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L'élite de l'élite [PV Luc]Era of Dust :: Le monde :: Moderna :: Singapura
 
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Jeu 2 Mai 2024 - 18:48

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Xue Emy et Pako Eun-Seun.


Harvey prit les devants. Et nul ne chercha vraiment à l'en empêcher, ou à compléter ses dires ; ils se suffisaient à eux-mêmes. Froids. Déterminés. Insensibles.
Eun-Seun, tout de même, marqua un pas de recul pour laisser à Emy, à Max et à Harvey une place de choix en première ligne ; elle-même ne se sentait pas tant en confiance, n'ayant pas eu aussi souvent qu'eux l'opportunité de se mettre au défi dans des conditions réelles, baroudeuses. Elle n'affichait toutefois rien de plus qu'une légère appréhension, routinière compte tenu des circonstances ; parce qu'elle savait, au demeurant, qu'elle n'aurait probablement même pas à intervenir pour permettre à ses trois acolytes de l'emporter. Ils étaient largement en mesure de se défendre par leurs propres moyens.

-On était censés avoir le champ libre... Et voilà qu'on se retrouve avec quatre gamins à éduquer sur les bras. Pas de bol... Mais le boulot, c'est le boulot.


L'un des six larrons prit les devants en grognant son agacement ; il extirpa de l'intérieur de son manteau une longue chaîne, qu'il laissa choir. Au bout de celle-ci : une lame recourbée.
Un kusarigama ; une arme édoïte, du temps des ninjas, disposant d'une grande allonge, impossible à parer, mais très difficile à manier. Ce type qui leur faisait face ne pouvait pas être un novice, sans quoi l'usage de ce type d'armes aurait dû être proscrit d'emblée. Eun-Seun, cette fois-ci, se renfrogna un petit peu plus franchement. Il devrait être le meneur de cette bande de petites frappes, certes, mais force était d'admettre que cela crédibilisait un petit peu la menace qu'ils entendaient faire planer sur le quatuor estudiantin. Max ne se départit pas de son sourire amusant, indolent ; il n'était pas du genre à blêmir face à des lames, même s'il comprenait que ses camarades, eux, étaient susceptibles de nourrir davantage de réserves.
Tous ses camarades ? Non, bien sûr que non.

-Ah ! Port illégal d'une arme catégorisée dans un lieu public ! brailla Emy, euphorique, en pointant un index accusateur dans sa direction. Et menaces ! En plus, on représente l'ordre, aujourd'hui ! Donc on peut même dire menaces à agents !
-C'est pas vraiment comme ça que ça marche... tint à nuancer Eun-Seun.
-M'en branle ! J'ai la permission de faire feu ! rétorqua l'autre demoiselle, ses lèvres s'étirant en un sourire terrifiant.


Elle se mit alors à courir ; sans miser sur un artifice de quelque nature que ce fut, dans un premier temps. Son but ? Se ruer droit dans la direction de ces Vilains... et leur régler leur compte. Explosivement.
Car, dans un second temps, le phénomène auquel tous ses collègues étaient dorénavant bien familiers eut lieu. Dans son dos, une détonation, une nuée de flammes ; une poussée formidable qui la projeta droit vers le porteur de kusarigama, lequel, les yeux ronds comme des soucoupes, ne devaient pas s'attendre à une approche si frontale.
Grossière erreur.
Car, la seconde qui suivit, elle le percuta de plein fouet, l'entraînait avec elle dans sa ruée formidable ; et ils ne terminèrent leur course qu'à plus d'une centaine de mètres de là, contre une voiture dont ils pulvérisèrent l'avant. Encastré dans le parechoc autant que dans le pare-brise, le pauvre hère, évidemment dépossédé de son arme, ne semblait plus en mesure de nuire à quiconque ; et elle, superbe, se redressa de tout son long en se perchant sur le sommet de la bagnole et en ajustant ses lunettes de visée avant de lever un pouce victorieux à l'attention de ses trois acolytes.
Il n'y avait qu'elle pour entamer les hostilités d'une telle manière...

Les cinq autres sales types, eux, semblaient avoir perdu pas mal de l'assurance qui les caractérisaient jusqu'alors. Ils semblaient comprendre ce que cela signifiait que de chercher à s'en prendre à des étudiants de l'Académie Wong ; ils n'étaient pas exactement de la même trempe que des humains ordinaires.

-Ah non, Emy ! enragea Velvet Vekam à l'autre bout des talkies-walkies. L'assurance de l'Académie ne prendra pas intégralement en charge les dégâts occasionnés sur des biens tiers, alors évite de recommencer, avant que je ne me fasse virer !


Fung Okoh et Raden Sherina.


-Ah. Alors soit ils ont insulté la coupe de cheveux d'Harvey, soit ils sont pas du tout intéressés par les questions capillaires, en conclut sobrement Okoh, pas perturbé pour un sou.
-Je me demande si ça va aller, quand même, s'inquiéta Sherina avant d'orienter son regard en direction de Luc, quoique brièvement.
-Mais oui, répondit le Fung, détendu. Si le prof demande à Emy de se restreindre, c'est sûrement qu'il estime que ces gars sont pas si menaçants que ça.


Il restait attentif, lucide, même si certains de ses rares camarades étaient en ce moment même aux prises avec des agresseurs ; une première, dans le cadre de leur cursus d'apprentissage héroïque. En confiance, sans l'ombre d'un doute, parce qu'il savait mieux que quiconque qu'il ne fallait pas badiner avec Emy et Harvey quand ils se mettaient bille en tête de cogner dur. Ran, de son côté, souriait à pleines dents. Il aurait payé cher pour pouvoir faire partie de l'autre groupe, et commençait à se demander si la perspective d'une rencontre romantique devait suffire à le tenir éloigné de ce type de délectables occupations ; mais, toujours bien intentionné, il ne manqua pas de se rapprocher du Tianjun pour lui passer un bras encourageant autour des épaules.

-A mon avis, Emy va en dégommer trois, Harvey, deux, et Max, un !


Si sa prophétie se réalisait, il allait sans dire qu'ils en entendraient parler pendant longtemps : le cousin de Luc ne risquait pas de digérer aisément un résultat inférieur à celui de son éternelle rivale.

Velvet Vekam.


-Alors ça, ce doit être une mauvaise blague, soupira Velvet Vekam, exaspéré.


Un bruit sourd s'était fait entendre dans son dos ; puis on lui avait jeté un couteau en direction de la nuque... couteau que sa propre cape avait paré, en s'élevant dans un claquement sec et en le cueillant à quelques centimètres seulement de sa peau. Le héros s'était alors retourné, et avait remarqué qu'un individu bardé de cicatrices et recouvert de dagues avait déposé sur lui un regard à vous filer des terreurs nocturnes ; le type, probablement inconscient, venait non seulement de pénétrer dans la salle de vidéosurveillance en passant inaperçu... mais il avait aussi et surtout pris le temps de fracasser l'un des deux gardes qui tenait compagnie au professeur en lui attrapant la tête et en la rabattant contre un casier.
Un tueur, froid et déterminé, se trouvait là, à deux pas de lui, alors qu'il projetait de se rendre au chevet des jeunes pousses pour leur prêter main forte.
Avec lenteur, il leva le talkie-walkie jusqu'à sa bouche, l'actionna, et décida de ne glisser que quelques mots ; il n'était pas nécessaire de les inquiéter outre-mesure.
Il en aurait rapidement fini.

-Bon, exercice pratique, les jeunes ! Le groupe d'Harvey, vous vous en sortez bien ; continuez comme ça. Le groupe de Sherina, continuez votre chemin tranquillement. Je reviens aux nouvelles très vite.


Parce qu'il était Velvet Vekam.

Naraka Catana
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Jeu 2 Mai 2024 - 20:23
Luc Tianjun.


L’optimisme de Ran m’arrache un faible sourire.
Je sais à quel point mon cousin est costaud, mais... je connais aussi un bon nombre de ses tares. Si moi j'parviens à le toucher lors de nos matches d’entraînement, il n’est pas exclu que leurs adversaires en fassent autant.

...mais les nouvelles qui nous parviennent du talkie walkie sont vraiment rassurantes. Du coup, je ne me pose pas trop de questions quand le prof nous demande de continuer à patrouiller. Mes jambes se remettent en marche. Par contre, mon attention est toujours divertie par la perspective d’en apprendre plus sur le déroulement de la rixe. Même si j’essaie de bien regarder autour de moi, j’peux pas dire que je sois super concentré.
D’un doigt pensif, je continue à triturer mon talkie walkie, passant d’un canal à l’autre. Une précaution qui s’est montrée complètement inutile jusqu’à présent, mais qui me permet de pas rester totalement les bras ballants.

En prenant une grande inspiration, je me motive quand même à arrêter de jouer les rabats joies. J’veux pas contaminer Sherina avec mes inquiétudes (...même si les deux drôles de zigues qu’on se trimballe font déjà un boulot formidable pour évaporer toute la tension).
Du coup, quand Ran nous donne ses pronostics, je renchéris.
Moi j’dis : deux pour Harvey et Emy. Et puis un chacun pour Max et Eun-seun.




Harvey Tianjun et Emy Xue.


Sans surprise, Emy s’embrase et fuse en direction du chef des canailles. Lequel est totalement pris au dépourvu.
Mauvais réflexe, constate froidement mon cousin.
Contre la charge enflammée de sa rivale, Harvey s’imagine positionner ses bras à la manière de remparts d’acier ; réacteurs orientés de façon à pouvoir gérer un changement de direction soudain ; il visualise aisément comment contrer un assaut aussi frontal.
Le problème, ce sont ses variations.
De quel niveau de technicité la jeune héroïne est-elle capable, une fois mise en difficulté ? C’est ce qu’il lui faut confirmer, pour terminer de bâtir un plan de jeu viable.

L’air dédaigneux, mon cousin observe le loubard tandis que celui-ci lâche son arme. Encastré contre le pare-choc de la voiture, il ne se relèvera plus.
Harvey espérait en voir davantage, mais c’est sans doute trop en demander à ces petites frappes.
Cette bande de chiens galeux, terrorisée, a déjà perdu de son mordant.

Pourtant, il ne se joint pas tout de suite à la mêlée.
Il regarde autour de lui ; les mots du chef présumé de ces sales types laissent entendre qu’ils ont reçu une aide de l’intérieur ; les adversaires présents, subjugués par Emy, ne représentent pas une grosse menace, mais ce serait un autre problème s’ils se faisaient déborder une fois au cœur de la mêlée.
Alors qu’il envisage cette possibilité, le regard de mon cousin se pose sur leur camarade de classe, plus hésitante, qui s’est mise un peu en retrait.
Tu surveilles nos arrières, Eun-seun ?

Ayant posé cette question, Harvey s’avance d’un pas nonchalant vers le groupe de truands. Main gauche posée sur son épaule droite, il fait lourdement tourner son large bras en métal, comme pour en assouplir les jointures. Très vite, son pas s’accélère. Son réacteur s’embrase. Et la course de Harvey s’achève sur un large crochet horizontal, souligné d’un trait de feu rugissant.

La technique n’est pas le fort de mon cousin.
Il tape dans le tas.
Luc Tianjun
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Jeu 2 Mai 2024 - 21:22

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Pako Eun-Seun et Kaba Max.


-Je... Je vais faire mon possible, oui ! s'exclama Eun-Seun en revenant soudain à elle après qu'Harvey l'ait interpellée.
-Haha ! On va pouvoir se marrer un peu, jubila Max en se mettant en mouvement derrière le grand Tianjun.
-Ils sont trop balèzes !


La douloureuse prise de conscience de l'un des cinq malfrats encore debout précéda de peu la charge véhémente d'un Harvey souhaitant ardemment se défouler, maintenant qu'il était à peu près évident qu'aucun de ces sales types ne réussirait à tenir Emy en échec suffisamment longtemps pour qu'il apprenne à déceler toutes les failles et les faiblesses de sa faculté explosive. Le bond du colosse fut suivi par ceux, anarchiques et précipités, de nombre de ses adversaires qui comprirent qu'il valait mieux pour eux se séparer momentanément, afin d'éviter qu'il n'en attrape un pour cogner sur les autres... mais l'un d'entre eux, plus pataud, plus hagard peut-être, n'eut pas cette chance. Son gigantesque poing ganté le percuta de plein fouet, et l'envoya valser à plusieurs mètres de là, contre un poteau de béton qui devait servir de fondation à tout l'édifice ; bien assez solide, il encaissa la charge du malheureux en lui offrant un arrêt des plus brusques, et en le précipitant dans les bras de Morphée, si le choc dont le Tianjun l'avait gratifié n'avait pas suffi en lui-même.
Ils n'étaient donc plus que quatre ; et puisque leurs ennemis, justement, étaient également au nombre de quatre, il allait sans dire que leur supériorité numérique venait de s'évaporer en un tournemain.
Conscients de cet état de fait, les brigands semblèrent soudain perdre toute combativité ; comme un seul homme, ils entreprirent de fuir sans plus attendre, l'un d'entre eux se dirigeant vers les escaliers qu'ils venaient d'emprunter, les autres se séparant au gré des rangées de voitures qui pouvaient potentiellement leur servir de planque.

-Restez-là ! s'énerva Eun-Seun en étendant un fil de suture.


D'un geste vif, elle en lança l'une des extrémités en direction du sol ; dans un sifflement étouffé, il pénétra dans le béton... et sembla se frayer un chemin jusqu'à l'un des trois types qui prévoyait de fuir entre les voitures. Ce dernier s'effondra de tout son long, soudain coupé dans son élan ; il constata avec douleur et angoisse que son pied droit était resté accroché au sol, qu'il ne parvenait plus à le déloger de sa position précédente... et qu'un fil venait de le greffer au parking, sans lui causer la moindre blessure ni le moindre saignement.

-Hahaha ! ricana Max à l'oreille du gars qui fuyait en direction des escaliers.


Ce dernier, prit d'une peur panique, fit volte-face et tenta de le cogner d'un direct en plein front ; son poing serti de bagues massives transperça la figure du jeune Kaba sans lui causer le moindre dommage. Au contraire, celui-ci se dissipa dans un "pop" et un petit nuage de fumée... pour réapparaître tout autour de son adversaire, cinq fois simultanément, tantôt allongé nonchalamment, tantôt en train de l'éviter à deux mètres du sol en riant à s'en tordre les entrailles.

Il n'en restait donc plus que deux, s'ils choisissaient de partir du principe qu'Eun-Seun et Max sauraient régler leurs comptes à leurs deux opposants ; Emy jeta un regard désinvolte en direction de Harvey, et lui destina quelques paroles avant de se jeter à la poursuite de l'un d'entre eux.

-Tu devrais me laisser les deux, t'as entendu le prof ! Faut rien casser !


Fung Okoh et Raden Sherina.


-J'aurais bien dit trois pour Harvey et trois pour Emy, mais je pense pas que les deux autres se contentent de les laisser agir les bras ballants, s'amusa Okoh en s'imaginant la scène.


Pensive, Sherina opina du chef, sa main se crispant légèrement autour de son appareil photo. Elle n'aimait pas l'idée d'être loin de ses camarades pendant qu'ils avaient à affronter des types mal intentionnées, furent-ils de vulgaires petites frappes, mais elle devait bien consentir au fait qu'Harvey et Emy étaient indubitablement les mieux placés pour répondre à de telles péripéties. En dehors d'Okoh lui-même, évidemment...

-Les gars, c'est qui qui a laissé un container devant la sortie de secours B-3 ? Il a l'air vachement lourd, en plus. Y a pas des roues, sur ceux-là, habituellement ?


La voix que Luc parvint à capter sur le canal dédié à l'entretien jeta immédiatement un froid ; ses trois camarades marquèrent un arrêt immédiat, et Okoh lui-même devint blafard en entendant ces questions innocentes. Ils se trouvaient encore devant le couloir qui menait au premier Terminal lorsqu'une poignée de touristes se mirent à courir dans leur direction ; tantôt en hurlant, tantôt en pleurant, toujours intimidés.
Au bout du chemin ?
Un type masqué, une machette ensanglantée à la main. Etrangement calme. Presque extatique, pour le peu qu'ils pouvaient en juger.

Naraka Catana
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Ven 3 Mai 2024 - 0:03


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La chair s’écrase. Les os rompent. Et pourtant, l’impact paraît lointain à Harvey.
Son poing d'acier lui renvoie à peine les sensations tandis qu’il s’enfonce entre les côtes du loubard.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il ne contrôle pas sa force. Pour ne pas se priver complètement des sensations funestes qu’apportent le combat.
Comme un sac de viande, l’adversaire est projeté contre le pilier du parking, où il s’écrase ; Harvey ricane.

Là-dessus, les voyous se dispersent comme une nuée de volatiles.
Le rire terrifiant de Max résonne sous la voûte de béton. Mon cousin se rappelle brièvement la fois où je lui ai raconté le mal-être que j’avais ressenti, à affronter notre camarade le plus pâlot, lors d’un exercice organisé par la prof. Totalement impuissant face à ses assauts. Les nerfs tendus à rompre par son hilarité constante.

En étudiant la situation d’un regard appréciateur, Harvey constate qu’Eun-seun fait largement sa part du travail. C’est un talent utile qu’elle a là, qui fonctionne parfaitement en tandem avec le sien ; sa mobilité réduite est largement compensée par la capacité de la jeune femme à suturer ses cibles sur place.

Se déplaçant sans hâte, stratégiquement, Harvey tâche de conserver l’un des fuyards dans sa ligne de mire. Mon cousin n’est pas rapide. Pire encore, ses assauts sont d’une lourdeur telle qu’ils l’emportent dans son élan et le laissent aisément à découvert. Pour ne plus souffrir de ces travers, il a dû apprendre à mieux se positionner, à réfléchir avant d’agir, à minimiser au maximum les coups qu’il donne en vain.
 
Tu devrais me laisser les deux, t'as entendu le prof ! intervient une Emy désinvolte, pareille à une lionne qui réclame sa part de sang. Faut rien casser !
Harvey grince des dents devant son culot. Il lui devient difficile de s’empêcher de la moucher.
Et les considérations tactiques sont temporairement mises de côté.
Je paierai pour les dégâts, lâche crânement mon cousin en étendant son bras gauche vers sa cible.

Avec la carcasse qu’il se traîne, impossible pour Harvey de concurrencer la vélocité de sa rivale.
Mais il dispose de ses propres atouts.
Réacteur gauche à plein régime, les jointures du coude se déverrouillent avec un cliquetis mécanique.
Propulsé, l’avant-bras de mon cousin traverse la distance qui le sépare du voyou dans une attaque fulguro-poing ; le membre d’acier noir fuse comme un missile. Sa déflagration soudaine agite le parking d’un écho brutal, et le vent soulevé par ce décollage inopiné vient doucement molester la coiffure pompadour de Harvey.


(HRP : Merci de bien vouloir couper la musique !)

Luc Tianjun.


La légèreté a repointé le bout d’son nez. Je me comporte à nouveau comme quelqu’un d’à peu près vivable, au grand soulagement de mes potes, j’en doute pas.
Après ça, le groupe d’Harvey aura une sacrée histoire à nous raconter, tandis que de notre côté... urggg, on verra si j’peux convaincre mon équipe d’oublier les moments les plus gênants de notre trajet.
J’crois que j’ai encore des bombecs dans ma poche, je devrais ptête pouvoir les soudoyer...

Les gars, c'est qui qui a laissé un container devant la sortie de secours B-3 ? Il a l'air vachement lourd, en plus. Y a pas des roues, sur ceux-là, habituellement ?
Le canal numéro 6 crachote. Sur le moment, je pige pas.
J’suis plus long à la détente que mes potes, et pour cause...
...mon regard s’est rivé tout au bout du couloir.

Mon talkie walkie s’écrase à terre et ripe sur le sol, dans une gerbe de piles et de câbles rouges.
J’ai pas remarqué ce que j’lui ai fait. J’remarque plus rien.

Je ne vois que la hache. Je ne vois que le sang.
La satisfaction infâme, presque palpable, qui semble émaner de cette silhouette au loin.

Mais surtout... le sang.

J’ai pas remarqué quand j’ai commencé à courir.
Je ne sens que le feu. Dans mes jambes. Dans mon crâne.
Il y a des émotions depuis longtemps englouties qui se déchaînent dans mon bide.
La douleur – soigneusement muselée – d’une absence. D’un accident. La faute à personne.
Et quelque part en moi, je peux pas concevoir... simplement pas concevoir, que ce soit une souffrance qu’on puisse infliger volontairement à autrui.

Ce type a planté quelqu’un avec sa hache...



Déferlant à travers la foule, je bondis par-dessus une rangée de sièges en métal.
Les leçons des profs n’existent plus. Tout ce qu’on nous a appris s’est volatilisé de mon esprit.
A cet instant, je suis le Feu ; mes talons claquent comme le tonnerre sur le sol de l’aéroport ; j’avale la distance dans une posture qui tient de l’animal en chasse ; ma main adopte naturellement la Paume du Tigre de la Boxe Wuxing ; je sais pas quand j’ai commencé à hurler, avec l’intensité, avec la haine viscérale de tout ce qu’on m’a arraché.
J’en ai rien à foutre de si ce connard me plante sa hache dans l’bide.
Rien à secouer de s’il bloque mon attaque avec sa lame, de s’il m’fait voler quelques doigts.

Rien de tout ça n’a la moindre foutue importance.
...car j’vais lui défoncer sa face.
Luc Tianjun
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# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Ven 3 Mai 2024 - 21:42

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Pako Eun-Seun et Kaba Max.


Sans plus attendre, elle prit le parti de se ruer sur celui des brigands qu'elle venait de souder au sol ; il gesticulait, tâchait de détacher son pied du bitume sans y parvenir, jurait, sanglotait presque lorsqu'elle se jeta sur lui, lui porta un coup de poing en plein nez, le retourna, lui plaqua les deux bras contre le dos et entreprit de les souder l'un à l'autre. Cela fait, elle reporta son attention sur ses jambes, qu'elle se mit à unir par le biais de son long fil ; puis, seulement, elle entreprit de détacher la plante de son pied pour éviter de faire subir à sa cheville une pression insupportable, qui risquait de la faire rompre. En l'occurrence, il avait eu le temps de se la tordre brusquement, et elle l'imaginait toute violacée ; entre outre, pareillement saucissonné, il ne risquait pas de courir bien loin... mais elle était trop curieuse vis-à-vis des motifs qui avaient pu pousser six loubards armés à venir chercher des poux à des gamins qui ne devaient servir, originellement, que d'apprentis vigiles. Son instinct lui soufflait de se méfier de ces ratés, qu'ils cherchaient peut-être à réaliser un coup plus grand que la molestation en règle de modestes étudiants ; une fois accroupie à côté de lui, elle planta donc son regard, dur, dans celui larmoyant de son vis-à-vis et entreprit de lui faire cracher tout ce qu'il pouvait bien savoir.

-Vous êtes qui ? Vous nous voulez quoi, au juste ? Parle !


Elle avait rapidement repris du poil de la bête ; sans doute que les coups d'éclats successifs d'Emy et d'Harvey avaient pu contribuer à la ragaillardir un peu. Elle n'était pas seule. Ne le serait probablement jamais plus, parce que son talent, très particulier, lui conférait davantage des qualités de support que d'héroïne destinée à briller en première ligne ; elle se voyait bien faire partie de la bande d'un type surpuissant et pétris de talent, qu'elle pourrait soutenir de son mieux. En l'état, la collecte d'informations, cela lui paraissait presque être un jeu ; et les syllabes hachées que le pauvre type eut à lui offrir, mal assurées au possible, et absconses, la poussèrent à considérer qu'il s'était contenté de suivre son meneur sans poser de questions.
Meneur qu'Emy avait pris le soin d'encastrer dans le pare-brise d'une citadine pratiquement flambant-neuve ; il ne risquait pas de causer avant un bon bout de temps, celui-là.

A quelques pas de là, Max s'amusait à malmener son propre opposant, lequel ne savait absolument plus où donner de la tête ; de temps à autres, il surgissait dans son dos pour lui tapoter une épaule, revenait devant lui pour lui asséner une grande claque, tournoyait tout autour, le laissait s'en prendre à l'un de ses spectres qui disparaissait dans de fines volutes de fumées sans que l'original n'en subisse le moindre désagrément. Son pouvoir n'était certainement pas le plus offensif... mais pour régler leurs comptes à de pareilles petites frappes, il était, dans les faits, plus que suffisant. Il ne lui faudrait sans doute qu'une paire d'instants supplémentaires pour venir à bout de son adversaire : il était sadique, certes, dans ces circonstances très particulières... mais il était aussi prompt à la lassitude.
Prompt à la lassitude, le Tianjun l'était sans doute d'autant plus. Son poing, détaché du reste de son bras, fendit les cieux jusqu'à percuter l'un des deux brigands restant en plein dos ; Emy, frustrée de voir l'une de ses deux proies se faire pulvériser de la sorte, se rabattit sur l'autre et s'apprêta à s'élancer dans sa direction, furibonde, lorsque sa proie eut le bon goût de se jeter sur la droite pour disparaître entre deux rangées de voitures. Pour la Xue, qui excellait surtout en ligne droite, cela compliquait passablement l'affaire ; elle affecta une mine agacée, se résolut à compter sur ses jambes pour poursuivre cet emmerdeur doublé d'un pleutre.

-Ton collègue a parlé de champ libre ! Pourquoi ? C'est quoi, votre objectif, à la fin ?
-Je... je sais pas ! On devait juste... Mettre un peu le bordel, plus haut... J'en sais rien, je sais rien du tout, je vous jure !


Interloquée, elle arqua un sourcil et planta son regard sur le talkie-walkie, qui demeurait silencieux, se demandant si son professeur avait pu entendre cet aveu étonnant. Il avait en tout cas dû voir qu'ils avaient été, comme attendus, capables de rapidement régler ce petit contretemps ; il n'allait sans doute pas tarder à revenir vers eux, par conséquent...

Fung Okoh et Raden Sherina.


-Luc ! s'exclama Ran en voyant son camarade prendre les devants au pas de course.


Il s'apprêtait à lui emboîter le pas lorsqu'Okoh lui attrapa le poignet ; coupé dans son élan, il se retourna, prêt à invectiver le Fung lorsque celui-ci lui coupa l'herbe sous le pied : la priorité n'était pas là. Le Tianjun n'avait peut-être pas confiance en lui, mais ses partenaires du jour, eux, mesuraient ses qualités et ses capacités athlétiques. Ils n'avaient aucune raison de douter de lui ; au contraire, ils avaient toutes les raisons du monde de craindre pour la vie des civils qui, affolés, commençaient à engendrer un mouvement de foule qui risquait de s'avérer difficile à contrôler, impossible à contenir.

-T'es le plus costaud de nos quatre, Ran ! Faut que t'ailles jeter un coup d'œil à ce putain de container ! Qu'il ait été posé là par hasard ou pas, t'as entendu ce qu'ils ont dit : ça bloque une issue de secours ! Le plus dangereux, dans les mouvements de foule, c'est les issues qui n'en sont pas ! Si des types se font écraser contre le container sans pouvoir sortir, on court au massacre !
-Je t'accompagne ! renchérit Sherina en brandissant son appareil. J'ai pris les roulettes en photo, ça devrait aider !
-Allez-y, vite !


Lui-même, malgré tout son flegme, ne demeura pas immobile bien longtemps.
Ses deux camarades s'élançaient tout juste, à un rythme largement assez vigoureux pour leur permettre de dépasser en trombe nombre des fuyards, qu'il se jeta à la suite de Luc. Il n'arriverait pas sur le type à la machette en même temps que le Tianjun, certes ; mais il aurait les moyens d'intervenir dans un second temps, si ce criminel disposait de ressources insoupçonnées, et qu'il était en mesure de leur tenir tête.

Le type à la machette, justement, semblait relativement hagard ; son regard courait le long du tranchant de son arme, coulait jusqu'à la silhouette recroquevillée devant lui, occupée à se vider de son sang, se baladait sur les quelques autres victimes qu'il avait tailladées plus ou moins violemment, quelques secondes plus tôt. Il n'avait l'air ni perturbé, ni satisfait de cette scène macabre au sein de laquelle il jouait un rôle pourtant prépondérant ; en revanche, quand il remarqua que Luc sillonnait la foule en sens inverse, qu'il se ruait dans sa direction en entretenant à son endroit des ambitions manifestement belliqueuses, il esquissa l'ombre d'un sourire de mauvais augure.
Il évita le contact, pourtant, lors de la toute première offensive, frontale et prévisible, de l'étudiant héros. Il bondit en retrait, ses jambes prenant la forme perturbante de pattes animales ; sans doute des pattes de lapin, en suffisamment longues, donc, pour que sa corpulence demeure inchangée. Il était doté de pouvoirs, donc : une mauvaise nouvelle, sans doute, pour les deux élèves de l'Académie Wong qui allaient se charger de le confronter. Après avoir bondi en retrait, toutefois, il ne revint pas à la charge tout de suite. Il semblait attendre, quelque chose ou quelqu'un ; pour Luc, et pour Okoh, bientôt, le but serait sans doute de l'éliminer avant que ce quelqu'un ou que ce quelque chose ne survienne pour leur compliquer la tâche...
Naraka Catana
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Sam 4 Mai 2024 - 11:56

Anthony Tianjun (‘pa).


De toute ma vie, j’ai jamais connu de type plus triste que toi, ‘pa.
J’ai jamais pigé comment c’était possible... pour un homme fait, pour un adulte de s’écrouler ainsi sous le poids du chagrin. De permettre à la douleur de prendre racine en soi. De l’incarner. De la laisser vous transfigurer.

Tu t’es tiré pour vivre dans tes souvenirs, auprès de celle qui nous a quitté, au point d’abandonner tous ceux qui sont encore là.
Au point de m’abandonner moi.

Je te l’aurais jamais dit en face, ‘pa.
Mais j’ai toujours cru qu’on était juste pas taillé du même bois.
Que j’étais plus fort. Que nos rôles s’étaient inversés. Que c’était à moi de veiller sur toi.

...j’ai sué sang et eau, pour toi.
Et quelque part, avec ce balais que je me suis fourré profondément dans l’cul, j’ai cru que j’étais un adulte.
Capable de bosser dur pour assurer l’avenir des siens, de prendre ses responsabilités.

Jamais je m’serais vu faire un choix aussi couard que toi.
Balancer aux orties tout ce que je possède, pour me perdre, pour m’immerger dans son souvenir ?
Pour vivre mon deuil dans toute son intensité...?

Ça sonne si pathétique.
...je me serais pas cru capable de ça.

...

...mais maintenant, je comprends que j’en avais juste jamais eu l’occasion.
J’avais jamais eu de quoi me mettre réellement en colère.
Jamais été confronté à une horreur si grande que je puisse tout entier m’y consumer.
M’assouvir. Combler ce vide que j’ai constamment dans l’bide.

Un accident de voiture, sans coupable...
...alors que j’avais terriblement besoin de quelqu’un à haïr.

'pa... tout ce temps, j’étais une putain de mèche imbibée d’huile.
Et voilà qu’un connard vient de me tendre le briquet.

Alors, tu vois... ce type qui s’amuse à faire couler le sang...
...à buter les personnes qui nous sont chères...
...à précipiter des innocents tout au fond de ce trou, d’où toi et moi, on a jamais été fichus de remonter...

Je te jure que je vais le buter.
Pas pour la justice. Et même pas pour qui que ce soit.

...je fais ça juste pour moi.

...

Tu vois, ‘pa ?
Je suis bien ton fils.

L'élite de l'élite [PV Luc] - Page 2 KOHUyrD

Le spectacle des corps lacérés a fini de me faire sombrer.
Mon champ de vision s’est étréci.

Maintenant, dans le monde entier, il n’existe plus que ce foutu connard et moi.
...plus que toi et moi.

Au terme de rotations furieuses des hanches et des épaules, ma Paume du Tigre brasse largement l’air.
J’échoue à pulvériser le masque, et ta petite gueule de con qui se cache en-dessous.
Mes yeux te suivent, et comme au ralenti, je te vois t’élever dans les airs.
...tu crois t’être tiré, ducon ?

Encore engagé par ma première attaque, t’as cru que je serais trop lent pour te chopper ?
Dommage pour ta gueule.
Car je pense pas à m’économiser.
Je pense pas à la suite.
Tout ce que je veux, c’est te démolir la tronche.

Immédiatement mon corps crépite, puis s’embrase dans une explosion d’énergie blanche.
Palpitant de fureur, j’te poursuis dans les airs sous ma forme d’aura.
Ma force vitale se fait la malle, comme soufflée par un typhon.

...mais tant qu’il m’en reste.
J’vais m’en servir pour te fumer.

Je fuse, pareil à un rayon d’énergie blanche, pour t’rattraper avant que tu touches le sol.
Avant que t’aies l’occasion de te tirer sur tes foutues pattes de lapin, mes mains dégainent mon sabre, qui n’est plus que lumière.
...je me matérialise au-dessus de ta tronche.

Déjà en posture de frapper, mes lèvres murmurent un mot, à peine audible.
...crève.

Et de toute la force que je peux rassembler dans mes bras.
Tant que je suis encore porté par la rage.
Tant que je ne ressens pas encore le drain que mon mouvement d’aura vient de me coûter.
...je te défonce ta face.
Luc Tianjun
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# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Dim 5 Mai 2024 - 15:19

L'élite de l'élite.

Ft Luc
-Qu'est-ce qui, selon vous, permet de différencier un détenteur d'un pouvoir d'un véritable héros ?


C'était la question que leur avait posé Divine Diva, lors de l'une de leurs toutes premières heures de cours. Un moyen pour elle de briser la glace, de les précipiter face à leurs idées reçues, d'étudier d'un peu plus près leurs esprits critiques, la qualité de leur recul et de leur lucidité, aussi. Nombre de réponses, plus ou moins chanceuses, avaient eu l'opportunité de succéder sans que l'enseignante ne se donne sérieusement la peine de les qualifier de bonnes ou d'ineptes ; à ses yeux, il n'y avait pas de réponse parfaite, en cela que ce débat était principalement sémantique. Force était d'admettre, toutefois, que la réponse de Sherina était celle qui, d'entre toutes, avaient récolté le plus de louanges.

-La volonté de se servir de ses pouvoirs dans un cadre conflictuel ?


Un cadre conflictuel. C'était cette petite précision, mineure en apparence, qui apportait tant de pertinence à cette réponse laconique ; parce que nombre de détenteurs de pouvoirs finissaient par les concevoir comme un sens, et les intégrer pleinement au fil de leur existence. L'une des particularités des héros, c'était effectivement de mettre leur talent au service de la collectivité, mais pour résoudre d'éventuels conflits étant survenus, ou menaçant de survenir. Le fait de mettre à l'épreuve leurs compétences dans des circonstances si spécifiques et si éprouvantes, c'était cela, le cœur de l'apprentissage des étudiants de l'Académie Wong ; et c'était quelque chose que nul ne pouvait usurper le moment venu.

Fung Okoh.


-Luc ! s'écria Okoh, impuissant, en voyant son camarade bondir pour suivre l'esquive brusque de son opposant.


Loin ; et trop haut pour qu'il ne puisse penser à les y rejoindre. Ses poings crispés, sa mâchoire tendue, le jeune homme dut se contenter d'observer la projection surnaturelle du Tianjun le porter jusque devant son adversaire ; lequel, prit par surprise, passablement démuni, dut, l'espace d'un instant, se poser une question similaire à celle que Divine Diva avait pu leur soumettre des semaines, des mois plus tôt.
Qu'est-ce qui, au juste, permettait à l'aspirant héros de se distinguer de lui ?
Et, s'il avait suffisamment d'intelligence pour envisager une réponse du calibre de celle de Sherina, il n'eut toutefois pas le temps de la formuler ; car il n'eut pas le temps d'interposer sa machette sur la trajectoire du coup d'épée de Luc, semblant lent, effroyablement lent, compte tenu de l'énergie déployée par son adversaire pour venir le cueillir en plein air.
L'épée fendit les cieux, impérieuse et impitoyable ; le sang retomba avant, bien avant le corps lourd et désarticulé de ce criminel masqué, pour toujours condamné à l'anonymat, en dépit de ses exactions ignobles.
Le Fung ne manquerait pas de rejoindre le Tianjun au pas de course au moment où celui-ci retomberait enfin à même le sol ; pour l'aider à se relever, s'il le fallait, mais aussi et surtout pour s'assurer de son bon état global.

Pako Eun-Seun et Kaba Max.


-Emy ? Emy, tu m'entends ? Emy !


Si elle l'entendait peut-être, du moins la jeune femme ne se donnait guère la peine de répondre aux injonctions d'Eun-Seun de le faire savoir par le biais de son propre talkie-walkie. Pourquoi ? Probablement parce qu'en l'occurrence, son ambition première était de mettre le grappin sur le fuyard qui, si on consentait à lui laisser une seule seconde de répit, ne manquerait pas de se faire la malle une bonne fois pour toutes. Harvey et Max avaient pu s'occuper des deux autres criminels, mais le prof, lui, demeurait encore et toujours aux abonnés absents. Là aussi, la curiosité de la jeune Pako ne manquait pas de la titiller ; mais elle préférait s'échiner à essayer de contacter sa camarade, encore et toujours, avec l'espoir que ses appels puissent finir par obtenir une réponse concrète et satisfaisante.

Les trois étudiants n'eurent toutefois pas le temps de s'organiser pour palier au départ en trombe d'Emy, et pour envisager, pourquoi pas, d'essayer de la retrouver dans le dédale de voitures qui s'étalait alentour ; car des bruits de pas réguliers, lents, presque cérémonieux, se firent entendre dans les escaliers près desquels ils s'étaient rapprochés, Max ayant interpellé son propre adversaire à quelques dizaines de mètres de ceux-ci seulement. Dans le silence du parking, l'écho des talons de cet inconnu ne manquaient pas d'ajouter à son approche une envergure conséquente... Et Eun-Seun, qui aurait pu commencer à nourrir quelques inquiétudes à cet égard, fut néanmoins soulagée lorsqu'elle remarqua que la personne qui se présentait à eux, engoncée dans un costume impeccable et assez jeune, arborait un sourire des plus chaleureux.
Sourire qui, toutefois, devint étrange lorsque son regard se posa sur le tas de criminels qu'ils avaient réussi à capturer et à saucissonner ; pas parce qu'il se teinta de mépris ou d'agressivité... mais parce qu'il demeura étrangement inchangé. Imperturbable. Cynique.

Mais ce ne fut qu'en posant son regard sur le Tianjun qu'il devint réellement jovial, cet inconnu aux fripes hors de prix.

-Harvey Tianjun ! Ça alors, quel hasard !


Sakae Rahim se présentait à eux, dans ses atours les plus élégants ; et il saluait Harvey avec toute sa bonhomie, comme si les quelques hommes molestés et allongés entre eux deux n'étaient, à ses yeux, guère plus que d'insignifiantes fourmis.

Raden Sherina et Rangsei Ran.


-Là, voilà ! Attrape, Ran !


Après avoir secoué énergiquement un cliché tout juste imprimé, sorti des entrailles de son appareil photo à l'aspect pourtant parfaitement numérique, et après avoir soufflé dessus de tout son saoul, elle parvint finalement à décoller les roulettes de la surface de la photographie ; et celles-ci prirent du relief, enflèrent jusqu'à atteindre la taille des originaux, que Sherina empoigna et jeta vigoureusement en direction de Ran. Ce dernier, soucieux de précéder la foule dont le mouvement demeurait parfaitement incontrôlable, avait pris un petit peu d'avance. Il parvint à se saisir des roulettes au vol, amplifia le rythme de ses foulées pour dépasser l'essentiel des civils ayant pris part à cette cavalcade ainsi ; un grand nombre d'entre eux, sans doute, chercheraient à se rendre au parking ou dans un autre terminal, depuis lequel ils pourraient fuir sans courir grand risque... mais ceux d'entre eux qui jetteraient leur dévolu sur l'issue de secours la plus proche s'en mordraient les doigts, écrasés contre un container que rien ni personne ne pourrait dégager en temps et en heure, condamnés à suffoquer jusqu'à ce que la pression ne s'atténue enfin, ce qui, dans de telles circonstances, pouvait prendre aisément plusieurs minutes.
Des minutes que Ran ne pouvait pas passer à observer des innocents se masser comme du bétail, à s'en péter les côtes ; alors il faisait de son mieux pour prendre de l'avance, pour atteindre ce fichu container avant tout le monde, et pour libérer le passage avant que le gros des passagers n'afflue.

Il le voyait enfin, à quelques mètres seulement ; et les efforts des quelques personnes qui s'échinaient à essayer de le déplacer en poussant dessus de toutes leurs forces, évidemment, étaient voués à l'échec. Pour l'heure, en tout cas : parce qu'une fois qu'il aurait réussi à remettre ces roulettes à leur place, cela ne serait guère plus qu'un jeu d'enfant.

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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Dim 5 Mai 2024 - 19:26

Luc Tianjun.


...je te défonce ta face.
L’impact me remonte dans les bras, me fait brutalement pivoter en plein vol.
A travers mon sabre, je peux t’sentir te tordre, te disloquer, et t’écraser à terre comme un pitoyable tas de viande.
C’est tout ce que tu mérites, fumier.
Sans plus aucune force, ni colère, je m’éclate au sol. Emporté par mon élan, rattrapé par la combustion d’énergie folle et furieuse que je viens de déployer, entièrement vidé.

Je m’étale sur le carrelage glacé de l’aéroport.
Je vois plus rien. Il me faut le temps d’faire le point avant que mes yeux vitreux ne capturent le corps torturé de ma victime. De mes doigts sans force, je serre toujours mon arme ; c’est le sabre en bois qui m’sert aux entraînements. Une version que j’ai choisie particulièrement lourde et épaisse, pour pouvoir me battre contre Harvey sans qu’elle n’explose au premier choc contre ses bras d’acier.
J’aurais pas parié qu’on puisse tuer un homme avec.
Mais j’avais jamais frappé personne aussi fort avant...

...est-ce qu’il a vraiment clamsé, d’ailleurs ?
Je me pose la question en lorgnant d’un œil torve sur le lapin à la hache. J’espère bien, car j’aurais pas la force de me relever tout d’suite pour lui régler son cas. Passant froidement en revue l’angle tordu de sa nuque, mon regard s’arrête finalement sur son masque ; c’est bien qu’il l’ait pas perdu dans le feu de l’action.
Je veux même pas savoir qui est ce crevard.

N’attendez surtout pas d’moi de regrets poignants, ou de prise de conscience tardive sur la valeur de la vie. Ouais... ce type a sans doute une famille. Des amis. Des gens qui vont souffrir d’apprendre ce qu’il a fait, et comment on l’a salement exécuté.

Mais j’en ai rien à secouer.
Ce sac-à-merde a perdu le droit à son identité à la seconde où il s’est enfilé son masque pour partir taillader des gens. C’était un fumier... je l’ai traité comme tel.

Et j’en suis satisfait.

Mon champ de vision s’élargit, progressivement.
J’entends un son rude, haché, répugnant.
Putain, c’est celui de ma propre respiration.

Okoh vient vers moi, ptête qu’il s’inquiète.
Je le comprends. Ça n’a duré que l’espace de quelques battements de cœur... mais j’ai tout donné.
J’en suis au point où je dois me concentrer pour pas tourner de l’œil, mais quand le gars se rapproche, je l’arrête d’une main tremblante. On s’en fout... y’a plus important. En me redressant à demi, j’force de mon mieux ma voix hors de ma gorge, en galérant pour me faire entendre.
...les premiers soins...
Pas pour moi.
Je tends un index fébrile en direction des victimes tailladées par l’assassin.
Certaines d’entre elles peuvent ptête encore être sauvées, pourvu qu’on comprime leurs blessures, qu’on leur donne une chance de tenir bon jusqu’à ce que les secours soient là.
...et la radio... 4 et 5.
En terminant de cracher ces mots, comme s’il m’en coûtait, je retombe sur le dos.
Je peux plus parler. Je tousse, je crachote, je galère à reprendre mon souffle.

J’ai plus de talkie walkie de toute façon. ‘va falloir qu’Okoh contacte nos potes via le canal 5, et les médecins via le canal 4. Il faut qu’Eun-Seun se ramène ici, fissa. Ses sutures peuvent sauver des vies.

Putain, j’ai une grosse tache sombre devant les yeux. Et d’la nausée.
Étalé, jambes écartées, à côté de ma victime, je me concentre sur ma récupération.
Là, tout de suite, j’suis vraiment plus bon à rien.
A tel point que j’esquisse un rictus en matant Okoh ; une mimique à la fois railleuse et désabusée, qui semble lui signifier : “pour une fois, c’est à mon tour d’glander”.

S’il s’occupe de gérer les priorités, et qu’il me laisse bel et bien tout seul, je vais rester là.
Étendu, la tête dans le brouillard ; le regard tourné sur mon lapin masqué, l’esprit vide.
J’ai l’impression d’avoir brûlé des années et des années d’ma vie, d’un seul coup.
Et je sais pas bien ce qu’il reste en-dessous.


L'élite de l'élite [PV Luc] - Page 2 Pb79sUD

Les loubards sont appréhendés. Mon cousin enclenche et verrouille son avant-bras gauche puis termine d’amener ces canailles à Eun-Seun, afin qu’elle puisse les suturer directement sur le sol.
Emy, de son côté, ne devrait plus tarder.
Il est plus que temps de rétablir la communication avec le reste de l’équipe. D’échanger quelques informations avec sa camarade de classe, qui semble s’être efforcée d’interroger l’un des voyous, mais aussi de reprendre contact avec Velvet Vekam et le reste de la classe.

C’est ce que se dit Harvey, mais il n’a pas le temps de porter la main à son talkie walkie.
Car lui aussi se fige, en entendant ces pas qui résonnent dans le parking souterrain ; le bruit grinçant de semelles de cuir de première qualité. Leur cadence est sinistre et singulière. Par réflexe, mon cousin s’éloigne un peu de ses compagnons, pour être le premier à accueillir ce qu’il perçoit d’instinct comme une nouvelle menace.

Harvey Tianjun ! Ça alors, quel hasard !
...mais l’apparition de Rahim lui cause un choc.

Bien plus que moi, mon cousin entretient une relation d’amitié et de respect sincère avec le jeune homme. Et dans la pénombre souterraine, cette relation lui paraît lentement s’effeuiller sous ses yeux. Le vice qui émane du sourire de cet ami d’enfance le laisse pantois.
...les implications de cette situation sont telles qu’Harvey hésite. Il n’ose pas aller jusqu’au bout de la réflexion ; s’engluer dans une toile de mensonges tissée sur plus d’une dizaine d’années ; s’inoculer le poison qui menace de souiller jusqu’au moindre de leurs souvenirs communs.

Qu'est-ce que tu fais ici, Rahim...? commence-t-il d’une voix tendue, comme s’il laissait encore une chance à leur interlocuteur d’adopter la conduite qui est attendue de lui, une chance de dissiper cette ambiance lourde et singulière qui imprègne le parking, de rendre à leur rencontre sa normalité.

...mais c’est sans espoir, n’est-ce-pas ?

Vu de dos par ses camarades, mon cousin semble lentement rassembler ses forces ; se cuirasser, se préparer à faire face à la vérité. Droit comme la justice.
Incorruptible et impitoyable. Il fera ce qui doit être fait.
Luc Tianjun
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# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Lun 6 Mai 2024 - 22:19

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Fung Okoh.


Tétanisé, Okoh aurait pu l'être ; et il aurait même pu le rester un sacré bout de temps, si Luc n'avait pas eu la présence d'esprit, tout de suite, de lui pointer du doigt la première des urgences. Quelques civils innocents se massaient çà et là ; certains, blessés, n'avaient pas pu prendre la fuite là où d'autres, purement et simplement inconscients, avaient peut-être d'ores et déjà passé l'arme à gauche. On larmoyait par ci, on grognait par là... La situation était désastreuse, purement et simplement, et exigeait un déploiement majeur des forces de l'ordre singapurienne pour éviter que le bilan humain ne continue à s'alourdir. Fort heureusement, le Tianjun semblait avoir eu la main ferme et le geste assuré au moment de croiser le fer avec l'odieux assaillant ayant usé de sa machette à des fins sinistres ; le pauvre hère n'esquissait plus le moindre geste, ne semblait plus être en mesure de se redresser. Peut-être plus en mesure de penser tout court, à en croire le sang qui s'écoulait abondamment de sa plaie béante... Il avait goûté aux conséquences de ses propres méfaits, s'était retrouvé, en une fraction de secondes, précipité en lieu et place des individus qu'il avait arbitrairement ciblés, arbitrairement fait souffrir.
Alors le Fung empoigna son talkie-walkie, passa sur le canal dédié aux médecins, et se dépêcha de fournir à tous ceux qui pouvaient l'entendre des renseignements indispensables, inestimables, avec toute la discipline et tout le sang-froid que le cursus héroïque qu'il suivait lui avait appris à mobiliser dans de si funestes circonstances.

-Ici Okoh Fung, je suis un élève de l'Académie Wong ! Je me trouve avec un de mes camarades, Luc Tianjun, dans le deuxième Terminal, au niveau de la porte qui mène au premier. Un type a attaqué des passants à coups de machettes, ils... Plusieurs d'entre eux ne bougent plus, ne respirent peut-être déjà plus. Il doit bien y a voir une douzaine de blessés, au total ! Il faut envoyer quelqu'un le plus vite possible !


Il relâcha le bouton d'émission...
Et son sang se glaça.
Rien. Strictement rien. Rien d'autre que le grésillement penaud de cet appareil pourtant fiable, qui aurait dû lui apporter la promesse imminente d'une arrivée en fanfare des autorités compétentes. En l'occurrence... Rien. Courroucé et frustré, il jeta l'appareil au sol sans trop de soucier de s'il l'avait brisé ou pas et s'empara plutôt de son téléphone portable. Il composa prestement le numéro des urgences, parvint cette fois-ci à obtenir un interlocuteur, répéta toutes les informations qu'il avait souhaité offrir au service médical local ; son interlocuteur, rigoureux et sobre, s'empressa de lui confirmer qu'il ferait le nécessaire, de son côté, pour joindre les autorités de l'aéroport et les prévenir de cette situation épineuse, s'ils n'avaient toujours pas été mis au courant.
Dans tous les cas, il s'engagea à envoyer sans plus tarder une première patrouille, afin de prendre en charge les blessés et de les stabiliser, de réaliser les premiers soins sur ceux qui en avaient le plus besoin ; Okoh, alors, raccrocha et se redressa en soupirant.
Ce n'était que la première brique d'un ouvrage qu'il allait devoir contribuer activement à bâtir ; il jeta un regard en coin à Luc, comme pour s'excuser muettement de ne pas pouvoir en faire davantage le concernant, et se rua dans la direction d'une jeune femme qui semblait grièvement touchée au niveau de la cuisse. Il fallait limiter les saignements, partout autour de lui, veiller à ce que l'inquiétude ne les ronge pas outre-mesure, qu'ils parviennent à conserver leur calme, tous ensemble ; il ne pensait déjà plus à ce fichu criminel au masque de lapin, ou au container qui avait été étrangement abandonné devant une issue de secours toujours accessible en temps normal.
S'il avait pris davantage de temps pour y songer, il aurait peut-être compris qu'une urgence en cachait une autre.

(>°-°)>

-D'accord, madame, acquiesça Emy avec impatience, mais ça ne répond pas à ma question. Puisque le Naraka Catana n'existe pas sous forme naturelle à Moderna, et qu'il n'a été déposé sur le continent qu'une fois, il y a plusieurs années, pourquoi des monstres apparaissent-ils de temps en temps en public ? Logiquement, tous les animaux ayant muté à cause du Naraka Catana auraient dû le faire à l'époque, pas vrai ?


C'était à l'occasion d'une heure de cours particulièrement laborieuse qu'Emy avait fini par poser cette question, agacée de voir que Divine Diva revenait toujours sur le sujet des créatures qu'ils pourraient éventuellement être amenés à confronter sur Moderna sans jamais expliquer comment elles pourraient voir le jour. Nombre de ses collègues, titillés par la curiosité, tendirent une oreille attentive pour ne pas perdre une miette de la réponse de la professeure ; laquelle, amusée de voir que la Xue, habituellement distraite et lassée, semblait en l'occurrence se prendre au jeu.

-Il y a un certain nombre de paramètres qui peuvent entrer en jeu. Déjà, beaucoup de Naraka Catana est tombé en rase campagne ; rien ne garantit qu'il n'en demeure pas dans des parties isolées de nos territoires. Ensuite, certains animaux ont pu muter à l'époque, mais développer un comportement de plus en plus agressif au fil du temps, jusqu'à sortir de leur habitat naturel pour se confronter à l'Humain. Enfin...


Son visage se voila soudain d'une certaine amertume, qu'ils n'observaient pas souvent chez une dame aussi académique ; elle veillait généralement à effacer ses émotions le plus possible, parce qu'elle considérait que celles-ci nuisaient généralement à la clarté des messages qu'ils avaient à transmettre à ces étudiants prometteurs. Mais, parfois, la réserve et l'indifférence étaient simplement au-delà de ses forces...

-Parfois, les monstres ne sont pas ceux qui consomment le Naraka Catana... mais ceux qui l'injectent.


<(°-°<)

Rangsei Ran.


-Yes ! s'enthousiasma-t-il en arrivant à la hauteur du container.


Sans plus attendre, il se rapprocha de l'un des angles de cette grosse boîte, entreprit d'insérer la roulette dans le compartiment qui était prévu à cet effet. Il n'avait pas besoin de le soulever pour ce faire ; les quelques béquilles sur lesquelles cette grosse boîte reposait servaient à éviter ce type de manutentions inutiles à souhait, dans le cadre professionnel. Il s'apprêta à passer promptement sur un autre angle...
Quand un claquement sec eut lieu entre les deux portes du container. Un léger nuage de fumée s'échappa alors, et les portes, a priori dégondées, se mirent à chuter lourdement à deux pas de là ; d'abord dubitatif, puis méfiant, Ran eut le bon sens de reculer d'un pas précautionneux...
Et fut au premières loges pour observer la silhouette féline et massive qui s'extirpait de ce qui, selon toute vraisemblance, avait été longtemps durant sa cellule de prison.

-What the fuck...




(>°-°)>

-Vous voulez dire que des gens s'amusent à droguer des animaux au Naraka Catana ? Pourquoi ? Ça coûte pas super cher, en plus ?
-Pour les motifs, j'imagine que cela dépend des ambitions initiales. Pour l'argent... oui, cela représente un certain investissement ; mais de nombreux groupuscules ont réussi, après le passage du nuage, à se façonner des réserves conséquentes pour expérimenter de cette manière sans avoir à investir Antiqua. Quelqu'un d'immensément riche pourrait aisément s'en octroyer... Et les animaux disposent généralement d'une constitution plus sensible que nous. Ils sont souvent moins lourds, alors la même dose peut avoir des conséquences décuplées ; et étant moins à même de se modérer, ils développent aussi bien plus rapidement des effets secondaires comme l'accoutumance ou l'agressivité. J'imagine que si je devais le définir...


Elle s'humecta les lèvres, cherchant à peser les mots qu'elle allait employer. Elle n'aimait pas opter pour un vocabulaire si lourd, si symbolique, mais force était d'admettre que par-delà la sémantique, les volontés souvent funestes des Vilains la poussaient, elle aussi, à la radicalité.

-J'appellerais ça du Super-Terrorisme.


<(°-°<)

Pako Eun-Seun et Kaba Max.


La réaction d'Harvey à l'approche de ce type à l'air pourtant si débonnaire contribua évidemment à les tendre ; ils comprirent que leur instinct ne semblait pas les avoir dupés, se renfrognèrent à leur tour. Si Eun-Seun semblait principalement anxieuse et inquiète, notamment à l'égard du Tianjun, Max, de son côté, se montrait sous un jour plus revêche ; encore en retrait, il demeurait campé sur ses positions, suspicieux, prêt à bondir vers l'avant pour se joindre à son camarade si ce dernier en éprouvait le besoin. Il ne connaissait pas Rahim, pas même de réputation... mais il n'éprouvait pas le moindre doute quant à la complicité qui l'unissait avec ces ratés qu'ils venaient tout juste d'appréhender.
Sans cela, il aurait dû, a minima, s'étonner de les voir étalés aux pieds des trois aspirants héros.

-Quel regard, frissonna faussement Rahim, taquin au possible, en achevant de descendre les marches qui le séparaient d'Harvey. Je ne pensais pas que tu me réserverais un accueil si hostile ! C'est un grand jour, pour moi ; il pourrait être de bon goût de me féliciter, avant toute autre chose.


Il se fendit d'un sourire hypocrite, insista en direction de Max et d'Eun-Seun, qui ne purent que se tendre davantage ; il ne les ignora pas plus longtemps, d'ailleurs, et se présenta doctement.

-J'aurais aimé que Luc soit présent également, mais il n'a manifestement pas répondu à mon invitation - sans doute ai-je rendu celle-ci trop alambiquée. Tant pis ; j'aurai bien une autre opportunité de lui répéter ce que j'ai à vous dire... Mes amis, je suis honoré d'avoir la chance de rencontrer tant d'étudiants de la prestigieuse Académie Wong en ce jour historique. Je suis Monsieur Sakae Rahim ; mais vous pouvez m'appeler Rahim, comme Harvey le fait si bien. Nous sommes issus de la même caste, après tout.


On aurait pu s'attendre à ce qu'il évoque la richesse indécente de leurs familles respectives, l'influence dont elles avaient su imprégner toute la cité-état, le caractère florissant de leurs entreprises et de leurs business en tout genre ; mais il n'en fut rien. Avec lenteur, il ramena son regard jusqu'à Harvey ; ses lèvres s'étirèrent en un sourire malicieux, et il précisa le fond de sa pensée sans plus attendre.

-Celle des Surhommes.


Sakae Rahim.


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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Mar 7 Mai 2024 - 10:38

Luc Tianjun.


Le blanc. Le silence. Seulement troublé des jappements de mon pote Okoh.
C’est troublant de le sentir en panique comme ça.
Mais plus troublant encore... c’est ma réaction face à son attitude qui m’étonne.

J’ai l’impression qu’y a un truc qui va pas.
C’est comme si quelque chose s’était dévissé dans mon crâne.

Je commence à m’en rendre compte en voyant le borgne s’activer, contacter les secours, panser les plaies de ces pauvres zigues... tandis que je me tiens là. Immobile, inutile, impuissant.
L’ancien moi n’aurait jamais supporté cette frustration, cette inaction.
Il aurait senti son estomac se tordre à la seule vision des victimes. Il aurait décalqué sa souffrance sur la leur.
Il aurait imaginé le nombre de gamins, qui après le massacre d’aujourd’hui... auraient à vivre avec un trou béant dans la poitrine.

Alors pourquoi ça me paraît si distant ?
Pourquoi ça me paraît si vide ?
Je ne ressens rien de tout ça.

Je dirais pas que je m’en fous... c’est pas ça.
Si je pouvais me lever pour donner un coup de main, je le ferais.
Mais ça ne me touche pas. Pas comme ça devrait.

Je roule péniblement sur le côté. A quatre pattes, je parviens misérablement à récupérer la machette des mains du défunt. Je m’assois en observant l’arme ruisselante de sang.
Sa vision provoque un léger, un infime tressaillement en moi. Quelque part dans ma poitrine.
L’espace d’un instant... j’ai été prêt à tout pour arrêter ça. Pour stopper ce massacre.
A tout lâcher, à tout abandonner, à tout foutre au feu.
Plus de fardeaux. Plus de responsabilités.

En considérant juste le résultat... on pourrait croire qu’il s’agit d’une véritable prouesse héroïque.
C’était pas ça.
C’était franchement pas ça.

C’était quelque chose d’entièrement différent.

Rien qu’un acte d’égoïsme. Venu du fond d’mes tripes.
L’assouvissement d’une pulsion primaire.

Un acte qui...
...n’est pas sans rappeler la transe malsaine qui animait le tueur masqué.

Hahaha...

En fait... j’suis même pas à moitié une aussi bonne personne que je le croyais.
Ou peut-être que je peux simplement arrêter de faire semblant d’être ce que je ne suis pas.
Ce manteau des responsabilités, cette image d’un moi altruiste et assidu, qui dédie son existence aux autres... était complètement erronée.
C’est pas ça.
Ça n’a jamais été ça.
Je suis pas ce monolithe de rigueur et de responsabilités. Et je veux pas l’être.
Ce gars qui se sacrifie pour son père, qui se sacrifie pour son cousin...
Qui se laisse mener à l’abattoir comme une bête docile, dès lors que l’interlocuteur est un chouïa plus malin...

Ce Luc Tianjun... c’était sans doute pas moi.

Je passe la machette à ma ceinture.
Et je relève un regard effilé sur le terminal de l’aéroport.
Sur les victimes, sur Okoh, sur les corridors esseulés.

La brume s’est levée. Un peu.

J’porte pas le poids du monde sur mes épaules.
J’suis pas responsable de toutes les saletés qui se passent autour de moi.
J’ai zéro le devoir moral de me cravacher pour le bien-être d’autres zigues que moi.

Cette foutue vie... elle n’est rien qu’à moi.

Alors je respire, pour reprendre des forces.
Sans culpabiliser tandis que d’autres sont en train de trimer.
Sans culpabiliser tandis que d’autres sont en train de souffrir.

On pourrait croire que cette réalisation est une bonne chose.
Mais, j’dirais que je me sens moins libéré que...
...creux.

Débarrassé de mes prétentions... j’ai l’occasion de constater à quel point j’ai vécu en vain.
C’est ce qui arrive, quand on commence à aller au charbon à douze piges...
J’ai jamais eu le temps de bâtir quelque chose, autre chose que cette image de moi que je projetais désespérément aux autres.
“Bosser pour le bien d’autrui. Être utile, répondre à leurs attentes. A celles de ‘pa, à celles d’Harvey, et puis à celles de Velvet Vekam...”

Mais quelles sont mes attentes, à moi ?
Qu’est-ce que je veux faire... et pourquoi ?
J’en sais foutre rien.

A cet instant...
...je repars d’une page blanche.


L'élite de l'élite [PV Luc] - Page 2 Pb79sUD

La réalité de la situation se cristallise lentement dans l’esprit d’Harvey.
Ses mâchoires sont serrées. Son regard sombre. Rahim se gausse de l’air taciturne de mon cousin, mais il se trompe... il s’agit seulement de chagrin.
D’un chagrin qu’on mord, qu’on mastique, qu’on refuse de laisser s’échapper ; qui meurt étranglé tout au fond de votre gorge ; et qu’il faudra toute une vie pour digérer.

Harvey reste silencieux. Il absorbe de son mieux les paroles de leur interlocuteur. Il assemble les pièces du puzzle, dispersées de ça et de là. Son appréhension est terrible.
Sakae Rahim est... l’une des rares personnes qu’il considère comme son égal.
L’une des rares personnes pour lesquelles il éprouve un authentique respect.
Le meilleur rival, et le plus fidèle ami de leurs années de leurs compétitions adolescentes.

Apprendre qu’un tel individu fomente son plan depuis plus de cinq ans, et qu’il se sent aujourd’hui suffisamment en confiance pour le révéler au grand jour... a de quoi faire frémir mon cousin.
Les quelques loubards, étalés sur le sol du parking, paraissent tout à coup terriblement inconséquents. Et l’actuel silence radio est désormais une preuve concrète du désastre de grande ampleur qui est de train de frapper l’aéroport Goh.
Suffisamment vaste pour paralyser les autorités.
Mobilisant les ressources nécessaires pour garantir l’impunité du coupable.
...même après qu’il se soit montré à visage découvert aux étudiants de l’Académie Wong.

Malgré tout, mon cousin rebondit calmement sur les paroles de Rahim. Il relance la conversation.
“L’Homme supérieur, libéré des normes sociales n’agit que selon sa propre volonté de puissance.”, récite-t-il. “Il ne respecte rien sinon lui-même ; il ne doit pas se soucier des hommes, ni les gouverner, car sa seule tâche est la transfiguration de l’existence.”

Le regard d’Harvey exprime sa compréhension.
Lui et Rahim ont étudié sous les mêmes maîtres, se sont imprégnés de philosophies similaires.
Je vois... il n’existe pas de meilleure époque que la nôtre pour poursuivre de telles ambitions.
Un Surhomme.
C’est également ainsi que mon cousin se considère.

Contre toute attente, Harvey fait signe à ses camarades de calmer leurs ardeurs ; main tendue, paume vers le bas, comme pour les inviter à réprimer leur hostilité. Après quoi, lui-même croise les bras. Ce n’est pas une posture depuis laquelle il peut aisément engager le combat.
Non, mon cousin invite Rahim à poursuivre la discussion.
“C’est un grand jour pour lui”. S’il s’est présenté à eux, c’est sans doute pour leur en dire davantage.
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# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Mer 8 Mai 2024 - 16:16

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Sakae Rahim.


-Je suis heureux que tu me laisses l'opportunité d'exprimer ma vision, Harvey. Cela m'aurait peiné d'avoir à me contenter de te laisser dans l'ignorance. Tu es assez intelligent pour entendre... le problème que j'ai rencontré, et les conclusions auxquelles je suis parvenu.


Dans le dos d'Harvey, Max et Eun-Seun tressaillirent en constatant son apparente volonté d'en découvrir plus au sujet des motivations de ce sinistre hère, dont ils ignoraient tout, si ce n'était qu'il était manifestement lié à ces petites frappes ayant cherché à leur jouer des tours, et ayant, à ce titre, malencontreusement échoué. Ils s'étaient presque attendus, en le voyant si tendu, à ce qu'il laisse exploser son ire et à ce qu'il se jette, furibond, sur cet adversaire pour le déchiqueter, pour le mettre en pièces... Alors... Était-ce là une preuve de sa présence d'esprit, de sa maturité, une tentative de garder cet ennemi trop proche de lui dans ce parking souterrain jusqu'à ce que des renforts puissent leur parvenir, ou une volonté véritable de se familiariser avec sa pensée, et de juger de sa pertinence ? La question, bien sûr, leur effleura l'esprit, à l'un comme à l'autre ; mais ils ne purent se résoudre à désobéir à leur camarade. D'une part parce qu'il était fort, suffisamment pour pouvoir prendre la tête de leur petit trio sans trop hésiter ; d'autre part parce qu'il avait cette forme de charisme écrasant qui rendait ses décisions absolument unilatérales.
Rahim lui-même ne sembla pas s'émouvoir davantage de la présence de deux autres étudiants pour entendre ce qu'il avait à dire ; d'ailleurs, lorsqu'il reprit la parole, ce fut avec un aveu déchirant, qui déforma son visage d'une tristesse indicible.

-La mort d'Anastasia n'est qu'un mensonge.


Une plongée en enfer. Un retour en arrière des plus douloureux ; de ceux qui l'avaient transfiguré, traumatisé, diminué au point que nombre de ses proches l'avaient jugé méconnaissable, de nombreux mois durant.
Anastasia Nakarin était une jeune femme issue d'une bonne famille singapurienne ; elle avait été longtemps en contact avec les Tianjun, presque autant qu'avec lui, Rahim, dont elle s'était promptement amourachée. Il avait cultivé à son endroit des sentiments au moins aussi intenses ; et, au cours de leur adolescence partagée, ils avaient fini par sortir ensemble. Un béguin innocent qui, au fil du temps, avait continué à croître... Et ce couple, étrangement assorti, séduisant à l'excès, avait promptement fait des émules.
Mais elle était morte. Partie, quelques mois seulement après le passage du Naraka Catana sur Moderna ; officiellement, dans une prise d'otage. Un bus, au sein duquel elle et Rahim se trouvaient, qui avait été détourné ; et elle avait été tuée dans le chaos qui s'en était suivi. Dotée de pouvoir, elle avait bien sûr chèrement vendu sa peau... mais les blessures qu'elle avait subies s'étaient avérées mortelles.
Elle était partie, en l'espace de quelques minutes, avant même que les secours n'arrivent sur place. Sa main entre celles de son amant, les lèvres figées en un sourire enthousiaste. Comme si elle était ravie de partir pour que d'autres puissent lui survivre.

-Nous n'étions pas dans ce bus. Nous n'aurions pas dû l'emprunter. Ce n'était qu'un hasard... On passait à côté quand elle a vu ce type armé grimper ; elle s'est jetée à sa suite pour l'en empêcher, et c'est à ce moment-là que les choses ont dégénéré. Parce qu'elle a pris la décision de défendre ceux qui ne pouvaient pas se défendre par eux-mêmes. Elle est morte parce qu'elle considérait avoir un compte à leur rendre, et parce qu'elle estimait que ce désir égoïste qu'elle entretenait en elle devait être honoré à tout prix. Elle croyait que ses pouvoirs la rendaient responsable de la sécurité des innocents. Elle n'était pas une héroïne, mais l'est devenue à l'aune de sa mort, en sachant pertinemment qu'elle avait plus à y perdre qu'à y gagner. Elle s'est sacrifiée pour que ces quelques passagers puissent survivre quelques années de plus. J'étais... En état de choc. Je n'ai même pas eu la force de raconter ce qui s'était déroulé, de rétablir la vérité à ce sujet. Je ne voulais pas... Prendre le risque que d'autres puissent avoir la même volonté, à leurs dépens. Je ne voulais pas que son histoire aboutisse à la mort d'autres Surhommes.


Il se passa une main sur le visage, manifestement troublé ; il éprouvait encore de sérieuses, de sincères difficultés à l'évoque, elle, qui avait rendu sa vie si riche, si belle, si colorée. Ils auraient dû vieillir ensemble, fonder une famille, régner de concert sur un consortium d'entreprises inestimable ; mais, au bout du compte, elle l'avait délaissé par la seule faute de sa grandeur d'âme.

-Je ne peux pas lui en vouloir. Je ne lui en voudrai jamais. Tout comme... Je ne peux qu'accepter l'idée que d'autres Surhommes se sacrifient au nom du plus grand nombre. Je ne crois pas que ce soit juste. Je crois même que c'est absurde. Mais c'est leur volonté, et je ne peux rien y changer. L'altruisme, la bonté, la détermination, l'abnégation, ces choses-là existent et me survivront quoi qu'il arrive. Je dois m'y faire une raison. Je m'y suis fait une raison. Mais, dans le même temps... Je n'ai pas pu m'empêcher de continuer à m'interroger.


Il croisa les bras, renvoyant une image de lui soudain plus frêle, plus torturée. Comme si ses questionnements psychologiques, philosophiques, avaient fini par avoir raison de toute sa droiture, de toutes ses certitudes. C'était peut-être le cas, dans le fond.

-Comment expliquer que l'Humain, qui s'est placé tout en haut de l'échelle des prédateurs par la seule force de son intelligence et de sa maîtrise de la technique, ait pu finir en l'espace de quelques mois par être renvoyé à la fonction de bétail ? La réponse est simple. Antiqua, les pouvoirs. Les héros de diamant, la fine fleur, le fleuron de l'Humanité, y sont parfois forcés et contraints de prendre la fuite à cause de créatures qui, s'ils prenaient le parti de les affronter, ne feraient d'eux qu'une bouchée. Le paradigme a changé. Le monde a changé. Et... La suprématie de l'humanité n'est plus assurée. D'une part parce qu'il existe, sur Antiqua, des humains qui nous surplombent sur tous les points, sinon sur l'intelligence et la technique, et qui sauraient nous annihiler sans la moindre difficulté s'ils en éprouvaient le désir ; d'autre part parce que rien ne garantit qu'un jour ou l'autre, une bête susceptible de tuer un héros de diamant sans la moindre difficulté ne finira pas par nous atteindre. Je dirais même que... la question n'est pas de savoir si cela arrivera, mais quand cela arrivera. Quand, au juste, l'Humanité affrontera-t-elle un danger tel que nous risquerons de nous éteindre en tant qu'espèce ? Lorsque cela arrivera... Serons-nous prêts, collectivement, à nous élever assez haut pour tenir bon ?


Il se secoua la tête en signe de dépit ; puis il reprit, froidement méthodique.

-Mais le simple fait que des femmes et des hommes qui nous sont semblables en tout point réussissent à s'unir et à survivre sur Antiqua laisse à penser que cela n'est pas une fatalité. C'est juste... Une question de temps. L'humanité va évoluer. Elle le doit, si elle entend subsister. Le problème... est justement de savoir si nous avons suffisamment de temps pour nous en remettre à la nature, à l'intelligence de nos gênes. Et je crois... Que prendre ce pari est inepte. Stupide. Irresponsable et suicidaire. Dangereusement suicidaire.


Cette fois, son regard s'anima d'un mépris qu'Harvey ne lui connaissait probablement pas ; et il laissa une animosité croissante habiter ses traits si fins, si délicats.

-Attendre, c'est prendre le risque d'échouer ! Plus on attend, et plus il est possible, plus il devient plausible qu'une créature assez redoutable pour raser de la carte des nations entières finisse par atteindre nos côtes. Si nous devenons son garde-manger... Toute notre Histoire aura été vaine ! Absolument, terriblement vaine ! C'est pour éviter cela que je veux... à mon échelle... Contribuer au changement. Au progrès. A l'Évolution ! Je te l'ai déjà dit ; je ne crois pas qu'il soit possible d'empêcher ceux qui le souhaitent de se sacrifier au nom du plus grand nombre. Alors... Pour éviter qu'ils ne le fassent...


Son visage redevint soudain paisible ; mais dans ses pupilles continuèrent à danser les braises d'une douce folie qu'il avait fini par embrasser pleinement.
Qui, en lieu et place d'Anastasia, était devenue son amante.

-On n'a qu'à se priver de la lie de l'Humanité. De ces boulets qui forcent nombre de Surhommes à se sacrifier, jour après jour. Pour que l'Humanité progresse plus vite, il faut qu'elle se sépare des éléments qui, par essence, s'avèrent incompatibles avec la nouvelle ère dans laquelle nous pénétrons.


Finalement, avec une résolution glaciale vissée sur le visage, il tendit sa main dans la direction du Tianjun.
Une main fraternelle.

-Aide-moi, Harvey. J'aurai besoin d'alliés. J'aurai besoin de force. De ta force. Aide-moi à éradiquer ceux qui nous ralentissent. Pour que nous soyons assurés que l'Humanité modernienne nous survivra. Pour que les sacrifices d'Anastasia et des autres ne deviennent pas vains.


Rangsei Ran et la bête de l'Aéroport.


-Waaah ! s'égosilla-t-il en se jetant sur le côté.


Il parvint, une fois de plus, à éviter in extremis l'une des charges véloces de ce tigre manifestement boosté au Naraka Catana ; ce dernier glissa au sol, émit un rugissement, se replaça face à Ran en semblant déterminé à l'idée de lui arracher la carotide et de se sustenter de ses tripes.
Cette sale bête lui posait un gros problème ; elle l'empêchait de se consacrer pleinement au container, et la cohue qui avait succédé à son apparition avait sans doute commencé à causer nombre de blessés évitables. Sherina, à quelques dizaines de mètres de là, s'échinait à exiger des civils qu'ils cessent de se bousculer... mais sa présence n'avait, pour ainsi dire, quasiment aucun effet. Ils se fichaient pas mal des directives de cette petite étudiante frêle, fut-elle future diplômée de l'Académie Wong ; ce qui les obnubilait, en l'occurrence, ce n'était rien d'autre que leur survie. Et la foule compacte, incontrôlable qu'ils formaient toutes et tous, agglomérés comme ils l'étaient, menaçait tout aussi bien de déborder vers le container, et donc vers l'endroit où lui et la bête se confrontait l'un à l'autre, que vers la sortie où Luc et Okoh devaient encore se trouver.
Où le malade à la machette pouvait continuer à faire un carnage, en somme ; et même Ran était suffisamment lucide pour comprendre que la présence de ce container et de cette bête n'était pas un hasard.
Ce fou furieux à la machette n'était qu'un rabatteur. Le but, c'était qu'il expédie en direction de ce monstre sanguinaire autant d'innocents que possible ; pour que ceux-ci meurent dans les bousculades qui s'en suivraient, bien sûr... mais aussi et surtout pour que ce tigre effrayant en déchiquette le plus grand nombre possible. S'il n'avait pas été là pour lui tenir tête, si Luc et Okoh n'avaient pas été là pour barrer la route au psychopathe, et si Sherina n'avait pas été là pour tenter d'éloigner autant que possible les civils de cette zone de conflit...
Les pertes humaines se chiffreraient déjà en dizaines.

-Tu saoules ! injuria-t-il la créature en ôtant le bandeau anti-transpirant de son poignet gauche.


Il glissa son pouce gauche à l'intérieur du bandeau ; il l'utilisa comme une visée, étendit le tissu extensible grâce à son autre main... et le projeta droit vers le tigre, qui eut l'intelligence de bondir sur un côté pour l'éviter. Le bandeau, lui, termina sa course contre un mur dans lequel il s'encastra brutalement.
C'était aussi un problème ; son style de combat sans concession ne permettait pas au Rangsei de s'accommoder de la présence d'individus incapables de veiller à leur propre sécurité. Il avait besoin d'espace, en temps normal, pour lutter avec efficacité... En l'occurrence, nombre de paramètres jouaient en sa défaveur.
Au nombre desquels se trouvait évidemment la réactivité et la vélocité de son adversaire qui, en l'espace d'un instant, non content d'esquiver son offensive, se jeta sur lui pour engager une riposte assassine.
Il évita, une fois de plus, en roulant au sol ; mais il pesta en estimant que cette saleté se rapprochait de plus en plus, qu'elle semblait s'habituer à la qualité, à la fluidité de ses gestes. Il avait besoin de renfort... mais il n'était pas certain que Sherina puisse lui venir en aide en temps et en heure.
Il n'avait plus qu'un seul espoir, dans le fond.
Qu'Okoh ou Luc finissent par intervenir.

Naraka Catana
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Mer 8 Mai 2024 - 20:13

Luc Tianjun.


“J’ai jamais été le genre de gars qui réfléchit.”
Non, c’est des conneries.

A douze piges, j’étais le genre de gamin qui trompe son monde. Un débrouillard, qui pense dur et fort à ce qu’il veut accomplir, et qui se donne les moyens d’y arriver.
Vols et mensonges inclus.

Pendant les trois années ayant suivies le décès de m’man, je les ai mystifiés. Les profs, le proprio, les amis de la famille ; pas un seul d’entre eux n’a jamais su que mon père n’était plus qu’une grosse loque, même plus fichue de s’habiller. Je répondais à son courrier, je gérais notre compte en banque, tout le nécessaire pour qu’on n’vienne jamais fourrer son nez dans notre foyer.
Cette indépendance...
...c’était ma force, ma fierté.

Je me demande depuis quand...
...j’me suis satisfait d’être un âne bâté. Décérébré. Content de rien piger, de laisser faire, de ne même plus essayer.
En soufflant fort par le nez, je regarde autour de moi.
Le petit manège d’Okoh, avec son talkie walkie, est plus que suspect.
Je vais pas prétendre comprendre quelle est la situation dans l’aéroport, mais c’est clairement pas naturel.
Et mon pote le borgne... semble trop paniqué pour prendre un peu de hauteur, et réfléchir au truc.
C’est son baptême du feu à lui aussi, après tout.

Bon.
Je peux m’tromper, mais on va supposer que les communications sont coupées, et que ça veut dire qu’il s’est passé quelque chose dans la salle de vidéosurveillance. C’est difficile d’imaginer que le prof ait pu se faire neutraliser par un pignouf masqué, mais...
Y’a les gus qui ont attaqué le groupe d’Harvey.
Le container qui bloque l’entrée.
Le lapin tueur masqué.
Et zéro communication dans tout l’aéroport.

Avec tout ce merdier, difficile de croire qu’il ne s’agit pas d’une attaque bien planifiée. Le but m’échappe, et j’ai pas grand espoir d’pouvoir jouer un rôle important dans la résolution de cette affaire. Mais c’est pas ça qui compte. Petit ou grand rôle, je m’en fous.
Tout ce que je veux... tout ce dont j’ai besoin, c’est d’me fixer un objectif, et de me bouger l’cul pour l’accomplir.
Juste ça.

Je m’appuie sur le carrelage en continuant d’ahaner ; je mesure les efforts que j’vais devoir faire pour m’relever ; j’ai plus vraiment de force, mais d’ici peu, je devrais pouvoir bouger.

C’est quoi ma priorité, alors ?
Je sonde, je ratisse le fond d’mon âme. Je cherche, dans mon champ d’ruines intérieur, une cause qui vaille la peine que j’soulève mon cul pour aller la défendre. Honnêtement, c’est pas glorieux.
Je ne me trouve plus aucun repère. J’me sens presque complètement anesthésié.
...pourtant, y’a bien un truc que je veux faire.
C’est pas fort. Timide comme le bourgeon qui cherche à éclore sur une terre brûlée.

Mais tout au long de ces quatre mois de formation que j’ai passées la tête dans le guidon... y’a bien un abruti qu’est constamment venu me trouver, m’arracher à la solitude, m’infecter avec sa bêtise et ses pitreries. C’était pas son job de l’faire. Rien ne l’y forçait.
Mais tandis que les autres m’ignoraient, ou me regardaient simplement galérer, c’est bien l’seul qui soit venu me chercher, m’encourager en braillant de tous les diables, et m’offrir son amitié.
...ce serait la moindre des choses, d’renvoyer l’ascenseur à Ran.

Je sors mon smartphone de ma poche.
Je tapote le répertoire de contacts et je sélectionne le prénom de Sherina ; ouais, j’ai les numéros de l’intégralité de ma classe, on peut remercier ma putain de grosse éthique du travail.
Mais pourquoi Sherina ? Parce que s’ils ont des emmerdes, alors Ran n’a pas les mains libres.
Et même s’ils n’ont pas d’emmerdes, j’fais pas confiance à Ran pour m’expliquer ce qui se passe.

J’appelle d’abord, j’avise ensuite.
Même si je suis trop naze pour leur être d’une quelconque utilité, j’peux encore rencarder Okoh et l’mettre sur le coup. Et même si ma présence sur place n’sert à rien... eh bien je m’en fous.
J’irai quand même, point barre.


L'élite de l'élite [PV Luc] - Page 2 Pb79sUD

Le dos d’un homme peut exprimer bien des choses.
Celui de mon cousin est pareil à un récif esseulé, malmené par la plus violente des tempêtes.
Le masque de droiture s’érode sur son visage. Dans ce moment de communion, il est de nouveau un jeune adolescent qui serre son ami entre ses bras d’acier, qui se lamente et s’enrage de son impuissance, car malgré toute la force acquise, il est démuni face à ces pleurs.
C’est à ce moment que s’est allumée la flamme d’Harvey ; ce caractère impitoyable, par lequel il brise la racaille dans son poing ; sans aucune pitié ou tolérance pour les moins-que-rien, car leur inconséquence risque de priver le monde de gens qui leur sont tellement meilleurs.  
Oh... Rahim.

Il y a une compassion rare dans la voix de mon cousin. Il décroise à demi les bras dans un cliquetis métallique, et se retient à grand-peine de tendre une main amicale à son interlocuteur, de lui presser l’épaule avec une délicatesse qui ferait mentir ses doigts d’acier.
Mais notre vieil ami poursuit ses explications, et Harvey s’immobilise pour lui prêter attention.
Il écoute, avec plus de patience et de respect qu’il n’en éprouve pour aucun autre homme de cette terre.

Les prémices du récit de Rahim n’ont rien d’aberrant. Rien ne prouve que ses prévisions ne se réaliseront pas. Qui sait s’il n’existe pas déjà nombre de factions sur Antiqua, qui considèrent l’éventualité de rendre la monnaie de leur pièce aux explorateurs de Moderna.
Plusieurs raisons pourraient expliquer une telle décision : une faction vaincue cherchant une nouvelle terre d’asile, un intérêt aussi marginal que soudain pour les technologies moderniennes, ou simplement une profonde lassitude pour ces combats incessants et la volonté sincère de vivre dans un monde plus paisible.
L’histoire compte bon nombre de diasporas et migrations.

Notre vieil ami évoque la nécessité de transcender l’humanité.
Et Harvey ne peut qu’admettre qu’il n’a jamais pris la peine de penser à une telle échelle.

Je n’ai... pas poussé la réflexion jusque-là, avoue-t-il en poussant du bout du pied la carcasse gémissante d'un voyou.

Regardant Rahim dans les yeux, mon cousin poursuit à voix basse.
D’une voix presque sinistre.
Après le détournement du bus... j’ai décidé qu’il fallait sévir.
Son pied écrase brutalement la côte cassée du type qu’il a blessé plus tôt ; un cri résonne dans le parking souterrain.
Que les malfrats devaient perdre leur nonchalance. Qu’il était nécessaire de leur enseigner, de leur inspirer une crainte révérencieuse du châtiment. Si je suis entré à l’Académie, c’est pour en devenir le symbole, Rahim.
Les jappements piteux du loubard viennent ponctuer le discours de mon cousin, qui enfonce plus profondément encore son talon dans la chair du malheureux.
Je veux que les criminels, les voyous et les désespérés y réfléchissent à deux fois... avant de lever leur arme en direction d’un innocent. Au risque qu’Airgetlám intervienne...
Les gémissements se muent en un hurlement déchirant.
Et cette douleur soudaine emporte le truand vers une inconscience plus miséricordieuse.
...et ne les brise de son bras d’acier.

Savoir qu’il existe un héros dont les interventions s’achèvent systématiquement sur une ration d’os cassés, une absence totale de retenue, et un mépris profond de la criminalité : pourrait faire réfléchir à deux fois la racaille. Leur inspirer la terreur, celle de ne jamais arriver entier en prison.
Sur le petit territoire de Singapura, il est possible d’exercer une telle influence.

C’est la première fois qu’Harvey confie qu’il a de telles aspirations.
La première fois qu’il avoue que sa conduite lui est dictée par le regret.
Qu’il essaie également de changer de ses mains, ce monde, qui a laissé mourir leur douce amie.

Mon cousin repousse le malfrat, et se rapproche lentement de Rahim.
Son regard exprime un grand chagrin, et une résolution plus profonde encore.

En mémoire d’Anastasia... dit-il doucement, en saisissant la main de son vieil ami.

Sauf qu’un moment de donner cette poignée de main...
L’avant-bras d’Harvey se détache de son coude.
Et s’agrippe avec une force croissante à la main de Rahim.

...je dois m’assurer...

L’avant-bras d’Harvey pointe vers le bas et le réacteur s’allume soudainement. Détachée, sa main droite toujours est fermement agrippée à la sienne, pour précipiter son interlocuteur vers le sol et le déséquilibrer d’un seul coup.

...que tu ne deviennes jamais...

Dans un mouvement de rotation du torse à pleine puissance, le réacteur du bras gauche d’Harvey s’embrase à son tour, profitant du chancèlement de son vieil ami pour lui asséner un crochet rugissant.

...un monstre qu’elle aurait donné sa vie pour arrêter !

Sa voix – qui n’a fait qu’enfler jusqu’alors – explose, au summum de son chagrin et de sa volonté.


***


En écoutant – les bras croisés – le discours de son vieil ami, mon cousin avait préparé la déconnexion de son poing droit dans un subtil cliquètement mécanique ; prêt à détacher le membre juste avant son contact avec la main de Rahim.
Pourquoi cette précaution ?
Car l’apparence de Rahim présente des similitudes avec la mienne.
Car la tournure de phrase employée pour le rallier à sa cause a rendu mon cousin méfiant. Qui sait s’il ne possède pas un pouvoir similaire au mien ? Ou une faculté de manipulation quelconque ? Ce ne serait pas surprenant pour un individu d’une telle éloquence.

Notre vieil ami est loin d’être un imbécile ; dans une telle situation, cette poignée de main aurait tout aussi bien pu servir à accueillir un allié, qu’à prendre à son propre piège un ennemi qui chercherait à exploiter cette opportunité de frapper.
Cette résolution glacée qui marque son faciès est la preuve concrète que Rahim est désormais prêt à tout.

Même si Harvey parvenait à lui asséner un terrible crochet au visage, mon cousin ne ferait pas l’erreur de le sous-estimer. Il se tiendrait prêt à commander ses alliés.
Construisez vos attaques avec prudence ; qui sait de combien de Naraka Catana il s’est empiffré avant de sortir de l’ombre...
Luc Tianjun
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Jeu 9 Mai 2024 - 22:39

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Raden Sherina.


-Ah, L... Luc ! Je... Arrêtez de pousser ! N'allez pas par là !


Ce furent les premiers mots que Luc fut en mesure de percevoir, quand l'appel parvint à aboutir ; et ils furent accompagnés de quelques bruits, de clameurs, de claquements sourds qu'il pouvait entendre en écho, ceux-ci portant le long du grand hall où l'agitation semblait se faire croissante. Le chaos commençait à s'installer partout, et nombre de nouveaux fuyards s'ajoutaient à ceux qu'avait déjà engendré le sinistre rabatteur masqué. Plus le temps passait, et plus la situation risquait de générer grièvement ; mais, fort heureusement, en ayant dégagé l'un des chemins qui pouvaient s'offrir aux usagers de l'Aéroport Goh, les étudiants de l'Académie Wong avaient sans doute partiellement nui au dispositif créé de toutes pièces par les éminences grises à l'origine de ce drame aux allures meurtrières. De son côté, Sherina était encore très loin de mesurer leur chance, et d'estimer avec pragmatisme que l'affaire aurait pu être encore plus délicate ; elle peinait tant et tant à offrir à Ran un périmètre de liberté décent pour pouvoir contenir la bête qu'elle n'avait pas encore la tête à penser à ce type de considérations hautement théoriques.
Cela aussi devait faire partie du plan sinistre élaboré par Rahim et par ses acolytes ; en générant brusquement de tels troubles, ils s'assuraient que nul ne puisse conserver toute sa lucidité, pour riposter avec pertinence et doigté. Quand les petites gens paniquaient, les soldats, eux aussi, se tendaient grandement... Et tant que l'aéroport n'avait pas été complètement vidé de ses occupants actuels, force était d'admettre que les apprentis héros ne pourraient pas recouvrer la totalité de leur matière grise. A l'image d'un Okoh qui tâchait de progresser un pas après l'autre, mécaniquement, tout en sachant qu'il subissait cette situation plus qu'il ne contribuait, dans le fond, à la résoudre.

-Un... truc est sorti du container ! C'était un piège ! Ran est en train de le contenir, mais... il a l'air de s'adapter ! Je vais essayer de lui filer un coup de main, mais on risque d'avoir besoin d'aide ! Le prof... On sait pas où il est, les talkies walkies n'ont plus l'air de marcher non plus !


Elle répétait des choses qu'il savait probablement déjà ; mais comment lui en vouloir ? Difficile, dans de telles circonstances et alors que l'un de ses camarades mettait sa vie en jeu pour essayer de lui gagner un peu de temps, pour leur gagner un peu de temps, de conserver les idées parfaitement claires. Avec anxiété, elle se détourna de la foule qui piétinait alentour, constata que deux vigiles se ruaient dans sa direction pour lui prêter un coup de main inestimable ; heureusement, il était encore des employés sur lesquels eux, apprentis héros, pouvaient compter.
Mais deux, c'était maigre. Bien trop maigre ; alors elle s'empressa de saisir son appareil photo, de le tourner dans leur direction et de les immortaliser tout deux ; elle laissa retomber l'appareil le long du cordon qui lui ceignait le cou, s'empara de la photo qui s'imprimait lentement, la secoua avec virulence, souffla dessus sans plus attendre. Deux copies conformes des vigiles parvinrent alors à s'extirper du cliché, ne laissant sur celui-ci que deux silhouettes blanches, vides ; et s'ils n'étaient pas capables de prononcer la moindre syllabe, s'ils semblaient plus clairs et plus friables que les originaux, ils purent à tout le moins incarner une barrière de sécurité pour essayer, eux aussi, de renvoyer les usagers dans la bonne direction.



Sakae Rahim.


Il avait été honnête, après le passage du Naraka Catana. Du moins, jusqu'à la mort d'Anastasia, laquelle avait changé nombre de paramètres. Il était persuadé, jusqu'alors, de n'avoir éveillé aucun pouvoir. A son contraire, au contraire aussi des deux cousins Tianjun, qu'il avait observé transcender leur humanité initiale grâce à l'obtention d'un talent fantastique, susceptible d'être utile à plus d'un titre. Il avait cru, pendant de nombreux mois, qu'il allait être destiné à les observer croître et croître encore jusqu'à n'être rien de plus que des formes de vie supérieures ; et s'il n'avait initialement cultivé à cette idée aucun ressentiment, il n'avait pas manqué de se sentir étreint d'un profond sentiment de soulagement lorsqu'il avait fini par comprendre qu'il s'était fourvoyé. Sur son propre compte.
Certains pouvoirs étaient simplement moins évidents, moins flagrants que les autres.

Le poing d'Harvey l'entraîna brutalement en direction du sol ; il perdit l'équilibre, ses cheveux blancs s'agitant au vent, son chapeau commençant à déserter le haut de son crâne. La surprise apparut nettement sur ses traits, prédominante dans un premier temps ; puis, juste avant que le choc n'intervienne, juste avant que le crochet de son ami d'autrefois ne vienne le happer pour le projeter à plusieurs mètres de là, il afficha un sourire triste.
Comme si, dans le fond, l'étonnement n'avait pas pu prédominer bien longtemps. Comme s'il s'était attendu à ce que cette entrevue, au sujet de laquelle il couvait pourtant moult espoirs, ne pouvait pas aboutir sur un autre résultat.
Le choc fut violent. Le coup, qui claqua et se réverbéra le long du parking dans un écho gourd, l'envoya paître sans aucune autre forme de procès ou de miséricorde ; son corps, momentanément désarticulé, alla s'effondrer et rouler au sol jusqu'à ce qu'un mur n'ait le bon goût d'interrompre cette projection folle. Il s'immobilisa, débarrassé de son couvre-chef, le dos contre le béton, ses cheveux immaculés voilant son visage ; Max et Eun-Seun, dans le dos du Tianjun, entendirent évidemment ses conseils méfiants, mais ne purent s'empêcher de rayonner d'engouement en constatant que le plaidoyer pourtant vibrant de son vieil ami n'avait en rien érodé ses certitudes héroïques.
Il était des hommes qui, à l'instar du Tianjun, faisaient passer le devoir avant tout le reste. C'était sans doute la raison pour laquelle il avait récolté, dans le fond, plus d'admiration de la part de ses pairs qu'une Emy pourtant plus puissante dans les faits ; parce qu'on lui reconnaissait des valeurs indubitables, une constance, une régularité dans ses luttes idéologiques que la pétillante étudiante, elle, n'avait pas.

-Haha ! T'inquiètes !
-S'il le faut, je vous couvre, les garçons !


Une quinte de toux. Ce fut ce qui émana de Rahim l'instant suivant ; et un soubresaut endolori, une main qu'il porta jusqu'à son visage pour se le masser piteusement. Du sang dégoulinait de son nez dans des quantités à tout le moins respectables ; et lorsqu'il entreprit de se redresser, au cours des secondes qui suivirent, ce ne fut pas sans tituber dangereusement, sans prendre appui au mur qui, se trouvant dans son dos, lui conférait une béquille plus que salutaire. Sur le plan de la force physique, il le savait, l'avait toujours su ; il était infiniment plus frêle qu'Harvey et ne pourrait jamais, strictement jamais se mesurer à lui.
C'était un point au sujet duquel la discussion n'était même pas envisageable.

-Je m'en doutais, déplora-t-il d'une voix brisée, éteinte. Je me doutais que... tu ne me suivrais pas. Que tu étais fait du même bois qu'elle. J'ai... sans doute commis l'erreur d'être naïf. Parce que j'ai cru... j'ai voulu croire que tu m'entendrais. Que tu accepterais de me suivre. Que je n'aurais pas... à agir seul. Je suis déçu, Harvey. Mais de moi-même, plus que de toi. Tu... mérites tous les compliments qui te sont faits. Tu feras un héros formidable. Je n'en doute pas. Et ne crois pas que j'ignore... Qu'Anastasia se tiendrait à tes côtés, si elle le pouvait. Elle... Toi... Luc... Vos camarades... êtes sûrement dotés de la même grandeur d'âme qui me fait défaut. Qu'on m'a dérobée.


Brutalement, il se recroquevilla, passant du spectre d'une silhouette affaiblie à celle de la bête sauvage tapie dans l'ombre, prête à révéler ses crocs ; ses yeux s'étrécirent, il cessa de prêter attention au sang qui lui dégoulinait du nez, fixa sur Harvey un regard véhément. Dans le dos de ce dernier, Eun-Seun étira son fil de suture entre ses deux mains, s'apprêtant à en faire un usage immédiat ; et un deuxième Max s'extirpa du sol en baillant ostensiblement avant de commencer à léviter paresseusement, à deux pas de là.

-Je sais bien... Que je ne fais pas le poids contre toi. Contre vous. Pas encore. Alors... Je crois... Qu'il faut simplement qu'il honore son contrat.


Une explosion subite, à l'autre bout du parking ; puis la silhouette d'Emy fendit les cieux à vive allure, avant de heurter le sol durement et de se rattraper par le biais d'une roulade à l'équilibre à tout le moins précaire, dont elle seule avait le secret. Il allait sans dire qu'elle avait été la responsable de son propre vol plané ; mais elle enchaîna sans plus attendre par le biais de foulées dynamiques, l'air affolé, sans même prendre le temps de regarder derrière elle.

-Ça craint ! leur beugla-t-elle en ignorant Rahim. Le boug que je coursais, il a des pouvoirs !


Comme pour donner du crédit à son catastrophisme, une voiture traversa soudain le parking pour aller s'encastrer dans un autre véhicule à quelques pas d'elle seulement ; trop heureuse de s'en sortir aussi miraculeusement, elle amplifia le rythme de sa course éperdue. Dans son dos, le type qu'elle poursuivait jusqu'alors lévitait à près de deux mètres de hauteur...
Si l'on omettait, évidemment, les huit pattes d'araignées qui, lui sortant du dos et de la nuque dans un appendice aussi massif que grossier, contribuaient à lui conférer une allure cauchemardesque.
Un premier jugement hâtif que le sang et le pue qui suintait hors de la naissance de ses difformités abjectes ne pouvait que corroborer. De même, bien sûr, que les hurlements de pure souffrance qu'il exhalait à tue-tête...
Naraka Catana
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Ven 10 Mai 2024 - 8:19

Luc Tianjun.


La voix de Sherina dans les oreilles, je me relève en galérant. Ma réponse sonne carrément essoufflée dans le micro, je mâche mes mots.
Le tueur est H.S... tu peux dire aux gens d’revenir vers nous.
Je me tourne vers mon pote le borgne.
Okoh ! Ils s’font attaquer par un truc ! Fonce !
C’est drôlement descriptif, ça, un truc. Sherina doit vraiment pas en mener large pour s’mélanger les pinceaux comme ça. Tandis qu’Okoh se carapate, je me rapproche des victimes du tueur, en clopinant ; ils risquent de paniquer en voyant leur sauveur se barrer, alors... ‘faudrait que je leur adresse quelques mots.

Aimable comme une porte de placard, j’me lance.
J’ai buté pattes-de-lapin, que j’dis, en désignant du pouce la dépouille du mec au masque derrière-moi. Et mon pote a prévenu les secours. On va v’nir vous chercher dès que possible mais comme vous l’voyez... le combat m’a pas laissé beaucoup d’énergie. J’suis complètement à sec.

Mon regard passe de l’un à l’autre des blessés.
Dans mon état, j’vous prodiguerais pas mieux les premiers soins que vous n’le feriez vous-mêmes. Et j’vois que plusieurs d’entre vous n’ont pas écopé de trop grosses blessures, alors ceux qui peuvent bouger...

J’arrache un pan d’ma chemise, dont je découpe une lanière avec la machette du tueur.
Vous faites des bandes comme ça. Et vous les attachez forts sur les plaies d’ceux qui peuvent pas se soigner. Comprimez l'entaille pour arrêter le saignement.

Leur ayant donné les consignes de base, j’termine de leur livrer le fond de ma pensée.
On peut pas changer ce qui vous est arrivé... mais personne n’peut décider à votre place du sens que vous donnez à cet incident. Vous pouvez encore choisir d'être une victime... ou bien un survivant.

Je lâche ma chemise par terre, et la machette par-dessus.
A eux d’voir s’il s’agit d’une arme horrifiante...
...ou d’un outil dont ils peuvent se servir pour se sauver les miches.

Là-dessus, je leur tourne le dos. Je doute que ma sagesse de comptoir soit très utile aux plus désespérés d’entre eux, mais j’ai dit ce que j’avais sur le cœur ; ils ont toutes les cartes en main pour se sortir eux-mêmes du pétrin désormais. Torse-poil, je commence à marcher en direction de la sortie du terminal, où Ran fait face au truc, et où Sherina essaie de juguler la populace.
Je vais pas bien vite ; y’a des chances que j’arrive beaucoup trop tard pour peser dans la balance.
Et en clopinant vers mon objectif, je peux pas m’empêcher de me dire que ma décision d’rabattre Okoh vers nos potes a peut-être condamné Velvet Vekam. Ou Harvey. Ou un autre pauvre zigue dont je n’sais rien, qui s’fait attaquer à ce moment même dans l’aéroport.

...mais aucun de ces gars-là ne sont sous ma responsabilité.
De tous les élèves déployés dans l’aéroport Goh, je suis bon dernier.
Le plus con. Le plus inutile. Le plus mauvais.
Pourquoi est-ce qu’ils se reposeraient sur moi pour les sauver ?

Ouais, c’est une mentalité effarante, pour un héros-en-herbe.
D’ailleurs...

...d’une main agacée, j’arrache le brassard de sécurité qui m’est encore accroché au biceps, et je le balance derrière-moi. Celui-là même sur lequel je m’étais reposé pour rejeter Rahim, un peu plus tôt... il y a déjà une éternité.
Une énième preuve de ma placidité bovine, de mon laisser-aller, de ma façon couarde de laisser les autres me dicter quoi penser.

Je serre les dents, pétri de regrets.

Franchement, j’ai rien d’un héros.
Et d’ici la fin de cet incident...
...peut-être que je n’serais plus étudiant non plus.


L'élite de l'élite [PV Luc] - Page 2 Pb79sUD

Voir Rahim chavirer sous la violence de son coup de poing et se recroqueviller, sanguinolent, cause à mon cousin une souffrance qu’il s’efforce de taire.
S’est-il trompé ? S’est-il fourvoyé dans son appréciation de notre vieil ami ?
Est-ce réellement par optimisme et fraternité que Rahim se présente ainsi devant lui, si vulnérable ? Sans prendre les précautions les plus élémentaires ? Serait-il possible que l’émotion l’ait rendu à ce point imprudent ?

Harvey hésite encore ; il ne peut pas sous-estimer notre vieil ami, cela lui est impossible.
Tant qu’il ne l’aura pas vu en action, il continuera de dresser les pires prédictions possibles à son sujet.
...car ce visage glacé, cette expression funeste avec laquelle Rahim lui a offert sa main... n’était pas de celles qu’on adresse à un frère ; c’était celle d’un tacticien implacable, prêt à ajouter une nouvelle arme à son arsenal.

Harvey esquisse un geste pour récupérer son poing tombé à terre.
Il tend lentement la main... et s’immobilise sans le toucher.
Aussitôt, il tourne une œillade inquisitrice à Rahim ; c’est une simple tentative, pour vérifier ses suspicions. Mon cousin est peut-être trop méfiant, mais Rahim connaît les spécificités de son pouvoir sur le bout des ongles ; tant qu’il n’aura pas la preuve que son avant-bras détaché n’a pas été contaminé d’une façon ou d’une autre, Harvey le laissera à terre.

Il tâche de jauger leur interlocuteur ; le coup de poing qu’il a encaissé semble l’avoir considérablement diminué, plus qu’Harvey ne l’avait prévu. Au même instant, l’irruption d’Emy fait sensation dans le parking, et Harvey se retrouve soudain à devoir gérer la répartition de leurs forces, à devoir évaluer la menace que représente chaque individu en présence. Plusieurs options défilent dans son esprit, avant qu'il n'arrête son choix sur celle qu’il juge être la moins risquée d’entre toutes.

Max... tu tentes de le capturer ?
Le jeune homme blafard n’est guère prudent, mais son pouvoir le rend insaisissable. Et sa faible puissance offensive le rend dispensable contre l’araignée.
Sans en donner l’air, c’est une décision bien froide qu’Harvey vient de prendre. Il utilise notre camarade de classe pour obtenir des informations ; comme on avance son fou sur un échiquier, pour mettre le roi adverse en échec, tout en exposant la pièce qui vient d’être jouée à une riposte certaine.
Son raisonnement est simple... des étudiants présents dans le parking souterrain, Max est celui qu’il peut le plus aisément sacrifier.

Avec un dernier regard pour Rahim, mon cousin s’élance vers l’araignée, en faisant signe au dernier membre de leur équipe de le suivre.
Eun-Seun... allons épauler Emy ! lance-t-il, tout en la briefant brièvement au pas de course. Ces pattes arachnéennes semblent puissantes, je doute que tu puisses les attacher, alors... suture-lui le nez et la bouche. Avec des membres aussi disproportionnés, il y a fort à parier qu’une pénurie d’oxygène puisse rapidement le neutraliser.

Les hurlements de l’homme-bête font trembler les piliers de soutènement.
Ces cris inhumains sont chargés d’une souffrance et d’une folie sourdes.
Le regard d’Harvey s’étrécit ; difficile de dire qui était cet homme autrefois, mais l’overdose de Naraka Catana lui a sans doute grillé ses derniers neurones ; c’est une douleur poignante de constater que son ami d’enfance en est réduit à s’acoquiner avec de tels spécimens...
Rahim ne réalise-t-il pas que les responsables de la prise d’otages étaient des créatures du même acabit...? Quelle cause croît-il pouvoir défendre en s’entourant de mercenaires et de toxicomanes ?

Arrivé à quelques mètres de l’homme-araignée, le regard d’Harvey se pose sur la petite vedette de leur classe, et aussitôt, celui-ci rugit. Avec suffisamment de force pour couvrir les beuglements de l’animal.
Emy, qu’est-ce que tu fiches !? Passe dans son dos et prenons-le en tenaille ! Avec des pattes pareilles, notre avantage numérique n’a aucun sens si l’on se bat tous de front !
En soupesant d’un geste soucieux son bras unique, Harvey mesure le carburant qu’il lui reste dans le réacteur gauche. Environ 40%. C’est peu... mais il faudra bien que cela suffise.

Se positionnant devant Eun-Seun, son bras d’acier levé tel un rempart, mon cousin s’adresse à sa camarade.
Dis-moi. De quoi as-tu besoin pour réussir ta suture ?

Harvey Tianjun et Eun-Seun Pako.

Luc Tianjun
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# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Dim 12 Mai 2024 - 10:11

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Raden Sherina et Fung Okoh.


-D'accord ! Je... je vais essayer !
-Merde... Merde !


Si la nouvelle que porta Luc à Sherina sembla ressusciter en elle un semblant d'espoir et d'énergie, la contraignant promptement à reprendre en main la situation désespérée à laquelle la foule était en train de s'abandonner toute entière, sur le visage d'Okoh apparut un sentiment cuisant d'impuissance et de frustration. Il n'était pas assez. Pas assez rapide, pas assez fort, pas assez efficace, peut-être aussi ; parce qu'il n'avait pas eu le temps de s'occuper de tant de blessés que ça, depuis qu'il s'y était mis, parce qu'un certain nombre d'entre eux restaient dans un état critique et qu'il n'était pas assuré qu'ils survivraient jusqu'à l'arrivée des secours, si celle-ci devait survenir tôt ou tard. Cependant, il ne pouvait ni ne voulait contredire la directive du Tianjun : il était hors de question qu'il laisse un imbécile du calibre de Ran prendre des risques inconsidérés seul. Leur camarade le plus simple et le plus volubile était, sans l'ombre d'un doute, opposé à des dangers contre lesquels il assurait, mais qui pourraient bien finir par le surprendre. Il n'avait pas des munitions illimitées, et son pouvoir était absolument inutile une fois qu'il en était dépossédé : il tiendrait bon jusque-là... mais ensuite ? Il était l'un des membres à être le plus à l'aise en matière de pugilat au corps-à-corps, sans artifice aucun, derrière sans doute Harvey, Emy, Okoh lui-même ; mais face à un truc, comme l'avait si judicieusement catégorisé Sherina, cela pourrait-il suffire ? Probablement pas.
Alors il força l'allure au point de sentir ses cuisses chauffer et son souffle se couper ; tant pis pour ses poumons, il allait leur faire un petit peu violence. Ils ne pouvaient pas se permettre de Ran. C'était hors de question.

Les civils qui étaient restés derrière observèrent son départ avec appréhension ; une appréhension qui aurait promptement pu se muer en angoisse sourde et immodérée si Luc n'avait pas pris le parti d'interrompre sa croissance en prenant la parole, notamment à l'attention de ceux qui étaient encore en mesure de se mouvoir et de garder la tête froide. Ses paroles eurent a priori le bon goût de les recentrer sur l'urgence du moment : la prise en charge de ceux qui ne pouvaient pas veiller à endiguer leurs blessures par leurs propres moyens. Ceux qui gisaient là, brisés, et qui risquaient fort de passer l'arme à gauche d'une minute à l'autre si rien n'était fait pour arranger leur cas.

-Je... Je vais aider !
-Moi aussi !


Quelques uns suivirent évidemment l'appel du Tianjun, en constatant qu'aucun héros n'était susceptible d'accourir dans la seconde pour prendre cette situation bien en main ; ils s'emparèrent du tissu que l'élève de l'Académie Wong venait tout juste de leur offrir, déchirèrent leurs propres vêtements pour pouvoir s'en servir sur les plaies les plus massives et les plus grossières. Là aussi, l'espoir sembla renaître momentanément ; et comme l'appel d'Okoh avait été réalisé depuis déjà plusieurs dizaines de secondes, il y avait fort à parier qu'il y avait, quelque part sur Singapura, des escouades de médecins, de secouristes et de pompiers en route pour prendre le relai.

Kaba Max et Pako Eun-Seun.


-Compte sur moi !


Max semblait jubiler à l'idée d'avoir à combattre l'ami d'enfance de son partenaire ; Eun-Seun, elle, se réjouissait un petit peu moins à cette idée. Force était d'admettre que tant qu'ils n'en savaient pas plus au sujet des capacités potentielles de cet adversaire inopiné, l'intervention de Max était à la fois la plus pertinente et la plus sécurisante... Mais l'idée d'avoir à l'abandonner derrière eux ne la séduisait en aucun cas.
D'un autre côté, l'urgence allait évidemment à cette bestiole immonde dotée de pattes longues de deux bons mètres, effilées comme des lames de rasoir ; si cette créature parvenait à remonter jusqu'à la surface, à attendre l'un des halls des terminaux de l'aéroport Goh, ce serait un indicible carnage qui s'ensuivrait. Avec Emy et Harvey, elle avait bien conscience qu'elle n'aurait probablement pas à prendre de risques inconsidérés... mais elle ne pouvait pas s'empêcher de sentir une vague de nervosité remonter dans sa gorge avec un affreux goût de bile. Elle opina du chef avec rigidité quand son camarade lui conseilla de viser la bouche et les narines de ce qui n'avait été autrefois qu'un criminel de bas étage, de ce qui semblait aujourd'hui incarner l'adversaire le plus redoutable qu'ils aient jamais eu à affronter. Elle esquissa un pas vers l'avant... et fut surprise de la verve qu'Harvey déploya en direction d'Emy, dont le comportement semblait pourtant des plus légitimes.
Il la sermonnait comme une enfant impotente et impressionnable, lui intimait l'ordre de s'en retourner au combat pour leur permettre à eux de prendre cette monstruosité à revers. Si l'ire se mit bientôt à danser dans le regard de la Xue, elle n'en fit pas moins volte-face dans une glissade efficace, qui laissa ses semelles crisser sur cette espèce de bitume lisse dont le sol était constitué.

-Eeeh ? T'as un problème, Harvey ? Evidemment que c'est ce que je vais faire ! J'attendais juste que tu sois prêt à bouger ton gros cul !


Si le but du Tianjun avait été de piquer la fierté d'Emy pour la contraindre à agir tel qu'il l'entendait, il n'aurait pas pu mieux s'y prendre ; dans la seconde qui suivit, la bestiole, presque à la hauteur de l'apprentie héroïne, menaça de l'embrocher à l'aide de l'une de ses pattes. Une explosion dorsale catapulta la jeune femme en-dessous de lui ; elle roula au sol pour ralentir sa projection insensée, se redressa à la hâte, se jeta sur le côté pour esquiver une nouvelle offensive la ciblant directement. L'homme à l'agonie acheva de se retourner pour continuer à la suivre, offrant son dos aux deux camarades de la Xue. Les pièces trouvaient naturellement leur place sur l'échiquier ; mais son anxiété continuait à tourmenter Eun-Seun. Allaient-ils s'en sortir vivants, tous ?

Sakae Rahim.


-Je n'ai aucun intérêt à te combattre. Encore moins à te tuer.
-Haha ! C'est marrant, tu donnes l'impression de pouvoir me battre à tout moment !
-Pas vraiment, je me dois de le confesser. Harvey a... bien choisi.


Les multiples Max avaient d'ores et déjà commencé à entourer Rahim ; ils gloussaient çà et là, pénétraient dans le sol, ressortaient à côté de lui, au travers du mur contre lequel il s'était affalé lorsque le Tianjun l'avait percuté, ricanaient audiblement, évitaient de trop se rapprocher, préféraient prendre un petit peu de hauteur pour le narguer d'en haut... Les paupières plissées, le Sakae se contentait pour l'heure d'observer son vis-à-vis, sans rien entreprendre. Il devait parvenir à comprendre la faculté qui était la sienne pour adapter son comportement au mieux.
Fort heureusement, ça n'était pas parce qu'il considérait Max comme un adversaire digne de respect qu'il croyait n'avoir aucun moyen de l'emporter ; ou, plus exactement, il avait gardé suffisamment d'atouts planqués dans sa manche pour pouvoir s'en sortir sans avoir à opter pour la voie de la violence, qui n'était en aucun cas sa favorite. Cet immondice à mi-chemin entre crapule et araignée en était un, le premier, et pas des moins impressionnants... mais d'autres n'allaient pas tarder à survenir.
L'un d'entre eux prit la forme de cris d'effroi et de bruits de pas à l'intensité croissante, en provenance des escaliers. Max, sceptique, arqua un sourcil ; Rahim, lui, esquissa un sourire.
Le chaos avait commencé à se répandre, au nez et à la barbe du service de sécurité renforcé par ces héros en couche-culotte ; et il allait forcément gagner ce parking démesuré où dansaient une Emy des plus fiévreuse. Pourquoi ?
Parce que confronté à l'horreur, nombre de civils n'auraient qu'une seule idée en tête. Celle de fuir. Au plus vite...
Et ceux qui étaient venus en voiture ?

Velvet Vekam.


Essoufflé, il acheva de bander la plaie qui courrait sur son biceps droit. Il ne s'était pas attendu à rencontrer autant d'opposition dans cette simple salle de vidéosurveillance ; mais force était d'admettre que la crapule qu'on lui avait attribué avait du répondant. D'autant qu'elle était capable de se transformer en taon instantanément, ce qui n'avait guère facilité la tâche de Velvet Vekam. Il était heureux que ses étudiants n'aient pas eu à affronter un type aussi redoutable en guise de baptême du feu... Mais ce n'était pas ce type qui avait réussi à l'atteindre.
Plutôt le vigile qui, patientant calmement devant les écrans, avait fini par attraper un flingue pour essayer de le refroidir dans le dos. Au moment où sa cape s'était éloignée de lui pour suivre les mouvements erratiques de cette vilaine mouche...

-Enfoiré... Moi qui croyais qu'on était amis...


Il ricana jaune, agacé d'avoir été ainsi dupé. Son contact qui s'était porté pâle et qui lui avait demandé de prendre sa place en compagnie de ses étudiants y était forcément pour quelque chose ; les coïncidences s'enchaînaient, et elles semblaient trop grossières pour n'être que cela. Velvet Vekam avait été aux premières loges pour observer la conversation entre Rahim et Harvey, dont il n'avait rien pu entendre toutefois ; les talkies-walkies étaient inutilisables, et les caméras de surveillance ne disposaient d'aucun micro. Il avait aussi vu les exactions commises par le type à la machette, constaté l'apparition de ce tigre maudit que Ran continuait à tenir en respect. Tout cela... et combien d'autres événements similaires, dont ses petits protégés n'avaient toujours pas connaissance ?
Ils n'avaient pas affaire à quelques épiphénomènes qui concordaient dans la loi des séries la plus poisseuse de l'Histoire de l'univers ; ils avaient affaire à une organisation redoutable, ayant peaufiné son plan des semaines, sinon des mois durant, ayant prémédité le moindre de ces événements.
L'espoir était toutefois de mise. Parce que Luc avait réussi à cogner le type à la machette ; parce qu'Okoh se dirigeait droit vers Ran ; parce qu'Emy et Harvey allaient pouvoir s'entraider face à cet homme-araignée ; et parce que les secours étaient en route, il en avait eu la confirmation. Ils avaient contrecarré nombre des projections de leurs opposants, et continueraient assurément à le faire, parce que lui-même avait survécu à la tentative d'assassinat dont il avait fait les frais.
Sa cape à nouveau sur les épaules, il s'élança au pas de course dans le couloir menant à la zone d'enregistrement où se pressaient encore les civils paniqués. Il fallait éviter que l'émeute ne dégénère... Sinon, le bilan des pertes, déjà funeste, s'élèverait aux centaines.

C'était au moment où on avait le plus besoin d'elle que Divine Diva brillait par son absence ; fichues réunions...
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Dim 12 Mai 2024 - 16:36

Luc Tianjun.


Je me traîne. J’ai l’impression de marcher depuis une éternité.
Mais enfin, j’y suis ; je plisse les yeux. La foule se masse dans le désordre le plus complet. Pas d’traces d'Okoh, il a dû trouver le moyen de se frayer un passage. J’vois pas Sherina non plus, juste les demeurés – terrorisés ou égoïstes ? – qui continuent de pousser pour fuir un tueur qui ne présente plus le moindre danger.

Cette scène me noue les boyaux.
Ces gus suivent le courant, sans réfléchir, sans se soucier du mal qu’ils pourraient faire en cours de route. Sans prêter attention aux p’tits gars qu’ils écrasent dans leur précipitation. Sans prêter attention aux gens qui ont chuté et risquent de s’faire piétiner. Je peux les sentir se ranimer... les braises tiédies de ma colère, attisées par le souffle putride que ce spectacle porte à mes narines.

...c’est pour ces connards décérébrés que mes potes sont en train de se battre ? De galérer ?  De se sacrifier ?
Ça craint. J’vais leur donner ma façon de penser.

Me recentrant dans la posture terrestre du qilin – le cheval d’écailles –, je respire longuement. Pendant une minute entière, j’accumule de l’air, que je rassemble dans mon dantian ; un exercice de concentration des énergies.
Et je relâche le tout, dans une explosion de fureur sonore.
ARRETEZ DE POUSSER, PUTAIN !
Je peux sentir la force que j’ai collectée s’évaporer d’un seul coup.
EST-CE QUE CA VAUT L’COUP DE PIETINER VOS PROPRES GOSSES POUR VOUS EN SORTIR VIVANTS, BANDE D’ENFOIRES !
Ce ne sont pas les mots d’un héros. C’est une condamnation. Un vent de mépris.
Je gueule à m’en péter la voix.
SI VOUS ETES DES ETRES HUMAINS ET PAS DES PORCS, FAITES DEMI-TOUR, MAINTENANT.

Je tombe sur un genou, emporté par la nausée.
Je viens de cramer le peu que j’avais récupéré en me reposant... sans assurance de résultats. C’est sûr que Sherina n’peut pas beugler comme ça. Et les avertissements respectueux de vigiles – ou de jeunes héros – vous secouent carrément moins bien les tripes qu’un type furibard qui vous traite de porc et remet en question votre humanité.

Je m’étrangle, tête basse, pris dans une violente quinte de toux. Je viens de me flinguer la gorge.
‘fait chier. J’essaie de m’appuyer sur mon sabre pour pas m’étaler sur le carrelage...
...mais je vois mal comment j’vais pouvoir rejoindre Ran en l’état.


Harvey Tianjun et Emy Xue.


Les paroles d’Emy éveillent un rictus de satisfaction sur le visage de mon cousin.
Malheureusement, la monstruosité se retourne promptement pour entraîner la jeune femme dans une danse aussi mortelle que virtuose, plaçant ses voies respiratoires hors de portée d’Eun-Seun.

Il va falloir y remédier.

Profitant de l’ouverture, Harvey se précipite pour éclater l’une des pattes de l’araignée d’un direct accéléré par son réacteur ; la chitine ploie sous son poing d’acier.
Et d’une ! s’écrie-t-il, provocateur, comme pour alimenter le brasier qui anime sa rivale. Tu vas t’en sortir blondinette, ou bien tu préfères t’éloigner pour admirer le spectacle ?
Ces pattes sont tranchantes comme des rasoirs, et malgré la puissance des charges d’Emy, mon cousin n’est pas certain qu’elle puisse s’y attaquer sans risquer sa propre peau.
...mais c’est à elle de trouver une solution. Et rapidement.
Sur les huit pattes de la créature, Harvey ne pourra, au maximum, en briser que quatre.

Les cris en provenance des escaliers sont la preuve que le temps leur est compté.
Il faut qu’ils se débarrassent de ce monstre avant que la populace ne débarque dans le parking.
Et pour ça, ils ne peuvent pas se permettre de la jouer trop finement, de s’échiner à priver lentement la créature de chacune de ses pattes.
Non, il leur faut la déséquilibrer et l’occire promptement.

Ses provocations à l’égard d’Emy ont pour but d’accélérer ce processus.

Plus que trois coups... estime mon cousin en jaugeant son niveau de carburant.
Le premier lui servira à briser une autre patte.
Le second à frapper la monstruosité à l’estomac, une fois déstabilisée par Emy, pour la vider de son air et permettre à Eun-Seun de la neutraliser.
Et le dernier...
...Harvey lance un bref coup d’œil à l’instigateur de cette situation de crise, entouré des clones multiples de Max.

Le dernier doit servir à mettre un terme aux ambitions de notre vieil ami.
Luc Tianjun
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# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Jeu 16 Mai 2024 - 17:02

L'élite de l'élite.

Ft Luc
Xue Emy et Pako Eun-Seun.


-C'est pas le moment de laisser s'exprimer ton melon d'attardé ! beugla une Emy décidément irascible en glissant sous l'une des pattes de leur monstrueux opposant.


La chose tentait de la fendre en deux depuis déjà quelques secondes, mais elle ne semblait montrer ni réel signe de faiblesse, ni inquiétude manifeste ; en revanche, force était d'admettre qu'elle demeurait focalisée sur les membres tranchants de son assaillant, tant et si bien qu'elle ne constata qu'avec un temps de retard que le coup d'Harvey, non content de toucher, avait réussi à porter ses fruits. L'araignée tituba dangereusement après que l'un de ses huit membres ait ainsi volé en éclats ; et si la gerbe d'hémoglobine, d'os et de chair qui résultat de cette confrontation fiévreuse aurait pu pousser Eun-Seun à rendre son repas, l'étudiante s'y refusa catégoriquement, luttant aussi vaillamment contre les nausées qui l'accablaient qu'Emy contre ce criminel aux excroissances démesurées. Un autre des effets bénéfiques qu'eut l'offensive victorieuse du Tianjun fut évidemment de détourner momentanément l'attention du monstre de leur troisième camarade ; alors, lorsque la sale bestiole se retourna dans leur direction pour tenter de se jeter à leur rencontre plutôt que pour continuer à harceler cette mouche insolente qui, dûment entraînée par Velvet Vekam et son légendaire parcours du combattant, n'en finissait plus d'échapper à son courroux, elle envoya son bras dans un geste fluide, vigoureux, projetant son fil de suture droit vers le visage de l'immonde bestiole. Les ondoiements qu'elle induisit permirent non seulement d'atteindre les lèvres de ce hurleur fou, mais aussi et surtout de les sceller à-demi ; avec un sourire mi-figue mi-raisin, la Pako jura et s'apprêta à renchérir sans plus attendre. Il y avait encore la moitié de cette bouche... mais aussi et surtout les deux narines à combler, ce qui n'allait pas être une mince affaire ; d'autant qu'elle veillait à demeurer plutôt éloignée de l'épicentre de ce conflit tumultueux, sachant pertinemment qu'elle n'avait pas les capacités réactives et de mobilité de ses deux partenaires, et qu'elle risquait d'être trop dépendante de leurs frasques si leur adversaire du jour pouvait se payer le luxe de la cibler ouvertement.

Alors, dans l'immédiat, il se focalisa plutôt sur Harvey ; l'une de ses pattes indemnes fondit donc sur le Tianjun, avec l'objectif net et assumé de lui perforer le thorax.

Les cris qui provenaient des escaliers, qui ne cessaient de croître en nombre et en intensité, poussèrent toutefois la Xue à affecter une morosité certaine ; après un bref instant à récupérer son souffle, elle livra à ses camarades une observation froide qu'il commençait à être difficile de contredire.

-Ça suffira jamais... Ils vont arriver trop vite, ces cons !


Elle essayait de faire abstraction de tout le reste, y compris, et même surtout de la nature de l'anxiété qui avait bien pu gagner des dizaines et des dizaines de civils au beau milieu d'un aéroport international, lors même que d'autres de leurs camarades étaient supposés y monter la garde. Ces quelques crapules les ayant pris pour cibles n'agissaient manifestement pas seuls ; et si elle ne connaissait pas Rahim, elle était bien assez vive d'esprit pour comprendre que Max ne s'embêtait pas à tourmenter un innocent gratuitement. Leurs ennemis avaient des alliés, un objectif, des moyens...
Et il n'adviendrait rien de bon si les fuyards devaient accourir tout autour de leur combat, et du remue-ménage qu'il occasionnait alentour.

-Tant pis ! On laisse tomber les plans à la con !


Elle éclata ; l'explosion dans son dos la ramena jusqu'entre les pattes de l'odieuse bestiole, et elle amorça une glissade en tournoyant avant de s'allonger en contrebas du corps suspendu de leur adversaire. Là, une seconde détonation la projeta vers le haut... et son pied, le premier, percuta l'abdomen de l'ennemi pour participer à lui couper le souffle, et à lui occasionner des dommages sévères. Elle le savait : elle ne disposait pas d'autant de force physique qu'Harvey, ne pouvait pas se permettre de cibler les pattes, de prier pour parvenir à les faire céder sans finir en deux morceaux distincts elle-même... mais sa grande mobilité pouvait leur être profitable.
Pouvait, seulement ; car, en l'occurrence, plutôt que de réagir aux stimulis de douleur que son coup aurait immanquablement dû provoquer chez l'homme-araignée, le corps de ce dernier développa une réponse fort peu prévisible sous la forme d'un coup de poing ordinaire, qu'elle bloqua adroitement en déployant ses propres avant-bras sur la trajectoire de cette riposte énergique. Elle tint bon, certes... mais son manque d'appui, et la force aussi sensationnelle que surprenante que déploya la crapule dans ce geste la projeta droit vers une voiture, sur le toit de laquelle elle s'encastra lourdement. Le souffle court, la vue brouillée, les oreilles bourdonnantes, elle eut dès lors besoin de plusieurs secondes pour recouvrer toute sa contenance.
Cette fichue crapule était non seulement dotée de pattes gargantuesques et effilées comme un sabre édoïte, mais elle semblait également avoir développé sa puissance musculaire ordinaire au point même que les charges fracassantes d'Emy n'étaient plus suffisantes pour le terrasser.
Alors, petit à petit, les étudiants en apprenaient davantage à son sujet, pouvaient choisir d'opter pour des stratégies plus pertinentes... mais la course contre la montre qui avait débuté quelques dizaines de secondes plus tôt risquait fort de mettre un terme des plus abrupts à leurs progrès.

Raden Sherina.


Elle-même parvint à entendre distinctement le hurlement de Luc ; et ce vocabulaire querelleur, cette tirade lapidaire et furibonde semblait si éloignée des standards de maîtrise et de retenue qu'embrassait habituellement le Tianjun qu'elle en fut elle-même désorientée, perturbée. Ce sentiment sembla se répercuter chez l'ensemble des civils massés çà et là, lesquels entreprirent enfin d'entendre raison, en tout cas pour une part non négligeable d'entre eux... et les plus réactifs, ou les plus lucides, s'échinèrent d'obéir à ces directives salvatrices, de les répéter autour d'eux, d'organiser un semblant de retour au calme. Grâce à cela, la Raden eut l'opportunité de constater que les quelques citoyens qui, proches d'elle, avaient eu l'infortune de tomber au sol semblaient encore être en état de se redresser ; nombre d'entre eux semblaient blêmes et larmoyants, mais aucun n'avait manifestement succombé à ce chaos invraisemblable, provoqué par la panique d'être sentients, intelligents, habituellement calmes et éduqués. La panique leur avait fait perdre les pédales, et la colère légitime de Luc à leur endroit avait ressuscité leur raison, les poussant subitement à ne rien faire qui puisse aggraver la situation... à l'exception bien sûr de quelques types dissipés ou de quelques dames habitées par l'anxiété, qui durent être ceinturés pour éviter qu'ils et elles ne blessent ceux qui les entouraient.
Ainsi, si le résultat n'était pas encore miraculeux, la photographe put constater que les gardes parvenaient enfin à repousser la horde de passants vers les sorties de secours empruntables les plus proches ; autrement dit, celles devant lesquelles n'avait pas été installé un container lourd de plusieurs tonnes, et un tigre maudit doté d'une intelligence aussi vive que certaine. A cette pensée, elle fit volte-face... et son sang se glaça.

Car elle fut aux premières loges pour voir les griffes du tigre dessiner quatre sillons sanglants dans le dos de Ran au moment où ce dernier, en position de tir, venait de projeter son bandeau frontal dans le vide. La bête avait non seulement réussi à esquiver en se penchant au moment opportun... mais, après avoir pris le temps d'analyser les mouvements de son héros d'adversaire, avait de surcroît réussi à avaler la distance qui les séparait encore pour le gratifier d'une riposte face à laquelle il ne put rien.
La douleur pulsatile qui irradia immédiatement son torse, la quantité de sang qui s'échappa de son corps, la violence du choc le firent brutalement tomber sur le dos ; il était déjà à la merci de l'affreuse bête dont les babines retroussées laissaient briller sous les lumières artificielles de l'aéroport des crocs prêts à s'inviter dans sa gorge quand ses yeux, embués de larmes de souffrance, lui permirent d'en prendre conscience. Et, l'espace d'un instant, il crut que c'en était fini de lui.

-Dégage, saloperie !


Fung Okoh.


Son coup de pied sauté cueillit la bête en plein flanc ; il la renvoya contre le container qu'elle avait quitté un petit peu plus tôt, et elle s'y heurta avec tant de fièvre que la paroi d'acier ploya généreusement. Non sans un regard anxieux dirigé vers un Ran en piteux état, Okoh se mit en garde, sachant pertinemment que ce simple coup ne suffirait pas à éliminer ce tigre assez dangereux pour mettre le Rangsei en danger ; Sherina, soulagée, se rapprocha au pas de course de l'étudiant énergique pour constater ses blessures, veiller à endiguer ses saignements, également.

Ayant désormais le champ libre, le Fung se renfrogna, darda le tigre d'un regard mauvais ; et son adversaire primal, lui, feula dans sa direction en s'apprêtant à reprendre les hostilités, toujours alerte, comme l'étudiant lui-même l'avait anticipé. Le deuxième round s'apprêtait à débuter...

Velvet Vekam.


Sa cape fendit les airs, précédant son arrivée de quelques généreux mètres, s'enroulant autour du poignet de l'un des quatre bras d'un gorille déformé, lui aussi, sans doute, métamorphosé par l'injection de grosses quantités de Naraka Catana ; il l'envoya balader à l'autre bout de l'étage, derrière le comptoir d'un bar qui chancela violemment à la suite de ce choc incongru. Il s'employa ensuite à guider les victimes de cette affreuse créature vers les escaliers les plus proches, avec toute l'autorité héroïque dont il pouvait bien être auréolé.
Son choix lui fendait le cœur, bien sûr... mais il avait promptement décidé de voler au secours des civils plutôt que de rejoindre ses étudiants, au sujet desquels il nourrissait autant d'espoirs que d'inquiétudes.
Ils étaient prêts. Ils devaient l'être.
Il le fallait, plus que jamais.

Naraka Catana
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Luc Tianjun
# Re: L'élite de l'élite [PV Luc]Ven 17 Mai 2024 - 19:27

Luc Tianjun.


Mon coup de gueule a l’air de faire son petit effet. Rien de tel pour attirer l’attention de quelqu’un que de le traiter de sale con. Ramassé sur le carrelage, j’esquisse un rictus querelleur entre deux quintes de toux. Pendant que les vigiles et Sherina font circuler tout ce petit monde, je traîne piteusement ma carcasse contre la paroi, où je m’adosse, le temps que le passage se soit un peu dégagé.

Quand j’en trouve finalement l’opportunité, je rase le mur pour me rapprocher de l’action.
Ma première réaction, c'est de me figer en contemplant le truc de Sherina.
Un jour où elle avait particulièrement bien réussi son bourrage de crâne, Divine Diva nous a parlé de ces bestioles qu’on injecte de Naraka Catana à des fins terroristes. Pendant un moment, j’ai le cœur qui me tombe tout au fond des tripes ; on en est donc au point où on se sert de pauvres animaux pour faire le sale boulot...
Ça me fout la gerbe. C’est dégueulasse.

Mais c’est plus que ça.
Toutes les méthodes utilisées pour attaquer l’aéroport sont du même tonneau. Ces pièges, cette manière de concentrer la populace pour qu’elle se marche dessus... c’est vicelard, profondément déviant. Et en même temps, peut-être que cette façon de faire nous a sauvé la mise. Y’a sans doute quelque chose qui m’échappe dans les motivations des coupables, sinon, ils auraient utilisé une bombe ou je ne sais pas quoi.
S’ils l’avaient voulu, ils nous auraient tous fait sauter avant qu’on ait le temps de dire ouf.

Je m’accroche à ma réflexion, je me force à faire fonctionner ma pauvre caboche.
...parce que j’en ai plein l’cul de servir de piétaille. De m’faire mener à la baguette, de jouer la partition d’un autre.

Je dois reprendre le contrôle.

Mon regard fiévreux se pose sur Ran.
Mon pote a bien douillé. Je grimace en constatant les lacérations sanglantes qui lui barrent le dos.
Sherina, à côté de lui, essaie de le retaper. Et Okoh... est aux prises avec le turbofélin des enfers.
Je clopine vite fait pour rejoindre le rouquin, et quand je lui pose finalement ma main sur l’épaule, je manque de me viander ; un classique. Je force un sourire canaille.
T’as bien tenu l’coup...
Je dois avoir piteuse allure, avec ma face livide, les rigoles de sueur crasseuse qui me dégoulinent sur la tronche et le torse. Je suis crevé, lessivé, plus bon à rien foutre. Et pourtant, j’ai l’air plus féroce que jamais.
Je reporte rapidement mon attention sur le combat.
Parmi nos camarades, Okoh, Max et Emy sont probablement les meilleurs choix pour affronter le tigrex, mais ça ne veut pas encore dire qu’on peut se la couler douce. Je ne connais pas le pouvoir du glandeur borgne, mais j’imagine sans peine une douzaine de façons dont la situation pourrait partir en couilles.

Je serre le poing sur la poignée de mon sabre. Levant à demi le bras, j’essaie d’estimer si j’aurais pas le moyen de balancer mon arme sur le tigrou au moment idoine, pour créer une ouverture... mais je renonce aussi sec.
J’ai plus de jus. Ça va pas le faire.
En respirant fort, je jette un coup d’œil aigu à Ran. Je suis à deux doigts de lui passer mon arme pour qu’il tente sa chance à ma place, mais là aussi... je sens que ça coince. Outre le fait que je suis pas sûr de si son pouvoir fonctionne sur autre chose que des élastiques bidons : on peut pas réaliser de lancer potable avec un dos complètement charcuté. Même s’il fait mieux que moi, ça ne sera pas jojo non plus.

‘fait chier.
Je grince des dents.

Moi, j’suis pas Harvey.
Je peux pas quasi-instantanément vous sortir un plan d’action calibré au poil de fion. Mes méthodes sont rustaudes, au mieux. Je sais pas faire mieux que de donner mon max, et prier pour que ça passe.
...ou en tout cas, c’est le genre de putain d’excuse que j’ai l’habitude d’employer pour pas me fouler. Parce que c’est plus facile de se dire qu’on est pas foutu de réussir, qu’y a pas de meilleure solution, que les autres seront toujours là pour rattraper le coup même si ça foire.

Mon attitude, je peux plus la blairer.
Je zieute le champ de bataille. Je me racle la soupière. Le container est toujours là. Je vois qu’il manque quelques roues. Quoi d’autre ? Okoh et le tigrex qui s’tirent la queue. Quoi d’autre ? Un mur défoncé.
J’écarquille brièvement les yeux. Ouais. C’est ça.

Sherina, que j’dis en tendant le doigt. Prends en photo s’truc-là.

Le bracelet de Ran, encore enfoncé dans la paroi.
Un truc qu’il a l’habitude d’utiliser ; ce sera bien moins difficile de viser qu’avec mon sabre d’entraînement. Bien moins exigeant pour le dos aussi. Il aura même pas besoin de se lever pour canarder la bestiole. Et tant qu’on reste à l’écart du combat, Sherina peut lui en imprimer autant qu’elle veut.

Ré-appuyant mon sabre sur le sol, je m’assieds à croupetons à côté de mon pote.
Mes yeux sont rivés sur la baston.
Maint’nant, attends juste le bon moment.


Harvey Tianjun et Eun-Seun Pako.


La patte de l’araignée vient s’abattre sur lui.

Trop tard pour esquiver.
L’idée de parer de son poing d’acier traverse l'esprit de mon cousin, mais son bras gauche est tout ce qu’il lui reste pour mener l’offensive ; il ne peut pas risquer de l’endommager. D’un pas de pivot vers l’arrière, Harvey esquisse un blocage de l’épaule droite, mais il est trop court. En catastrophe, il élève son coude pour réceptionner la frappe adverse.
Il y a une atroce détonation de métal froissé. Les jointures mises à nues de son coude droit sont écrasées sous l’assaut de la créature. L’impact soulève Harvey du sol. La patte effilée du monstre ripe sur la ferraille charcutée dans une gerbe d’étincelles, et détournée de son objectif, s’en va pourfendre la carrosserie d’une voiture attenante.
Mon cousin s’écrase sur le bitume. La douleur lui est remontée jusqu’à l’épaule, à la jonction de son corps où la peau se mêle à l’acier ; sous le choc, les parties métalliques lui sont rentrées dans la chair qui enveloppe la clavicule. Dissimulée sous son blouson, nul ne remarque la tache sombre et poisseuse qui s’élargit sur son t-shirt.

Se relevant sur son bras unique, Harvey grogne.
Ses yeux jettent des éclairs.
Il n’en a pas terminé avec ce foutu monstre.

Tant pis ! On laisse tomber les plans à la con !
L’initiative d’Emy dépasse les prévisions de mon cousin ; plutôt que d’opter pour un travail d’équipe, elle cherche à porter promptement l’estocade finale à leur adversaire. D’une série d’explosions et de contorsions habiles, la jeune héroïne se glisse sous le corps de l’araignée, pour remonter lui percuter l’abdomen dans un geyser de feu.
L’espace d’un instant, Harvey pense que le combat vient de se terminer.
Que faisant fi de toute considération stratégique, sa rivale a triomphé, par la seule force de son audace.

Mais la réalité n’est pas si simple.
Seuls de rares élus ont la chance de pouvoir faire valoir leur volonté, sans efforts ni travail préliminaire. Pour les autres : la victoire se construit dans l’acharnement et la souffrance. En balisant le chemin, une seule pierre à la fois.
Ne pas confondre vitesse et précipitation.

De nouveau debout, Harvey contourne la créature pour poursuivre son œuvre de destruction méthodique. Choisissant une patte du même côté que celle qu’il avait déjà détruite, il frappe ; son réacteur gauche pousse un rugissement tandis que mon cousin vient briser un nouveau membre d’un crochet accéléré.

Plus que deux coups, se dit-il, sa coiffure défaite et des mèches gluantes de sueur lui tombant devant les yeux.
Difficile de savoir si Emy sera capable de rejoindre l’affrontement avant la fin. Mon cousin est forcé de reconsidérer la situation. Maintenant que l’araignée leur a fait une démonstration de sa puissance, il est clair qu’ils n’ont plus aucun espoir de la vaincre par la seule force brute.
Ses options sont désormais des plus limitées.

Alors, Harvey cesse de bouger. Il adopte la posture linéaire du bajiquan, qui est riche en techniques mettant à profit les coudes et les épaules. Son regard brasille de défi, tandis qu’immobile : il fait de lui-même une cible facile, un appât.

Tu t’en sors bien, Eun-Seun, lâche mon cousin d’une voix maîtrisée. Reste calme. Je ne peux pas l’emporter sans toi.

Se tenant du côté où il ne reste plus que deux membres à l’araignée, Harvey visualise son plan de jeu.
Dévier la prochaine attaque de l’épaule.
Charger et tacler la patte sur laquelle il fait reposer son poids.
Une fois déséquilibré, lui vider les poumons d’un direct motorisé dans le bide.
Pour finalement laisser Eun-Seun finir de l’asphyxier.

...et à chaque instant, à chaque seconde : s’adapter.
Pour que le plan reste sur ses rails. Pour ne pas laisser s’échapper la victoire finale.
Luc Tianjun
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