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Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Era of Dust :: Le monde :: Moderna :: Francie
 
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 13 Nov 2023 - 17:08

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Rose-à-Cinq


♫ -Bibadidedune, dadebibobune, donnez-nous-la-tune ! ♫
♫ -Zagezouidodeye, badezigobeye, filez-nous-l'oseille ! ♫
♫ -Nadezigavlé, abeditaplé, raboulez-le-blé ! ♫


Rose-à-Cinq n'était pas un groupe de scat comme les autres ; pas exactement. S'ils avaient autrefois démarré leur carrière commune de façon plus orthodoxe, les cinq frères qui composaient ce quintet avaient fini par, frustrer, considérer que le succès ne serait jamais au rendez-vous... Du moins tant qu'ils s'employaient à user de leurs dons de façon traditionnelle. Le nuage de Naraka Catana avait rebattu bien des cartes. Y compris les leurs. Avec le temps, ils s'étaient rendus compte qu'un pouvoir fantastique s'était éveillé en eux, alors qu'ils avaient été aux premières loges lors de l'arrivée de ce cataclysme en Moderna, en pleine répétition dans un parc : ils étaient capables, en glissant des ordres simples dans leurs chants entêtants, de pousser les individus qui les écoutaient à leur obéir docilement, et ce sans poser la moindre question. Bien sûr, les spectateurs n'en oubliaient pas leurs propres intérêts : quand les ordres étaient contraires à leur volonté initiale, ils étaient toujours conscients qu'on leur forçait la main... Raison pour laquelle ils étaient promptement devenus des brigands recherchés activement au travers de toute la Francie. Jusqu'à présent, malgré moult tentatives, jamais des héros n'avaient été couronnés de succès lorsqu'ils avaient voulu s'en prendre à eux. Cela expliquait leur témérité, ce jour-là ; car c'était en plein centre de Saint-Maisigny qu'ils s'étaient décidés à passer à l'acte.

Dans un restaurant huppé, le "Chez l'Abbé Charles", ils serpentaient entre les tables en glissant leurs consignes irrépressibles à l'égard des clients et des serveurs ; ils utilisaient leurs propres chapeaux comme paniers à monnaie, et pouvaient compter sur la générosité contrainte de leurs spectateurs pour les remplir à vu d'œil. Ils n'avaient pas besoin de multiplier les coups ambitieux ou de s'attarder dans les parages lorsqu'ils avaient la chance de séduire une clientèle aussi fortunée... Ils savaient pertinemment qu'ils auraient, grâce à ce coup, suffisamment d'argent pour lever les voiles dans la foulée. Ils quitteraient Saint-Maisigny, et peut-être même la Francie, le temps qu'on les oublie ; puis ils reviendraient, plus forts, plus adroits, plus démonstratifs et plus voraces encore, quitte à s'exposer à davantage de risques.
Mais quels risques encourraient-ils vraiment ? Ils pouvaient désarmer les policiers comme les héros rien qu'en quelques rimes savamment construites. Le scat, c'était toute leur vie ; ils s'y étaient consacrés avec tant d'acharnement qu'ils étaient largement en mesure d'improviser pratiquement n'importe quelle demande. Dès lors, ils considéraient qu'ils étaient, à peu de choses près, parfaitement insaisissables... tout en ayant, bien sûr, le culot d'agir en pleine lumière.
La gloire et la fortune ; mais sans toute la vie de labeur et de dénuement que cela exigeait de prime abord, dans le cas de la majorité des artistes nés sans cuillère d'argent dans la bouche.

♫ -Adelabelace, madetazaflace, restez-à-votr'-place ! ♫
♫ -Kefotapela, kenodasela, ne-paniquez-pas ! ♫
♫ -Nadezigavlé, abeditaplé, raboulez-le-blé ! ♫


A l'extérieur du restaurant, n'ayant pas la chance de pouvoir profiter du rythme effréné des syllabes prononcées par ces cinq malotrus, les badauds jetaient de temps à autre une œillade curieuse au travers des vitres sans sembler s'inquiéter. A ce train-là, il allait sans dire que les Rose-à-Cinq auraient dévalisé tout le quartier sans que personne ne pipe mot, ni n'esquisse le moindre geste pour les arrêter… Force était d'admettre qu'avec leurs costumes particulièrement chatoyants, ces vilains-là n'était pas les plus effrayants ; et on pouvait facilement les confondre, sous le coup de la surprise ou de la sidération, avec des chanteurs ordinaires.
Si l'on omettait, bien sûr, la générosité plus que large de leurs donateurs du moment.
Sans doute que les forces de l'ordre avaient d'ores et déjà été prévenues de la présence en ces lieux de ces malfaiteurs mélomanes, et de la nature de leurs larcins ; mais Saint-Maisigny étant une grande ville, il était impossible de savoir à quel moment les pervenches surgiraient. Y avait-il seulement une âme assez charitable pour intervenir à la faveur des riches clients de ce prestigieux bistrot ?

Naraka Catana
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Violette Valenza
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mar 14 Nov 2023 - 0:29
Au cours de sa promenade à Saint-Maisigny, deux constats s’imposèrent à Violette.

D’abord, les gens du coin étaient très, très différents de ceux qu’elle connaissait. Dont elle. Il n’y avait qu’à les voir, avec leurs gilets sur mesure, leurs jupes plissées et leurs chapeaux élégants.

En face, il y avait Violette, tout droit sortie de sa cambrousse. Aujourd’hui, elle était vêtue d’un short en jean délavé qui lui tombait aux genoux (autrefois un pantalon en jean délavé, qui avait reçu une promotion après une rencontre malencontreuse avec un buisson de ronces) et une chemise de toile élimée héritée de son père, avec les manches retroussées parce qu’elle ne se souvenait que trop bien de la fois où ses avant-bras s’étaient couverts sans crier gare de petits cristaux pointus.

L’un des pans de sa chemise pendouillait sur le côté. Elle le rentra dans son short, l’air de rien.

Quant au deuxième constat :

— Wouah… c’est super grand.

Parce que oui, ça faisait déjà un bon moment que Violette battait le pavé, et depuis qu’elle avait passé le portail de chez mamie Vivi ce matin-là, elle n’avait pas vu un seul bâtiment qui ne soit aussi grand, au moins, que la plus grosse bâtisse d’Alegría (l’hôtel de ville, où elle avait très hâte de ne jamais remettre les pieds). Les gens d’ici étaient fous. C’était comme si, à chaque nouvel étage qu’ils empilaient, les architectes s’étaient dit : « oui, mais on peut faire encore mieux ».

De fait : plus Violette s’approchait du centre-ville, plus les immeubles étaient hauts, et elle commençait à avoir mal aux vertèbres à force de se dévisser le cou pour voir où ils s’arrêtaient. Elle grimaça. C’était un coup à choper un torticolis, vu la propension de ses cartilages à se rigidifier à la moindre contrariété. En plus de ça, elle avait déjà bousculé deux passants. Il était peut-être temps de regarder où elle foutait les pieds.

C’est à peu près vers ce moment-là que ses narines captèrent soudain un doux fumet de nourriture. Gigot d’agneau et haricots à l’ail, à vue de nez. Un troisième constat vint s’ajouter aux deux autres : elle avait super faim.

Sans trop réfléchir, elle laissa son odorat la guider dans les rues de Saint-Maisigny. Alors qu’elle approchait de la source du divin fumet (et qu’elle salivait de plus en plus), ses oreilles aussi lui envoyèrent une info : elle entendait une drôle de mélodie qui provenait de la même direction. Enfin, « mélodie », c’était peut-être un peu généreux.

♫ -Adelabelace, madetazaflace, restez-à-votr'-place ! ♫
♫ -Kefotapela, kenodasela, ne-paniquez-pas ! ♫
♫ -Nadezigavlé, abeditaplé, raboulez-le-blé ! ♫


Violette s’arrêta devant un restaurant de taille un peu plus raisonnable, comparé à certains immeubles qu’elle avait croisés, mais tout de même assez grand pour y caser sans peine la maisonnette de ses parents à Alegría. « Chez l'Abbé Charles », proclamait l’enseigne. Elle en était sûre maintenant, l’objet de sa convoitise culinaire se trouvait à l’intérieur, ainsi que la source de l’étrange chanson.

Une scène saugrenue se déroulait de l’autre côté de la vitre. Une bande de… chanteurs ? Danseurs ? Saltimbanques se baladaient de table en table en agitant des chapeaux et en débitant leurs syllabes chaotiques à un rythme effréné. Leurs tenues étaient si tape-à-l’œil que Violette se sentit un peu rassurée quant à la sienne. Plus étonnant encore, les clients du restau vidaient allègrement le contenu de leur portefeuille dans les chapeaux des cinq types, comme s’ils appréciaient réellement leurs psalmodies sans queue ni tête !

… Il fallait reconnaître qu’elles avaient un certain rythme. Violette se surprit à fredonner un air approximatif. En fait, c’était même très bien. Allez, ça valait bien le coup d’entrer dans le restaurant pour leur donner un petit quelque chose.

Sauf que – elle venait de se le rappeler – elle n’avait pas d’argent du tout. Après tout, dans son village, elle n’avait jamais eu besoin de se balader avec un porte-monnaie (les chèvres étant généralement peu réceptives à l’argument financier). Ce qui signifiait, d’ailleurs, que le gigot tant désiré resterait lui aussi désespérément hors d’atteinte. Elle poussa un soupir déchirant. Autant rentrer à la maison et grignoter quelque chose.

Elle allait tourner les talons quand une scène à l’intérieur de l’Abbé Charles l’interpella. L’un des cinq zouaves bariolés agitait son couvre-chef sous le nez d’une petite fille aux couettes blondes, huit ans maximum. La gamine lui tendait quelques piécettes d’une main tremblante et n’avait pas l’air rassurée du tout par la proximité de l’énergumène qui faisait le double de sa taille et lui beuglait presque à la figure.

Ça, c’était le genre de situation que Violette connaissait, et ça ne lui faisait pas plaisir du tout.

Elle poussa la porte du restaurant d’un coup d’épaule. Elle avait un plan. Il était simple. Elle marcha tout droit vers le gros lourdaud qui envahissait l’espace personnel de la fillette et lui tapota l’épaule d’un lourd index en pierre.

— Hep, c’est peut-être le moment de se calmer, non ?
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Ven 17 Nov 2023 - 20:21

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Rose-à-Cinq


Elle avait choisi.
Pour le meilleur comme pour le pire, elle avait choisi.
Et, ce faisant, elle avait sciemment fait basculer son existence dans une toute autre dimension.
Rester insensible et discret n'était dans le fond jamais rien de plus qu'un choix. Un choix parfois vital, parfois lucide, parfois inévitable ; mais un choix, qu'on pouvait toujours choisir de braver, aux dépens de la quiétude, de la bienséance, de l'ordre établi.
En intervenant au sein même de ce restaurant huppé, la jeune femme s'attira les regards circonspects et surpris des malfaiteurs  ainsi, qu'ironiquement, celui de leurs victimes. Elle n'avait pas l'air d'être un héros, ne semblait pas incarner une menace digne de ce nom du point de vue des Rose-à-Cinq. Il n'était pas incongru de partir du principe qu'elle était une touriste égarée qui ne comprenait pas tout ce qui se tramait céans ; on pouvait même franchement considérer qu'elle n'avait jamais entendu parler d'eux, qu'elle croyait qu'il s'agissait d'un spectacle dont les acteurs étaient un brin trop investis. Elle ne percevait sans doute pas le danger qui pouvait planer sur elle à tout moment, si elle prenait le parti d'un petit peu trop les enquiquiner.
Fort heureusement pour elle, les cinq larrons étaient tout à la fois trop occupés à détrousser des richards pour s'embêter avec une jeune sans-le-sou, et trop cléments pour la liquider là, sur le champ, au beau milieu de "Chez l'Abbé Charles". Ils n'avaient jamais causé de mort à l'occasion de leurs casses, et il entendaient bien conserver ce score nul ; après tout, c'était l'assurance de ne pas crouler sous les poursuivants, de s'éviter des ennuis trop considérables.

♫ -Zagezabeza, vazepotola, va-t'asseoir-là-bas ! ♫
♫ -Akenitavan, abelitanan, compte-jusqu'à-cent ! ♫
♫ -Atelatufeu, buzelatukeu, masque-toi-les-yeux ! ♫


"Bienvenue à Saint-Maisigny", auraient-ils eu le bon goût d'ajouter s'ils n'avaient pas été trop accaparés par le rythme insensé de leurs propos et la profusion des dons qu'il leur fallait encore cueillir. Pour Violette, ce baptême de l'air prendrait une tournure des plus étranges lorsqu'elle se surprendrait à agir conformément aux ordres de ses interlocuteurs. Ce n'était pas que ses paroles la séduisait particulièrement, qu'elle se sentait écrasée par la force de leur argumentaire mélodieux ou par leur charisme déroutant, non ; simplement qu'ils avaient ordonné, et qu'il lui fallait dorénavant obéir. Nullement privée de son libre-arbitre, elle aurait tout le loisir de les haïr, de les méprise, de les injurier ; mais tout cela dans le silence implacable de son for intérieur. Il lui faudrait s'asseoir jusqu'à la place qu'ils auraient désigné ; une table pour deux vide, à deux pas de la porte d'entrée. Il lui faudrait ensuite commencer à compter, au rythme de son choix ; et se cacher les yeux, comme ils venaient tout juste de l'exiger, là aussi.
Le but était-il de l'humilier, ou de se débarrasser d'elle définitivement ? Pas vraiment. Plutôt de la rappeler à l'ordre. Il était des choses qui, se déroulant dans les grandes villes, exigeaient qu'on se détourne d'elles. Qu'on passe notre chemin, qu'on choisisse le silence et l'insouciance. Une décision qu'elle n'avait pas été prompte à prendre, ce jour-là ; mais, qui sait, peut-être apprendrait-elle, avec le temps ?

Peut-être.
Peut-être pas.
Une dizaine de secondes seulement auraient eu le loisir de s'écouler lorsque la porte du restaurant s'ouvrirait à nouveau ; mais sans délicatesse, puisqu'elle manquerait de surgir de son gonds, percutée par un coup de pied des plus virulents. Les Rose-à-Cinq, l'un après l'autre, auraient tôt fait se retourner dans cette direction avec stupéfaction ; et leur assurance spectaculaire flétrirait brutalement avec l'apparition d'un nouvel intervenant.
Comme Violette, prompt à s'interposer.
Contrairement à Violette, doté d'une certaine envergure, d'une aura, d'une médiatisation au sein de Saint-Maisigny. D'une renommée non usurpée.

L'Étrangleur.


-Le scat, c'est de la merde.
♫ -Avelizejour, tapelitobour, fais-vite-demi-tour ! ♫
♫ -Jamilaroboute, kazetezevoute, saute-sur-la-route ! ♫
-Désolé, jeune demoiselle, se corrigerait-il en remarquant la présence dans l'assistance de la gamine aidée par Violette. Le scat, c'est pas mon truc. C'est comme ça, qu'il faut dire.


Décontenancés, les Rose-à-Cinq furent bien contraints et forcés de constater que leur interlocuteur n'avait pas l'air impacté par leurs syllabes infernales ; en fait, il avait même concrètement l'air de s'en taper un rein. Il continuait à ignorer magistralement leurs consignes incessantes, ses poings engoncés dans des gants d'aciers larges, sa chevelure dressée harmonieusement sur sa tête, ses pupilles rouges détaillant l'assistance comme pour s'assurer que personne n'avait eu à subir de sévices corporelles. Et l'inquiétude commençait à croître chez le quintet volubile.
L'Étrangleur n'était pas n'importe qui. C'était un héros de Saint-Maisigny célèbre pour ses frasques impressionnantes, pour ses arrestations haletantes. Il avait pu s'octroyer une médaille d'argent sans jamais avoir suivi de cursus au sein de l'Académie Marchais ; et cette renommée avait fait de lui l'un des favoris des autorités héroïques franciennes. On lui laissait généralement les coudées franches lorsqu'il estimait nécessaire d'intervenir... Ainsi, il n'était pas anodin d'avoir à l'affronter.
C'était même généralement une mauvaise surprise du genre dont on ne se relevait pas indemne.

-Et bien joué à toi, compléta-t-il en se tournant vers Violette. J'ai tout vu. C'était cool.


Il se passa une main dans la chevelure, fit un pas de plus dans l'enceinte du restaurant ; ses vis-à-vis tressaillirent et il rajouta, sur le ton de la confidence :

-Je sais ce que c'est. Moi aussi, j'suis un bouseux d'ailleurs.


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Violette Valenza
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Sam 18 Nov 2023 - 17:17
Du haut de ses mille cinq cent cinquante-deux millimètres, la poitrine bombée héroïquement, Violette était sûre de son effet. Le naze au chapeau allait bafouiller une excuse, foutre la paix à la gamine, et s’écraser. C’était ce que faisaient les crétins comme lui dès qu’ils rencontraient un peu de résistance. Et Violette avait bien l’intention de ne plus jamais les laisser faire.

Curieusement, sa théorie entra vite en conflit avec les faits. Le type en face ne s’était pas démonté. En fait, ses potes et lui continuaient à débiter sans le moindre accroc à leur rythme. Leur assurance était telle que celle de Violette vacilla un peu.

♫ -Zagezabeza, vazepotola, va-t'asseoir-là-bas ! ♫
♫ -Akenitavan, abelitanan, compte-jusqu'à-cent ! ♫
♫ -Atelatufeu, buzelatukeu, masque-toi-les-yeux ! ♫


Leur proposition paraissait parfaitement raisonnable. Violette hocha la tête, tourna les talons, s’approcha de la table libre près de la porte et tira une chaise.

Puis elle se figea.

Qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Elle n’en avait pas terminé avec le gang des galurins. Est-ce qu’ils avaient lâché la fillette, au moins ? Les gens tout autour la regardaient avec surprise, comme si c’était elle qui n’était pas à sa place. Et ils avaient sans doute un peu raison, mais Violette commençait à comprendre que quelque chose ne tournait pas rond.

T’es pas la seule à avoir pris le Naraka Catana dans la bouille, ma grande.

C’était une évidence pour les gens d’ici, mais elle avait encore du mal à l’intégrer. Pourtant, il allait bien falloir s’y faire : elle allait rencontrer de plus en plus de gens qui, comme elle, avaient développé toutes sortes de capacités. Des héros, mais des vilains, aussi. Et impossible de savoir de quoi ils étaient capables au premier coup d’œil.

Mais maintenant, elle savait. Elle allait se retourner, foncer sur les chanteurs nazes et faire les présentations entre ses phalanges et leurs pifs.

Elle s’assit sur la chaise et, mécaniquement, se couvrit les yeux.

— Un. Deux. Trois…

Hein ? Quatre. Non, ça ne devait pas se passer comme ça. Cinq. Pas maintenant qu’elle avait compris ce qui lui arrivait. Six. Là, c’était le moment où l’héroïne renversait la vapeur, sept, et leur montrait de quel bois elle se chauffait ! Huit ! Et pourtant… pourtant, leur pouvoir continuait à fonctionner même alors qu’elle avait pigé ? Neuf.

C’était… c’était de la triche, voilà !

— D-dix…

Quelque chose d’humide se mit à couler entre les doigts serrés de Violette. Les larmes, c’était tout ce qui lui restait pour exprimer sa rage et sa frustration. Tous ses efforts pour se libérer du carcan de mots où l’avait enfermée le quintet se révélaient aussi efficaces qu’un enfant cherchant à abattre une montagne à mains nues.

BLAM.

Le fracas fut si soudain que Violette en oublia ce qui venait après dix. Par les interstices entre ses doigts, elle entrevit une nouvelle silhouette pénétrer dans l’Abbé Charles. Un homme aux cheveux dressés et à l’air confiant. Lui non plus ne devait pas savoir dans quoi il s’était engagé. Violette voulut lui crier de s’en aller, mais elle n’avait pas fini de compter.

— Le scat, c’est de la merde.

Bizarre. Il n’avait pas l’air perturbé outre mesure par les singeries des malfaiteurs, qui pourtant redoublaient de syllabes pour lui faire débarrasser le plancher. C’était qui, ce type ?

Alors, la vision toujours obstruée par ses propres mains, Violette entrevit l’éclat de l’acier rutilant qui couvrait les poings du nouvel arrivant. Un souvenir s’éveilla dans sa mémoire chaotique. Elle l’avait déjà vu quelque part. Dans les dizaines d’articles de presse qu’elle s’était enfilés après son départ d’Alegría, pour en apprendre un peu plus sur Saint-Maisigny et rattraper son retard au sujet de… eh bien, tout ce qui ne concernait pas la vie quotidienne des chèvres dans la campagne ibérienne. Elle n’avait pas retenu grand-chose de concret et elle ne se souvenait d’ailleurs plus du nom de cet homme, mais elle était sûre d’une chose : lui, c’était un héros.

Un vrai.

— Et bien joué à toi, lui parvint une voix assurée. J’ai tout vu. C’était cool.

Cool ? Ouais. « Cool ». Elle en aurait rigolé si elle n’était pas occupée à refouler ses larmes entre deux nombres. C’était ça, alors, sa vie ? Toujours devoir s’effacer, plier devant les plus forts ? Même maintenant, même avec ce pouvoir qui l’avait arrachée à sa petite vie tranquille pour l’emmener vers un destin soi-disant plus grand ? La bonne blague !

Mais le héros n’avait pas fini de parler. Il ajouta, sur un ton plus doux :

— Je sais ce que c’est. Moi aussi, j’suis un bouseux d’ailleurs.

« Une bouseuse », voilà : c’était déjà plus crédible. L’homme faisait écho aux pensées de Violette. Pourtant, là où cette phrase aurait dû lui faire définitivement lâcher prise, la jeune fille ressentit à la place un sursaut de rébellion. Ouais, elle était une bouseuse, et alors ? Elle était quand même arrivée jusque-là. Et si même lui, ce grand héros, venait de la cambrousse, alors ça voulait dire que Violette aussi aurait l’occasion de dépasser sa condition. Il suffisait de tenir bon. De rien lâcher.

Et elle abattrait cette montagne.

Au prix d’un immense effort de volonté, et sans cesser de marmonner ses nombres, elle parvint à écarter deux doigts pour darder directement un œil sur le héros – et croiser pour la première fois son regard rouge.

— V… vingt-deux… les laisse pas faire.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mar 21 Nov 2023 - 17:54

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

L'Étrangleur.


-Hmm, répondit-il avec un hochement de la tête entendu.


Il n'était en tout cas pas venu pour enfiler des perles ; il le savait, les victimes de ce rapt au grand jour le savaient, le personnel de ce prestigieux établissement le savait, et les Rose-à-Cinq le savaient.
Restait qu'on pouvait partir du principe raisonnable qu'il n'était pas aussi libre de ses mouvements qu'il ne l'aurait aimé ; d'une part parce que ses adversaires étaient justement au nombre de cinq, d'autre part parce qu'un grand nombre de civils pouvaient être embarqués dans les tourments d'un éventuel combat, si celui-ci devait éclater et si ses proportions devaient échapper à son contrôle. Sur ce plan, toutefois, l'Étrangleur demeurait assez serein. Le quintet de mélomanes n'était pas connu pour verser le sang inconsidérément... Il les rangeait, non sans une certaine dose d'affection, dans la catégorie des Vilains par défaut. Trop stupides pour utiliser leurs talents à bon escient ; mais trop bienveillants pour sérieusement en abuser, aux dépens d'autrui. C'était d'ailleurs pour cela qu'ils avaient dû jeter leur dévolu sur "l'Abbé Charles" : ceux qui pouvaient se permettre de fréquenter un restaurant aussi classieux disposaient de ressources financières conséquentes. En outre, ils s'astreignaient à ne prendre que ce que ces victimes transportaient sur elles...
Ils devaient cultiver l'idée sotte que leurs vols ne causaient de tort à personne. Que ces bourgeois se remettraient sagement à table, et qu'ils oublieraient cette mésaventure aussi vite qu'elle était survenue. Que d'autres prendraient leur place, inlassablement ; et qu'ils pourraient à nouveau leur faire les poches.

-♫ -Zabejabezou, paletazebwarg !
-Une salade de phalanges pour la une, grommela-t-il.


Il s'était propulsé vers le mélomane le plus proche ; et, d'un geste incisif, spectaculaire de fluidité, il venait de lui imprimer la marque de ses doigts en pleine joue. Le crochet fit mouche ; le pauvre hère fut projeté avec pertes et fracas, et allait s'effondrer contre le mur intérieur du restaurant, à deux mètres de là. L'Étrangleur avait bien sûr veillé à ce qu'aucun civil ne puisse endosser le rôle désagréable de dommage collatéral ; restait qu'il avait frappé suffisamment fort pour rendre son adversaire titubant pendant quelques minutes. De quoi lui faire passer son indéniable sens du rythme...
Dans la foulée de cette première offensive sans subtilité, il étendit son bras gauche en direction d'un autre de ses adversaire. Des cordes fusèrent du bout de ses doigts ; elles s'étendirent à vive allure et, à la suite d'un mouvement du poignet expert de l'Étrangleur, se saisirent d'un autre des musiciens en serpentant tout autour de lui. La constriction sembla assez impérieuse pour empêcher l'homme de se libérer à la seule force de ses bras ; il commençait tout juste à beugler avec anxiété quand, d'un geste horizontal furibond, le fringant héros l'envoya paître dans le décor.
Deux de moins en l'espace de quelques secondes ; et les trois restants virent leur mine mal assurée embrasser une pâleur excessive, maladive.
A nouveau, les cordes s'étendirent, passant au-dessus de la tête d'un badaud, glissant entre deux dames, attrapant une cheville ; le chanteur à qui elle appartenait fut envoyé contre le plafond qu'il heurta violemment. Il retomba lourdement, a priori inconscient.
Ses deux partenaires comprirent, si cela n'était pas déjà fait, qu'ils n'avaient pas la moindre chance de ressortir de cette auberge libres s'ils s'y attardaient plus que de raison. Ils prirent ainsi, l'un comme l'autre, le parti de la fuite ; mais ils n'étaient pas assez fous pour risquer de se jeter dans les pattes de l'Étrangleur, et fusèrent plutôt en direction des cuisines, où ils devinaient qu'une porte dédiée aux employés pouvait leur permettre de quitter les lieux plus aisément.

S'il parvint à capturer le premier larron de foire avant qu'il ne quitte définitivement son champ de vision, le second, en revanche, parvint à bondir au-dessus de ses cordes ; il disparut à la faveur d'un couloir, contraignant ainsi le héros à lui emboîter le pas. Le silence retomba pesamment dans la jolie salle du restaurant... jusqu'à ce que les convives, enfin libérés de la prison physique qu'incarnait ce scat effréné, se redressent comme un seul homme et se dirigent vers la sortie, avec plus ou moins de calme.

C'était la règle d'or : quand un héros était amené à intervenir quelque part, on lui laissait le champ libre...

Restait que le premier criminel que l'Étrangleur avait percuté d'un coup de poing avait finalement réussi à se redresser ; et il tâcha de se mêler au mouvement anarchique des clients, de façon à pouvoir quitter la bâtisse avant que son redoutable adversaire ne pointe à nouveau le bout de son nez.

Naraka Catana
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Violette Valenza
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Jeu 23 Nov 2023 - 18:03
— Une salade de phalanges pour la une.

Violette avait rarement vu une torgnole aussi parfaitement exécutée. Non sans effort, elle écarta un peu plus les doigts pour ne pas perdre une miette du spectacle. Les émotions multiples qui se disputaient la vedette dans le cœur de Violette durent concéder de mauvaise grâce la place à l’admiration. Ce type n’avait pas volé sa réputation : la facilité presque nonchalante avec laquelle il avait envoyé valdinguer le malfrat transpirait l’expérience. Il savait ce qu’il faisait, et il se permettait des répliques trop cool avec ça.

Mais la jeune fille n’avait encore rien vu. Lorsque les cordes du héros se joignirent à la danse, les yeux de Violette s’ouvrirent assez grand pour rivaliser avec les assiettes renversées qui jonchaient le sol du restaurant. En deux temps trois mouvements, il maîtrisa un, deux, puis trois des chanteurs restants. Sacré pouvoir, qu’il maniait en outre à la perfection. Violette avait beaucoup de choses à apprendre.

Le dernier truand encore en lice échappa de peu aux assauts du héros, qui s’élança à sa poursuite. Après quelques secondes de flottement, le chaos éclata dans le restaurant. Une horde de clients se ruèrent vers les portes près de la table de Violette, chacun voulant être le premier à sortir, de peur peut-être de recevoir un saltimbanque aéroporté sur le coin de la figure.

Un éclat de couleur attira le regard de Violette. Parmi la masse grouillante de bras et de jambes qui gesticulaient, un chapeau criard se détachait nettement. Violette tourna la tête : le premier malfaiteur à avoir fait les frais de la patate du héros aux cordes avait disparu.

— Attention ! cria-t-elle en se levant si brutalement que sa chaise fut envoyée valdinguer derrière elle.

Alors seulement, elle constata l’évidence. Elle n’avait pas compté au-delà de vingt-trois, et surtout, elle pouvait bouger. Quoi que le quintet de coquins lui ait fait, c’était terminé. Et le héros était occupé sans doute à ramener le cinquième par le fond du caleçon.

La conclusion s’imposait d’elle-même.

— Bougez-vous ! rugit-elle en plongeant dans la foule – droit sur le malandrin malavisé qui devait, en cet instant, regretter les choix vestimentaires qui l’avaient rendu si facile à repérer parmi l’assemblée affolée.

Il n’eut pas le temps de couiner : une Violette furibonde s’abattit sur lui de tout son poids. Ce qui, maintenant qu’elle avait retrouvé le plein usage de ses capacités, n’était pas peu dire.

Cent kilos de pierre revancharde plaquèrent le fuyard au sol. Violette ne perdit pas de temps et s’assit à califourchon sur son dos, les genoux sur ses bras. Le malheureux tenta de se débattre, évidemment, mais il ne pouvait pas faire grand-chose dans ces conditions : ses pieds battants effleuraient à peine la jeune fille, et le poids qui l’immobilisait lui coupait trop le souffle pour lui permettre de produire autre chose que quelques geignements. Violette ne savait même pas s’il pouvait lui refaire son sale tour d’hypnose sans l’aide de ses quatre acolytes, mais il n’était pas question de prendre le risque.

Il ne lui restait qu’un truc à faire – un truc très important. Vite. Réfléchis. Réfléchis.

— On va attendre le monsieur tous les deux, susurra-t-elle à l’oreille de sa proie. Tu nous chantes une berceuse pour patienter ?

Voilà. Trop cool.

Son ventre se mit à gargouiller. Ah, oui, il y avait toujours ça. Elle regarda autour d’elle, puis tendit le bras pour saisir une cuisse de dinde qui était miraculeusement restée dans son assiette en tombant d’une table bousculée par la cohue. Elle y mordit à pleine dents, satisfaite par les événements.

Il ne restait plus qu’à attendre le retour du héros.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Dim 26 Nov 2023 - 17:46

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Sa priorité la plus absolue était évidemment de prendre la tangente. Quant à la suite ? Il aurait amplement le temps de la laisser mûrir dans son esprit une fois tiré d'affaire. La vérité, c'était qu'ils n'avaient pas l'ombre d'une chance s'ils choisissaient de s'opposer à l'Étrangleur : non seulement il ne boxait pas du tout dans la même catégorie qu'eux, mais en prime, il avait manifestement trouvé une astuce susceptible de l'immuniser à leurs pouvoirs cantateurs. Cela ne devait pas être parfait, bien sûr ; mais cela avait, malgré tout, rempli son office.
Le membre du quintet ne se voyait toutefois pas abandonné ses partenaires à leur sort. Il n'était pas prêt à mettre sa vie dans la balance au nom de leur libération, mais la moindre des choses, c'était de tenter de les faire libérer une fois toute cette affaire tassée. Ils seraient muselés par les forces de l'ordre, peut-être tenus éloignés les uns des autres pour éviter que leurs voix ne s'unissent et ne se renforcent communément... S'il réussissait à les atteindre, à les faire libérer en manipulant des agents des forces de l'ordre particulièrement sensibles, ils pourraient ensuite quitter la région et veiller à repartir sur des bases plus saines, ailleurs.
Le crime en option.
Mais, pour ce faire, il allait déjà devoir réussir à s'extirper hors du restaurant ; et les clients qu'ils avaient jusque-là cherché à dépouiller ne subissaient plus les effets de leurs voix unies. En d'autres termes, il était forcé et contraint de s'échapper en comptant sur sa seule force physique ; d'autant que les cris et les jurons tendaient à recouvrir sa propre voix, affaiblie par la mandale sauvage qu'il avait enduré plus ou moins vaillamment. Un dernier obstacle se dressait néanmoins sur sa route ; il entendit Violette avant qu'il ne la vit, mais la nasse de citoyens qui l'environnait l'empêcha de se carapater à toute allure, comme il aurait aimé pouvoir le faire.

Ainsi, lorsqu'elle parvint à bondir sur lui, il lutta de tout son être et de toutes ses forces pour tenter de la déloger de son buste. Il n'y parvint pas, bien sûr, ses efforts étant rendus ridicules par le poids conséquent de sa jeune opposante ; puis il comprit, tandis que les derniers clients achevaient de quitter les lieux au pas de course, que sa seule puissance, cette fois-ci non plus, ne suffirait pas à accomplir de miracles.
Dans un instant, l'Étrangleur surgirait, qu'il ait ou pas réussi à mettre le grappin sur son dernier partenaire ; et il serait alors cuit, définitivement. S'il voulait se tirer de là... il allait devoir prendre des risques outranciers. Quitte à tester le courage et l'ardeur de son opposante.

♫ -Adebizajable, matepazavable, saute-sur-cett'-table ! ♫


Il enverrait son menton en direction d'une table située à une poignée de mètres de là. L'ordre n'était pas complexe ; la table était relativement proche, et Violette n'aurait probablement besoin que de quelques pas pour l'atteindre et obéir. Mais si tout se passait comme ce chanteur-voleur l'espérait, elle lui laisserait ainsi suffisamment de temps pour se remettre sur pieds. La sortie de l'auberge serait enfin libre, puisque les retardataires auraient eu tout le temps requis pour se déverser dans la rue attenante ; il pourrait ainsi les y rejoindre, et veiller à disparaître au pas de course, quitte à continuer à harceler les passants de consignes sommaires pour qu'ils retardent ses éventuels poursuivants. Il ne connaissait pas cette jeune femme, que l'un de ses camarades avait précautionneusement muselé un petit peu plus tôt, et il n'entretenait à son égard aucune antipathie... mais la volonté de demeurer libre brillait plus fort que tout.
Il espérait néanmoins qu'elle obéirait docilement et ne chercherait pas à le doubler ; malheureusement, dans la position qui était la sienne, il était difficile d'affirmer que toutes ses volontés deviendraient réalité...
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 27 Nov 2023 - 23:32
La dinde était succulente. Malheureusement, Violette n’allait pas pouvoir en profiter bien longtemps.

Malgré ses précautions, elle avait peut-être un peu sous-estimé son prisonnier. Celui-ci, après s’être débattu sans grand succès, finit par réussir à prendre une grande inspiration et lâcher une nouvelle litanie :

♫ — Adebizajable, matepazavable, saute-sur-cett'-table ! ♫

Mince, elle pensait vraiment qu’il n’aurait pas le coffre nécessaire pour se remettre à chanter avec tout ce poids qui lui compressait les poumons. Sa proposition semblait tout à fait raisonnable, cela dit. Violette aimait bien grimper sur des trucs. Pourquoi pas cette table ?

Une sonnette d’alarme se mit à retentir sous son crâne. Holà, ma fille, lui intima la partie rationnelle de son esprit, qu’est-ce que tu fabriques, là ? Maintenant qu’elle avait compris le pouvoir des cinq chanteurs, elle savait à quoi s’attendre. En plus, il était tout seul à présent. Elle pourrait bien résister à ses suggestions, non ?

Mais c’était déjà trop tard, parce qu’elle s’était levée machinalement dès les premières syllabes. Quand elle reprit le contrôle, elle avait déjà fléchi les genoux pour bondir vers la table indiquée et traversait maintenant les airs avec une grâce toute relative.

— H-hé… !

Elle atterrit pile sur la table, qui craqua, grogna et chancela sous son poids, mais tint bon par quelque miracle. Violette battit des bras pour reprendre son équilibre et fit volte-face, prête à tout. Plus glissant qu’une anguille, le malfrat s’était extirpé de sa prise à l’instant où il avait eu le moindre millimètre de jeu, et s’était précipité sans demander son reste vers la porte de l’Abbé Charles et la douce liberté qui l’attendait de l’autre côté.

Ah ça, non, il n’en était pas question.

Violette grimaça. Entre le temps passé à marcher et l’excitation des quelques dernières minutes, ses épaules et ses genoux commençaient à se raidir. Elle manquait encore de contrôle sur la calcification de ses membres. Si seulement elle avait pu poser les pieds dans l’herbe pour se ressourcer, ça n’aurait pas posé de problème. En l’état, elle devait avoir encore assez de marge pour un dernier coup d’éclat avant de dépasser ses limites.

Elle s’accroupit et attrapa la première chose qui lui tomba sous la main : une salière en verre épais, compacte et encore pleine. Parfait.

Elle tendit le bras bien loin derrière elle, puis, dans un ample mouvement enroulé, le rabattit devant elle. Au dernier moment, elle augmenta le poids de la main qui tenait la salière pour améliorer la puissance de son geste – juste avant de lâcher.

La salière fendit l’air. Destination espérée : l’arrière du crâne du fuyard, qui venait juste de passer la porte et était à deux doigts de lui échapper. Si Violette avait bien visé, et si elle avait été assez rapide, le projectile improvisé irait stopper net la course de sa cible avant que la porte du restaurant ne se referme derrière elle. Plus qu’à croiser les doigts.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Jeu 30 Nov 2023 - 11:22

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-Haha ! Stupide gamine ! jubila-t-il en se relevant à la hâte et en commençait à quitter le restaurant au pas de course.


Enfin ! Il l'entrapercevait enfin ! La liberté !
Ils n'avaient pas songé une seule seconde que ce casse sans ambitions pourrait être leur dernier. Ils avaient pourtant planifié et mené à leur terme des missions nettement plus périlleuses... Habituellement, ils ne se heurtaient à aucune source de résistance ; cette fois, ce n'était pas un seul héros qui s'était chargé de leur barrer la route, mais aussi et surtout une gamine incommodante à souhait. Fort heureusement, il apparaissait que cette dernière avait joué de prétention : elle n'était pas prête à se frotter à de réels brigands, à l'instar de Rose-à-Cinq.
Et pour cause : le pouvoir commun de cet agaçant quintet était, dans les faits, pratiquement imparable. Plus les ordres qu'ils énonçaient étaient simples, et plus leur effet était irrépressible. Il leur était quasiment impossible de pousser un individu à s'ôter la vie s'il n'en avait pas l'intention ; mais qui diable pouvait vouloir, à tout prix, éviter de se masquer les yeux ? Quel individu stupide était prompt à considérer une pièce de monnaie, un smartphone ou même un porte-monnaie comme quelque chose d'inestimable ? En outre, leur consignes devaient demeurer simples, limpides, pour que tout un chacun puisse à la fois les saisir et les exécuter. Impossible d'ordonner à un lambda de bloquer une épée à mains nues ; il risquait juste d'y gagner une hémorragie conséquente, et une vilaine cicatrice. Pour finir, plus leurs voix étaient nombreuses à porter des consignes identiques ou similaires, et plus l'effet de celles-ci devenait intense ; en d'autres termes, en attaquant ce restaurant à cinq, les musiciens avaient eu l'absolue certitude que nul n'aurait jamais la capacité de les tenir en échec.
Force était d'admettre que l'Étrangleur avait avorté la moindre de leurs certitudes...
Mais au moins, il allait pouvoir s'enfuir. Reconstruire quelque chose. Un semblant de vie, un plan pour sauver les siens, pour les extirper dans la prison dans laquelle on allait les envoyer croupir à coup sûr... Ils n'avaient jamais causé de mort directe, à l'occasion de leurs mauvais coups. On ne pouvait pas les juger trop durement, si ? On se contenterait de geôles communes pour les incarcérer. On les bâillonnerait peut-être, pour éviter qu'ils ne fassent à nouveau un mauvais usage de leur don... mais ce serait tout.
Ce serait facile de les sortir de prison, à n'en pas douter.

La salière échappa totalement à son attention, pour le moins relâchée ; et lorsqu'elle heurta l'arrière de son crâne, ce fut pour produire un bruit sourd, un craquement aux accents lugubres. Il fit encore un pas, sans doute mécanique et inconscient, avant de s'effondrer de tout son long. Il n'avait pas encore achevé d'enjamber le pallier de cette auberge prestigieuse, où gisaient dorénavant tables et chaises jetées au sol par la cohorte de clients ayant tenu à déserter les lieux au plus vite.

Il y aurait encore, pour Violette, quelques secondes de flottement et de silence au sein de cet établissement réputé avant que quelques bruits de pas ne retentissent enfin, en provenance des zones dédiées aux employés ; et l'Étrangleur surgirait enfin des locaux, trainant derrière lui le dernier des mélomane, tout enchevêtré dans un entrelacs de cordes.

L'Étrangleur.


-Tiens ? T'es encore là, toi ? demanderait-il béatement, à l'attention de la jeune femme.


Ce ne serait qu'après avoir baladé son regard sur les cinq silhouettes inanimées, et après avoir remarqué que l'une d'entre elles s'était éloignée de l'endroit où il était certain de l'avoir abandonnée, qu'il entreprendrait de porter sa main gauche à ses oreilles ; il en extirperait de petits gadgets, à peine plus gros que des écouteurs non filaires, qu'il rangerait dans l'une des poches de sa tenue sombre.

-T'as encore joué les gros bras, j'imagine, ricanerait-il. On m'appelle l'Étrangleur, mais mon vrai nom, c'est Alban. Enchanté.


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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Jeu 30 Nov 2023 - 18:47
En plein dans le mille.

— Et paf ! Alors, on dit plus rien, hein ?!

Elle aurait fait une danse de la victoire si elle n’avait pas eu peur de péter la table qui la soutenait héroïquement. Son épaule était en feu, mais elle s’en fichait. Elle avait réussi ! Elle avait repris la situation en main !

Le silence retomba. L’euphorie du moment reflua quelque peu et Violette commença à aborder la situation de manière plus rationnelle. Le fuyard était étalé par terre près de l’entrée, enchevêtré avec des chaises et des tables renversées. Il ne bougeait plus. Une pointe d’inquiétude s’insinua dans le cœur de Violette. L’impact de la salière avait fait un sale bruit. Est-ce qu’il allait bien, au moins ?

Elle descendit de sa table, qui poussa un grincement de soulagement, et s’approcha prudemment de la forme étendue du chanteur. Elle se fourra même les doigts dans les oreilles, au cas où. S’il essayait de la lui mettre à l’envers…

— Tiens ? T’es encore là, toi ?

Violette poussa un glapissement étranglé et fit volte-face. La silhouette imposante du héros se dressait de toute sa taille devant elle, traînant un autre chanteur proprement empaqueté derrière lui. L’ingénieuse protection auditive de Violette lui avait juste permis de ne pas l’entendre arriver.

— T'as encore joué les gros bras, j'imagine. On m'appelle l’Étrangleur, mais mon vrai nom, c'est Alban. Enchanté.

Violette grimaça et fit tourner son bras pour assouplir un peu son épaule, ce qui eut surtout pour effet de lui faire encore plus mal.

— Ouais, euh… enchantée. Je crois que tu devrais t’occuper de lui, j’ai peur de lui avoir fait mal.

Joignant le geste à la parole, elle désigna le malheureux dont le crâne avait accueilli la salière volante. Sans doute le héros – l’Étrangleur – saurait-il mieux qu’elle quoi faire. Quant à elle, la politesse la plus élémentaire lui suggérait de se présenter à son tour :

— Moi, c’est Violette, et mon vrai nom c’est…

Son cerveau se réveilla soudain et se rua, paniqué, pour empêcher sa bouche de parler. C’était une bataille qu’il gagnait rarement. Aujourd’hui encore, c’était déjà trop tard. À contrecœur, elle termina sa phrase :

— … ben, euh… Violette aussi. Violette Valenza.

Elle toussa et fit mine de se contempler les orteils, embarrassée. Note pour la prochaine fois : trouver un surnom cool. Comme première impression, on avait vu mieux. Et devant nul autre que l’Étrangleur, en plus.

Maintenant qu’il lui avait donné son nom, Violette arrivait à remettre le doigt dessus. Elle avait bel et bien lu des articles sur lui, entre autres. Elle se rappelait même s’être dit sur le moment que l’Étrangleur, c’était quand même bizarre pour un nom de héros. Un peu flippant, quoi. Évidemment, toute personne avec un minimum de compétences sociales savait que ce n’était pas le genre de chose à mentionner à voix haute au principal intéressé.

— L’Étrangleur, c’est vachement bizarre comme nom de héros, non ?

Son cerveau poussa un profond soupir, fit ses bagages et partit voir ailleurs si on avait besoin de lui.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 4 Déc 2023 - 9:26

Le scat, c'est de la merde.

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L'Étrangleur.


-Au risque de te décevoir, amorça-t-il en se passant une main dans les cheveux, je suis héros, pas infirmier. Ce genre de trucs, c'est... pas vraiment pour moi. Mais tu peux te rassurer, mon partenaire a dû appeler les forces de l'ordre, depuis le temps. Ils devraient plus trop tarder à arriver, ils pourront prendre le relai.


C'était ça, la différence entre un amateur et un professionnel : il n'avait pas besoin de tout savoir faire, pouvait se consacrer corps et âme aux tâches que nul autre que lui n'était susceptible d'accomplir. Il avait bien sûr de vagues notions de secourisme, notamment afin de se porter à lui-même les premiers soins dans des situations où nul autre ne serait en mesure de lui porter assistance, mais il ne se considérait pas du tout comme un urgentiste ; et comme ceux-ci était précisément en route, il partait du principe qu'une poignée de secondes d'attente valaient mieux qu'une intervention bâclée ou imprécise.
Restait que la jeune femme devant lui n'en finissait plus de l'intriguer. Elle avait pu arrêter ce pauvre hère en lui jetant une salière à l'arrière du crâne ? Et cela l'avait même complètement assommé ? Pour le héros, la chose était improbable, en tout cas si l'on considérait la distance qui les séparait, la précipitation du moment, les consignes erratiques que son adversaire était susceptible de lui glisser ; il devait y avoir une autre donnée dont il ignorait tout, pour le moment, et qui pouvait expliquer qu'elle avait non seulement réussi à faire mouche, mais aussi et surtout à atteindre son vis-à-vis assez durement pour le mettre hors d'état de nuire.
Un pouvoir, sans l'ombre d'un doute.

-Violette, répéta-t-il en ayant la délicatesse de ne pas insister sur sa maladresse. Bizarre, pas bizarre... C'est pas comme si je l'avais choisi, ou comme si j'avais la possibilité d'en changer. Au départ, je me faisais juste appeler Alban, mais les types que je capturais ont commencé à m'appeler l'Étrangleur ; ça a dû plaire à tout le monde, puisque c'est comme ça que tout le monde me connaît, maintenant.


Certains héros, bien sûr, pouvaient compter sur le support des médias et des administrations pour modifier leur épithète ; de son côté, il n'avait pas souhaité s'embêter et s'était contenté d'embrasser l'identité qu'on avait forgé pour lui. Pourquoi aurait-il dû s'en plaindre, après tout ? Son pouvoir et ses gadgets concordaient pas mal avec cette sinistre réputation qu'on lui collait ; en outre, il partait du principe que disposer d'une envergure intimidante, c'était le meilleur moyen de pousser les Vilains à la panique, et donc à l'erreur, en cas de rencontre fortuite. Les Rose-à-Cinq l'avaient prouvé ; alors qu'ils étaient en surnombre, ils s'étaient laissés prendre par surprise, puis s'étaient désolidarisés les uns des autres. Certes, ils n'étaient guère plus que des petites frappes, et, à ce titre, Alban n'avait pas pris de grands risques en s'attaquant à eux... mais s'ils avaient choisi d'œuvrer de concert, ils auraient peut-être pu réussir à lui fausser compagnie.

-Faut dire que j'ai pas eu un parcours très académique non plus.


Il faisait partie des héros médaillés d'argent. Pas de cursus universitaire ni d'expédition sur Antiqua pour lui ; juste la volonté de mettre ses capacités au service de la communauté francienne, quitte à se mettre en danger pour ce faire. Un souhait plus désintéressé et pacifique qu'on ne voulait bien le croire parfois, car même s'il vivait de sa situation de héros, il ne croulait pas sous les richesses et le faste de certains héros mieux cotés.

-Je peux te poser une question ? Pourquoi t'as choisi d'intervenir, aujourd'hui ? l'interrogea-t-il sans même lui laisser le temps de répondre à sa première question.


Il était curieux ; vraiment curieux. D'une part parce qu'il était rare, depuis l'émergence des pouvoirs, que des citoyens choisissent de sortir de l'anonymat pour tenter de braver les méfaits de criminels, et d'autre part parce qu'elle n'avait effectivement pas le profil des habitants moyens de Saint-Maisigny. En attendant l'arrivée des policiers, donc, il cherchait à en apprendre davantage au sujet de cette demoiselle pas si ordinaire...
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mar 5 Déc 2023 - 22:28
— Tu peux te rassurer, dit Alban. Mon partenaire a dû appeler les forces de l’ordre, depuis le temps. Ils devraient plus trop tarder à arriver, ils pourront prendre le relai.

— Ton partenaire ? répéta Violette, surprise. J’ai vu personne d’autre.

Elle regarda autour d’elle, sans trop savoir ce qu’elle s’attendait à trouver. Elle avait beau fouiller dans sa mémoire, elle n’arrivait pas à se rappeler si les articles sur l’Étrangleur mentionnaient un partenaire. En tout cas, elle était curieuse : de quel genre de partenaire pouvait bien avoir besoin un type capable de maîtriser sans ciller cinq gredins rien qu’avec ses phalanges et quelques cordes ? Allez, techniquement, quatre gredins, vu que le cinquième faisait actuellement la sieste sur l’asphalte.

Violette lui lança un coup d’œil inquiet. Son premier instinct était de le mettre sur le dos pour voir s’il allait bien, mais il lui semblait avoir lu quelque part qu’il ne fallait surtout, surtout pas faire ça. Il n’avait pas l’air de saigner en tout cas. C’était plutôt bon signe, non ? Vivement que les secours arrivent pour en avoir le cœur net.

En écoutant Alban lui raconter l’origine de son surnom, elle se rendit compte qu’il lui restait pas mal de lacunes au sujet du monde des héros. Elle pensait que les héros choisissaient leur propre nom, ou bien qu’il y avait un genre de service marketing pour ça. Mais il fallait croire que parfois, le surnom s’imposait par la force des choses. Violette grimaça. Elle espérait que personne ne se mettrait à l’appeler « la Salière filante » ou un truc du genre.

— Je peux te poser une question ? demanda Alban. Pourquoi t’as choisi d’intervenir, aujourd’hui ?

C’est vrai, ça, pourquoi ? Penser à son surnom, c’était un peu griller les étapes, après sa prestation du jour. La colère et l’humiliation qu’elle avait ressenties plus tôt ramenèrent leur fraise à nouveau. Elle s’était complètement ridiculisée, et pour rien du tout, si Alban n’était pas intervenu.

Pour autant, la réponse était évidente. Et ça, elle n’en avait pas honte.

—Je savais pas qui c’était. Je voulais juste les empêcher d’embêter la gamine.

Elle haussa les épaules. Ça n’allait pas plus loin que ça. Si elle avait su avant d’entrer que les cinq zigotos n’étaient pas de simples chanteurs, elle s’y serait peut-être pris différemment – mais elle y serait allée quand même.

Elle leva les yeux vers Alban.

— En parlant de ça, tu sais si elle va bien ?

Sans doute que oui. Si elle n’était plus là, c’est qu’elle avait dû fuir avec les autres clients du restaurant. Pour autant, Violette aurait été rassurée de savoir qu’elle était saine et sauve avec ses parents.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Ven 8 Déc 2023 - 9:00

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

L'Étrangleur.


-Tu le trouveras pas ici, répondit-il au sujet de son partenaire. Il dirait qu'il est du genre pudique. Je dirais qu'il est du genre lâche. Mais il m'aide bien, donc, je le garde.


L'ironie était latente, bien sûr ; force était d'admettre que la relation singulière qu'Alban entretenait avec son dit partenaire était assez complémentaire. Il n'avait pas besoin de s'encombrer d'un collègue sur le terrain... juste d'un petit peu mieux préparer ses coups, de pallier la moindre éventualité susceptible d'engendrer des débouchées désagréables. C'était cela, son rôle. Cela, et un petit peu plus...
Toujours fut-il que le sujet fut promptement évacué, dans la mesure où il apparaissait évident qu'il ne serait pas présenté à Violette ce jour-là, en tout cas pas au beau milieu de ce restaurant huppé. Alors que les sirènes commençaient à résonner dans le lointain, à se répondre dans un concert de plus en plus assourdissant, l'Étrangleur étendit la réponse de la demoiselle à sa propre question. Il l'observa en silence, se terrant dans ses pensées avant d'acquiescer sobrement, faiblement. De l'altruisme désintéressé, au beau milieu de Saint-Maisigny, et sans que cela ne soit lié à un acte purement héroïque ? Il fallait qu'elle garde cette qualité-ci, à tout prix ; ou bien qu'elle devienne héroïne sans plus tarder, afin d'éviter de se confondre avec le commun des mortels. Cette ville n'était pas exactement un exemple de solidarité.
Restait qu'elle semblait infiniment moins intéressée par son propre sens du devoir que par la sécurité de la gamine en vertu de laquelle elle avait souhaité intervenir ; encore une fois légèrement décontenancé, Alban arqua un sourcil avant de répondre en esquissant un sourire plein de mordant.

-Une gamine que ses parents emmènent manger à "Chez l'Abbé Charles" alors qu'elle devrait tout juste avoir droit à un réfectoire dégueu et plus bruyant qu'une salle de concert ? M'est avis qu'elle va mieux que toi et moi combinés, à l'heure qu'il est.


Il n'était pas du genre à se faire un fervent combattant de la cause ouvrière, mais il n'était pas non plus du genre à nier qu'une vie de confort permettait toujours plus facilement d'encaisser ce type de contrariétés minimes. Combien de pauvres hères devaient, en plus d'endurer des conditions de vie pitoyables, faire face à des actes d'une cruauté évidente ? Cette gamine avait la chance de vivre du bon côté de leur société ; elle n'aurait qu'à se battre maigrement pour y demeurer, et pour éviter que qui que ce soit ne lui nuise trop.
Ce qui ne serait pas une mince affaire, certes, mais qui, là encore, poussait Alban à considérer qu'il n'était pas pertinent de trop se soucier de son avenir.

-Je vais avoir quelqu'un à te faire rencontrer, je crois, finit-il par annoncer tandis que les forces de l'ordre investissaient enfin les lieux, armes aux poings. Viens, suis-moi.


Ses cordes se desserrèrent soudain, rendant aux quintet de mélomanes un semblant de liberté avant que les flics ne commencent à leur tomber dessus de tout leurs poids ; encore inanimés, les garnements n'eurent pas l'ombre d'une chance, et furent promptement menottés, bâillonnés, embarqués. Le cinquième, dont le crâne avait été heurté par la salière volante de Violette, ne fut ausculté qu'une poignée de secondes durant. On sembla bien rapidement considérer que son état ne nécessitait pas d'inquiétudes particulières, et il suivit le reste de ses petits camarades ; l'Étrangleur, qui fit signe à la jeune femme de le suivre jusqu'à l'extérieur du bistrot, ignora magistralement les policiers qui, à son passage, se fendirent de saluts aussi enthousiastes qu'admiratifs. Il s'attela plutôt à replier les cordes qu'il avait déployées jusqu'à l'intérieur de ses gants massifs ; puis, une fois à l'extérieur, un peu à l'écart du tapage qui commençait à attirer bon nombre de badauds, il fit volte-face pour planter son regard dans celui de la demoiselle.

-Mais, avant de passer à la suite, je vais avoir une petite question à te poser. Tu as un pouvoir, pas vrai ? De quoi est-ce qu'il s'agit ?


Son regard ne riait plus : il était attentif, acéré, prêt à saisir le moindre détail et la moindre anomalie pour les décrypter avec assiduité. Il ne pensait pas une seule seconde qu'elle avait pu se défaire de cet insupportable chanteur sans faire appel à de tels talents, c'était l'évidence même ; restait qu'il avait besoin de savoir ce dont elle était exactement capable avant de passer à la suite.

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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Sam 9 Déc 2023 - 0:00
Fidèle à son surnom, l’Étrangleur étouffa tout espoir que Violette nourrissait au sujet de son partenaire. Elle ravala sa déception. Apercevoir un héros comme ça, au hasard, lors d’une de ses premières virées en ville, c’était déjà un sacré coup de pot ; deux héros, fallait pas trop en demander. Violette n’insista donc pas sur le sujet. Cela ne l’empêcherait pas de rester curieuse et de garder l’œil ouvert au cas où le partenaire mystère daignerait pointer le bout de son nez à un moment ou un autre.

Elle s’assit – ou plutôt se laissa tomber comme un sac de patates – dans l’embrasure de la porte. Toute cette agitation l’avait fatiguée en plus de lui donner faim ; la cuisse de dinde n’avait pas suffi à la rassasier. Il y avait bien d’autres restes et quignons de pain étalés sur le sol du restaurant… mais Violette fit preuve d’une retenue remarquable en décidant de ne pas aller fouiner dans les assiettes renversées. Pas sous les yeux d’Alban, en tout cas.

Ce dernier lui expliqua qu’elle n’avait pas de souci à se faire pour la petite fille agressée par le quintet fantasque. Violette laissa échapper un petit rire.

— Tu dois avoir raison. Mais c’est pas cool pour autant de se faire crier dessus par un type deux fois plus grand que soi.

Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Assez de s’inquiéter pour rien. La gamine allait bien et la situation était sous contrôle. Violette y avait même un peu contribué. Elle avait bien mérité un peu de repos.

Alban, lui, n’était manifestement pas de cet avis.

— Je vais avoir quelqu'un à te faire rencontrer, je crois. Viens, suis-moi.

Violette rouvrit les yeux, et alla même jusqu’à les écarquiller. Elle dut s’écarter pour laisser place à une marée de policiers qui commençait à se déverser dans le restaurant. Ce spectacle associé à la déclaration d’Alban la fit paniquer de manière tout à fait irrationnelle. Comment ça, « quelqu’un » ?! Un détective ? Pire, un gardien de prison ? Mais elle n’avait rien fait de mal ! À moins que… la salière… ?

Elle s’exécuta, la mort dans l’âme. Ce n’était pas comme si elle avait vraiment le choix. Elle avait vu de quoi l’Étrangleur était capable. Et puis, si elle devait répondre de ses crimes, elle ne se déroberait pas à son devoir. Elle espérait que sa famille comprendrait et lui rendrait visite de temps en temps.

Mais rien de tout ça. Les policiers étaient occupés à embarquer les malfaiteurs, prendre des photos de la scène du crime et redoubler de courbettes envers un Alban parfaitement inébranlable. Ils n’avaient clairement pas de temps à perdre avec une gamine paumée, et d’ailleurs, Alban l’emmenait dans la direction opposée du panier à salade si redouté.

Qui donc voulait-il lui présenter ? Il avait été clair sur le fait que son partenaire n’allait pas se montrer et une visite au commissariat ne semblait pas non plus faire partie de son avenir proche. Mais l’imagination de Violette n’allait malheureusement pas plus loin.

Son inquiétude, qui avait commencé à refluer, remonta en flèche lorsqu’Alban se retourna soudain vers elle pour lui poser une question.

Son pouvoir. Bien sûr. Son premier réflexe fut d’éluder la question : parler de ça ne lui avait attiré que des problèmes par le passé, et en plus de ça, il lui semblait avoir entendu dire que ce n’était pas forcément une bonne idée de crier ce genre de chose sur tous les toits.

Cela dit, contrarier un type au doux sobriquet de « l’Étrangleur » paraissait contestable, au mieux.

— Je suis… je peux me changer en pierre.

Violette leva une main pour illustrer son propos. De petites craquelures zébrèrent sa paume et une fine couche grise enveloppa ses doigts. Avec effort, elle referma le poing dans un petit bruit de frottement.

— Pas complètement, pas longtemps, et je le contrôle pas très bien, ajouta-t-elle, hésitante. Mais ça augmente aussi mon poids et ma force, donc… y a pas à se plaindre.

Elle laissa retomber sa main le long de son corps. La croûte minérale qui la recouvrait se désagrégea et tomba en poussière sur le trottoir. Violette retint son souffle. Qu’est-ce qu’il allait faire, maintenant qu’il savait ?
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 11 Déc 2023 - 11:01

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

L'Étrangleur.


Elle avait l'air très sincèrement portée sur l'empathie. C'était plutôt une bonne chose. Trop d'individus dotés de pouvoirs en venaient à oublier qu'ils partageaient la même humanité que les citoyens lambdas des pays de Moderna, lesquels étaient contraints de subir leurs frasques en serrant les dents et en ravalant leur orgueil. La frontière était fine, entre un travailleur honnête, exemplaire, et une victime en devenir... La justice avait encore bien de la peine à répondre aux nouvelles infractions commises par ceux qui ne se sentaient plus obligés de respecter autrui, ayant été bénis par des pouvoirs divers, à l'instar des Rose-à-Cinq ; et les policiers étaient encore plus démunis, quand ils ne pouvaient pas bénéficier du soutien des institutions héroïques qui fleurissaient encore çà et là. Dans un tel contexte, il était important que certains héros continuent à entretenir un modèle civique des plus vertueux. A sa manière, c'était ce qu'Alban essayait d'entreprendre... même si on avait promptement choisi de le dépeindre comme un vengeur, comme un redresseur de torts. Cela ne lui déplaisait pas, pas complètement, mais force était d'admettre qu'il était loin, très loin de l'image du parfait samaritain qu'il aurait aimé embrasser. Les jeunes générations avaient besoin de modèles... de vrais modèles. Pas de combattants aguerris, impitoyables, inébranlables.
L'espoir naissait de la bonté, pas de la brutalité. Pas même lorsque cette brutalité s'offrait éperdument à la justice, au maintien de l'ordre, au respect des règles élémentaires de toute société équitable.

-Eh beh... En voilà, un pouvoir utile. Plutôt stylé.


Il se fendit de ce simple commentaire, sans trop préciser le fil de sa pensée. Force était d'admettre qu'il demeurait laconique, envers et contre tout. Il ne s'était jamais senti une âme très professorale, et ne se voyait pas multiplier les critiques à l'égard du talent de Violette ; d'autres auraient, tôt ou tard, l'opportunité d'élaborer avec elle une analyse détaillée des forces et des faiblesses que lui conférait cette particularité hors normes. En attendant, son rôle à lui était tout autre ; il traversa la rue que barraient encore bon nombre de véhicules des forces de l'ordre, s'aventura dans une artère citadine adjacente, progressa jusqu'à une voiture grise, usagée, sale et inconfortable qu'il ouvrit en tirant de l'une de ses poches une clé abîmée.

-Désolé, ton premier voyage en voiture à Saint-Maisigny ne va pas être le plus confortable. Faudrait que j'en change... mais j'ai cette caisse depuis que je suis étudiant, alors j'ai fini par m'y attacher.


Il prit place côté conducteur, sans se donner la peine d'ouvrir la porte passager à Violette ; elle serait bien en mesure de l'ouvrir toute seule, puisqu'elle avait été en mesure d'assommer un vilain qui prenait la fuite à quelques mètres d'elle... Toujours fut-il qu'il s'octroya une paire de secondes avant de faire vrombir le moteur de son vieux bolide : il glissa dans son oreille gauche un écouteur relié à un kit mains-libres et composa un numéro sur son téléphone avant d'enfin mettre le véhicule en mouvements.

-Ouais, c'est moi. C'est bon, les flics les coffrent. Non, non. T'inquiètes. Hm, tu lui diras toi-même. Ah ouais ? Haha. Quel connard. Bon, j'aurai un peu de retard. Nan, rien d'important. Juste une gamine pas comme les autres. Pourquoi ? Tu veux la draguer ? T'as aucune chance, j'ai déjà commencé à te cracher dans le dos. Pffr, t'es con. Non, je vais juste faire un crochet, je suis là dans vingt minutes. Je vais pas rater ça. Ouais. Juste le temps de la déposer à l'Académie, et de voir Bastian. Qui ? Ah. Bon. A toute.


Il raccrocha, et balança son téléphone sans ménagement, sur la banquette arrière ; puis il jeta un regard en coin à Violette, avant d'éclaircir quelques points.

-Désolé, je préfère éviter que t'entendes sa voix. Pour le moment, moins t'en sais à son propos, mieux c'est. Il a pas mal d'ennemis. Comme moi... mais je sais me défendre. Pas lui. Ah, et on dit beaucoup de conneries, mais faut pas y prêter attention. On se connaît depuis pas mal de temps. Ça vient naturellement, du coup.


Il prit encore un peu de temps avant de renchérir, maintenant une conduite fluide, douce, relativement lente, et ne semblant pas se soucier du comportement parfois dangereux des autres conducteurs.

-Par contre, je t'emmène à l'Académie. C'est pas dit que tu y seras reçue en grandes pompes, mais... J'y connais un type sympa, qui pourra appuyer ta candidature, sûrement. Enfin, si tu y tiens. Mais faut quand même que tu le rencontres, vu ton pouvoir. Je m'en voudrais de te laisser passer à côté de ça. Sinon... Y a une autre solution, mais on en causera plus tard.


Il voulait déjà voir, a priori, comment elle réagirait en apprenant qu'elle allait avoir l'opportunité de s'inviter dans la prestigieuse université héroïque francienne. Était-ce une carrière qu'elle souhaitait embrasser ? Un doux rêve qu'elle se voyait enfin en mesure de concrétiser ? Ou une piste qu'elle n'avait jamais cherché à effleurer ? Des réponses à ces questions permettraient à Alban de se faire une idée encore plus précise de la personne qu'elle était. Ce ne serait qu'un début, certes... mais après son intervention spontanée au sein du restaurant, il doutait qu'elle puisse être dotée de mauvaises intentions.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mer 13 Déc 2023 - 17:30
« Plutôt stylé », qu’il avait dit. Violette se sentit rougir et rayonner comme une enfant qu’on félicitait pour son bulletin de notes. Il lui apparut que c’était la première fois que quelqu’un en disait du bien. À Alegría, les villageois l’avaient ostracisée pour ses capacités. Quant à ses parents, qui la soutenaient pourtant inconditionnellement, cela ne leur avait causé que des soucis. Et pour Violette elle-même, son pouvoir était une opportunité, mais qui n’avait pas que des bons côtés. Entendre l’Étrangleur la complimenter à ce sujet – même en des termes pourtant assez neutres – était une expérience étrange, mais pas désagréable.

En attendant, elle ne savait toujours pas où il la menait. Elle le suivit docilement à travers la rue encombrée de véhicules de police puis dans une rue attenante, pas fâchée de s’éloigner des gyrophares éblouissants et des sirènes assourdissantes.

Lorsqu’elle le vit s’approcher d’une voiture sagement garée loin de la cohue, cependant, elle marqua un temps d’arrêt.
Est-ce que c’était bien raisonnable ? Tous les parents du monde, depuis l’aube des temps, disaient à leurs enfants de ne pas monter en voiture avec un inconnu. Quand Violette avait subi le même laïus, elle avait levé les yeux au ciel. Dans son village natal, il n’y avait pas beaucoup de voitures et encore moins d’inconnus. Et quand bien même, elle n’était pas assez idiote pour se laisser embobiner.

Elle secoua la tête. Elle n’était plus une enfant – ou presque plus – et devait pouvoir prendre ses propres décisions. Désolée, Papa, Maman. Ce n’était pas comme si Alban était n’importe quel type louche au coin de la rue, et puis elle pouvait se défendre. Enfin… contre un type louche au coin de la rue, elle aurait pu. Bref. L’important, c’était que si elle ne pouvait même pas faire confiance à un héros acclamé par l’opinion populaire, respecté par la police, et qui l’avait tirée d’un mauvais pas environ quinze minutes plus tôt, elle serait bien dans la mouise.

Violette prit place du côté passager et attacha sa ceinture. Comme la prise était un peu abîmée, elle dut s’y reprendre à deux fois. Puis elle attendit docilement qu’on lui adresse la parole.

Malgré elle, elle entendit toute la conversation téléphonique d’Alban. Elle feignit une toux assez peu naturelle quand il demanda à son partenaire mystère s’il voulait la draguer. Tout de même ! Elle n’était peut-être plus une enfant, mais elle était techniquement mineure pendant encore une poignée de mois. Décidément, en Ibéria comme en Francie, les hommes avaient les mêmes travers.

— Pas de souci, marmonna-t-elle quand Alban lui précisa qu’il ne voulait pas qu’elle entende la voix de l’individu à l’autre bout du fil – et aussi qu’elle ne devait pas faire attention à leurs bêtises. Plus facile à dire qu’à faire.

Lorsqu’Alban mentionna l’Académie, les oreilles de Violette se dressèrent. Oh. Elle n’avait pas prévu d’y mettre les pieds aujourd’hui, mais ça lui faciliterait incontestablement la tâche.

— C’est vrai que je devais m’inscrire ! s’exclama-t-elle. Enfin, j’ai commencé les démarches, mais c’est super compliqué et j’ai dû oublier plusieurs papiers… Quand t’es pas d’ici, ils te facilitent pas la tâche.

Elle leva un regard curieux sur le profil stoïque d’Alban.

— C’est lui, Bastian ? Le type de l’académie ? S’il peut m’aider à rentrer en cours d’année, ce serait super sympa, ouais.

Il mentionna aussi « une autre solution ». Oui, mais laquelle ? Sa famille était venue spécifiquement en Francie parce que Violette avait besoin d’apprendre à contrôler et exploiter son pouvoir et que l’inscription à l’académie d’Ibéria semblait compromise. Est-ce qu’il y avait d’autres moyens de maîtriser ses capacités ? Elle ne pourrait pas s’en sortir éternellement en balançant des salières sur les gens. D’ailleurs, son épaule la lançait. Elle essaya de la bouger un peu, l’air de rien, et grimaça quand la douleur redoubla.

— T’y as jamais été, toi, si ? demanda-t-elle à Alban entre deux vrombissements de moteur. Tu disais que t’avais pas eu un parcours très académique…

Quoiqu’il ait vécu avant de devenir l’Étrangleur, c’était peut-être là que se trouvait sa « solution ». Violette ne pouvait pas nier une certaine curiosité. Mais une chose à la fois : d’abord, voir si ce fameux Bastian pouvait l’aider. Ensuite… on verrait bien.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Jeu 14 Déc 2023 - 16:56

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

L'Étrangleur.


-Ah, ouais... La paperasse... Bon, je retiens que ça t'arrange bien, du coup, que je te conduise jusque là-bas. Tant mieux.


A priori, Alban ne portait pas les formalités administratives dans son cœur... Mais ce fait-là, plutôt qu'inattendu, devait être plutôt convenu, compte tenu de son profil atypiquement sportif. Il était du genre à cogner plutôt qu'à réfléchir -même si l'un et l'autre n'étaient pas complètement incompatibles-, et il délaissait bien volontiers les responsabilités les plus ennuyantes à ses divers partenaires... voire à sa poubelle, lorsque c'était envisageable. Son dernier rendez-vous chez le dentiste datait un peu ; ses factures d'électricité, il les payait sans franchement prendre la peine de les consulter. Il était un citoyen modèle "par défaut", comme il aimait se qualifier de lui-même lorsqu'on le questionnait à ce sujet. Parce que ça l'agaçait d'être plus que cela, et parce qu'il n'avait pas envie de sortir de la douce voie qu'il avait arpenté depuis ses débuts. Le crime ne l'avait jamais attiré. Et même si son confort de vie aurait été infiniment plus bouleversé s'il avait choisi une voie moins vertueuse, il ne se voyait pas en dévier pour des motifs aussi tribaux.
Peut-être était-il trop stupide pour cela, en plus d'être trop paresseux pour apprécier la perspective de remplir une fiche de déclaration de revenus.
Un citoyen modèle "par défaut". Un héros "par défaut". Cool "par défaut".

-Le type de l'Académie ? Je dirais plutôt un type de l'Académie. Pas le plus important. Mais peut-être le plus chiant. Vaut mieux être dans ses petits papiers. Et... Je crois qu'il m'aime bien, dans le fond. Donc, si j'appuie ta candidature, y a peut-être moyen que ça se passe mieux pour toi que pour les autres. Sur le plan des papiers, en tout cas.


Pour le reste, cela échappait très largement à sa sphère d'influence... car, comme il s'apprêtait à l'avouer, l'Étrangleur n'avait jamais pu cirer les bancs de l'université Marchais. Par chance... ou "par défaut", peut-être.

-Non. Jamais voulu. Ils la montaient quand j'ai commencé à casser les bouches des Vilains de Saint-Maisigny, et ils m'y ont invité. Ils voulaient que je fasse partie de la première génération de héros diplômés franciens, mais... Je vais pas dire que j'ai eu les miquettes, mais franchement, me barrer à l'autre bout du monde pour aller crever sur Antiqua, très peu pour moi. J'ai jamais aimé voyager. J'aime bien ce pays de merde, cette ville de merde. Je vois pas pourquoi j'en bougerais.


Il se gratta la tempe droite d'un air vaguement mélancolique. Ces temps reculés lui manquaient, parfois. Pas parce qu'ils étaient empreints d'une félicité ou d'un bonheur ineffables, loin de là ; il avait passé pas mal de jours à galérer, la faim au ventre, à se demander s'il allait enfin réussir à coffrer un brigand susceptible de lui rapporter un peu de célébrité, un peu d'argent, ou s'il allait se faire tabasser par un poisson trop gros pour lui... mais c'était envers et contre tout à cette période que l'Étrangleur était né. Il se souvenait de sa rencontre avec Bastian ; avec son partenaire actuel, aussi. Avec le temps, il s'était forgé une réputation... Et voilà qu'il escortait une gamine dans sa voiture pourrie ; dans le fond, le glow up n'était pas si impressionnant que ça.
Mais au moins, il pouvait commander une pizza sans se saigner.

-Et j'aime bien ma situation actuelle. Je suis libre. Si je veux raccrocher demain, je peux. Personne viendra me le reprocher. Ou alors, je leur dirai d'aller se faire foutre, parce que je me suis fait tout seul. Quelqu'un qui passe des mois, voire des années au sein d'une Académie, bah... J'irais pas jusqu'à dire qu'il est redevable auprès de qui que ce soit, mais ça va dans l'ordre des choses que de rendre service à son pays. C'est un peu le parcours logique. Mais si ça te plaît, tranquille. Ça reste le meilleur moyen de se former, et d'apprendre à se connaître, sur le plan héroïque. J'ai beaucoup progressé grâce à Bastian et aux autres, qui baignent dans cet environnement-là, donc ce serait pas très fairplay de cracher dans la soupe. Et... Ouais, ils sont compétents, faut l'admettre.


Toutes les académies valaient-elles Marchais ? Puisqu'il n'avait jamais jugé bon de les fréquenter, même rien que de loin, Alban ne se sentait pas pertinent sur cette question précise ; mais les résultats de l'Académie francienne parlaient pour elle. On disait à tout va que les diplômés qui en sortaient étaient pour l'essentiel mieux formés et mieux préparés à affronter Antiqua que les héros en herbe de bon nombre d'autres nations... Le hasard ne devait pas être complètement étranger à de telles statistiques, mais le talent des équipes accompagnantes non plus.

-On va pas tarder à arriver. C'est juste après, précisa-t-il en désignant du menton une artère proche.


A mesure que la route continuait à défiler sous les pneus de la vieille caisse d'Alban, Violette pourrait entrapercevoir la mer, de l'autre côté des gratte-ciels ; puis la détailler plus facilement, de même qu'un campus composé de bâtiments remis à neuf, d'infrastructures sportives diverses et variées, de parcs et d'avenues parsemés de bouches de métros, d'arrêts de bus, de tramways en tout genre. Il s'agissait, sans l'ombre d'un doute, de l'un des centres névralgiques de cette gigantesque cité, l'une des villes les plus attractives de Francie et, par extension, de tout Moderna... Un spectacle vertigineux pour quiconque n'en était pas coutumier.

-Putain, encore le voyant d'huile... Là, c'est sûr, jamais elle passe le contrôle technique.


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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Sam 16 Déc 2023 - 16:08
Violette écouta attentivement Alban parler de lui et de son parcours. Avant d’arriver à Saint-Maisigny, elle ne connaissait l’Étrangleur que confusément, un nom parmi d’autres à s’étaler en tête des articles de journaux ou en légende d’une photo montrant des malfaiteurs menottés après avoir rencontré une justice contondante. Des icônes lointaines, intouchables, pour inspirer et rassurer les masses. C’était la première fois qu’elle voyait l’un d’entre eux comme une personne, avec son histoire, ses préférences et ses bêtes noires. Et pas n’importe lequel, attention : le détenteur d’une médaille d’argent, excusez du peu, même si là dans l’immédiat Violette ne se rappelait plus exactement ce que ça voulait dire. Mais ça devait être bien.

En tout cas, ça avait quelque chose de réconfortant de se dire que derrière la personnalité publique, il y avait quelqu’un de finalement plutôt normal, qui vivait sa vie et conduisait une voiture un peu crado.

Malgré tout, quelque chose dans son discours interpella Violette.

— Franchement, me barrer à l'autre bout du monde pour aller crever sur Antiqua, très peu pour moi.

Ça aussi, c’était quelque chose de nébuleux dans son esprit. Elle était vaguement consciente que si elle s’inscrivait à Marchais, il y aurait un moment où on lui demanderait de traverser l’océan pour aller risquer sa vie sur un autre continent. Elle s’était toujours dit qu’elle aurait le temps d’y réfléchir plus tard. Est-ce que « plus tard », c’était maintenant ? Son seul objectif pour le moment, c’était d’aller à l’école, apprendre à maîtriser ses capacités, devenir plus forte et, avec un peu de chance, éviter de perdre complètement sa mobilité avant ses vingt ans. Alors aller sur Antiqua… c’était assez bas sur sa liste de priorités. Elle pouvait comprendre les réserves d’Alban.

Mais il y avait quand même une différence majeure entre elle et lui.

— T’as de la chance d’aimer ton pays. Le mien, il voulait pas de moi. Alors, un voyage de plus ou de moins…

Ouais. Rien que pour satisfaire sa curiosité, elle voulait bien aller sur Antiqua. De là à y risquer sa vie…

… elle aurait le temps d’y réfléchir plus tard.

Elle posa le front contre la fenêtre. À mesure que la carcasse déglinguée qu’Alban appelait une voiture approchait de l’académie, le cœur de Violette tambourinait de plus en plus fort dans sa poitrine.  Toutes ces considérations ne serviraient à rien si on refusait son dossier d’inscription. Malgré elle, elle passait en revue la multitude de prétextes plus ou moins solides qu’on pourrait utiliser pour la renvoyer à grands coups de pieds dans le derrière. Elle n’était pas francienne, son éducation laissait à désirer, il n’y avait plus de place dans les classes, l’année était déjà commencée… Mais avec l’aide de ce fameux Bastian, ça allait être bon, non ? Elle allait pouvoir rentrer à l’académie ?

— J’ai pas de papiers sur moi, par contre, remarqua-t-elle à voix haute. J’espère qu’ils ont pas encore balancé mon dossier.

Les bâtiments de l’académie se profilaient de l’autre côté de la vitre. Comme à chaque fois qu’elle assistait Violette ne tenait plus en place. À l’instant où Alban allait garer son tacot (de préférence avant qu’il ne se désagrège totalement), elle bondirait de son siège pour courir sur le campus. Puis, quand elle se rappellerait qu’elle ne savait pas du tout où trouver Bastian, elle reviendrait, penaude, pour laisser Alban la guider.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 18 Déc 2023 - 10:56

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

L'Étrangleur.


-T'es pas francienne ?


Il formula cette question concise avec un ton naturel, relativement détaché, mais néanmoins sincèrement étonné. Ce n'était pas commun de croiser des individus étrangers prompts à se mettre au service d'une nation au sein de laquelle ils n'avaient pas vu le jour. Peut-être avait-elle passé de nombreuses années sur le territoire francien... En tout cas, elle semblait cultiver un ressentiment certain à l'endroit de son pays d'origine ; et puisqu'il sentit que ce sujet devait s'avérer épineux du point de vue de la demoiselle, Alban veilla précautionneusement à ne pas l'aborder plus avant. Il considérait, dans le fond, que la question des origines de cette jeune femme ne le regardait pas. C'était l'état major francien qui, sans doute, tiquerait à l'idée d'inculquer le savoir héroïque de la patrie à une gamine née ailleurs, au sein des frontières d'un pays potentiellement rival... Ce n'était pas son rôle, à lui, de prendre à son compte de tels questionnements, de s'interroger sur les risques que tout cela ne soit, dans le fond, ni plus ni moins qu'une grossière opération d'espionnage.
D'un autre côté, il y avait un fait indéniable qu'il ne parvenait pas à s'extraire de l'esprit.

-Bastian risque de t'être indispensable, dans ce cas.


Elle aurait besoin de cautions. De garants. Si elle devait montrer patte blanche, il lui faudrait pouvoir compter sur des témoins susceptibles d'assurer qu'elle agissait avec un cœur digne de celui des héros. Alban pourrait bien préciser, si on lui en posait la question, qu'elle s'était élevée spontanément pour prendre la défense des innocents, dans cette auberge proprette où les voix entêtantes s'affairaient à dépouiller toutes ces bonnes âmes de leurs goldcoins... Mais il n'était pas convaincu qu'on attacherait une grande importance à ce fait. Parce qu'il n'était, dans le fond, qu'un héros d'argent ; parce qu'il avait manqué sa chance de s'impliquer davantage au sein de la politique héroïque francienne quand on lui en avait donné l'opportunité.
Quand Violette lui signifia qu'elle n'avait avec elle aucun papier, il esquissa un sourire ironique ; elle n'imaginait pas à quel point cette précaution aurait été superflue.

-T'en fais pas pour ça. Bastian aura tout ce que tu lui as donné. Sans doute plus encore, ajouta-t-il dans un murmure blasé.


Il la laissa prendre les devants, lorsqu'il parvint à trouver une petite place pour garer sa vieille auto ; puis il attendit qu'elle revienne auprès de lui, non sans apprécier son enthousiasme débordant. Il avait rencontré finalement assez peu d'étudiants de Marchais, depuis qu'il était officiellement devenu l'Étrangleur, mais il imaginait qu'ils n'étaient pas nombreux à éprouver un tel engouement à l'idée de faire leurs premiers pas dans un milieu à la réputation aussi sordide... Combien d'entre eux devaient se prendre pour des soldats en devenir, s'attacher à faire montre d'un pragmatisme outrancier, rebutant, comme pour prouver qu'ils disposaient de toute la maturité dont ils se figuraient qu'un héros avait besoin ? Le sang-froid était une vertu, certes ; le pessimisme, nettement moins. Encore une fois, par des détails, Violette réussissait à lui donner l'impression qu'elle était faite pour étudier ici ; restait à savoir si cela pourrait se concrétiser, ou si cela ne dépasserait jamais le stade du doux rêve...

-Suis-moi.


Il prit la direction d'une bâtisse aux allures rigoureuses ; il s'invita dans un hall déserté, contourna le bureau qu'un secrétaire assoupi occupait, lui décerna tout juste un hochement de la tête. Le fonctionnaire répondit avec rigidité, sans pour autant donner l'impression qu'il se souciait vraiment de l'identité de celui qui passait à côté de lui ; il devait en voir passer des paquets, des héros aux réputations sulfureuses... Finalement, après avoir gravi une volée de marches en pierres et bifurqué dans deux couloirs différents, Alban se planta devant une porte en bois finement ouvragée, sur laquelle avait été planté une plaque dorée. Une inscription courrait sur sa surface étincelante : "Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais".

-Si je devais avoir un conseil à te donner... Bah, sois-toi même.


Il se fendit de cette simple recommandation, relativement évasive, avant de toquer à la porte devant laquelle il s'était planté. Une voix masculine, ferme, provint de l'autre côté du bois, en les conviant à entrer ; il le fit, laissant à Violette le loisir de le suivre avant de refermer derrière eux.
La jeune femme aurait le loisir de pénétrer dans un bureau propre, sobre, aux accents plutôt modernes. Le bureau en ébène, les étagères qui présentaient des angles anguleux, le miroir suspendu dans un coin de la pièce, les trois fenêtres qui conféraient à ce lieu en hauteur un visuel imprenable sur la quasi-totalité du campus, tout cela donnait l'impression qu'on avait avant toute autre chose pensé à maximiser l'efficience des lieux, à la privilégier sur l'harmonie visuelle que dégageait cette ensemble rigoureux, spartiate. Seul un lustre fixé au plafond, qui devait resplendir lorsqu'on jugeait bon de l'allumer, permettait à ce lieu sévère de se dérider un peu ; ce lustre, et l'individu qui, assis derrière son bureau, découpa les silhouettes d'Alban et de Violette de son regard acéré.

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais.


-Alban, constata-t-il avec détachement. Je n'imaginais pas que tu aurais le mauvais goût de me visiter sans me prévenir au préalable.
-Déso.


L'excuse prononcée avec désintérêt laissa à entendre qu'elle n'était pas sincère ; Bastian ne s'en formalisa guère, sans doute d'ores et déjà conscient de la nature désinvolte de son vieil ami, et préféra plutôt lorgner sur la demoiselle qui l'accompagnait. Scrutateur, il la passa en revue subrepticement, de pied en cap, avant de quitter son fauteuil pour accueillir ses visiteurs plus dignement. Après une poignée de main sèche et énergique échangée avec Alban, il se tourna donc en direction de Violette, vers laquelle il tendit sa paume droite.
Cela conférerait sans doute à la demoiselle l'opportunité de le dévisager un peu plus précisément. Elle pourrait, si elle était assez analytique pour ce faire, constater que les boucles d'oreilles qui encadraient son visage d'éphèbe représentaient des pointes de stylos plumes ; elle constaterait que son rouge à lèvres bleu était non seulement assorti à son bandana, mais aussi et surtout à l'iris de ses yeux, électrique. Elle remarquerait, enfin, qu'il était à peine plus grand que l'autre héros ; sans doute haut d'un bon mètre quatre-vingt, ou d'un chouïa plus. Il conservait une silhouette athlétique, en dépit de sa carrière de gratte-papiers prestigieux...

-Bonjour, Violette. Je suis Bastian Scherer, le Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais. Enchanté.


En un mot comme en mille : Alban venait, en toute détente, de l'expédier droit dans le bureau de l'une des personnes les plus influentes de la politique héroïque francienne.
Et, les mains dans les poches, l'air assoupi, il se contentait dorénavant de balader sur eux son regard apathique, comme s'il était d'ores et déjà étranger à tout ce qui se passait devant lui.
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Violette Valenza
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Ven 22 Déc 2023 - 18:12
— T’es pas francienne ?

Violette se mordit la lèvre en entendant la surprise dans la voix d’Alban. Oups. On l’avait prévenue, mais elle avait tendance à oublier que son cas avait de quoi faire hausser les sourcils. En tant qu’Ibérienne de naissance, son inscription à Marchais était loin d’être une garantie. Peut-être qu’elle aurait mieux fait de la fermer pour une fois ? Comme si ça pouvait l’aider. Même si elle avait caché la vérité à Alban, les types de l’académie auraient sans doute des questions à lui poser et elle n’allait pas s’en sortir avec un simple « t’inquiète ». Et puis même, ça ne pouvait que lui attirer des ennuis à l’avenir. Alors autant jouer cartes sur table.

— Non, enfin si, enfin… un peu. Ma grand-mère paternelle est d’ici. Ma mère est complètement ibérienne par contre, et j’ai été élevée là-bas. Avec les chèvres.

Les chèvres étaient sans doute superflues pour le dossier d’inscription mais Violette jugeait que c’était important de le préciser.

— Bastian risque de t’être indispensable, dans ce cas.
— Ouais… c’est si compliqué que ça, hein ?
répondit Violette avec un rire désabusé.

L’effigie mentale de Bastian qu’elle se construisait au fil de la discussion ne cessait de gagner en importance. Bastian, le héros de l’administration. Celui qui, d’un revers de papier et d’une signature bien placée, pourrait lui ouvrir toutes les portes. Son dernier espoir, sans qui elle n’aurait d’autre choix que de retourner dans les montagnes ibériennes, sous le joug de son grand-père obscurantiste.

Je compte sur toi, type mystérieux de l’académie.

Ayant échoué sur toute la ligne à déterminer lequel des nombreux bâtiments du campus abritait son objectif, elle lâcha un soupir de soulagement quand Alban la prit en pitié et l’invita à le suivre. Il la mena vers un bâtiment plutôt austère (c’était genre le quatrième choix de Violette), devant un secrétariat guère plus engageant et jusque devant une porte ornée de ce nom tant attendu. « Bastian Scherer ». Elle plissa les yeux sur le titre inscrit en dessous – puis les écarquilla et les leva sur Alban.

— Le directeur adjoint ?! Rien que ça ?
— Si je devais avoir un conseil à te donner... Bah, sois-toi même.


Violette grimaça. Est-ce qu’il se rendait compte de ce qu’il était en train de demander ? « Elle-même », c’était une gamine maladroite qui savait mieux traire une chèvre qu’aligner deux mots devant un directeur adjoint. Rien à voir avec une élève modèle qui méritait qu’on lui donne une chance malgré ses origines. D’un autre côté… elle ne savait pas être quelqu’un d’autre qu’elle-même.

Elle suivit Alban dans le bureau, le cœur battant. Et se retrouva enfin face à Bastian Scherer.

L’effigie dans sa tête avait enfin un visage, et il ne ressemblait à aucun de ceux qu’elle avait élaborés. Pas de vieux directeur sec et austère ; pas de bureaucrate à grosses lunettes. Juste un jeune homme dynamique, avec une tenue particulièrement sophistiquée. Violette ne put s’empêcher de le dévisager, bouche bée. Elle n’avait jamais vu d’homme comme ça à Alegría ; même parmi les citoyens de Saint-Maisigny, dont les dîneurs à l’Abbé Charles, il aurait fait sensation. Son maquillage éclatant et ses bijoux scintillants, ainsi que sa coiffure soignée, témoignaient du soin qu’il accordait à son apparence. Un contraste assez net avec l’air négligé d’Alban et son tacot dont les roues tenaient à peine sur leurs essieux… ou avec le style de Violette elle-même, habillée comme si sa penderie lui était tombée dessus ce matin. Elle réajusta nerveusement sa chemise.

— Bonjour, Violette. Je suis Bastian Scherer, le Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais. Enchanté.

Il s’était adressé à elle sur un ton calme et détaché, aucunement perturbé par l’irruption soudaine de ces deux énergumènes dont la seule présence suffisait à faire chuter en flèche l’élégance sobre de son bureau.

Violette déglutit et, droite comme un I, lui saisit un peu trop brusquement la main.

— B-Bonjour. Violette Valenza. Comment tu…

Elle toussa et se reprit. S’il lui avait paru naturel de tutoyer Alban, les bribes de conventions sociales qui survivaient dans sa cervelle lui indiquaient que c’était plutôt une situation où sortir le « vous ».

— … comment vous connaissez mon nom ?

Est-ce qu’Alban lui avait envoyé discrètement ? Après tout, il n’avait pas prévenu qu’il arrivait, ni présenté la jeune fille qu’il venait de jeter aux loups. Ou quand Alban avait dit que Bastian aurait sans doute son dossier… est-ce que ça voulait dire qu’il connaissait par cœur le moindre détail concernant chaque élève de l’académie, y compris ceux qui n’avaient pas encore terminé leur inscription ? Violette sentit ses battements de cœur redoubler d’intensité.

Tel était donc le pouvoir de l’administration.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 25 Déc 2023 - 11:33

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais, et Alban, L'Étrangleur.


Leurs premiers échanges, de nature relativement laborieuse, semblèrent amuser Alban au plus haut point, lequel se contenta d'esquisser un sourire pudique et parvint à se retenir de rire aux éclats. Quel plus gros décalage pouvait exister entre deux êtres que celui qui séparait actuellement Violette et Bastian ? Elle était brute, maladroite, pleine de bonne volonté mais sans doute un peu trop naïve, trop inexpérimentée pour le grand bain au sein duquel elle prétendait plonger ; lui était plus polissé, plus complexe, plus excentrique mais non moins rigoureux, sévère, tranchant. Elle n'attendait que d'être éprouvé par un système qu'il côtoyait quotidiennement, au sein duquel il parvenait à exceller là où tant d'autres jetaient l'éponge, mois après mois... Elle deviendrait peut-être, à force d'efforts, d'investissement, sinon d'acharnement, à se rapprocher de lui.
Au moins un peu.

-Je serais un bien piètre Directeur-Adjoint si je ne percevais pas mon rôle avec le plus grand des sérieux, répliqua-t-il d'un air sentencieux. Je suis attaché à la gestion des dossiers des élèves de la filière héroïque francienne. La moindre des choses, c'est que j'apprenne à les connaître. Tous. Même ceux qui ne me connaissent pas. Même ceux qui ne me connaîtront jamais.


Voilà pourquoi Alban l'avait présenté comme un type influent. Beaucoup de sujets étaient susceptibles d'occuper la journée d'un Directeur d'Académie ; les officiels et les politiciens de toutes natures lui tournaient autour continuellement, les professeurs pouvaient lui porter des revendications de natures diverses et variées, les médias s'intéressaient de près aux résultats que l'institution qu'il dirigeait parvenait à obtenir, la BOIH veillait à suivre d'encore plus près la qualité de la formation qu'on assurait à ceux qui finiraient, à n'en pas douter, par officier au sein de ses rangs... L'armée elle-même pouvait être tentée de glisser son nez dans les affaires de l'Académie Marchais.
Raison pour laquelle les domaines moins régaliens, plus triviaux, étaient régulièrement délégués à des individus de confiance, dans le coin. Et c'était à Alban qu'avait fini par échoir le devoir oppressant de veiller à la bonne intégration des élèves, à la qualité des demandes d'inscription, à la crédibilité des profils que l'Université choisissait de former.
Il était l'omega et l'alpha de la formation des héros franciens. Et même si bon nombre d'entre eux n'étaient jamais amenés à le fréquenter, lui les connaissait tous, sur le bout des doigts. De leur naissance à leur mort, pour un certain nombre d'entre eux.

Alors il connaissait, bien sûr, la jeune femme au profil atypique qui avait choisi, en étant pourtant originaire d'Iberia, de postuler à l'Académie Marchais.
Elle n'était pas la première, ne serait pas la dernière. Cela ne représentait pas un obstacle insurmontable, en soi : plusieurs métisses jouissaient actuellement de la formation francienne au sein de l'Académie Marchais. Mais c'était un élément délicat, sur lequel les autorités veillaient à braquer leur regard intransigeant.
Quel pire fiasco pourrait survenir que celui de former un héros susceptible, ensuite, de retourner sa veste ? Outre une perte de temps et d'énergie considérable, cela pourrait ultimement avoir des retombées plus dramatiques, si la trahison devait survenir au moment charnière d'une mission d'envergure ; et cela sans même parler de la fuite des informations que ce revirement de situation pourrait engendrer...

Ils n'étaient pas en guerre avec les autres nations de Moderna, certes ; mais cette paix était fébrile, et les tensions qui s'exprimaient autorisaient très régulièrement ce genre de petites crasses.

-C'est... un peu cavalier de venir à ma rencontre, dans mon bureau, alors qu'aucune réponse ne t'a encore été envoyée. Mais je passerai l'éponge, en considérant que cela aura davantage été l'idée d'Alban que la tienne, observa Bastian en prenant appui sur son bureau, les bras croisés, la mine songeuse.
-Je plaide coupable, votre honneur, ironisa le héros d'argent.
-Au contraire, cela pourra me permettre de clarifier un certain nombre de points. Mais avant que l'on commence à évoquer tous ces épineux problèmes plus frontalement... Es-tu à l'aise avec l'idée d'entretenir une conversation potentiellement intime devant Alban ? Je peux lui demander de quitter la pièce instamment, si telle est ta préférence.
-Eh beh super.


Outre ces grommellements prononcés avec un rictus amer, comme s'il n'appréciait pas l'idée d'être foutu à la porte alors qu'il s'était donné bien du mal à porter Violette jusqu'à ce bureau, Alban s'en tint au silence. Il souhaitait laisser à la demoiselle la possibilité de demeurer maîtresse de son destin ; même si, comme il le lui avait déjà signifié, l'université n'était pas la seule voie qu'il lui connaissait. Restait à savoir si elle voulait avant toute autre chose miser sur un parcours académique, classique... ou si elle était prête à privilégier sa curiosité.
Dans tous les cas, si elle admettait préférer entretenir une conversation à l'abri d'oreilles indiscrètes, Alban quitterait le bureau sans en prendre ombrage, et sans piper mot.

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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Jeu 28 Déc 2023 - 0:52
Bastian n’y allait pas par quatre chemins. En plus de la reprendre sur son observation un peu naïve, il n’avait pas perdu de temps pour pointer du doigt l’incongruité de la situation. Le message était clair : il allait l’écouter, il allait être juste avec elle, mais il allait aussi être impartial et sévère. Au moindre faux pas, le dossier de Violette serait catapulté au mieux tout au bout de la file d’attente, au pire en orbite. Elle n’aurait plus qu’à retenter sa chance en Iberia. Et cette fois, qu’importe le nombre de salière qu’elle balancerait sur des gens, il ne serait pas question d’attendrir un gardien aussi rigoureux que Bastian Scherer.

Violette comprit alors qu’elle allait devoir recourir à une technique spéciale qu’elle n’avait jamais complètement maîtrisée : réfléchir avant d’ouvrir la bouche.

Lorsque Bastian lui demanda si elle acceptait de discuter devant Alban, elle résista donc à la réponse impulsive qui lui venait tout naturellement (un haussement d’épaules agrémenté d’un « m’en fous ») et prit le temps de considérer ses options. Elle jeta un coup d’œil à l’Étrangleur, qui réussissait actuellement l’exploit d’avoir l’air complètement avachi alors même qu’il se tenait debout. Sans le moindre doute, Violette se sentait plus d’affinités avec ce héros atypique qu’avec la créature d’autorité et d’institution qu’était Bastian. C’était aussi lui qui l’avait amenée dans cette situation, certes inconfortable, mais qui – elle le comprenait de plus en plus – était aussi une aubaine pour avoir une chance de mettre le pied un jour dans une salle de classe à Marchais. Malgré ses méthodes peu conventionnelles, une chose était maintenant sûre dans l’esprit de Violette : Alban ne lui voulait que du bien.

Elle soutint à nouveau le regard de Bastian, leva le menton et déclara avec le plus d’assurance possible :

— Si ça lui va, je préfère qu’il reste. Je lui dois bien ça.

Et puis la perspective d’être seule face au regard perçant de Bastian, surtout compte tenu du rapport de force vertigineux qui les séparait, ne l’enchantait guère. Mais ça, grâce à sa technique spéciale, elle se garda bien de le dire. Bastian n’aurait qu’à deviner cette info tout seul.

Elle sentait tout de même que c’était le moment de montrer sa motivation. Si elle voulait être acceptée à Marchais, étant donné les obstacles supplémentaires à surmonter par rapport à une gamine francienne quelconque, il fallait que Bastian soit conscient qu’elle ne venait pas là en touriste – et qu’elle avait vraiment quelque chose à apporter à Marchais.

— Puisque vous savez qui je suis, reprit-elle, vous savez que je suis ibérienne à la base. Vous devez vous méfier de moi. Mais moi, j’ai traversé la mer exprès pour venir ici, parce que c’est vraiment important pour moi. Si vous êtes pas convaincu, donnez-moi juste une chance de montrer ce que je sais faire. J’ai pas l’intention de la gaspiller.

Après sa tirade lâchée d’une traite, elle prit une profonde inspiration. Voilà. C’était un peu décousu mais elle avait dit ce qu’elle avait à dire. Et elle le pensait : quoiqu’il arrive, elle n’échouerait pas ici. Elle ne retournerait pas là-bas. C’était hors de question, tout simplement.

Le cœur battant, mais le regard féroce, elle se tint droite face à Bastian, prête à recevoir la sentence.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Lun 1 Jan 2024 - 14:37

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais, et Alban, L'Étrangleur.


-Soit, conclut Bastian en donnant gestuellement la permission à Alban de rester dans son bureau, d'un bref hochement de la tête.


Si telle était la volonté de Violette, il n'entendait pas aller à son encontre. Il ne savait pas précisément quelle était la nature de la relation unissant Alban à la demie-étrangère, mais il partait du principe que les deux héros ne devaient pas se connaître beaucoup. Dans le cas contraire, il allait sans dire que son vieil ami aurait insisté pour qu'il accepte la demande d'inscription de l'ibérienne sans plus attendre ; en l'occurrence, puisqu'il s'était contenté de l'introduire dans le bureau austère du pétulant Directeur-Adjoint sans chercher à revêtir des atours d'avocat, il était raisonnable de partir du principe qu'il ne voulait pas prendre le risque d'être potentiellement tenu responsable de son éventuelle intégration au sein de l'Académie Marchais. L'Étrangleur n'était pas un pleutre. Il ne pouvait pas craindre qu'elle soit susceptible de leur dresser un piège, à toutes et à tous... mais il demeurait un grand sceptique vis-à-vis de la nature humaine. Vis-à-vis des qualités des individus qu'il était amené à côtoyer.
Pour le peu que Bastian en savait, Alban pouvait toujours être en train de s'interroger quant à l'apparente qualité de Violette. Il était parfaitement envisageable, en somme, qu'il cherche à mettre à profit l'échange à venir pour la cerner davantage. Pour mieux comprendre de quel bois elle était faite.

Le Scherer retourna prendre place derrière son bureau tandis que la demoiselle entamait son plaidoyer en démontrant une certaine force de caractère. Bien. Elle ne semblait pas prompte à se laisser écraser par les enjeux. Ses mains n'avaient pas l'air moites, ses propos n'étaient pas balbutiants, son rythme cardiaque semblait stable. Un premier examen satisfaisant, donc ; s'il allait sans dire qu'elle aurait, comme tout un chacun, beaucoup de progrès à réaliser en matière de gestion de stress pour éviter de craquer en situation de haute tension, elle avait manifestement, à sa disposition, les ingrédients requis pour ne pas s'écraser lamentablement à cet égard. Le reste ne serait guère plus que du travail. Beaucoup de travail.

Mais elle manquait de jugeote.
C'était un premier bilan plus que cruel, bien sûr ; parce que Bastian ne lui avait pas encore donné l'opportunité de dévoiler toute l'étendue de sa psyché, parce qu'il se focalisait sur la qualité du premier argument déployé par la demoiselle, lors même qu'il n'avait pas encore commencé à lui poser de questions.
"Donnez-moi une chance, et je ne vous décevrai pas." C'était en substance ce qu'elle venait de lui dire. Et c'était une réponse médiocre aux risques qu'il était amené à combattre, en envisageant de l'intégrer à l'Académie.

Elle pouvait être une espionne. Elle pouvait être une incompétente. Elle pouvait être une ignorante. Dans ces trois situations, elle serait amené à le décevoir ; et cela n'aurait rien, strictement rien à voir avec la qualité de sa détermination.

La bonne nouvelle, c'était que les aspirants héros n'avaient pas tous besoin d'être dotés d'une lucidité hors-norme. Un certain nombre d'entre eux apprendraient à développer leur esprit critique pour toujours se mettre à la place de leurs interlocuteurs, pour anticiper les intérêts. Les autres devraient se contenter d'un rôle de second couteau, ne seraient jamais porteurs de responsabilités conséquentes, devraient simplement suivre les ordres qu'on leur balancerait au visage, incessamment.

Elle pouvait encore être l'une ou l'autre de ces deux voies.
Elle pouvait encore être recalée, même.

-Alors, commençons sans perdre plus de temps. Violette, tu nous viens d'Iberia, tu l'as dit toi-même, et tu as traversé la mer pour arriver jusqu'en Francie. Puis-je te demander pourquoi ?


Pas "pourquoi veux-tu devenir une héroïne ?". Pas "pourquoi crois-tu que l'Académie Marchais puisse vouloir de toi ?".
Purement et simplement "Pourquoi la Francie ?".
Et, par extension...
"Pourquoi pas l'Iberia ?"
C'était une question intrusive. Sans l'ombre d'un doute. Très personnelle, très intime. Mais Bastian savait qu'il n'aurait en aucun cas à la regretter, quelque puisse bien être la nature de la réponse qu'elle serait amenée à formuler. Parce que c'était, avant toute autre chose, ce qu'il lui fallait comprendre avant de prendre le risque d'intégrer une métisse à leur prestigieuse université héroïque.
Si elle se contentait d'une réponse évasive, si elle bottait en touche, si elle refusait en bloc d'aborder un sujet aussi personnel... Eh bien, il avait évidemment quelques autres interrogations à lui soumettre, mais il y avait fort à parier qu'elle ne réussirait pas à trouver grâce à ses yeux, à terme.
Dans le dos de la Valenza, Alban aussi demeura à l'affût. Bon nombre des questions que Bastian serait susceptible de formuler lui passeraient largement au-dessus de la tête... mais celle-ci l'intéressait très franchement.

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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mer 10 Jan 2024 - 16:39
Pourquoi ?

La volonté de Violette vacilla. Il y avait toute une flopée de réponses à cette question – mais le regard de Bastian, mesuré et calculateur, qui évaluait la moindre de ses actions, cherchait sans doute quelque chose de précis. Le cœur battant, elle passa en revue toutes les raisons qui avaient poussé sa famille à venir en Francie en laissant l’Iberia derrière elle.

Parce que les vieux d’Alegría auraient fait barrage à son inscription à Alcance.

Parce que Mamie Vivi avait accueilli sa famille avec bonheur à Saint-Maisigny même.

Parce que Violette avait vraiment besoin d’apprendre à maîtriser et développer ses pouvoirs avant qu’ils ne lui pourrissent complètement la vie.

Parce qu’elle avait envie de se rendre utile, de quelque manière que ce soit.

Parce qu’elle n’avait plus sa place chez elle.

Laquelle de ces réponses suffirait à satisfaire Bastian ? Pouvait-il même être satisfait ? Est-ce qu’Alban, en l’amenant ici, ne venait pas de jeter – volontairement ou non – une pauvre inconsciente en pâture au lion, qui allait la dévorer tout cru et la renvoyer sans cérémonie d’où elle venait ?

Une colère irrationnelle commençait à gonfler en elle. Bien sûr, M. Scherer n’avait rien contre elle. Il cherchait simplement le meilleur intérêt de l’académie, et par extension de la Francie. Il ne faisait que son travail. Mais Violette en avait assez qu’on la ballote de droite à gauche, qu’on lui fasse miroiter des promesses de tous les côtés avant de lui claquer la porte au nez.
Elle allait lui dire la vérité. Et puis il n’aurait qu’à se débrouiller avec ça.

— Parce que j’avais pas le choix.

Elle jeta un coup d’œil à Alban, toujours avachi comme s’il attendait tranquillement que tout ça se termine, puis se tourna à nouveau vers Bastian.

— Là d’où je viens, je suis la seule à avoir pris le nuage dans le pif. Il n’y avait pas de héros, pas de prof, pas d’académie pour m’aider. J’étais à moitié en train de me changer en pierre avant même de savoir ce qui m’arrivait. Ça aussi, c’est dans mon dossier, non ?

Son ton commençait à s’échauffer. À la limite de l’insolence.

— Quand mes parents ont compris ce qui se passait et qu’on a demandé de l’aide, on nous a envoyés bouler. Les autorités de mon village voulaient pas croire à tout ça, ils disaient que le Naraka Catana, c’était des conneries, voire un complot…

Violette pointa du doigt Alban, qui n’avait rien demandé.

— Mais lui, il sait que c’est vrai. Et vous aussi. C’est pour ça qu’il m’a amenée chez vous et c’est pour ça que vous m’écoutez. Donc puisqu’on voulait pas de moi en Iberia, je suis venue au dernier endroit où j’avais une chance qu’on me prenne au sérieux. En Francie.

Elle marqua une pause. Elle avait oublié de respirer et ses poumons commençaient à râler. Haletante, elle croisa le regard insondable de Bastian, qui la considérait toujours avec la plus grande attention. Sans doute aurait-elle pu s’arrêter là. Mais elle était lancée et elle avait peur de laisser retomber le silence et d’entendre la sentence. Alors, en dépit de la prudence et du bon sens, elle continua.

— Je suis pas chez moi, ici… Moi, je suis plus ibérienne que francienne. Mais ça change rien. Un pays, c’est rien d’autre que le sol sous nos pieds. Si celui-ci m’accueille, je le protégerai, lui et ses habitants. Tout simplement parce que j’ai rien d’autre.

Voilà, cette fois, elle était vraiment à court. Elle contempla le bout de ses baskets élimées, craignant de faire face à nouveau au masque impassible (quoique maquillé avec soin) de Bastian Scherer. À présent, son sort était définitivement entre les mains du directeur adjoint.
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