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Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Era of Dust :: Le monde :: Moderna :: Francie
 
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Ven 12 Jan - 17:20

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais, et Alban, L'Étrangleur.


Un choix par défaut.
C'était une réponse osée au problème épineux que Bastian Scherer soulevait. Une réponse qui n'apportait absolument aucune solution aux doutes qu'il aurait légitimement pu exprimer au sujet de la loyauté à venir de la potentielle future étudiante de l'Académie Marchais. Elle n'était pas patriote, certes ; il en prenait acte sans trop d'amertume, dans la mesure où bon nombre des héros qu'il était amené à fréquenter ne l'étaient guère plus qu'elle. Il n'avait pas besoin qu'elle se sente francienne à corps et à cri. Il avait juste besoin qu'elle défende les intérêts de cette nation lorsqu'elle serait amenée à pouvoir le faire.
Et un choix par défaut, à ce titre, ne rendait pas cette éventualité illusoire.
Dans le dos de Violette, Alban ne put s'empêcher de pouffer. Le coup d'oeil vindicatif que Bastian lui destina immédiatement le poussa néanmoins à promptement retrouver son calme. Il ne s'était pas trompé, a priori : cette gamine était bien singulière, pour ne pas dire étrange. Combien auraient, en paniquant, cherchés à endormir la méfiance de leur interlocuteur prestigieux en baragouinant un roman fantasmé à propos de l'attirance qu'il ressentait à l'égard de la prestigieuse nation francienne ? Ces bobards n'auraient pas forcément été malveillants ; probablement même pas complètement malhonnête, parce qu'il n'y avait jamais trop à se forcer pour trouver des points d'accroche vis-à-vis d'entités aussi anciennes, aussi chargés en détails culturels, historiques, sociologiques. Toutes les histoires humaines pouvaient s'avérer attrayantes, en fonction du prisme par lequel on les observait... Et les pays étaient des histoires humaines en tant que telles. Le fait qu'elle ait plutôt opté pour une réponse brute, en envoyant paître la possibilité de séduire le Scherer en lui répondant exactement ce qu'il voulait entendre, cela laissait supposer une sacrée force de caractère.
Elle en aurait amplement besoin, à n'en pas douter, si sa vie devait effectivement se résumer à une carrière héroïque.

-Je comprends. Tes motivations sont... immanentes, s'il me fallait les décrire en un mot. Ce n'est pas un mal, en tout cas pas rédhibitoire, quand bien même la noblesse de caractère des héros les plus altruistes peut être une force insoupçonnable.


Et cela ne voulait pas dire, par ailleurs, qu'elle était complètement désintéressée des souffrances d'autrui. En l'occurrence, le Directeur-Adjoint comprenait surtout qu'elle cherchait, avant toute autre chose, à comprendre ce qui agissait en elle. A apprendre à le maîtrise, également. Si elle pouvait le mettre au service du bien commun, elle n'y rechignerait apparemment pas ; mais elle cherchait, avant toute autre chose, à se rassurer elle-même. A se sentir un petit peu plus ordinaire... un petit peu moins monstrueuse. Elle ne se trompait pas : c'était dans leurs cordes.
Cependant, une fois encore, Bastian Scherer restait sur sa faim. Pouvait-il se satisfaire de réponses aussi évasives ? Et surtout... aussi égocentriques ? Était-il possible qu'elle choisisse la voie de la défection dès lors qu'on aurait apporté des réponses aux questions qui la taraudaient actuellement ? Avait-elle fait ce choix à la légère ? Avait-elle idéalisé la vie en Académie, et tout ce qui pouvait en découler ? Fort heureusement, il lui avait fallu traverser une mer et une frontière avant d'ambitionner très concrètement de réaliser cet objectif. Au contraire de bon nombre des étudiants actuels, elle ne découvrirait pas que la vie pouvait être parfois un amoncellement insupportable de mauvaises nouvelles et d'obstacles incongrus ; elle l'avait déjà expérimentée sous cette facette.

Alban, plus quiet depuis qu'on l'avait visuellement rabroué, se mit à considérer que ce cher Bastian était peut-être moins à l'aise qu'il n'en renvoyait l'image. Et pour cause : il ne devait pas avoir l'habitude de passer par une telle méthode pour délivrer son verdict au sujet d'une demande d'inscription. Habituellement, il avait des semaines pour opérer depuis son bureau, à ratisser des dossiers, des enquêtes menées par des éléments brillants des services de renseignement franciens... Et s'il était, à n'en pas douter, un excellent juge de caractère, l'instantanéité de l'exercice devait a minima lui compliquer la tâche.
Cela aussi, peut-être, pourrait sourire à Violette. Elle pourrait en tout cas plus facilement réussir à le convaincre ou à l'émouvoir qu'une série de lettres impersonnelles au possible...

-Quel est le rôle d'un héros, selon toi ? Comment décrirais-tu un héros, et quelles sont les qualités que tu attendrais le plus de sa part ?


Voilà.
C'était le moment pour Alban de décrocher de l'échange, sans doute.
Il prêterait une oreille inattentive aux propos de Violette, mais ne chercherait pas à les analyser, à les décortiquer plus que de raison. De manière générale, on attaquait là les questions "entretien d'embauche" ; il était même surpris que Bastian ne lui ait pas demandé de lui dévoiler son plus gros défaut.
L'administrateur de l'Académie, pourtant, ne semblait pas moins rigoureux et concentré que précédemment ; il observait toujours la demoiselle de son regard neutre, comme s'il n'était habitué d'aucun sentiment.

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Violette Valenza
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Dim 21 Jan - 23:18
Aussi tendue que soit Violette, elle dut se mordre la joue pour s’empêcher de sourire quand elle entendit Alban se marrer derrière elle. Vu l’intensité qui se dégageait du regard perçant de Bastian Scherer, elle jugea préférable de garder son sérieux. Peut-être qu’Alban était juste en train de se payer sa tronche, mais elle le remercia néanmoins silencieusement pour avoir un peu dissipé la tension. Son épreuve n’était pas terminée : mieux valait montrer autre chose qu’une boule de nerfs au directeur adjoint de l’académie.

Ce dernier demeura professionnel malgré la réaction du héros et accepta la réponse de Violette sans broncher. Elle laissa échapper un discret soupir de soulagement : il aurait pu, d’un simple mot et d’une signature sur le papier, mettre fin à ses espoirs de rejoindre l’académie Marchais ici et maintenant. Peut-être même l’avait-il déjà décidé. Mais Violette, optimiste avant tout, choisit de croire que c’était bon signe.

Elle déchanta un peu en entendant l’évaluation de Bastian. « Immanentes » ? « Rédhibitoire » ? Elle ne savait même pas ce que ça voulait dire. Bon. Quelque chose lui soufflait qu’interrompre la déclaration du directeur adjoint pour l’informer de cet état de fait ne risquait guère d’aider son cas. Elle se contenta alors de hocher la tête comme une gentille fille – une bonne élève que n’importe qui serait enchanté de recruter dans son école prestigieuse, pas une éleveuse de chèvres qui s’était uniquement retrouvée dans ce bureau distingué parce qu’elle avait lancé une salière sur la bonne personne.

La question suivante la prit un peu par surprise, car – ironiquement – beaucoup plus prévisible. Elle s’était attendue à devoir répondre à ce genre d’interrogation lors de l’entretien. Une fois n’était pas coutume, elle y avait même réfléchi de son côté.

« Quel est le rôle d’un héros ? »

Violette repensa à L’Éclair Jaune, une héroïne fictive dont elle lisait les aventures quand elle était petite. Évidemment, à l’époque, elle n’aurait pas pu rêver que les super-héroïnes deviendraient une réalité. Pour autant, elle se rappelait très bien ce que ces histoires lui avaient inspiré et la satisfaction qu’elle avait ressentie lorsque les torts étaient redressés.

— Une héroïne, c’est quelqu’un qui donne tout ce qu’elle peut donner… qui peut choisir de changer les choses.

L’image du restaurant de l’Abbé Charles plongé dans le chaos lui traversa les neurones. Et, plus particulièrement, de la petite fille harcelée par l’un des chanteurs, le spectacle qui l’avait poussée à passer la porte et intervenir. Elle ne se considérait pas comme une héroïne, ou pas encore, du moins ; elle n’avait eu aucune idée sur le moment de ce qui allait se tramer dans les minutes suivantes. Mais avec le recul, elle ne regrettait pas du tout sa décision, et elle était intimement convaincue qu’une hypothétique version future d’elle-même, héroïne officielle et droite dans ses bottes, aurait agi exactement pareil. Enfin, en mieux.

Comme l’avait fait Alban.

— C’est un choix que tout le monde n’a pas. Alors une héroïne doit faire ce qui est juste, pour le bien de tous ceux qui n’ont pas le choix.

Même s’ils ne sont pas franciens, songea-t-elle par-devers elle. Elle était tout juste assez prudente pour ne pas le dire à voix haute.

Elle regarda Bastian droit dans les yeux. Qu’il soit convaincu ou non, en tout cas, Violette était maintenant tout à fait sûre d’elle.

Est-ce que c’était naïf, comme vision des choses ? Peut-être, mais c’était la sienne.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Jeu 25 Jan - 10:25

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais, et Alban, L'Étrangleur.


Il opina du chef mécaniquement, presque impersonnel, tandis que Violette achevait de lui livrer la réponse à sa nouvelle fournée de questions. Une réponse relativement classique, laconique, qui faisait état de qualités morales et d'un sens du devoir aigu plutôt que de puissance brute, dans le fond ; une réponse au sujet de laquelle Bastian Scherer sembla une nouvelle fois satisfait, même s'il n'en montra pas grand-chose. Cependant, la réponse de la Valenza demeurait relativement parcellaire, en cela qu'elle faisait l'impasse sur une quantité astronomiques de profils différents ; il s'empressa par ailleurs de poursuivre ses questionnements, donnant sans doute bien malgré lui du grain à moudre à l'ennui profond qu'Alban commençait à éprouver.

-Alors, comment considérerais-tu un héros puissant ayant fait le choix de se ranger, d'embrasser une carrière plus classique, moins risquée, quitte à avoir moins régulièrement l'opportunité de prêter main forte aux nécessiteux ? Et ceux de nos héros qui choisissent de continuer à explorer Antiqua ? Est-ce réellement faire le bien que de mener des missions d'explorations potentiellement vaines à l'autre bout du globe ?


L'échange ne pouvait jamais rester très simple, quand c'était le Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais qui entreprenait de le diriger. Sa première salve de questions anodines en cachait d'autres infiniment plus théoriques et complexes. Cherchait-il à précipiter Violette face à des contradictions au sujet desquelles elle n'avait probablement jamais pris la peine de songer ? Voulait-il mieux cerner sa vision des choses, mieux comprendre ce qu'elle était prompte à catégoriser de héros ? Croyait-il qu'elle se faisait déjà une idée plus ou moins précise de la carrière qu'elle embrasserait une fois médaillée, si cela devait arriver un jour ? Dans un cas comme dans l'autre, l'idée sous-jacente derrière cette nouvelle salve était évidente.
Il voulait savoir s'il y avait, aux yeux de la jeune femme, une hiérarchisation à construire au sein des carrières héroïques. Considérait-elle que les profils atypiques comme Alban valaient mieux que ceux, plus classiques mais néanmoins plus célèbres, des explorateurs aguerris ? Partait-elle du principe que l'utilité à l'égard des populations civiles était tout ce qui permettait à un héros de se définir comme tel ? Si oui, les professeurs devaient-ils être considérés comme des héros... ou comme de simples entraîneurs ?

Pour Alban, qui était évidemment moins cérébral que Bastian, tout cela ne valait pas un clou. Un type était un héros parce qu'il avait des pouvoirs et qu'il prenait le parti de les utiliser pour faire le bien. Point. Aussi continua-t-il à se désintéresser progressivement de l'échange naissant, avec la hâte que ceux-ci recommencent à se faire moins théoriques. Si le Scherer ne revenait pas promptement sur des rails plus classiques, il risquait fort de finir par piquer du nez au beau milieu de son joli bureau.

-De la même manière, beaucoup de héros finissent par embrasser des carrières administratives. Combien de mes homologues des autres Académies Héroïques auraient pu poursuivre en tant qu'agents sur le terrain, par exemple ? Eux, sont-ils encore des héros, à ton avis ?


Plus délicat, peut-être. Bastian Scherer se percevait-il comme un héros ? Violette ne pouvait évidemment pas en avoir le cœur net, dans le fond. Il était encore jeune, mais il avait pu connaître bien d'autres expériences professionnelles, par le passé. Peut-être avait-il foulé du pied le sol d'Antiqua... Peut-être. Dans un cas comme dans l'autre, il était toujours aussi attentif, toujours aussi scolaire ; il ne lui laisserait évidemment pas l'opportunité de botter en touche, et disséquerait sans doute le moindre des mots qu'elle serait amenée à formuler pour comprendre ses motivations les plus intrinsèques et les plus inavouées.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mar 30 Jan - 0:37
Violette ne savait plus trop sur quel pied danser. Quoi qu’elle dise, Bastian semblait l’accepter sans broncher, avec tout juste un hochement de tête. C’était bon signe, mauvais signe ? L’écoutait-il seulement ? Il fallait croire que oui, puisqu’il continuait à poser des questions. Mais cela avait le don de faire remonter les doutes de Violette à la surface. Peut-être Bastian avait-il décidé en clin d’œil de son sort à l’instant où elle avait franchi le pas de la porte. Ça n’aurait pas été surprenant. Débraillée et maladroite, elle se sentait aussi légitime qu’un quignon de pain rassis au beau milieu d’une assiette de petits fours. Alban lui avait-il fait une mauvaise blague en l’amenant ici ?

Malgré tout, elle prit sur elle et fit de son mieux pour répondre aux interrogations du directeur adjoint. Qu’il ne soit pas dit qu’elle n’avait pas essayé, au moins.

En plus, cette question-là était facile.

— Ben, oui ? Si c’est dans un bureau qu’ils ont le plus d’influence, c’est normal qu’ils n’aillent pas sur le terrain. Du moment qu’ils agissent toujours pour ce qu’ils pensent être juste.

Mais alors qu’elle prononçait ces mots, un léger malaise s’insinua en elle. Est-ce que c’était bien vrai ? Ou plutôt : est-ce que c’était forcément le cas de tout le monde ? Même Violette pouvait facilement imaginer qu’un héros choisisse de se retirer du service actif pour aller occuper un poste plus confortable ou plus lucratif, alors même qu’il aurait eu plus d’impact sur le terrain.

En ce qui la concernait, ça paraissait impensable. Elle n’avait pas fait tout ce chemin pour s’enterrer dans un bureau, et quand bien même, elle n’y serait jamais aussi utile qu’à battre le pavé. Mais il devenait plus évident chaque jour qu’elle passait en Francie que tout le monde ne pensait pas comme elle. Après tout, rien que ce midi, elle en était venue aux mains avec une bande de crapules qui avaient choisi la voie de la facilité.

Elle croisa à nouveau le regard de Bastian.

— J’imagine que c’est pas si simple, soupira-t-elle. Parce que tout le monde n’a pas la même définition de ce qui est juste et que personne peut être sûr d’avoir fait le bon choix. Mais pour moi, quelqu’un qui ne fait pas sincèrement de son mieux pour aider les gens, qui a ses priorités dans le mauvais sens… ça peut pas être un héros.

Elle avait aussi autre chose à ajouter. Elle hésita un peu, parce qu’elle savait que ce n’était pas une bonne idée de dire ça face à Bastian. Mais après tout ce qu’elle venait de dire sur la sincérité et le sens de la justice, elle ne pouvait pas lui cacher ce qu’elle pensait.

— … c’est pareil pour ceux qui continuent à explorer, ajouta-t-elle. Je pense… je pense que s’ils peuvent se battre sur Antiqua… ils feraient mieux de protéger les gens qui ont besoin d’eux. Sinon, c’est pas des héros… juste des soldats.

Violette se tut, la bouche sèche. Elle sentait qu’elle perdait pied. Plus que jamais, elle était consciente qu’elle n’était qu’une gamine, et que si Bastian Scherer tenait vraiment à l’embarquer dans des débats sur la nature de la justice, du bien et du mal, elle n’aurait tout simplement aucune chance de lui tenir tête.
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# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Mer 31 Jan - 16:06

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais, et Alban, L'Étrangleur.


Il ne s'attendait pas, bien sûr, à ce qu'elle lui renvoie les réponses les plus consensuelles dans l'espoir de satisfaire ses imperturbables exigences. Il ne la connaissait pas encore beaucoup, pas suffisamment à tout le moins compte tenu de l'impact que pouvait avoir sa décision de la laisser suivre un cursus héroïque au sein de l'Académie Marchais ou non, mais il commençait à deviner qu'elle n'était pas jeune femme prompte à mentir pour tenter de satisfaire les egos qui l'entouraient. Toutefois, il y avait bien des manières d'exprimer la vérité, a fortiori lorsqu'il s'agissait de sujets aussi théoriques. Elle aurait pu botter en touche, broder, user d'euphémismes, s'en tenir à des omissions habiles et délicates qu'il n'aurait probablement pas chercher à la relancer, parce qu'il aurait pu percevoir le fond de sa pensée au travers de ses procédés sémantiques... Mais il n'aurait, envers et contre tout, jamais eu autant de certitudes que lorsqu'elle prit le parti de lui répondre sans ambages.
Non, pour elle, les héros agissant sur Antiqua n'en étaient pas. Parce qu'elle les percevait comme des soldats. Était-ce foncièrement faux ? Pas vraiment. Pour Bastian, les deux étiquettes n'étaient aucunement contradictoires ; en fait, il n'était pas forcément attiré par les définitions exhaustives, et sa question ne portait donc pas tant sur ce sujet en tant que tel que sur la façon avec laquelle Violette pouvait l'aborder et y répondre. Pour autant, il ne pensait pas que la jeune femme lui offrirait une réponse aussi frontale, lors même que la mission principale des Académies était tout de même de pouvoir aux pays qui les entretenaient financièrement le plus grand nombre de héros susceptibles de survivre à Antiqua possible. Comprenait-elle bien que le chemin qu'elle s'apprêtait à arpenter l'y amènerait nécessairement ? Peut-être ne voyait-elle, dans le fond, cela que comme une étape indispensable... Ou peut-être ne se projetait-elle même pas si loin. Elle l'avait bien souligné un petit peu plus tôt, après tout ; son objectif premier était d'apprendre. Le reste ne semblait pas la concerner plus que de raison.

Alban, demeuré coi et en retrait, se fendit cette fois-ci d'un éclat de rire aussi spontané qu'amusé. Il fit de son mieux pour recouvrer son silence et sa contenance lorsque son vieil ami le foudroya d'une œillade assassine ; mais le Scherer ne chercha pas à le houspiller vocalement, dans la mesure où il comprenait facilement d'où provenait l'hilarité momentanée du héros d'argent. C'était principalement pour s'éviter des expéditions superflus en direction d'un continent dont il n'avait cure que l'Étrangleur avait veillé à refuser toutes les invitations qui avaient voulu le convier à apprendre au sein de cette école unique en son genre ; difficile, dès lors, de ne pas saisir l'ironie de la situation. Celle-là même qu'il prenait le temps de présenter au Directeur-Adjoint local partageait a priori sa vision des choses bien singulière, en dépit du strass et des paillettes que les pouvoirs publics employaient à qui mieux-mieux afin de vanter la vie des héros les plus côtés.

-C'est un avis tranché. Je ne suis pas certain qu'il soit fondé, en cela que les recherches sur Antiqua pourraient nous fournir des atouts susceptibles de protéger un bien plus grand nombre d'innocents qu'un héros isolé ne sera jamais susceptible de le faire lui-même... mais ce ne sont là que des considérations théoriques auxquelles tu n'es pas obligée de te soumettre.


Pour la première fois, Bastian rebondissait franchement sur l'une des réponses de Violette à ses questions pour lui donner un simulacre d'avis. S'était-il senti obligé de procéder de la sorte pour balayer le doute que l'éclat de rire d'Alban aurait pu faire germer en elle ? Peut-être. Il ne laissa pas à la Valenza le loisir de réfléchir à outrance sur ce plan-ci ; parce qu'il reprit sans plus attendre, en fournissant à la demoiselle une nouvelle volée de questions.

-Considères-tu qu'il soit de ton devoir de t'améliorer coûte-que-coûte ? Que conseillerais-tu à un héros qui détériorerait son corps à chaque fois qu'il utiliserait son pouvoir ? De jeter l'éponge, ou de persévérer, quitte à raccourcir grandement son espérance de vie ? Au-delà de ça... Penses-tu qu'un héros doive toujours faire passer la vie des innocents avant la sienne ? Après tout, un héros qui meurt ne peut plus sauver qui que ce soit.


Cette dernière question semblait rhétorique ; on pouvait facilement partir du principe qu'un individu choisissant de sauver sa propre vie aux dépens de celle d'un autre ne méritait pas l'étiquette de héros. Mais l'était-elle tant que ça ? N'était-ce pas une forme de prévoyance et de sagacité que de partir du principe qu'on pourrait en sauver bien davantage en survivant ? En outre, Bastian avait semblé s'intéresser davantage à la forme des réponses de la Valenza qu'à leur fond, jusqu'à présent. Était-ce encore le cas ?
Alban, dans le dos de la potentielle nouvelle recrue de l'Académie Marchais, soupira avec lassitude. Malgré les quelques éclaircies que provoquait Violette par le biais de ses réponses, cette entrevue interminable commençait à l'ennuyer. Il espérait qu'elle prendrait bientôt fin ; lui aussi avait une petite idée derrière la tête.

Naraka Catana
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Violette Valenza
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Ven 9 Fév - 16:07
Une fois de plus, l’hilarité d’Alban vint briser la tension ambiante – mais Violette était moins amusée que tout à l’heure. Elle était maintenant convaincue, après avoir un peu plus interagi avec Bastian, que ce qui faisait rire l’un ne pouvait que déplaire à l’autre. Ou, en tout cas, compliquer la situation.

Face à l’objection de Bastian, Violette ne put que hocher vaguement la tête en marmonnant son assentiment. C’était exactement le genre d’arguments auquel elle savait ne pas pouvoir répondre en profondeur si on le lui opposait. Les héros qui bossaient sur Antiqua œuvraient-ils vraiment au plus grand bien par opposition à ceux qui se consacraient à la défense de la veuve et de l’orphelin ? Bastian, au moins, avait l’air de le croire. Mais d’un autre côté n’était-ce pas un peu hypocrite d’aller s’accaparer les ressources du nouveau continent au nom d’améliorer la vie des citoyens de leur pays ?

La tête lui tournait. Elle avait mis le doigt dans une machine dont la complexité dépassait de loin la traite des chèvres et la période de vieillissement du fromage. Ou plutôt, c’était Bastian qui lui avait attrapé la main pour la fourrer directement dans les engrenages. Peut-être qu’il aimait bien faire tourner des adolescentes en bourrique. Ça expliquerait au moins pourquoi il avait choisi ce métier.

Il enchaîna avec une nouvelle question. Encore une. Ça n’en finissait plus. Plus ça allait, plus ses certitudes s’effritaient. Et elle marchait sur des œufs : si elle contrariait encore Bastian, ce serait la fin de tous ses beaux projets. Elle n’aurait alors qu’à se débrouiller toute seule pour maîtriser son pouvoir maladroit – ou, en cas d’échec, se reconvertir en tas de cailloux. Devait-elle mentir et jouer les bonnes élèves pour s’assurer une place à l’académie Marchais ? Mais en serait-elle capable, elle qui avait la subtilité d’une avalanche de montagne ?

Plus important peut-être, est-ce qu’elle tenait vraiment à cette place si tel en était le prix ?

Elle cligna des yeux et inclina la tête, étudiant le visage de Bastian avant de répondre. En dehors des pointes d’agacement qu’Alban semblait avoir le don de provoquer, il était resté parfaitement insondable.

Violette venait de comprendre quelque chose. Elle se souciait de savoir si elle devait jouer franc jeu, mais était-ce seulement le cas du directeur adjoint ? Il était là pour la tester, pour voir comment elle répondait aux questions. Son opinion à lui n’avait aucune importance ; rien de ce qu’il disait ne pouvait être utilisé pour essayer de deviner ce qui se passait dans la caboche de l’élégant M. Scherer. Alors pourquoi s’échinait-elle à chercher la « bonne réponse » ?

Elle releva le menton, comme si un poids venait de lui être enlevé. Le mieux, c’était de répondre à l’instinct. Et ça tombait bien, parce que c’était tout ce qu’elle savait faire.

— Je ne sais pas, monsieur, déclara-t-elle. Je croyais être sûre de moi, mais je me rends compte maintenant que c’est jamais aussi simple. Comment l’héroïne peut savoir si elle fera plus de bien en se sacrifiant ou en se réservant pour plus tard ? Comment elle peut savoir si son temps passé à Antiqua sera plus utile que si elle restait à Moderna ? Y a pas de réponse facile. Ça dépendra forcément de la situation, de la personne. Mais…

… aujourd’hui, c’était Violette qu’on mettait à l’épreuve.

— … moi, si je vois que quelqu’un a besoin de moi, là, maintenant, je me poserai pas la question de savoir si je serai plus utile ailleurs. J’irai pas me demander ce que je pourrais faire d’autre, ou quelles seront les séquelles si je me sers trop de mon pouvoir. Je ferai juste de mon mieux avec ce que j’ai, face à l’obstacle devant moi. Parce que la vie, c’est pas comme les maths…

Encore heureux, songea-t-elle. Elle était nulle en maths.

— … on peut pas mettre de chiffres sur le bien qui est fait, ou qui pourra être fait. On peut seulement faire de son mieux avec ce qu’on a.

Et ça, si c’était pas la bonne réponse, alors l’académie Marchais devrait faire sans elle.
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Naraka CatanaVotre ami ou votre ennemi
# Re: Le scat, c'est de la merde. [PV Violette]Ven 9 Fév - 17:50

Le scat, c'est de la merde.

Ft Violette

Bastian Scherer, Directeur-Adjoint de l'Académie Marchais, et Alban, L'Étrangleur.


Quelque chose venait tout juste de changer. Et ce petit quelque chose, elle n'y était pas étrangère. Pas du tout, même.
Parce qu'il émanait d'elle. Elle s'était tout bonnement métamorphosée, s'il devait en croire la lueur d'assurance qui resplendissait au creux de son regard. Elle n'avait, jusqu'à présent, pas vraiment fanfaronnée... Elle avait même semblé chanceler par moment, comme si le prestige de son interlocuteur l'écrasait, comme si l'importance du moment contribuait à la tendre, à la faire vaciller. Elle avait tenu bon, bien sûr ; si elle s'était mise à paniquer, à céder face à ses émotions, à baragouiner quelques mauvaises excuses pour faire pardonner une crise de panique, il l'aurait gentiment raccompagnée jusqu'à la sortie. Parce que ce qu'il voulait, ce qu'il devait trouver, c'était avant toute autre chose des étudiants susceptibles de conserver la tête froide en quasiment toutes circonstances. Certains, impressionnables, auraient le luxe de s'améliorer sur le tard. Mais pour ceux qui, vraiment, ne parvenaient pas à conserver leur contenance face à ce qui pouvait représenter un défi éreintant... Il n'y avait aucune espèce de salut au sein de l'Académie Marchais.
Ils devaient être capables de maîtriser leur nerfs, à défaut d'entretenir une lucidité de tous les diables à tout instant. Et en relevant la tête, en lui offrant une réponse franche, en demeurant certaine de son incertitude, elle venait de lui montrer qu'elle disposait de la plus fascinante des qualités.
L'humilité.
Pas le manque de confiance, pas la lâcheté, pas l'indifférence ; l'humilité. Parfois, les héros en manquaient. Lorsqu'ils étaient dotés d'une puissance fantastique, ou d'un potentiel inconcevable, Bastian pouvait en arriver à fermer les yeux. Il préférait toutefois quand ils en étaient dotés ; parce qu'il avait le sentiment qu'armés de cette qualité-ci, ils étaient bien souvent plus prompts de leurs concitoyens arrogants à survivre à Antiqua.

-Beaucoup de nos compatriotes adulent les qualités que l'on prête notamment aux édoïtes. La discipline, la rigueur, la solidarité... Le fait d'œuvrer pour un tout. C'est un fait, ces qualités sont admirables. Les individus qui en sont dotés méritent tous les égards.


Il déviait, soudain. Et il arrêtait de l'arroser d'une multitude d'interrogations, toutes plus épineuses les unes que les autres, toutes plus saugrenues, toutes plus invraisemblables. Alban, à deux pas de là, sembla se raidir quelque peu, mais demeura mutique. Comme s'il était sur les starting-blocks. Comme s'il n'attendait qu'un signal, qu'un seul, pour amorcer la suite des opérations, en ce qui le concernait. Bastian tâcha de l'ignorer ; il était bien placé pour savoir que son ami était infiniment moins prévisible qu'il ne le laissait entendre sous ses atours simplets.
Le Directeur Adjoint, donc, reprit ; inlassable, sentencieux, professoral, même. Autant d'adjectifs qui seraient sans doute susceptibles d'intriguer Violette...

-Mais s'il nous faut continuer à exposer des poncifs et des idées reçues... Il est une qualité, proprement francienne, qui importe à mon avis mille fois plus. La faculté à faire appel à son esprit critique. Bon nombre de nos voisins nous chambrent, lorsque des mouvements de grève ébranlent nos entreprises les plus puissantes, ou lorsque nos transports en commun sont paralysées par les revendications des syndicalistes. Mais, à mon avis, ces comportements outranciers sont révélateurs de quelque chose. D'une nature. D'une manière d'être et de penser.


Il s'humecta les lèvres ; moins songeur, plus franc, il planta son regard dans celui de la demoiselle et surenchérit sans plus attendre, sans laisser à qui que ce soit l'opportunité de s'immiscer dans son monologue qui semblait trop réfléchi pour être complètement improvisé.

-Les héros doivent suivre les ordres. S'ils choisissent de n'en faire qu'à leur tête... Ils ne sont que des demis-héros. Mais, parfois... Les ordres ne sont pas paroles saintes. Parfois, il faut savoir les remettre en question. Les envoyer bouler. Voilà pourquoi, à mon sens, les héros franciens sont, par nature, dans les meilleures dispositions possibles pour embrasser un comportement réellement héroïque. Voilà la clé de voûte de notre excellence académique. L'esprit critique. La faculté à tout remettre en question, le moment venu, pour faire ce que l'on pense être le meilleur. Être un héros, ça n'est pas trouver la meilleure solution possible à un problème : c'est tout mettre en œuvre pour en atteindre une acceptable. Personne n'est infaillible. Pas même les héros. Mais ils doivent être bons. Et ils ne peuvent pas l'être sans capacité de raisonnement. C'est ça, la différence entre un héros et un soldat. En tout cas, c'est mon point de vue.


Il survola promptement les quelques fiches au nom de la Valenza que le dossier de cette dernière recueillait ; puis il s'apprêtait à surenchérir lorsque l'Étrangleur, enfin, passa à l'action.
Un homme de son acabit ne pouvait pas éternellement demeurer au second plan, après tout.

-Avant qu'il ne te donne sa réponse... J'ai peut-être une proposition à te soumettre, Violette.


Dubitatif, le Scherer arqua un sourcil et laissa à son vieil ami l'opportunité de développer un peu ; ce dernier ne se fit pas prier, dépassa la jeune femme d'un pas, se planta devant elle, quoi que de biais, pour lui permettre de le détailler autant lui que Bastian, si l'envie l'en piquait.

-Je t'ai parlé de mon partenaire, et... Tu as pu constater que mon train de vie était assez frugal. Ce n'est pas un hasard. Je veux... Créer une alternative. Pour ceux que cette Académie, ou les autres, rebutent. Je vais créer ma société. Une société héroïque. Qui emploiera des héros, leur donnera des armes, des gadgets, leur dispensera des entraînements... Je vais créer une entreprise susceptible de se détacher de l'influence des états pour faire le bien partout où elle le pourra, inconditionnellement. C'est pour ça que je voulais prendre le temps d'observer votre entrevue : pour voir ce dont tu es capable. Ce que tu es en tant que personne.


Il se racla la gorge ; puis reprit, toujours étonnamment méthodique.

-Cela peut sembler prématuré, mais... je ne cherche pas forcément à m'encadrer de héros assermentés. Pas dans un premier temps. Je préfère... Vous former moi-même. J'ai déjà quelques pistes. Mais compte tenu de ton comportement, et de ton pouvoir... Tu pourrais apporter une plus-value certaine à ma boîte, c'est indéniable. Si tu le souhaites, je peux te recruter.


Elle n'avait toujours pas la conclusion de l'entrevue de Bastian ; elle ne savait donc pas si son dossier allait être accepté, ou recalé... et déjà elle recevait une offre d'emploi, une vraie. Restait à savoir si la proposition d'Alban pouvait être de nature à la séduire...
Naraka Catana
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