astelle se sentait bercée par cette impression de force tranquille, par le flux et reflux de cette énergie qui couvait sous sa peau.

Caro...? chuchota-t-elle.
Ouais ?
Tu me refais pas ce coup-là, d’accord ?
...
Avec une agilité féline, la petite métisse se hissa sur les genoux de son aînée.
Les mains dont elle vint saisir les épaules de Caroline étaient dures et possessives, plaquant la délinquante contre le dossier.
Rivant son regard rouge dans le sien.
La prochaine fois qu’il t’arrive un truc... je veux pas l’apprendre par quelqu’un d’autre.
Comment pouvait-elle partir l’esprit léger pour Saint-Maisigny dans ces circonstances ?
Alors même que son amie lui cachait qu’elle déclenchait des bagarres de rue et rentrait chez elle défigurée ?
Tu m’appelles. Et je viens.
La cicatrice sur l’arcade sourcilière de Caroline lui semblait la narguer.
Témoin immuable du fait qu’elle ne serait sans doute jamais capable de protéger son amie, ni contre les autres, ni contre elle-même.
Après un moment passé à soutenir l’éclat de ses yeux rubis, la mécano rendit les armes, l’air vaguement agacé.
Okay, okay ! Maintenant, gicle de là. Si on nous surprend, les rumeurs vont recommencer à courir comme quoi je tape dans les lycéennes de la bande...
Astelle ricana.
C’était drôle de les regarder te faire les yeux doux.
Ça dépend pour qui... grinça Caroline. J’risque la taule, moi.

La petite tengu fit mine de se dégager, mais au dernier moment, sentit qu’on la retenait par le poignet. Elle releva la tête avec curiosité, tandis que... d’un geste prudent, qui ne lui ressemblait pas, Caroline repoussa sa frange pour mieux contempler l’hématome violacé qui couvrait le front de sa cadette.
’fait chier, il t’a pas loupé non plus, ce con.
Oui...
...et sans réfléchir, elle commença à tout lui dire.
Ce qu’elle avait ressenti. Ce qu’elle s’était forcée à faire. Les limites qu’elle avait tracées.
Elle lui raconta tout. Sans même chercher à enjoliver le dénouement pitoyable du combat.

Caroline resta silencieuse un moment.
...sans doute n’était-ce pas le récit de vengeance épique qu’elle s’attendait à entendre.
Et que dire du fait que la petite tengu se soit efforcée de ne pas blesser sérieusement le héros qu’elle affrontait ? Mais la dissimulation n’avait jamais été le fort d’Astelle.
Elle avait été une enfant timide, incapable de trouver les mots pour s’exprimer.
...maintenant qu’elle avait l’audace de dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle refusait de s’en priver.

Son amie lui lâcha enfin le poignet, pour se renfoncer davantage contre le dossier du canapé.
...était-elle déçue ? Cette idée lui enfonça un pieux de glace dans les entrailles.
Malheureusement, Astelle n’aurait pas eu la détermination d’aller plus loin. S’emparer d’un trophée, donner l’illusion d’une victoire, ne serait-ce que pour faire croire aux filles de la bande que l’affront n’était pas resté impuni... c’était tout ce dont elle se savait capable.
Mais quand son aînée reprit la parole, ce ne fut pas pour commenter le résultat du combat.


— Tu sais, ce que tu disais tout à l’heure...
Ça marche dans les deux sens, gringalette.

[FB] Street Bushido (PV Harry) FRjgeom

S’ils te font chier là-bas...
Tu m’appelles. Et je viens.

Vaporisant ses craintes et ses angoisses, cette déclaration fit souffler comme un vent de chaleur dans son cœur.
L’air radouci sur le visage de son amie ne dura qu’un court instant.
Mais c’était pour cet instant qu’Astelle s’était battue.
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)Jeu 2 Mar - 2:28

Street Bushido.

Ft Astelle
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-« Quelle mouche m’a piqué ? » Soupira un certain amateur.


Sur le chemin de la maison, Harry avait éprouvé des regrets quant à sa conduite envers la Dumas. Il y était clairement allé de main morte, trop même. Était-ce vraiment une question de remords ? Certes, il se sentait mal pour l’accident avec son amie, mais l’oiseau de mauvais augure avait pointé d’elle-même les circonstances atténuantes de la situation… Peut-être était-ce sa petite bouille d’ange qui l’avait un peu attendri ? Il était plus facile de frapper un abruti tel que Desmond plutôt qu’une gamine de seize ans… Enfin, il estimait qu’elle devait être de cet âge-là compte tenu de son impulsivité. Pourtant, l’âge ne le dérangeait pas outre mesure puisque la majorité de ses adversaires étaient ironiquement mineurs. Cet état de fait désolant n’était pas surprenant. Les adolescents étaient les plus susceptibles de se fourvoyer, car ils traversaient la période de la vie où le genre humain se souciait le plus du regard de l’autre. Cela faisait mal à la société de l’admettre, mais c’était naturel. En cette phase difficile, les gosses en pleine puberté cherchaient consciemment ou inconsciemment à appartenir à un groupe, une bande. Ils se cherchaient, et le plus grand nombre était autant un refuge bienvenu qu’une geôle cruelle pour un être aux émotions instables.

Combien de criminels en étaient devenus à cause de leurs fréquentations à cet âge-là ? Trop pour espérer compter, malheureusement. Cette observation avait toujours consterné le fils Foolardy, même du temps où il se noyait encore parfaitement dans une masse tristement ordinaire. Après tout, il était bien placé pour savoir qu’il n’aurait fallu à cette jeunesse errante qu’un simple guide pour éviter de se perdre. En l’absence de celui-ci, un geek à peine majeur s’était porté volontaire pour jouer ce rôle à l’insu de Sologne. En tout cas, il s’efforçait de porter cette casquette ingrate. Un problème subsistait toutefois : il n’était manifestement pas aussi doué pour guider que pour cogner. Tout comme il était plus simple de déchirer un survêtement que d’en recoudre un, faire voir la lumière à une personne s’en étant volontairement détournée n’était pas chose aisée. Évidemment, il essayait de bien faire entre deux balayages d’adultes à jamais égarés, mais il était plus que maladroit dans sa démarche. La manière dont il avait tenté de canaliser l’ardeur d’Astelle vers une voie plus constructive en était un parfait exemple.

Même en ignorant son numéro de gentleman visant plus à soulager sa conscience qu’autre chose, il n’avait pas vraiment choisi les bons mots pour la réinsertion qu’il envisageait. Plus que quiconque, Harry était conscient de ses lacunes. À son grand dam, il n’y pouvait rien ; ses efforts, aussi sérieux fussent-ils, ne pouvaient se substituer aux pépites de sagesse de ses aînés, des professionnels. Il aurait beau se démener, ses réussites dérisoires ne feraient jamais le poids face à ses myriades d’échecs. Ce ne serait jamais suffisant. Une brise fraîche vint caresser le corps meurtri du pugiliste, portant au loin ses constats habituels. Pour cette raison, cette nuit avait paru désespérément froide au jeune homme. Pour cette raison, les nuits suivantes, marquées par un fort regain de la délinquance juvénile, lui paraîtraient encore plus froides. Pourtant, il ne se détournerait nullement de son devoir. Tout ceci était sa faute, son échec, sa pénitence.

-« Si seulement j’étais un véritable Héros… »


Ces mots avaient si naturellement quitté ses lèvres qu’il avait fallu une seconde au concerné pour réaliser que la quiétude glaçante des rues n’avait été brisée par nul autre que lui-même. Il était prêt à laisser le silence s’installer une fois de plus lorsqu’il remarqua des vibrations discrètes venant de sa poche. D’expérience, cela ne pouvait être qu'Iris, sa petite chipie de sœur ayant hérité des mêmes mauvaises habitudes de sommeil que lui et leur mère. Un sourire ironique vint décorer son faciès. Nonobstant sa prise de conscience de la veille et la résolution en découlant, le garçon avait déjà bien assez tergiversé comme cela. Ses pas, alourdis par les attaques reçues précédemment, devinrent subitement plus légers : un savon chaleureux l’attendait au sein de son doux foyer.
Harry Foolardy
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# Re: [FB] Street Bushido (PV Harry)
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